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Ah! laissez-lui sa honte et ses malheurs;
Laissez-le vivre et mourir dans les pleurs;
Mais aux refus n'ajoutez pas l'outrage.

Le pauvre est dur! son crime est votre ouvrage.
Faut-il, chargé de mépris et de maux,
Qu'il aille encor caresser ses bourreaux?
Changez pour lui: de votre ame inflexible
Adoucissez, s'il se peut, la rigueur;

Par des bienfaits, allez jusqu'à son cœur :
Vous trouverez alors son cœur sensible.
Belle Chloé, vous l'avez éprouvé.

J'ai vu ce jour, ce jour de votre gloire;
Ah! dans mon cœur il restera gravé,

Et

que le vôtre en garde la mémoire.

Lorsque le ciel, pour la seconde fois,
Vous amenait vers ces rustiques toits;
Lorsqu'à travers les rocs et la bruyère,
Vos deux chevaux, gravissant dans les monts,
A pas tardifs, traînaient votre litière,
Et descendaient dans ces affreux vallons;
Au premier bruit semé dans le village,
Vous avez vu tout ce peuple attendri,
Par vos bienfaits tout ce peuple nourri,
Courir, voler sur votre heureux passage;
Femmes, enfants, sortis de leurs foyers,
Border de loin la cime des rochers;
Et, suspendus au bord du précipice,
De toute part
l'œil attaché sur vous,
Levant les mains, tombant à deux genoux,

Se prosterner devant leur bienfaitrice:
Princes et rois, ah! soyez-en jaloux !
En vous voyant si touchante et si belle,
Tout ce bon peuple, errant autour de vous,
Disait : « Quoi donc! n'est-ce qu'une mortelle?
Un ange, un ange est venu parmi nous. »
Ils disent vrai.... J'en appelle à vous-même,
Qui partagez, dans le nœud le plus doux,
Son cœur, sa main, et les vertus qu'elle aime,
Vous, tendre amant, sous le titre d'époux.

O temps heureux! temps d'une aimable ivresse,
Où la beauté faisait une déesse,

Où les bienfaits faisaient les immortels!
L'esprit, alors, et la douce sagesse
Avaient aussi le culte des mortels.
Belle Chloé! dans cette heureuse Grèce,

Vous aviez droit à de triples autels.

ÉPITRE

A M. LANGLOIS DE BOUCHET.

O vous, dont l'esprit enchanteur,
Cultivé par la main des Grâces,
Brille d'un charme séducteur;
Vous, qui conduisez sur vos traces
Le goût, les arts et l'enjoûment,
Dont la raison brillante et sage,
Pleine de force et d'agrément,
Joint l'éloquence au badinage,
Et la saillie au sentiment :
Anacréon sur le Parnasse,
Nouveau Socrate sur les lis,
Vous portez la lyre d'Horace,
Et la balance de Thémis.
J'admire en vous le double titre
Du bel esprit, du magistrat

Aussi juste que délicat ;

Du goût et des procès arbitre,
Daignez accepter cette épître

D'un homme obscur et sans éclat.

D'un triste et long panégyrique
Ne redoutez point la fadeur;
De ce nectar soporifique
Je sais que la froide vapeur,
Sur les vers, avec pesanteur,
Distille un ennui léthargique,
Et porte avec soi la langueur.
Non, la seule reconnaissance
A droit d'allumer mon encens :
Elle préside à mes accents;
Sa vertu fait mon éloquence,

Et me dicte mes sentiments.

Ce monstre, qu'on nomme Chicane,
Des biens ardent persécuteur,
Des lois infame corrupteur,
Impur et détestable organe

Du mensonge et de la noirceur;
Lui, qui, de sa bouche profane,
Répand un souffle destructeur,
Et de Thémis, qui le condamne,
Cherche à surprendre la faveur ;
Sur nous épuisant sa fureur,
A nos yeux frappés de terreur,
Déja faisait voir la ruine,
Que suivait la triste famine.
Sensible à nos justes douleurs,
De ma famille désolée

Vos mains ont essuyé les pleurs;
Et loin de mon ame troublée,
Chassant les chagrins dévorants,

De ma maison presque ébranlée
Ont raffermi les fondements.
C'est vous, ô mortel adorable,
C'est vous, dont les soins généreux,
Dont la main propre et secourable
A daigné combler tous nos vœux.
Secondant l'ardeur qui m'enflamme,
Que, par d'ineffaçables traits,
Un dieu grave au fond de mon ame
Et votre nom et vos bienfaits.
Non, non, sur son aile légère,
Le Temps n'emportera jamais
Une image qui m'est si chère.
Ah! poursuivez une carrière,
Où vos vertus et vos talents
Vous ont rendu si nécessaire.
Que toujours votre voix sévère,
Par des oracles foudroyants,
Dompte l'audace téméraire

Du coupable fier et puissant.
Que de l'orphelin gémissant
Vos mains soulagent la misère :
Aux malheureux servez de père,
De protecteur, à l'innocent.
Qu'ainsi vos nobles destinées,
Dans leur cours paisible et brillant,
Toujours de gloire environnées,
Et par les plaisirs couronnées,
D'aucun sinistre évènement

Ne soient jamais empoisonnées;

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