Mon crayon d'abord tracerait Et cet esprit orné, dont le piquant attrait, Laisse de sa finesse échapper le secret. Indulgent avec grace, avec douceur austère, Qui, dans la fleur de l'àge, a flétri sa santé, Portant, dans un corps faible, une ame vigoureuse; D'un époux cher et respecté Elle eût donné l'exemple, elle osa l'imiter. Que l'excès de ses vertus même. De ces nobles trésors s'empressant d'hériter, Tes sœurs, que s'envieraient l'amour et l'amitié, Leurs mains faibles encore, et déja bienfaisantes, S'essayaient aux vertus, consolaient la douleur ; Et les yeux des graces naissantes, Par des larmes compatissantes, Semblaient charmer jusqu'au malheur. Mais toi, quand leur beauté, dans sa touchante aurore, Jeune, que faisais-tu dans les murs de Paris? Tu faisais retentir les cris. Ta voix franchissait les barrières S'emprisonne pour ne point voir Que le luxe de Sybaris Rend sourds aux maux de la nature. Mais quoi! tout change et se dément : A ton pays, à toi, l'espérance est ravie. Là, tout est passager; mais le vice est constant: Et l'humanité, d'un instant. Tu n'en remplis pas moins un sacré ministère, Des vœux de ton pays, zélé dépositaire, Conserve un si beau souvenir. Il t'impose, pour l'avenir, Le respect de toi-même et de ton caractère. Famille respectable et chère, De vous avoir connus que j'aime à m'honorer! Tout semble à mes yeux respirer Des antiques vertus le souffle héréditaire. Du palais des méchants, de l'oppresseur barbare; Voit expirer le pauvre, et ne s'attendrit pas. Dans la couche de l'avarice! Crains, sous ces lambris d'or qu'éleva l'injustice, Tout respire un charme touchant, Pour les besoins du pauvre on moissonne ce champ: De ces arbres pieux, chacun bénit l'asyle; La malédiction du pauvre gémissant Jamais ne profana leur ombre respectée: Ce ruisseau ne roula les pleurs de l'innocent. C'est là le bonheur que j'envie; Hélas! j'ai consumé ma vie Sur des travaux infructueux, J'ai recherché la gloire, ou sa trompeuse image; Trop tard mon cœur s'est détrompé : Une bonne action vaut mieux qu'un bon ouvrage. J'écrivis pour le pauvre, Vous avez un plus beau partage. Oh! que ne puis-je ici, coulant mes heureux jours, De mes derniers soleils y terminer le cours! Toutes mes saisons seraient belles; Chaque heure même aurait son prix. A cette terre hospitalière Je confierais ma cendre à mon dernier moment; Peut-être quelques pleurs mouilleraient ta paupière; " Le modeste ciseau graverait sur la pierre: Il vécut ignoré, mais il vécut heureux ! » ÉPITRE A M. CLAPIER, CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL ET MILITAIRE DE SAINT-LOUIS. AINSI, dans l'heureuse Provence, Jadis on vit les troubadours Des fleurs qui naissent sous vos pas, |