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CHAPITRE X.

De celui qui voulait arracher de la basiliqne quelqu'un qui l'avait frappé.

Un homme qui, dans une rixe qu'il avait amenée, avait perdu un œil, s'efforçait d'arracher de la basilique celui qui lui avait porté ce coup. Tandis qu'il agissait ainsi, non-seulement il ne recouvra pas la lumière de l'œil qu'il avait perdu, mais encore, il sentit s'aveugler l'autre œil qui était encore sain. Alors, confessant son péché : « J'ai mérité, dit-il, d'être jugé sans miséricorde, moi qui n'ai pas su pardonner. » Puis, se prosternant devant le saint tombeau avec tout le peuple qui s'était rendu à la fête, et pardonnant à celui qui l'avait blessé, il recouvra la vue et la grâce. Ainsi arriva-t-il que celui qui avait cherché le secours du saint fut en sûreté, et que celui qui ne croyait pas fut repris. L'un et l'autre s'en alla joyeux et corrigé.

CHAPITRE XI.

De celui qui eut les membres contractés pour avoir attelé ses bœufs un dimanche.

Un autre, ayant, par une audace téméraire, attelé ses bœufs un jour de dimanche, se mit à labourer son champ. Il prit sa hache pour arranger quelque chose à sa charrue, lorsqu'il sentit ses doigts se crisper subitement et le manche de la hache adhérer fortement à sa main droite. Au bout de deux ans, après avoir souffert des douleurs intolérables, il vint à la basilique du bienheureux martyr, et y célébra les vigiles avec foi. Aussitôt, et ce même jour de dimanche, sa main lâcha le bois qu'elle tenait malgré elle. Ce fut un grand avertissement pour le peuple, qu'un délit qui avait été commis un jour sanctifié fùt précisément expié le même jour. Quant à cet homme, il se retira sain et sauf en glorifiant le martyr, et jamais depuis il n'osa travailler le jour de la résurrection du Seigneur1.

(1) Il s'agit probablement d'un dimanche ordinaire; Grégoire ne parlerait pas en termes si simples des Vigiles de Pâques. Voy. cepen. dant Hist., liv. VIII, ch. xxx, notes des traducteurs.

CAPUT XII.

De Anagildo muto et surdo vel cæco.

Sic et Anagildus quidam, mutus, et surdus et cæcus vel omnium membrorum compage debilitatus, ad limina sacrosancta projectus est, scilicet ut, vel ab stipe pasceretur devotorum, qui victus alimoniam propriis manibus laborare non poterat. Igitur, cum per annum integrum ante sanctam ædem decubasset, tandem visitatus a virtute beati martyris, ab omni infirmitate

sanatus est.

CAPUT XIII.

De his qui Theoderici regis tempore basilicam irruperunt. Videtur mihi ut, sicut sancti virtute curata morbida retexuntur, ita et infidelium pravitates oratione illius confutatæ, ad emendationem aliorum, ne similia appetant, declarentur, quia utraque sancti gloria præstat, ut et hos sanitati reddat ne amplius crucientur, et illos arguat ne in futuro judicio condemnentur. Et quia nullum latere credo aliquid de hostilitate Theoderici regis1 ac infirmitatibus Sigivaldi, quæ ei in Arverno posito contigerunt, propter virtutem tamen beati martyris est diligentius exponendum, quo facilius fides dictis adhibeatur. Igitur, cum ad direptionem Arvernorum rex antedictus festinaret et ingrediens terminum vastationi cuncta subigeret, pars aliqua ab exercitu separata ad Brivatensem' vicum infesta pro

(1) Hoc caput laudatur in Vita sancti Stremonii, tomo II, Biblioth. Labb., p. 498. Hic idem auctor laudare ibidem videtur Gregorii nostri Historiam aut certè nescio quod opus ex illa excerptum, quod appellat Gesta Germanorum, ex quo Theoderici regis Arvernicam expeditionem, sed parum accurate, narrat. (R.) (2) Brivatensim, 2204.

CHAPITRE XII.

D'Anagilde, à la fois muet, sourd et aveugle.

Anagilde, muet, sourd, aveugle et perclus de tous ses membres, fut jeté sur le seuil de la sainte basilique, afin d'être au moins nourri par les aumônes des fidèles, lui qui ne pouvait pas gagner sa vie par le travail de ses mains. Or, après qu'il eut ainsi passé une année entière couché devant le saint édifice, visité enfin par la vertu du bienheureux martyr, il fut guéri de tous ses maux.

CHAPITRE XIII.

De ceux qui, du temps du roi Théodéric, forcèrent la basilique. Il me paraît à propos, après avoir raconté les maladies guéries par la vertu du saint, de montrer la perversité des infidèles déjouée par ses prières, afin d'empêcher les autres de tomber dans le même péché. De là une double gloire pour le saint. Aux uns il rend la santé, afin qu'ils ne soient pas tourmentés davantage, et il reprend les autres afin qu'ils ne soient pas condamnés au jugement dernier. Bien que je croie qu'il n'est personne qui ne sache quelque chose de la guerre du roi Théodéric et des infirmités qui atteignirent Sigivald en Auvergne, cependant j'en parlerai avec plus de détail en l'honneur du bienheureux martyr et afin qu'on accorde plus de for à mes paroles. Le roi Théodéric donc s'avançait rapidement pour dévaster l'Auvergne ; il avait passé les frontières et détruisait tout sur son passage. Une partie de ses troupes, se détachant du gros de l'armée, se dirige en furie vers le bourg de Brioude, sur le bruit que les habitants s'étaient retirés dans la basilique avec leurs trésors. A leur arrivée, elles trouvèrent une multitude d'hommes et de femmes renfermés dans le temple

(1) Grégoire de Tours raconte ailleurs l'expédition de Théodéric en Auvergne; Hist. lib. III, cap. xnet xvi. C'était en 525, dit dom Ruinart.

ripuit, fama vulgante quod in basilica essent incolæ cum multis thesauris adunati. Cumque pervenissent ad locum, inveniunt multitudinem promiscui sexus, obseratis ostiis, in templo ipso cum propriis facultatibus residere. Cumque intrare non possent, unus effractam ceu fur in altario sancto fenestram vitream ingreditur, quia qui non intrat per januam hic latro est dehinc, reseratis ædis illius valvis, exercitum intromittit. At illi direptam cunctam pauperum supellectilem, cum ministris ipsius basilicæ, reliquum quoque populum qui infra erat eductum foris diviserunt haud procul a vico. Quæ cum ad regem delata fuissent, comprehensos ex his aliquos diversis mortibus condemnavit. Fugiens vero ille, qui irrupta æde caput fuit hujus sceleris, igne de cœlo delapso consumptus interiit: super quem cum multi acervum lapidum congregassent, a tonitruis et coruscationibus detectus terrena caruit sepultura. Qui vero de consentaneis latentes regem in patria sunt regressi, correpti a dæmone diversis exitibus hanc vitam crudeliter finierunt. Hæc audiens rex omnia quæ exinde sunt ablata reddidit. Præceperat enim ne in septimo a basilica milliario quis vim inferret.

CAPUT XIV.

De Sigivaldo pervasore.

Tunc Sigiwaldus' cum rege præpotens cum omni familia sua in Arverna regione ex regis jussu migravit : ubi, dum multorum res injuste competeret, villam quamdam, quam gloriose memoriæ Tetradius', episco

(1) Sigivvaldus, etsi in præcedenti capite Sigivaldi; 2204. (2) Interfuit concilio Agathensi an. 507, et Aurelian. 1, an 511. De eo Bollandus die 16 februarii. (R.)

avec leurs biens, et les portes closes. Comme l'ennemi ne pouvait y pénétrer, un soldat, ou plutôt un voleur, car celui-là est un larron qui n'entre point par la porte, brisa le vitrage d'une fenêtre du sanctuaire et entra; puis, ayant ouvert les portes, il introduisit l'armée. Les soldats pillèrent le mobilier des pauvres, et dépouillèrent les prêtres de la basilique; puis, faisant sortir tout le reste du peuple qui se tenait dans le bas de l'église, ils se partagèrent leurs prisonniers, non loin du bourg. Quand ces choses furent rapportées au roi, il prit quelques-uns des coupables et les condamna à divers genres de mort. Celui qui, en de mort. Celui qui, en forçant l'église. avait été le premier auteur de ce crime, ayant pris la fuite, périt consumé par le feu du ciel; et, bien que plusieurs de ses compagnons eussent entassé sur lui un monceau de pierson corps, mis à découvert par le tonnerre et la tempête, fut privé de sépulture. Quant à ceux de ses complices qui, se cachant du roi, retournèrent dans leur pays, ils furent saisis par le démon et tous, de différentes manières, terminèrent misérablement leurs jours. Ce qu'apprenant le roi, il rendit tout ce qui avait été pris; car il avait donné l'ordre qu'on n'exerçât aucune violence à une distance de sept milles autour de la basilique.

res,

CHAPITRE XIV.

Du spoliateur Sigivald,

Sigivald, personnage tout-puissant auprès du roi, fut envoyé, par ses ordres, en Auvergne avec toute sa maison. Là il convoitait injustement le bien des uns et des autres. Sous l'ombre d'un échange trompeur, il s'empara avec avidité d'un domaine que Tétradius, l'évêque de Bourges, de glorieuse mémoire, avait légué à la basilique de Saint-Julien ; mais trois mois après, pris par la fièvre, il tomba dans un

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