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« lumière qui l'éclaire lui et toutes les intelligences (*). »

NOTE 38.

Dans quelques endroits de ses écrits, l'illustre Rosmini rejette expressément l'intuition immédiate de Dieu; dans d'autres il semble l'admettre en quelque manière, et avec certains tempéraments qui sont loin de présenter au lecteur une idée claire et précise. Il semble au premier aspect que pour bien saisir l'opinion de notre philosophe sur ce point, il suffit de le consulter dans les endroits où il parle de l'être idéal présent à notre esprit, ce qui est la base de tout son système; car si nous pouvons savoir qu'elle est la manière de voir de l'écrivain sur la nature de cet être, il ne pourra plus nous rester de doute sur son opinion, relativement à l'autre question. Mais après avoir lu attentivement les ouvrages de Rosmini, j'avoue que son opinion me paraît aussi difficile à déterminer relativement au second article qu'à l'égard du preinier. Afin de mettre mes lecteurs en état d'en juger par eux-mêmes, sans beaucoup de fatigues, et de voir si j'ai tort ou raison d'accuser d'obscurité, de manque de précision, et de contradiction un auteur plein d'ailleurs de mérite sous le rapport de ses recherches psychologiques, et digne en tout de la plus haute estime, je rassemblerai et je disposerai par ordre les principaux passages où il traite de la nature et des propriétés de l'être idéal. Cette revue, outre qu'elle justifiera ma manière de voir, si elle est fondée, pourra faire connaître au lecteur la source du défaut capital du système rosminien; défaut qu'il ne faut pas imputer, toutefois, à l'esprit profond de l'illustre auteur, puisqu'il est né des principes et de la méthode de sa doctrine. La confusion de l'idée de l'Étre avec celle de l'existant, et la substitution de la méthode psycholo

(*) Entr. sur la métaph., la relig. et la mort, entr. 8.

gique à la méthode ontologique, sont, à mon avis, les deux vices fondamentaux de la théorie que j'entreprends d'examiner c'est ce que démontreront clairement la confrontation et la critique des textes.

Pour être plus clair dans mon travail, je distinguerai les passages que j'extrairai de Rosmini en deux classes: la première comprendra ceux où il représente l'être idéal comme insubsistant, bien qu'il affirme qu'il n'est pas subjectif. La seconde embrassera ceux où l'être idéal est donné pour une chose objective et absolue, bien que expressément distincte de Dieu.

CHAPITRE PREMIER.

L'ÈTRE DE ROSMINI EST INSUBSISTANT, BIEN QU'IL NE SOIT PAS

SUBJECTIF.

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L'illustre philosophe s'exprime en ces termes dans son Nouvel essai sur l'origine des idées : « En disant idée de l'être, on » n'entend pas la pensée de quelque être particulier subsistant; » dont toutes les autres qualités soient inconnues ou abstraites, > hormis celle de l'existence actuelle, comme seraient les quantités x, y, z, en algèbre. On n'entend pas le jugement » ou la persuasion d'un être subsistant, quoique indéterminé » pour nous, mais l'idée de l'être : une pure possibilité ......... La possibilité est la dernière abstraction que nous puissions faire dans quelle que ce soit de nos pensées : si nous pensons un » être subsistant, nous pouvons d'une semblable pensée abstraire encore quelque chose, c'est-à-dire la persuasion de sa subsistance, sans que pour cela elle s'évanouisse complétement de notre esprit; car il y restera encore la pensée » de la possibilité de cet être. L'idée la plus générale de toutes » est donc la dernière des abstractions, et l'être possible que

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» nous exprimons simplement en le nommant idée de l'étre ou » de ce qui est (*).

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Développant davantage, un peu plus loin, sa pensée, il confond l'idée de l'être ainsi entendue, avec celle d'existence: « Et » véritablement il n'y a point de connaissance, ni de pensée qui puisse être conçue par nous, sans qu'on y trouve mêlée » l'idée de l'être. L'existence est de toutes les qualités générales » des choses la plus générale (**). »

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Que l'idée d'être ou d'existence soit la plus abstraite et la plus générale de toutes les idées, et que l'esprit de l'homme ne parvienne à la contempler dans sa pureté qu'en faisant un effort d'abstraction, c'est un des points les plus certains dans le système de l'auteur, puisqu'il le répète à chaque instant. « L'idée de l'être est l'idée la plus générale, c'est la dernière » abstraction possible, c'est cette idée dont la suppression » emporte la suppression complète de l'idée et rend impossible » toute autre idée quelconque (***). Elle est la plus générale et » la plus abstraite de toutes les idées : et si on la supprime, » toute autre idée et toute autre pensée est pour nous impossi» ble; si au contraire elle domine dans notre esprit, nous » parvenons, bien quelle y soit toute seule et toute nue, à la contempler à force d'abstractions (****). L'être est ce qui reste » dans nos idées, après qu'on a fait sur elles toutes les abstrac» tions possibles, et dont la dernière nous donne précisément » l'être seul et pur dont la suppression emporte la destruction • de toute idée (*****).

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Si l'être idéal n'est pas autre chose qu'un concept abstrait, il faudrait en déduire pour première conséquence, qu'il est une simple forme de notre esprit. En effet, qu'est-ce qu'un concept abstrait sinon une pensée à nous propre? L'abstraction,

(*) Nouvel essai sur l'orig. des idées, édit. de Milan, tom. II, p. 20. (**) Ibid., p. 21 et p. 36, 37.

(***) Ibid., p. 23.

(****) Ibid.

(*****) Ibid., tom. III, p. 36.

pour avoir lieu, a certainement besoin d'un concret dans lequel s'exerce la faculté abstrayante; mais le concept abstrait, qui est le résultat de ce travail, n'est, comme abstrait, qu'un produit de l'esprit, lequel se repliant par la réflexion sur l'intuition qu'il a du concept, et considérant ce concret non pas en lui-même, mais dans son propre acte intuitif, le dépouille mentalement des propriétés qui le concrétisent, et en fait une abstraction. L'idée abstraite est donc subjective de sa nature, et n'existe point hors de l'être pensant qui la possède. Hors de l'être pensant, il y a et il doit y avoir l'objet concret, dont la connaissance est nécessaire pour acquérir l'idée abstraite; et par conséquent l'abstraction a une valeur objective, en tant qu'elle se rapporte au concret qui l'a produite; mais prise en elle-même, et comme simple abstraction, elle n'est et ne peut être que subjective.

Ce que nous venons de dire ici suffirait pour nous empêcher d'être du sentiment de Rosmini, qui considère l'idée abstraite de l'être possible comme le Premier psychologique; car, d'un côté, une semblable idée est réfléchie et présuppose de toute nécessité l'intuition immédiate de l'Etre concret et absolu, et de l'autre il répugne que le concret ne précède pas logiquement l'abstrait, et l'intuition la réflexion. Mais ce qu'il importe maintenant de noter, c'est l'insubsistance objective de l'être idéal, selon le concept de Rosmini; insubsistance qui est inséparable de la subjectibilité, bien que celle-ci soit expressément niée par lui, comme nous le verrons plus loin.

L'être idéal de Rosmini n'est donc pas la pensée de quelque étré particulier subsistant, et moins encore d'un subsistant déterminé (*).

Il répète ailleurs la même chose:

La simple idée de l'être n'est pas la perception de quelque → chose de subsistant, mais l'intuition de quelque chose de

(*) Nouv. essai, tom. II. p. 20.

T. I.

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possible: ce n'est que l'idée de la possibilité de la chose (*) » Ce qui constitue une idée pure, c'est cet être idéal dans lequel n'entre aucune concrétion, et pour le dire en un mot, » où il ne se trouve rien de ce qui appartient à la substance........... » De l'être universel est exclue non-seulement la subsistance, mais » encore toute différence et toute détermination d'espèces et de > genre (**). »

D'où il suit que l'un des caractères de l'être idéal c'est l'indétermination (***).

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...... Enfin, c'est seulement. postérieurement que nous > observons que l'être prend ces nombreuses déterminations que l'on peut remarquer dans les êtres réels. Voilà pourquoi » nous disons que cette essence de l'être contient la possibilité » des choses; ce qui ne veut pas dire autre chose, sinon qu'il n'y » a pas répugnance entre cette idée de l'être indéterminé et ses » déterminations et réalisations. En somme, de l'observation que l'être est privé de détermination..... nous concluons » ensuite............. que les possibles (les choses qui peuvent être pensées) sont une quantité indéterminée d'êtres idéaux et • réels, c'est-à-dire de déterminations et de relations de notre » idée (****).

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Cette indétermination est le caractère principal qui distingue l'être idéal des choses réelles qui nous sont fournies par la sensation et le sentiment, lesquels sont circonscrits et déterminés par l'action qui les produit.

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Y a-t-il rien, dans nos sensations réelles, qui ait la >> ressemblance même la plus éloignée avec un tel être idéal? » Bien loin de là, leur nature est tout l'opposé; elles sont toutes parfaitement déterminées. En effet, étant produites par des objets réellement existants, ces objets, comme aussi leurs » effets, doivent être pourvus de toutes les déterminations et

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(*) Nouv. essai, tom. II, p. 29.

(**) Ibid., p. 35, 36.

(***) Ibid., p. 35-38..
(****) Ibid., p. 125, 126.

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