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Pense-t-il que le ciel, complice
D'un si funeste sacrifice,

N'a pour lui ni foudres [a] ni feux?

Déja sa flotte à pleines voiles [b],
Malgré les vents et les étoiles,
Veut maîtriser tout l'univers [c];
Et croit que l'Europe étonnée,
A son audace forcenée

Va céder l'empire des mers.

Arme-toi, France; prends la foudre;
C'est à toi de réduire en poudre
Ces sanglants [d] ennemis des lois.
Suis la victoire qui t'appelle,
Et va sur ce peuple rebelle
Venger la querelle des rois [e].

[a] Le mot foudres est au pluriel dans les éditions de 1701 et de 1713. La plupart des éditeurs le mettent au singulier. Dans les expressions foudres et feux, Saint-Marc voit une répétition inutile.

[b] Dans l'édition de 1713, il y a en pleines voiles. Ce léger changement, qui paroît être une faute d'impression, n'est adopté par aucun éditeur.

[c] Saint-Marc fait sur les trois premiers vers de cette strophe des critiques peu fondées.

[d] Saint-Marc bláme le mot sanglants, qui « n'a d'usage parmi nous, dit-il, , par rapport aux personnes, que dans son sens propre; » et c'est précisément dans ce sens que Despréaux l'emploie.

[e] Après la troisième stance, il y avoit celle-ci, que le poëte a retranchée :

O que la mer, dans les deux mondes,

Va voir de morts parmi ses ondes

Jadis on vit ces parricides,
Aidés de nos soldats perfides,
Chez nous, au comble de l'orgueil[a],
Briser tes plus fortes murailles,
Et par le gain de vingt batailles
Mettre tous tes peuples en deuil.

Mais bientôt le ciel en colère,
Par la main d'une humble bergère [b]
Renversant tous leurs bataillons,
Borra leurs succès et nos peines [c];

Flotter à la merci du sort!

Deja Neptune plein de joie
Regarde en foule à cette proie

Courir les baleines du nord.

[a] Les quatre derniers vers de cette strophe étoient d'abord ainsi :

De sang inonder nos guérets,
Faire des déserts de nos villes,

Et dans nos campagnes fertiles

Brûler jusqu'au jonc des marais.

Saint-Marc ne trouve pas heureux le changement du premier vers.

Chez nous, au comble de l'orgueil,

dit-il, « est une pure cheville. » Ce vers offre pourtant un sens clair

et vrai.

[b] Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans pour avoir délivré cette ville que les Anglois assiégeoient, naquit en 1410, et fut brûlée le 31 mai 1431.

[c] Les quatre premiers vers de cette strophe ont remplacé les quatre suivants:

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Et leurs corps pourris dans nos plaines
N'ont fait qu'engraisser nos sillons[a].

VERS

Pour mettre sous le portrait de M. de La Bruyère, au-devant de son livre des Caractères du temps.

(C'est lui qui parle.)

Tout esprit orgueilleux qui s'aime

Par mes leçons se voit guéri,

Et dans mon livre si chéri

Apprend à se haïr soi-même [b].

AUTRES

Pour mettre au bas du portrait de M. Hamon, médecin [c].

Tout brillant de savoir, d'esprit et d'éloquence,
Il courut au désert chercher l'obscurité;
Aux pauvres consacra ses biens et sa science;
Et trente ans, dans le jeûne et dans l'austérité,
Fit son unique volupté

Des travaux de la pénitence (1).

[a] Saint-Marc fait observer que les deux dernières strophes n'ont point de repos au troisième vers. Nous ajouterons que la pièce entière, malgré les changements nombreux que l'auteur crut devoir y faire, est propre à confirmer l'opinion générale où l'on est qu'il n'étoit pas né pour obtenir des succès dans le genre lyrique.

[b] Voyez sur La Bruyère le tome Ier, satire Xe, p. 321, note 1. [c] Ce titre est ainsi dans l'édition de 1701: Pour mettre au bas du portrait de défunt M. Hamon, médecin de Port-Royal.

(1) Jean Hamon, célèbre médecin de la faculté de Paris, s'étoit

AUTRES

En style de Chapelain, pour mettre à la fin de son poëme de la Pucelle.

Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve (1),
Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve;
Et, de son lourd marteau martelant le bon sens,
A fait de méchants vers douze fois douze cents (2).

retiré à Port-Royal-des-Champs, s'employant au service des pauvres malades de la campagne, qu'il visitoit toujours à pied. Il a vécu soixante-neuf ans, et est mort le 22 de février 1687. Il avoit pris soin particulièrement des études de M. Racine à Port-Royal, avec M. Le Maître; et par reconnoissance M. Racine voulut être enterré à Port-Royal, aux pieds de M. Hamon. Les médecins de Paris ont voulu avoir son portrait dans leur salle, comme une marque éternelle de la vénération qu'ils conservent pour sa mémoire. (Brossette.) *La plupart de ses pieux écrits furent publiés par Nicole, qui les revit et y joignit des préfaces. Quant à ses ouvrages de médecine, il ne paroit pas qu'ils aient vu le jour. Voyez la première disposition du codicille de Racine, tome III, page 148, note a.

(1) Ces vers sont d'un homme qui faisoit admirablement des vers : ils sont durs avec intention. Combien d'auteurs en font tous les jours de plus durs encore, sans le faire exprès! (Le Brun.) * Cela seroit difficile; mais Le Brun se plaît à faire une hyperbole contre quelques poëtes contemporains.

(2) La Pucelle a douze livres, chacun de douze cents vers. (Despréaux, édition de 1701.) *On sent bien que le nombre des vers de ce poëme n'est pas ici rigoureusement exact. A la note de l'auteur, Brossette ajoute la particularité suivante : « M. Despréaux ayant dit « ce quatrain à M. le premier président de Lamoignon, ce magistrat « envoya querir un exemplaire de la Pucelle chez Billaine, libraire ‹ qui la débitoit. Il écrivit ces quatre vers sur le premier feuillet du « livre, et le renvoya. »

STANCES

A M. Molière [a], sur sa comédie de l'École des femmes, que plusieurs gens frondoient (1).

En vain mille jaloux esprits,

Molière, osent avec mépris
Censurer ton plus bel ouvrage :

Sa charmante naïveté

S'en va [b] pour jamais d'âge en âge
Divertir[c] la postérité.

[a] Dans le titre de la satire II, depuis 1675 jusqu'en 1713, il y a M. DE MOLIÈRE. Ici l'on trouve M. MOLIÈRE, éditions de 1701 et de 1713, d'où l'on peut conclure que l'auteur attachoit assez peu d'importance à la manière d'écrire les noms propres, comme nous avons eu lieu de le remarquer plusieurs fois.

(1) M. Despréaux lui envoya ces vers le premier jour de l'année 1663. ( Brossette. ) * L'École des Femmes fut jouée, pour la première fois, le 26 décembre 1662; elle eut trente représentations de suite, malgré les efforts de quelques personnes pour la faire tomber. Voyez l'épître VII, page 86 de ce volume.

[b] Saint-Marc blame l'expression s'en va comme trop prosaïque. [c] L'auteur avoit mis d'abord enjoüer, expression que l'académie n'a point adoptée, et que l'auteur a employée d'antres fois. Voyez le tome III, page 22, note a. Nous rapportons cette leçon, d'après un recueil intitulé : Les délices de la poésie galante, des plus célèbres autheurs de ce temps, in-12, Ire partie, Paris, Jean Ribou, 1666. La pièce de Despréaux y est donnée sans aucun nom avec ce titre : Sur l'École des Femmes. Stances. Page 90. Cette première manière, qui n'avoit jamais été recueillie, présente de grandes différences, lorsqu'on la compare avec la pièce corrigée. La stance qui se trouvoit la seconde a été supprimée. La voici :

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