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ÉPIGRAMME

Sur une harangue d'un magistrat,

dans laquele les

procureurs

étoient fort maltraités.

Lorsque, dans ce sénat à qui tout rend hommage,

Vous haranguez en vieux langage,
Paul, j'aime à vous voir en fureur
Gronder maint et maint procureur;
Car leurs chicanes sans pareilles
Méritent bien ce traitement [a]:

«cepteur Le Ragois. Le livre, imprimé sur format in-4°, sans indi« cation du lieu ni de la date de l'impression, sous le titre d'OEuvres « diverses d'un auteur de sept ans, étoit précédé d'une Épître dédi«catoire à madame de Montespan, mère du jeune écolier. Cette « pièce, qui n'étoit pas signée, fit bruit dans le monde, et fut d'abord « attribuée à madame de Maintenon; mais les gens de goût ne tar« dèrent pas à penser que c'étoit l'ouvrage d'une plume encore plus «habile et plus exercée que la sienne [a]. » Luncau de Bois-Jermain est, je crois, le premier qui ait inséré cette dédicace dans les œuvres de Racine. Il est probable que madame de Maintenon eut recours à ce grand homme, puisque Brossette le dit ; mais on sait qu'elle n'auroit eu besoin de personne. Le duc du Maine naquit en 1670, le volume publié sous son nom parut en 1677, et les vers de Despréaux doivent avoir été faits cette même année, non en 1685, comme l'avancent quelques éditeurs.

[a] Les commentateurs ne font point connoître le magistrat à qui s'adresse cette épigramme. Saint-Marc se borne à blamer comme inutiles ce vers et le précédent.

[a] OEuvres complètes de Jean Raine, avec le commentaire de M. de La Harpe, tome VII, page 34.

Mais que vous ont fait nos oreilles

Pour les traiter si rudement [a]?

ÉPIGRAMME

Pour mettre au bas d'une méchante gravure qu'on a faite de moi.

Du célèbre [b] Boileau tu vois ici l'image.

Quoi! c'est là, diras-tu, ce critique achevé?

D'où vient le noir chagrin qu'on lit sur son visage?
C'est de se voir si mal gravé (1).

[a] Dans la plupart des éditions il y a durement, ce qui n'est pas conforme au texte de celle de 1713.

[b] Dans l'édition de 1713, on lit :

Du poëte Boileau.

Nous avons suivi la leçon adoptée par Brossette et par tous les autres éditeurs; elle se trouve d'ailleurs dans une lettre de l'auteur, du 12 janvier 1705, tome IV, page 532. Il est à présumer néanmoins que ce dernier, parlant de lui-même, a voulu la changer.

(1) Cette gravure étoit faite sur un portrait de l'auteur, peint par Bouïs. Le graveur, ayant achevé son ouvrage, vint trouver M. Despréaux, et le pria de lui donner des vers pour mettre au bas de sa gravure. M. Despréaux lui répondit qu'il n'étoit ni assez fat pour dire du bien de lui, ni assez sot pour en dire du mal. Cependant quand le graveur fut sorti, ayant fait réflexion sur l'air refrogné du portrait, la pensée de cette épigramme lui vint à l'esprit, et il la rima sur-le-champ. (Brossette.) * Voyez la lettre citée dans la note précédente. On lit dans la réponse de Brossette, du 19 mars 1705, que ce graveur se nommoit Desrochers.

ÉPIGRAMME.

L'amateur d'horloges.

Sans cesse autour de six pendules,
De deux montres, de trois cadrans,
Lubin, depuis trente et quatre ans,
Occupe ses soins ridicules.
Mais à ce métier, s'il vous plaît [a],
A-t-il acquis quelque science?

Sans doute; et c'est l'homme de France
Qui sait le mieux l'heure qu'il est (1).

[a] Parmi les remarques de J.-B. Rousseau sur le commentaire de Brossette, on lit l'anecdote que voici: «Un ami de M. Despréaux, « à qui il récita cette épigramme, retourna sur-le-champ cette fin « de la manière suivante :

« Mais à ce métier qui lui plaît,
« Loin d'acquérir quelque science,
« C'est peut-être l'homme de France

« Qui sait le moins l'heure qu'il est.

« C'est qu'il est difficile que tant d'horloges se rapportent juste les « unes aux autres [a]. » Brossette prétend avoir fait à Despréaux la même réponse en prose [b], ce que sa correspondance ne justifie pas. A cela Rousseau réplique : « A l'égard de l'épigramme 17 [c], <«< la pensée qui me vint en l'entendant réciter est une plaisanterie, <«< et c'est tout ; mais celle de M. Despréaux est beaucoup meilleure, «< en ce qu'elle renferme une morale avec un ridicule: ainsi il n'y a « nul parallèle à faire entre l'une et l'autre [d]. »

(1) Espèce de calembour qu'on applaudiroit dans ce siècle, mais

[a] Lettres de Rousseau sur différents sujets de littérature, t. II, p. 188. [b] Ibidem, page 205.

[c] Cette épigramme est la dix-septième dans l'édition de Brossette. [d] Lettr. de Rousseau, page 212.

ÉPIGRAMME

Sur la fontaine de Bourbon, où l'auteur étoit allé prendre les eaux, et où il trouva un poëte médiocre, qui lui montra des vers de sa façon.

(Il s'adresse à la fontaine.)

Oui, vous pouvez chasser l'humeur apoplectique,
Rendre le mouvement au corps paralytique,
Et guérir tous les maux les plus invétérés;
Mais quand je lis ces vers par votre onde inspirés,
Il me paroît, admirable fontaine,

Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène (1).

qui n'étoit pas digne de celui de Boileau. ( Le Brun.) * Ce prétendu calembour est un bon mot que l'abbé de Châteauneuf ne goútoit pas moins que J.-B. Rousseau. Voy. les lettres des 13 décembre 1704 et 6 mars 1705, tome IV, pages 528 et 538. L'auteur fait connoître celui qui est l'objet de l'épigramme. Saint-Marc propose ce changement dans le dernier vers:

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Qui sait le mieux quelle heure il est.

Laquelle de ces deux manières, dit-il, est la meilleure? C'est ce « que je n'entreprendrai pas de décider. » Celle du poëte étant moins commune mérite la préférence.

(1) En 1685, l'auteur étoit allé prendre les eaux à Bourbon, où il trouva l'A...., poëte médiocre, qui lui montra des vers de sa façon. (Brossette.) * Le voyage de Despréaux à Bourbon eut lieu en 1687: sa correspondance l'atteste. On ne lit rien, dans ses lettres de cette époque, qui soit relatif au poëte que Brossette, désigne par des initiales. Il y est seulement fait mention d'un capucin dont le satirique ne goûtoit pas les vers, quoiqu'ils fussent à sa louange. Voyez la lettre du 29 juillet 1687, tome IV, page 55.

SUR MON PORTRAIT.

M. Le Verrier, mon illustre ami, ayant fait graver mon portrait par Drevet, célébre graveur, fit mettre au bas de ce portrait quatre vers, où l'on me fait ainsi parler [a]:

Au joug de la raison [l] asservissant la rime;
Et, même en imitant, toujours original,

J'ai su dans mes écrits, docte, enjoué, sublime,
Rassembler en moi Perse, Horace et Juvenal [c].

A quoi j'ai répondu par ces vers:

Oui, Le Verrier, c'est là mon fidéle portrait;
Et le graveur en chaque trait

A su très finement tracer sur mon visage
De tout faux bel esprit l'ennemi redouté.
Mais, dans les vers pompeux qu'au bas de cet ouvrage
Tu me fais prononcer avec tant de fierté,

[a] Quand Brossette ne nous apprendroit pas que ces vers excellents sont de Despréaux lui-même, on le devineroit aisément. Il ne vouloit pas néanmoins passer pour les avoir faits, les trouvant déplacés sous sa plume. Voyez sa réponse à un graveur qui lui demandoit une inscription pour une autre de ses estampes, page 540 de ce volume, note 1.

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[b] Il y avoit d'abord

Sans peine à la raison asservissant la rime, etc.

[c] Le Brun dit avec raison: « Il étoit difficile de mieux peindre Despréaux; et l'éloge n'est certainement pas outré. Ce dernier convenoit lui-même, avec toute sa franchise, qu'il n'y avoit rien de plus juste que les deux derniers vers. Voyez sa lettre à Brossette, du 6 mars 1705, tome IV, page 536.

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