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VERS

A mettre en chant.

Voici les lieux charmants, où mon ame ravie

Passoit à contempler Silvie

Ces tranquilles moments si doucement perdus.
Que je l'aimois alors! Que je la trouvois belle!
Mon cœur, vous soupirez au nom de l'infidèle:
Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus [a]?

C'est ici que souvent errant dans les prairies,
Ma main des fleurs les plus chéries
Lui faisoit des présents si tendrement reçus.
Que je l'aimois alors! Que je la trouvois belle!
Mon cœur,
vous soupirez au nom de l'infidéle :
Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus (1)?

[a] D'Alembert cite ce refrain de Despréaux, comme un échantillon des « vers d'amour qu'il a eu le malheur de faire, » et s'étonne qu'il n'en ait pas pardonné quelques uns du même genre à Fontenelle. (Dix-huitième note sur l'éloge de Despréaux.) La critique de Marmontel est bien moins juste. Ce dernier semble d'abord blâmer uniquement le reproche que le poëte adresse à son cœur; mais ensuite il condamne tout le couplet qu'il rapporte. Il n'y trouve que de l'esprit, et prononce l'arrêt d'Alceste sur le sonnet d'Oronte:

Ce n'est que jeu de mots, qu'affectation pure,

Et ce n'est point ainsi que parle la nature.

(Le Misanthrope, acte I, scène II.)

Voyez les Éléments de Littérature, article Anacréontique.

(1) L'auteur dans sa jeunesse avoit aimé une fille fort spirituelle, nommée Marie Poncher, qu'on appeloit dans le monde mademoiselle de Bretouville. Cette aimable et vertueuse fille se fit religieuse.

Quelque temps après M. Despréaux se promenoit tout seul dans le jardin royal des Plantes ; et se rappelant les doux moments qu'il avoit passés autrefois avec elle à la campagne, il fit ces vers, qui furent mis en musique par le fameux Lambert, en 1671. Le roi prenoit plaisir à se les faire chanter par l'illustre mademoiselle de Leuffroy.

Mademoiselle de Bretouville étoit nièce d'un chanoine de la SainteChapelle, qui possédoit un bénéfice simple de 800 livres de revenu : c'étoit le prieuré de Saint-Paterne, au diocèse de Beauvais. Ce bénéfice ayant vaqué par la mort du chanoine, sa nièce conseilla à M. Despréaux de s'en faire pourvoir en cour de Rome, présumant que l'évêque de Beauvais, de qui le prieuré dépendoit, ne songeroit pas sitôt à le conférer. M. Despréaux l'obtint, et en jouit pendant huit années, sans prendre néanmoins l'habit ecclésiastique, et sans se mettre trop en peine de faire un bon usage des revenus. M. le premier président de Lamoignon, qui avoit beaucoup de religion et de vertu, s'entretenant un jour avec M. Despréaux, lui fit comprendre qu'en se conduisant de la sorte, il ne pouvoit garder ce bénéfice en sûreté de conscience. M. Despréaux le reconnut, et en fit sa démission à l'évêque de Beauvais. Il fit plus, il supputa ce qu'il en avoit retiré depuis le temps qu'il en jouissoit; et cette somme, qui se montoit à environ six mille livres, fut employée à faire la dot de mademoiselle de Bretouville, qui se fit religieuse dans un couvent du faubourg Saint-Germain. (Brossette.) * La première partie de ces faits, énoncés d'une manière positive, est contredite par Louis Racine; et la seconde n'est pas entièrement conforme au récit de l'historien de l'académie des inscriptions et belles-lettres.

Racine avoit lu le commentaire de Brossette, lorsqu'il dit, trente ans après sa publication : « Une chanson tendre que Boileau a faite << ne lui fut point inspirée par l'amour, qu'il n'a jamais connu : il la « fit pour montrer qu'un poëte peut chanter une Iris en l'air [a]. » Voici comment s'exprime de Boze, peu de jours après la mort de

[a] OEuvres de Louis Racine, 1808, tome V, Mémoires sur la vie de Jean Racine, page 72. Voyez ci-après les vers sur un mauvais cheval dont se servoit Despréaux pour aller voir mademoiselle de Bretouville, page 515, note 1.

ÉPIGRAMME

Sur une satire très mauvaise, que l'abbé Cotin avoit faite, et qu'il faisoit courir sous mon nom [a].

de l'univers (1).

En vain par mille et mille outrages
Mes ennemis dans leurs ouvrages
Ont cru me rendre affreux aux yeux
Cotin [b], pour décrier mon style,
A pris un chemin plus facile:
C'est de m'attribuer ses vers (2).

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Despréaux : : « Comme il se sentoit tous les jours moins de disposition « à l'état ecclésiastique, il quitta le bénéfice qui étoit un prieuré simple; et poussant le scrupule du désintéressement au point de « ne pas même vouloir s'en faire un ami dans le monde, il le remit « entre les mains du collateur, qui étoit un saint prélat. Il fit plus, " il supputa à quoi se montoit tout ce qu'il en avoit reçu, et l'em«ploya en différentes œuvres de piété, dont la principale fut le soulagement des pauvres du lieu [a]. »

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[a] Ge titre se lit de la manière suivante dans l'édit. de 1685: Sur une méchante satire que l'abbé Kautain avoit faite, etc. Dans l'édition de 1694, il y a: Sur une méchante satire que l'abbé Cotin avoit faite, etc. (1) Ce vers, qui paroît d'une longueur démesurée, est par trop lâche, sur-tout pour un vers épigrammatique. (Le Brun.)

[b] Dans l'édition de 1685, on lit Kautain.

(2) On avoit fait courir une satire non seulement mauvaise, mais très-dangereuse. L'abbé Cotin n'en étoit pas véritablement l'auteur; mais il l'attribuoit malicieusement à M. Despréaux, qui, pour se défendre, la lui rendoit. Un jour M. le premier président de Lamoignon refusa de lire un libelle que cet abbé avoit publié contre

[a] Histoire de l'académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, in-13, tome II, page 483.

AUTRE

Contre le même.

A quoi bon tant d'efforts, de larmes et de cris,
Cotin [a], pour faire ôter ton nom de mes ouvrages?
Si tu veux du public éviter les outrages [b],
Fais effacer ton nom de tes propres écrits (1).

AUTRE

Contre un athée.

Alidor assis (2) dans sa chaise,
Médisant du ciel à son aise,
Peut bien médire aussi de moi.
Je ris de ses discours frivoles:
On sait fort bien que ses paroles
Ne sont pas articles de foi (3).

M. Despréaux, parceque M. le premier président accusoit en riant M. Despréaux de l'avoir composé lui-même, pour rendre ridicule l'abbé Cotin. (Brossette.)

[a] Dans l'édition de 1685 il y a Kautain.

[b] Saint-Marc élève sur la construction de ce vers des difficultés insoutenables.

(1) Originairement cette épigramme avoit été faite contre M. Quinault, parcequ'il avoit imploré l'autorité du roi pour obtenir que son nom fût ôté des satires de l'auteur; mais ce moyen-là n'ayant pas réussi, il rechercha l'amitié de M. Despréaux, qui mit Cotin à la place de Quinault dans cette épigramme.

(2) Il étoit tellement goutteux, qu'il ne pouvoit marcher. (Despréaux, édition de 1713.)

(3) Notre auteur avoit mis la conversion de M. de Saint-Pavin au

rang

AUTRE

Contre Saint-Sorlain [a].

Dans le Palais hier Bilain [b]

Vouloit gager contre Ménage [c],

Qu'il étoit faux que Saint-Sorlain [d]

des impossibilités morales, dans ces mots de la satire I, vers 128: Et Saint-Pavin bigot [a].

Saint-Pavin repoussa cette injure par le sonnet suivant:

Despréaux grimpé sur Parnasse, etc. [b].

à quoi M. Despréaux répondit par cette épigramme, dans le premier vers de laquelle il y avoit

Saint-Pavin grimpé sur sa chaise, etc.

Il étoit toujours assis dans un fauteuil fort élevé. ( Brossette. ) * L'épigramme de Despréaux, telle que nous la donnons, fut insérée d'abord dans l'édition de 1685.

[a] Cette épigramme est sans titre dans les éditions antérieures à 1713. Elle fut insérée d'abord dans celle de 1685.

[b] Avocat dont il existe quelques mémoires dans des affaires importantes, entre autres dans le procès de la comtesse de Saint-Géran avec la duchesse de Ventadour, 1633. Son véritable nom étoit Vilain; Louis XIII autorisa son père à le changer.

[c] Voyez sur Ménage le tome Ia, satire II, page 100, note a, satire IV, page 139, note 2.

[d] Voyez sur Desmarets de Saint-Sorlin, dont le nom est peut-être altéré afin de rendre la rime plus exacte aux yeux, la page 490 de ce volume, note 2.

[a] Voyez sur Saint-Pavin le tome Ier, satire I, page 91, note 1.

[b] Nous avons rapporté ce sonnet dans le tome Jer, satire IX, page 24c,

Hote 1.

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