Obrázky na stránke
PDF
ePub

bres. Si deux ou trois, dit le Christ, sont réunis en n.on nom, je suis au milieu d'eux (*). Ces profondes paroles démontrent clairement l'identité du véritable genre humain avec l'Eglise. Supposons que d'un côté se trouvent un petit nombre d'hommes réunis au nom du Christ, et liés à leur principe par la mission légitime du sacerdoce, ce qui est comme si l'on disait organisés par l'Idée, comme dans la primitive Eglise assemblée à Jérusalem; et de l'autre la multitude des nations et des races, divisées par une infinité d'opinions, dépourvues de traditions authentiques et de hiérarchie légitime; qui s'avisera de nier que le germe essentiel du genre humain ne se trouve parmi les premiers? Il est vrai que dans l'universalité des hommes il se conserve beaucoup de débris de la vérité primitivement enseignée et naturellement manifeste aux intelligences; parce que l'Idée et la tradition ne sont pas complètement anéanties. Mais comme l'erreur y est mêlée à la vérité, il n'y a point d'unité d'espèce; et on ne peut y distinguer les parties bonnes des mauvaises, si l'on ne possède une règle pour en faire le choix, et un type de vérité absolue auquel on puisse mesurer cette foule d'opinions les plus diverses; or, on les trouve dans l'Idée parfaite, que l'on chercherait en vain en dehors de la société catholique. On ne peutdonc pas dire, exactement parlant, que le genre humain, - qui n'existe plus, - démontre l'autorité de l'Église; mais il faut dire que, d'un côté, celle-ci forme le genre élu des hommes, et de l'autre nous met en état de retrouver et de recomposer le Vrai qui subsiste dans le genre de la nature. Ensuite, l'autorité de l'Eglise est démontrée par l'Idée; mais comme l'Idée parfaite ne se trouve pas hors du verbe catholi que, il faut en inférer que, sous ce rapport, l'Eglise se réflé

(*) Math. XVIII, 20.

chissant sur elle-même, se prouve aussi par elle-même. L'Eglise est l'Idée personnifiée et revêtue d'un corps externe et sensible qui la représente, et qui en la représentant participe de son évidence intime, et s'illumine de son propre éclat.

L'identité de l'Eglise et du véritable'genre humain, en vertu de l'Idée qui leur est inhérente à tous deux, est une preuve puissante du catholicisme, et qui me semble avoir l'évidence et la rigueur d'une démonstration métaphysique. Si l'Eglise est la reconstitution du genre humain, celui qui n'est pas catholique se trouve dans un état excentrique, hors de sa condition naturelle et moralement exclu de son propre genre; il est relativement à l'Idée, l'homme sans lois, insociable, sauvage, et correspond, dans l'ordre intellectuel, à ce que serait, dans l'ordre matériel, l'homme nourri et élevé en dehors de toute société. La conversion de l'homme à l'Eglise est donc le retour de l'individu à l'espèce, du citoyen à la patrie, du membre au corps, de la partie au tout. Cette parole, que hors de l'Eglise iln'y a point de salut, est, bien entendue, parfaitement rationnelle, parce que le salut est la vie de l'esprit, et que la vie n'est ni imaginable, ni possible, si on en sépare l'Idée qui la produit. Et toutes les fois que la Providence veut, par des moyens extraordinaires et inconnus, communiquer la vériété à celui qui, sans qu'il y ait de sa faute, se trouve hors de la société élue, il est évident que cet individu se trouvant initié à la vérité, devient, par le fait même, membre de ce corps qui conserve, par un privilége divin, dans toute son intégrité, le dépôt des vérités idéales.

L'Eglise ne pourrait contenir virtuellement le genre humain, ni actualiser successivement cette puissance, si elle n'était une, et parfaitement ordonnée. Le principe organique, qui forme tout individu et toute agrégation d'individus, est double; c'est-à-dire objectif et subjectif, commun et propre, impersonnel

et personnel. L'élément objectif, commun, impersonnel, est unique pour tous les individus et pour toutes les agrégations ; il ne peut être ni changé ni multiplié sans absurdité; il est absolu, nécessaire, universel; c'est l'Idée considérée en elle-même et dans son entité la plus pure. Cette unité suprême unit et harmonie toute la création, depuis l'ensemble total des choses existantes, auquel nous donnons le nom de monde ou univers, jusqu'au moindre de ses composants. Elle réside dans le tout et dans chacune des parties; et sans sortir d'elle-même, sans s'éteindre, ou se diviser, ou se multiplier, et en vertu de l'acte créatif immanent, elle répand partout l'actualité de l'existence, la force, l'harmonie, le mouvement, le souffle et la vie. En tant qu'elle crée l'univers et le gouverne, elle est l'ame du monde, en prenant ce mot dans un sens beaucoup plus noble que les Platoniciens eux-mêmes; en tant qu'elle réside dans les esprits, elle est l'Intelligibilité; en tant qu'elle produit, actualise, détermine, classifie les forces de la nature, elle est l'essence générique et spécifique de choses; en tant, enfin, qu'elle forme les diverses sociétés des hommes, depuis le petit cercle de la famille jusqu'à la société universelle, elle est l'idéalité de la société humaine. L'élément subjectif étant contingent, particulier, fini, varie selon la diversité des individus ou des universalités soumises à son influence. Tels sont, dans l'homme, le principe pensant; dans le peuple, son génie national; dans les corps organiques, l'Archée (*), la force plastique, le prin

(*) Ce mot est assez peu usité pour que nous croyions en devoir placer ici l'explication qui se trouve, du reste dans tous les lexicographes un peu complets. Il vient du grec ARCHÊ, principe, commencement, c'est un terme d'alchimie inventé par Basilc-Valentin et adopté avec enthousiasme par Paracelse et Van-Helmont qui regardaient particulièrement l'archée comme le principe de la vie dans tous les végétaux. Les alchimistes entendaient par là l'agent universel qui arrange et fait tout dans la nature, qui compose et décompose les corps en les réduisant à leurs premiers principes. Suivant quelques médecins, l'archée est le principe de la vie dans tous les hommes.

T.

cipe de la vie; dans les corps organiques, les forces de divers genres qui composent la nature. Si on applique ces idées à la société ecclésiastique, il est évident que son principe objectif est son chef invisible, c'est-à-dire l'Idée faite homme, résidant au milieu d'elle jusqu'à la fin des temps; tandis que le principe subjectif dans l'ordre de la société tout entière, est le chef visible de la même Eglise, et s'étend de main en main, par rapport aux sociétés particulières, à tous ceux qui participent au sacerdoce. La hiérarchie catholique est l'organisation des divers chefs et des communautés particulières, sous un chef unique et suprême. Et comme cette hiérarchie est le seul organisme, qui en se développant et s'étendant successivement puisse mettre en acte l'unité morale de toute l'espèce, il s'ensuit que son chef visible est le principe organique duquel dépend l'unité future du monde. L'autorité pontificale est donc la paternité spirituelle et élective, nécessaire pour former l'unité de la grande famille humaine, comme la paternité matérielle forme l'unité des familles particulières; et comme parmi les nombreuses nations, qui jouissent déjà du bienfait de l'institution catholique, il y en a une qui se glorifie avec raison d'occuper le centre d'un si vaste tout; aussi, sous ce rapport, est-il indubitable que l'Italie, contenant dans son sein le principe de l'unité morale du monde, est la mère nation du genre humain. J'expose franchement et paisiblement ces idées, qui feront rire aujourd'hui beaucoup de monde, mais que personne ne peut et ne pourra jamais combattre avec succès. La vérité est une chose si belle et d'un si haut prix, qu'il n'y a rien à perdre à la professer publiquement et à la défendre, même en courant le danger d'être raillé et blámé. Et d'ailleurs il ne me paraît pas probable que la raillerie et l'insulte, enfants de la légèreté, de l'ignorance et des injustes préjugés, puissent

long-temps prévaloir contre la vérité et la bonne logique (4).

L'Eglise catholique est donc la société conservatrice et propagatrice de l'Idée, et cette double fonction explique toutes les propriétés et les prérogatives dont elle est décorée. Quant à la conservation et à la diffusion de la vérité, elle participe tout à la fois du repos et du mouvement, mais d'une manière différente. Relativement à sa fonction de conservatrice, sa nature correspond à celle de l'Idée elle-même; et comme celle-ci est éternelle et placée en dehors du mouvement du temps, celle-là jouit aussi d'une continuité parfaite, absolue, exempte de tout changement. C'est en cela que consiste sa force et sa beauté. On ne peut rien imaginer de plus merveilleux que cette grande communauté, qui est perpétuelle, puisqu'elle remonte sans interruption aux principes du genre humain; qui est immuable, puisqu'elle est incapable de changement; qui est immobile, puis qu'elle exclut tout progrès et tout retour, et qu'elle est comme un pivot fixe et éternel sur lequel s'oriente et tourne la civilisation du monde. Car le cours et le développement des choses humaines ont besoin d'un fondement stable, et d'une base solide et immobile qui les produise, les soutienne, les tempère, les dirige; autrement la variété se changerait en chaos, et la course en chute. L'immobilité de l'Eglise, loin de nuire aux progrès civils, est nécessaire pour les effectuer les effectuer; parce que dans l'ordre des esprits comme dans celui des corps, le principe du mouvement ne peut être ailleurs que dans le repos. La civilisation a besoin d'une règle éternelle et immuable qui dirige sa marche; or, elle se trouve dans l'Idée et dans la société qui la conserve et l'interprète, laquelle ne pourrait remplir cette fonction sublime, si elle n'était en quelque manière immanente comme la vérité qu'elle publie. Tout individu et toute communauté qui se sépare de cette mère commune, et qui

« PredošláPokračovať »