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de. L'homme est ainsi fait, vous ne changerez pas sa nature. La morale seroit bientôt le jouet des passions, si contente de montrer à l'homme ses devoirs, elle n'avoit ni récompense pour encourager la fidélité, ni châtiment pour punir la désobéissance. Les souverains n'auront jamais assez de récompen ses à distribuer à la vertu, ni assez de terreurs à opposer au vice, pour établir un ordre moral qui soit par lui-même, assez efficace, assez dominant dans leurs Etats, pour lier au bien commun, à l'intérêt général de la société, les intérêts particuliers de tous les individus qui la composent.

Avant que d'entreprendre de saper par les fondemens, des institutions qui remontent jusqu'à l'origine même des sociétés politiques, il faudroit du moins nous dire ce qu'on peut mettre à leur place, et prouver la vérité des doctrines nouvelles par le bien qu'elles ont fait au genre humain. Mais nos philosophes ne se sentent de force que pour détruire, et ils n'ont plus que la foiblesse de l'enfance, quand il s'agit de reconstruire et de réduire leur théorie en <systême pratique. Comment pourroient-ils rallier à leur doctrine, et les souverains, et les nations civilisées, eux qui, depuis plus d'un siècle, n'ont pu nous montrer deux philosophes qui soient d'accord sur le même symbole de croyance, et sur un code de législation naturelle ? Comment, avec si peu de moyens, osent-ils faire le procès et insulter sans pudeur, à tous les siècles, et à l'expérience des fondateurs et de tous les législateurs des empires?

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On sait que plusieurs chefs du philosophisme,

pour déprimer les institutions européennes, ont pris à tâche de louer à outrance le gouvernement chinois aujourd'hui que l'histoire de ce peuple est mieux connue, ce premier enthousiasme doit prodigieusement s'affoiblir; car il n'est presque aucune loi politique de cette nation qui n'offre un contraste frappant avec les principes du systême social de nos docteurs modernes.

Le gouvernement politique de la Chine, réunit à un degré éminent les caractères d'une véritable monarchie.

Et d'abord, caractère d'unité : c'est sur le trône que réside toute l'autorité, c'est du trône qu'elle dérive. L'empire a six grands tribunaux, et leur création tient à la constitution de l'Etat. Ce sont les tribunaux des mandarins, des finances, des rites ou cérémonies, de la guerre, des crimes, et des ouvrages publics: ils forment comme les six grandes branches de l'autorité monarchique. C'est par eux, disent les Chinois, que le prince voit, entend et agit. Ces branches se divisent en autant de rameaux qu'il y a de provinces, mais d'une manière différente, -suivant les parties d'administration qui leur sont confiées. Ces rameaux se divisent et se subdivisent à leur tour en de plus petits, ensorte que l'autorité des grands mandarins s'exerce dans sa plénitude par les petits mandarins, qui connoissent de toutes les affaires, et cela d'une manière subordonnée, et dépendante de leurs divers supérieurs. Mais dans cette multitude de divisions, il n'y a pas un seul officier public qui ne dépende de l'empereur. Les

charges qui ont chacune leurs attributions propres, quoique liées par les loix fondamentales de l'Etat à la constitution de l'empire, ne sont, à proprement parler, que des commissions émanées du trône, et que l'empereur ôte quand il veut. Sa volonté crée, et sa volonté destitue.

Les grades de mandarins de robe et d'épée, leurs droits, leurs revenus, leur autorité et leurs préséances respectives, sont tellement circonscrits et déterminés, que , que rien ne peut troubler, ni la concordance des diverses autorités, ni l'harmonie de la subordination, ni la responsabilité pleine et entière de chaque officier public envers l'empereur. Tous les rayons de ces autorités partielles sont sans cesse ramenés vers le trône, où réside le centre d'unité de tout pouvoir. C'est par les tribunaux que l'empereur gouverne l'intérieur de l'empire; c'est par les vice-rois et les gouverneurs des provinces et des villes qu'il règne sur les peuples. L'empereur a le droit d'abroger les anciennes loix, et d'en faire de nouvelles. Avec un pouvoir sans bornes pour les faire observer après la promulgation, il possède essentiellement la suprême judicature. Le trône est le vrai tribunal de cassation. Le prince a le droit de suspendre l'exécution des jugemens du tribunal des crimes, de faire grâce ou de commuer la peine. Il est essentiel de remarquer que le tribunal des ministres n'est pas distingué de l'empereur, dont il est le conseil et l'organe. Les vice- rois et les gouverneurs le représentent d'une manière limitée, et subordonnée aux grands tribunaux. Comme en vertu

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de cette constitution, la Chine entière n'a qu'une seule et même administration, l'autorité agit toujours avec force et avec succès. Rien ne peut arrêter son activité ni troubler sa direction, parce que aucune autorité intermédiaire ne peut ni limiter, ni entraver l'autorité suprême.

En second lieu', autorité absolue, universelle et invincible. On conçoit que ces qualités dérivent essentiellement de l'unité du pouvoir radical. Cette plénitude d'autorité universelle et absolue fournit à l'empereur de la Chine les moyens propres et effica ces d'environner les peuples de sa puissance protectrice. Comme cette autorité n'agit que d'après les loix, et par les ministres publics à qui il en confie le dépôt, elle est d'autant plus douce qu'elle descend jusqu'au peuple par plus de degrés; d'autant plus efficace que l'action du premier mobile est communiquée avec plus de force et de promptitude; d'autant plus salutaire que la responsabilité des officiers délégués est plus sévère et plus continue; d'autant plus utile, qu'embrassant tout l'empire, elle concilie mieux les intérêts de chaque province, et assure plus prochainement la paix publique et le bien de tous.

La discipline militaire est littérale et sévère. Les gens de guerre sont les plus occupés, les plus dépendans, et les plus tranquilles des citoyens. Le moindre danger que courent les commandans de la force armée, en s'oubliant, c'est d'être cassés, et les Tartares surtout n'ont jamais de grâce à espérer.

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De leur côté les mandarins, fussent-ils élevés aux plus hauts emplois, ne peuvent jamais s'en faire un rempart pour s'assurer l'impunité. Ils sont responsables de la conduite et des fautes de leurs inférieurs, sur lesquels ils doivent veiller. Ces fautes leur sont imputées, et ils en sont punis personnellement s'ils ne sont pas prompts à les dénoncer et à les rés parer. Les plus grandes fautes, et pour lesquelles le souverain est le plus inexorable, sont celles qui re gardent le peuple, et dont il auroit été victime. Le glaive de la responsabilité est toujours suspendu sur leurs têtes. Un grand mandarin qui monte au palais avec l'appareil d'un des premiers seigneurs de l'empirę, en sort sur une accusation, cassé de ses emplois, dépouillé de ses biens, chargé de chaînes, pour subir des interrogatoires devant un tribunal que l'empereur préside, et sur lesquels il doit porter son jugement. Ce sont des coups de foudre qui partent avec l'éclair, et qui consument tout en un clin d'ail. Les premiers mandarins des provinces ne sont pas plus épargnés. Le mérite éprouvé, les services rendus, l'éclat des récompenses qui en ont été le prix, rien ne met à l'abri du châtiment qui est prononcé par la loi contre les prévarications. L'opprobre et la mort se présentent également à tous dans les sentiers où ils seroient tentés de s'égarer. Les mandarins coupables forment toujours le plus grand nombre des criminels qu'on exécute dans la capitale, à la fin de l'automne.

Les princes tartares, en soumettant l'empire à leur domination, ont eu la sage politique de laisser

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