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Et que l'église brûle une seconde fois (1);

L'autre, encore agité de vapeurs plus funèbres,

Pense être au jeudi saint [a], croit que l'on dit ténèbres, Et déja tout confus, tenant midi sonné,

En soi-même frémit de n'avoir point dîné [b].

Ainsi, lorsque tout prêt à briser cent murailles [c]
Louis, la foudre en main, abandonnant Versailles,
Au retour du soleil et des zéphyrs nouveaux,
Fait dans les champs de Mars déployer ses drapeaux;
Au seul bruit répandu de sa marche étonnante,
Le Danube s'émeut, le Tage s'épouvante,
Bruxelle attend le coup qui la doit foudroyer,
Et le Batave encore est prêt à se noyer [d].

Mais en vain dans leurs lits un juste effroi les presse:
Aucun ne laisse encor la plume enchanteresse.
Pour les en arracher Girot s'inquiétant,

(1) Le toit de la Sainte-Chapelle fut brûlé en 1618. ( Despréaux, · édit. de 1701.) *Voici la note que Brossette ajoute, pour rectifier celle-ci : « Le toit de la Sainte-Chapelle fut brûlé en 1630, au rap« port de Le Maire, dans son Paris ancien et nouveau, tome Ier, p. 449. M. Despréaux avoit marqué dans une note marginale que cet incendie arriva en 1618; mais il le confondoit avec celui de « la grand'salle du palais.

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[a] Voyez la transposition que le poëte a faite dans ce mot, page 401, note e,

[b] Le poëte représente ses acteurs toujours fidèles au même plaisir; et cependant le retour de la même idée fait toujours sourire, parceque l'expression en est variée avec un art infini.

[c] Voyez, sur l'utilité de ces magnifiques comparaisons dans le poëme héroï-comique, le chant III, page 385, note 2. Pradon se récrie contre l'indécence de celle-ci, avec son goût ordinaire.

[d] Voir l'Art poétique, chant IV, page 305, note 1.

Va crier qu'au chapitre un repas les attend.
Ce mot dans tous les cœurs répand la vigilance:
Tout s'ébranle, tout sort, tout marche en diligence.
Ils courent au chapitre, et chacun se pressant
Flatte d'un doux espoir son appétit naissant.
Mais, ô d'un déjeuner vaine et frivole attente!
A peine ils sont assis, que, d'une voix dolente,
Le chantre désolé, lamentant son malheur,
Fait mourir l'appétit et naître la douleur.

Le seul chanoine Évrard (1), d'abstinence incapable,
Ose encor proposer qu'on apporte la table.
Mais il a beau presser, aucun ne lui répond:
Quand, le premier rompant ce silence profond,
Alain (2) tousse, et se lève; Alain, ce savant homme,

(1) L'abbé Danse (ou d'Ense.) Ce chanoine aimoit également la bonne chère et la propreté. Louis Roger Danse mourut à Ivri, au mois d'octobre 1699. ( Brossette.) * Dans les remarques de J.-B. Rousseau sur le commentaire de celui-ci, on trouve l'anecdote suivante sur l'abbé Danse: «Un jour, étant à table avec M. Despréaux, il « s'avisa de lui servir une grappe de raisin avec la fourchette, et « M. Despréaux sur-le-champ porta la sienne à son front pour le « remercier [a]. » On voit, par la correspondance de Racine et de Despréaux, que le frère de ce dernier possédoit le meilleur canonicat de la Sainte-Chapelle, après celui de l'abbé Danse [b].

(2) Son nom étoit Aubery, que l'on prononce Aubry. Il ne parloit jamais sans tousser une ou deux fois auparavant. M. le premier président de Lamoignon l'avoit choisi depuis long-temps pour son confesseur, et lui avoit procuré un canonicat à la Sainte-Chapelle. Ce chanoine étoit d'un esprit médiocre, mais fort opposé aux senti

[a] Lettres de Rousseau sur différents sujets de littérature, t. II, p. 187. [b] Lettre de Despréaux, du 4 juin 1693, tome IV, page 186.

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TOUT s'écarte à l'instant: mais aucun n'en réchappe
Par-tout le doigt vainqueur les suit et les ratrappe

Chant V. Vers. 233-34.

JJ.Blaise Libraire Quai des Augustins.

Qui de Bauny vingt fois a lu toute la Somme (1),
Qui possède Abéli[a], qui sait tout Raconis(2),
Et même entend, dit-on, le latin d'A-Kempis [b].

N'en doutez point, leur dit ce savant canoniste,

ments des jansenistes. Cela est bien marqué par le discours qu'on lui fait tenir ici, et par la qualité des livres sur lesquels on fait rouler sa science et ses lectures. Quoiqu'il fût si bien désigné, on dit qu'il lut plusieurs fois le Lutrin, sans s'y recounoître. ( Brossette.) * Il étoit frère d'Antoine Aubery, avocat, né à Paris en 1616, mort en 1695, auteur de différentes histoires, dont les plus connues sont celles des cardinaux de Richelieu et de Mazarin, qui passent pour n'être pas exactes.

(1) La Somme des péchés qui se commettent en tous états, par le père Bauny, jésuite. Ce livre parut en 1634, et a été réimprimé plusieurs fois.

[a] Voyez sur Abéli l'épître XII, page 159, note 1.

(2) Charles-François d'Abra de Raconis a été professeur de philosophie, docteur de Sorbonne, prédicateur et aumônier de Louis XIII, et enfin évêque de Lavaur. Il étoit aussi anti-janséniste. Il fit imprimer une philosophie en 1617. (Brossette.) * Né en 1590, Raconis mourut en 1646. Comme il parloit sur-le-champ et sans préparation, le cardinal de Richelieu se plaisoit à le faire venir dans son cabinet, où, en présence de Boisrobert et de deux ou trois autres personnes, il lui donnoit un sujet avec un texte qui n'y avoit aucun rapport; à l'instant même l'improvisateur commençoit un sermon, et ne le finissoit que par l'ordre de son éminence.

[b] Thomas A-Kempis, religieux allemand, né près de Cologne en 1380, mort en 1471, tire son nom du lieu de sa naissance. Il est un des auteurs auxquels est attribué le livre de l'Imitation, dont le mérite ne consiste pas dans l'élégance du style. Le latin en « est, « dit La Harpe, le plus facile de tous à entendre. Le poëte place toujours à propos le trait comique, qui réduit à la vérité le ton hé

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roïque dont il s'amuse à agrandir les objets. » ( Cours de littérature, 1821, tome VII, page 54.)

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