Obrázky na stránke
PDF
ePub

CHAPITRE III.

De la force armée et en particulier de la phalange.

LA force armée était composée de tous les Lacédémoniens indistinctement, depuis l'âge de dixhuit ans jusqu'à celui de soixante, et elle était divisée en deux armes principales, en cavalerie et en infanterie, qui étaient elles-mêmes subdivisées chacune en deux autres armes, en cavalerie et en infanterie pesantes, en cavalerie et en infanterie légères.

La cavalerie et l'infanterie pesantes étaient composées d'hommes pesamment armés; la cavalerie et l'infanterie légères, d'hommes armés légèrement.

Les fantassins pesamment armés, nommés hoplites, avaient pour armes défensives le casque, la cuirasse et le bouclier d'airain échancré des deux côtés, et pour armes offensives l'épée et la sarisse, pique longue de seize coudées ou de vingt-quatre pieds.

[ocr errors]

Les fantassins légers avaient un bouclier ovale plus léger, nommé pelta, d'où on les appelait peltastes, et ils ne portaient pour armes offensives

qu'une épée et une pique courte ou javelot, qui leur. servait à la fois d'arme de jet et d'arme de

main.

Les cavaliers pesamment armés, nommés cataphractes, avaient pour armes offensives l'épée et la lance, tandis que les cavaliers armés à la légère n'avaient que l'épée et le javelot. Ces cavaliers légers ne faisaient que voltiger et ne combattaient jamais en ligne, tandis que les peltastes combattaient comme les cataphractes sur les flancs des hoplites.

La cavalerie pesante, d'abord composée d'hippagrètes, ne le fut plus ensuite que de cavaliers levés et équipés aux frais des hippagrètes, parce que les Spartiates, persuadés que le courage seul se suffit à lui-même, aimaient mieux en général servir dans l'infanterie que dans la cavalerie.

L'arme de la cavalerie pesante ne formait qu'une seule division, recrutée dans toutes les tribus: mais celle de l'infanterie pesante, la première de toutes aux yeux des Spartiates, formait autant de divisions, qu'il y avait de tribus, et l'on y enrôlait tous les citoyens ou fils de citoyens, propriétaires d'une hérédité, qui n'étaient pas enrôlés dans la cavalerie. Ces divisions étaient connues sous le nom de morai ou cohortes, et il paraît que le cadre de ces cohortes était plus ou moins grand, suivant qu'il y avait dans chaque tribu plus ou

[graphic]

moins de citoyens: mais le cadre de guerre, et celui qui servit ensuite d'étalon, était composé de quatre lochos et le lochos de quatre énomoties. La mora ou cohorte était donc composée de seize énomoties.

L'énomotie, le premier élément de la cohorte, était ordinairement rangée en ligne sur quatre de front et sur six de hauteur, et c'était la file de six multipliée par quatre qui donnait par ses multiples toutes les autres divisions.

Ainsi quatre files donnaient l'énomotie, quatre énomoties le lochos, et quatre lochos la cohorte. La pentécostie, dont il est souvent parlé dans les historiens grecs, n'était que la réunion temporaire de deux énomoties, que l'on accouplait, quand on voulait combattre en colonne et donner à la colonne plus de profondeur.

La file était commandée par un chef de file et par un serre-file; l'énomotie par un énomotarque; la pentécostie par un pentécostère; le lochos par un lochague, et la cohorte par un stratége et par un taxiarque, le premier chargé du personnel, et l'autre de l'administration de la cohorte.

L'énomotie était donc composée de vingtquatre hoplites ou de vingt-cinq hommes, y compris l'officier qui la commandait; la pentécostie de cinquante hommes; le lochos de cent, et la cohorte de quatre cents.

Mais il paraît que l'énomotie fut ensuite rangée sur huit de hauteur, et portée à trente-deux hommes; la pentécostie à soixante-quatre; le lochos à cent vingt-huit, et la cohorte à cinq cent douze. Le cadre de la cohorte était même ordinairement doublé en temps de guerre par le grand nombre de mercenaires que l'on y faisait entrer, et il était alors porté à mille vingtquatre hommes ou à mille, pour me servir d'un nombre rond.

Quatre de ces grandes divisions formaient la phalange simple, et quatre phalanges simples, la phalange parfaite ou la grande phalange qui était de seize mille hommes. Mais les petits états de la Grèce furent rarement en état de lever de pareilles phalanges, et on ne vit des phalanges parfaites que dans les armées macédoniennes. Les Spartiates se contentaient ordinairement de lever une phalange double ou une phalange de huit mille hoplites, quand leurs rois allaient en personne à la guerre, et c'est cette phalange qu'ils nommaient la phalange royale.

La phalange ne formait jamais que la moitié de l'armée lacédémonienne; l'infanterie légère en formait un quart, et l'autre quart était formé par la cavalerie soit pesante, soit légère, et par les psiles on gens de trait.

L'infanterie légère, composée de peltastes,

formait, comme la cavalerie, qu'une seule division, où l'on enrôlait indistinctement les hypomiones de toutes les tribus. Mais comme ces prolétaires étaient obligés de travailler pour vivre, et qu'ils ne pouvaient pas faire sans salaire un service actif, ils étaient payés en temps de guerre, et remplacés en temps de paix par des énomoties composées de jeunes citoyens de vingt-un à trente ans, armés à la légère, qui faisaient la police des campagnes, et qui donnaient la chasse aux Hilotes marrons, réfugiés dans les montagnes. C'est ce que l'on nommait la cryptie ou la chasse aux Hilotes.

Tel était le fond de la force militaire de Sparte; mais outre cette force, le gouvernement entretenait encore à son service un corps étranger 'de six cents scirites, qui fut primitivement levé dans le canton de la Sciritide, et qui fut ensuite recruté de volontaires de tous les pays. C'était une espèce de cavalerie légère, qui servait en temps de guerre, tantôt à pied, tantôt à cheval, comme nos dragons, et qui faisait en temps de paix le service de la ville.

L'armée levée en temps de guerre pour la défense extérieure de la cité n'était qu'une portion ou un extrait de la force sédentaire

que l'on rendait mobile par un décret du sénat approuvé par le conseil-général; et elle était seulement

« PredošláPokračovať »