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trouve effectuée et comme incarnée dans sa propre forme. L'esprit humain la reçoit donc de deux manières; c'est-à-dire, comme exemplaire divin dans l'intuition de l'Être absolu, et comme copie faite d'après le divin modèle, en vertu de l'acte créatif. Car l'esprit, comme créature, descend de Dieu à soimême, et remonte, comme pensée, de soi-même à Dieu; et ces deux opérations sont simultanées, immanentes, et s'identifient moyennant l'action créatrice. Donc l'esprit, comme créé et réfléchissant, trouve représentée en soi l'idée divine de l'être possible; comme créé et voyant par intuition, il contemple le type même dans l'Être concret, objet de son in

tuition.

Par conséquent, l'idée de l'être possible est subjective et objective en même-temps; subjective, comme modelée dans l'esprit par la création, et révélée à l'homme par la réflexion ; objective, comme exemplaire divin, reposant sur Dieu et rendu évident par l'intuition. D'où l'on voit que Rosmini a raison d'assigner à l'idée de l'être possible un élément objectif; mais il se trompe en niant l'élément subjectif qui l'accompagne, aussi bien qu'en croyant que l'élément objectif puisse subsister sans l'intuition immédiate de l'Être dans sa concrétion. Assurément si nous n'avions pas cette intuition, et si I'Être absolu, contenant en soi l'idée de l'être possible, ne brillait pas directement à l'esprit, la notion de ce même être possible ne pourrait être donnée, ou n'aurait qu'une valeur purement subjective.

Cette synthèse de l'objectif et du subjectif, dans l'idée de l'être abstrait, au moyen de l'acte créatif, rend aussi raison des rapports de convenance qu'il y a entre l'être abstrait et l'Être concret absolu. « Dans l'idée de l'être, dit Rosmini, est

comprise une idée négative de l'infini, ou comme l'appe> laient les anciens, un infini en puissance (*). Mais qu'est-ce que cette idée de l'infini potentiel, sinon le concept de la vertu

(*) Nouv. ess., tom III, Р 136.

créatrice inséparable de l'Être ? Le même auteur répète souvent, comme nous l'avons vu, que l'être idéal est indéterminé, et dit que nous voyons cette activité que l'on appelle > être, dans son principe, mais non dans ses termes qui sont > ce qui la complète et la determine (*). » Ces expressions et autres semblables reviennent à chaque instant sous sa plume. Or, je ne sais jusqu'à quel point il est exact de supposer que la concrétion de l'essence divine consiste à avoir des termes, puisque, comme infinie, elle exclut toute limite. Les théologiens de l'école disent que les personnes divines complètent et terminent la divine essence, en prenant ces mots dans le sens analogique, pour exprimer la subsistance personnelle ; mais quel est le sens que l'on peut donner au mot terme, appliqué à l'essence divine rationnellement connue, s'il ne se rapporte point aux personnes ? Et lorsqu'ensuite on dit que l'être. idéal est indéterminé on joue sur une équivoque; car, ou bien on veut faire entendre qu'il n'est point concret mais vague, indéfini, commun, applicable à toute chose, ou bien qu'il n'a point de limites et est infini. Dans ce second cas, tant s'en faut que l'indétermination de l'être exclue les caractères de la divinité, qu'au contraire elle en constitue un des principaux. L'être abstrait est infini, parce qu'il est un exemplaire qui repose sur l'essence infinie, douée de la vertu créatrice et infinie. Dans l'autre cas, l'être abstrait est véritablement indéterminé, parce qu'il exprime le contingent, lequel peut être effectué ou ne pas l'être, être fait de telle ou telle manière, en vertu de l'action créatrice qui est très libre. Cette indétermination exprime donc un autre caractère divin, c'est-à-dire la parfaite liberté de l'Être créateur.

Mais bornons-nous à ceci, pour le moment. Je crois que ce petit nombre d'observations sont suffisantes pour montrer que l'ontologisme est la seule méthode qui puisse faire éviter les difficultés, les ambiguités, les contradictions, les absur

(*) Nouv. essai, tom. III, p. 136.

dités, dans lesquelles se jettent les psychologistes, et nous

mettre sur la bonne voie

pour arriver à une théorie orthodoxe

de la vision idéale.

NOTE 39.

S. Bonaventure est un des chaînons traditionnels qui, dans l'histoire de la science, joignent la philosophie de S. Augustin et de S. Anselme à celle de Malebranche. Je vais citer les principaux traits de sa concise mais profonde théorie de la vision idéale, qu'il a exposée dans son Itinéraire, opuscule appelé par Jean Gerson: Opus immensum, cujus laus superior est ore mortalium (*).

D

« Intellectum..... propositionum tunc intellectus noster ⚫ dicitur veraciter comprehendere, cum certitudinaliter scit » illas veras esse, et hoc scire est scire, quoniam non potest falli in illa comprehensione. Scit enim quod veritas illa non potest aliter se habere. Scit igitur veritatem illam esse ⚫ incommutabilem. Sed cum ipsa mens nostra sit commutabilis, illam sic incommutabiliter relucentem non potest ⚫ videre, nisi per aliquam aliam lucem omnium incommutabi» liter radiantem, quam impossibile est esse creaturam » mutabilem. Scit igitur in illa luce quæ illuminat omnem » hominem venientem in hunc mundum, quæ est lux vera et Verbum in principio apud Deum. Intellectum autem » illationis tunc veraciter percipit noster intellectus, quando videt quod conclusio necessario sequitur ex præmissis, quod non solum videt in terminis necessariis, verum etiam in contingentibus, ut, si homo currit, homo movetur..... Hujusmodi igitur illationis necessitas non venit ab existentia rei et materia quia est contingens, nec ab existentia rei in anima, quia tunc esset fictio, si non esset in re. Venit

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(*) S. BONAV. Oper. Moguntiæ, tom. VII, p. 125.

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igitur ab exemplaritate in arte æterna, secundum quam res habent aptitudinem et habitudinem ad invicem, ad illius » æternæ artis repræsentationem. Omnis igitur, ut dicit Augustinus in libro de vera religione (cap. 39), vere ratiocinantis lumen accenditur ab illa veritate... Ex quo manifeste apparet, quod conjunctus sit intellectus noster ipsi æternæ » veritati: dum nisi per illam docentem nihil verum potest certitudinaliter capere (*).·

Il poursuit, et démontre que, par les mêmes motifs, notre esprit ayant pour règle, dans les jugements moraux, une loi qui est superior mente nostra, il doit avoir l'intuition de la loi divine elle-même. Et il a déjà auparavant établi que l'esprit humain ne pourrait se ressouvenir s'il n'avait pas lucem > incommutabilem sibi præsentem, in qua meminit inva• riabilium veritatum. Et sic per operationes memoriæ. apparet, quod ipsa anima est imago Dei et similitudo. › adeo sibi præsens et eum habens præsentem, quod eum > actu capit et per potentiam capax ejus est, et particeps esse » potest. D'où il suit que ce même esprit retinet..... » scientiarum principia et dignitates, ut sempiternalia et sempiternaliter, quia nunquam potest sic oblivisci eorum, ⚫ dummodo ratione utatur, quin ea audita approbet et eis › assentiat, non tanquam de novo præcipiat, sed tanquam sibi ⚫ innata et familiaria recognoscat (**). »

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Nisi..... cognoscatur quid est ens per se, non potest plene » sciri definitio alicujus specialis substantiæ. Nec ens per se cognosci potest, nisi cognoscatur cum suis conditionibus, quæ » sunt unum, verum, bonum. Ens autem cum possit cogitari ut », diminutum et ut completum, ut imperfectum et ut perfectum, ♣ ut ens in potentia et ut ens in actu, ut ens secundum quid et > ut ens simpliciter, ut ens in parte et ut ens totaliter, ut ens > transiens et ut ens manens, ut ens per illud et ut ens per se,

(*) Itin. ment. in Deum, cap. 3. Op. tom. VII, p. '30. (**) Ibid, p. 130.

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ut ens proximum non enti et ut ens purum, ut ens dependens › et ut ens absolutum, ut ens posterius et ut ens prius, ut ens ‣ mutabile et ut ens immutabile, ut ens simplex et ut ens compositum : cum privationes et defectus nullatenus possint cognosci nisi per positiones, non venit intellectus noster ut ▸ plene resolvens intellectum alicujus entium creatorum, nisi ⚫ juvetur ab intellectu entis purissimi, actualissimi, completissimi et absoluti: quod est simpliciter ei æternum ens, in quo sunt rationes omnium in sua puritate. Quomodo autem sciret intellectus hoc esse ens defectivum et incompletum, si › nullam haberet cognitionem entis absque omni defectu ? Et sic de aliis conditionibus prælibatis (*).

D

. Quoniam autem contingit contemplari Deum, non solum › extra nos et intra nos, verum etiam supra nos : extra › nos per vestigium, intra nos per imaginem, et supra nos per lumen quod est signatum supra mentem nostram quod est lumen veritatis æternæ, cum ipsa mens nostra immediate ab ipsa veritate formetur, qui exercitati sunt..... › in tertio (modo) intrant............ in sancta Sanctorum........... per quæ intelligimus duos modos..... Primus modus primo et princi› paliter defigit aspectum in ipsum esse, dicens quod qui est, est primum nomen Dei..... Unde dictum est Moysi: Ego sum qui sum..... Volens igitur contemplari Dei invisibilia, ▸ quoad essentiæ unitatem, primo defigat aspectum in ipsum › esse, et videat ipsum esse adeo in se certissimum, quod non ⚫ potest cogitari non esse, quia ipsum est purissimum, non ⚫ occurrit nisi in plena fuga non esse: sicut et nihil in plena fuga esse. Sicut igitur omnino nihil, nihil habet de esse, nec ▸ de ejus conditionibus: sic et contra ipsum esse nihil habet de › non esse, nec actu, nec potentia, nec secundum veritatem › rei, nec secundum æstimationem nostram. Cum autem non ⚫ esse privatio sit essendi non cadit in intellectum nisi per esse: › esse autem non cadit per aliud, quia omne quod intelligitur

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(*) Itin. ment. in Deum, cap. 3, Op. tom. VII, p. 130.

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