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la ronde pendant la nuit, une sonnette à la main, pour avertir de la présence de l'ennemi. Les soldats couchaient sous des tentes dans des lits de joncs ou de feuillages; et quelquefois pour tromper l'ennemi, on faisait faire deux lits pour un soldat ou un lit pour deux soldats.

coup

Donnait-on le signal de la bataille? chaque corps allait prendre sa place sur le terrain où elle devait se donner. Les hoplites se plaçaient au centre; les peltastes sur les flancs; la cavalerie aux deux extrémités; les hommes de trait en avant, et l'on voyait l'armée présenter tout à à l'ennemi tantôt une ligne pleine, tantôt une ligne rompue par intervalles, et les différentes sections de cette armée se rompre et se réunir avec la plus grande facilité. Quelquefois même on voyait la phalange se rompre en deux pour faire face en avant et en arrière; les peltastes se placer en équerre sur ses deux flancs, et l'armée tout entière présenter à l'ennemi un immense bataillon carré.

Une armée lacédémonienne simple était composée de huit mille hommes; savoir d'une phalange simple de quatre mille hoplites, de deux mille peltastes, de quatre cents cavaliers et de seize cents psiles ou gens de trait; en sorte que les hoplites formaient la moitié de cette armée, que les peltastes en formaient un quart, et que

l'autre quart était formé

les cavaliers et par les

par de trait. Mais une armée double, ou ce que gens l'on nommait une armée royale, était composée de seize mille hommes; savoir: d'une phalange double de huit mille hoplites, de quatre mille peltastes, de huit cents cavaliers et de trois mille deux cents psiles; et les Macédoniens, qui, depuis, imitèrent le cadre de cette armée, ne firent que le doubler, en le portant à trente-deux mille hommes.

Aristote prétend même que Sparte pouvait, dans un temps, porter la sienne à trente mille hommes de pied et à quinze cents chevaux; mais elle avait alors près de dix mille citoyens, et elle n'en eut plus que mille après la guerre du Péloponèse. Les Spartiates s'épuisèrent durant cette guerre, et leur armée, ne fut plus dès ce moment qu'un ramas d'étrangers et de brigands.

CHAPITRE IV.

Des avantages et des vices de la constitution de Sparte.

TELLE était à Sparte l'organisation de l'armée et la distribution des différents pouvoirs. Le pouvoir législatif y était partagé entre les deux rois, le sénat et le conseil-général; et le pouvoir exé

cutif l'était entre les deux rois, le sénat et les éphores. Le gouvernement était donc monarchique par ses rois, oligarchique par son sénat, et démocratique par ses éphores et son conseil-général; mais ces divers éléments de monarchie, d'oligarchie et de démocratie y étaient mal combinés, et ils ne furent jamais bien tempérés les uns par les autres. Les deux rois n'avaient part au pouvoir législatif que comme sénateurs, et au pouvoir exécutif que comme généraux. Ils n'étaient donc vraiment rois qu'à l'armée, et ils n'étaient au sénat que simples sénateurs, et à la ville que simples citoyens: In exercitu reges, senatores in curia, in urbe cives.

Les sénateurs eux-mêmes, depuis l'institution des éphores, n'avaient plus de part au pouvoir exécutif que comme présidents des tribunaux criminels; et les éphores qui présidaient tous les autres tribunaux, même celui des polémarques, dirigeaient seuls toute l'administration civile, et même dans la cité toute l'administration militaire.

Les éphores avaient donc trop de part au pouvoir exécutif, et les rois, ainsi que les sénateurs, y en avaient trop peu. En donnant aux éphores la direction suprême de l'administration civile, on aurait dû laisser aux rois, dans la ville comme à l'armée, la présidence du conseil-militaire, et l'on aurait dû laisser au sénat la surveillance des

lois et la censure des mœurs, parce qu'un conseil perpétuel est naturellement plus propre à conserver les lois et les mœurs, qu'un conseil annuel de simples citoyens, tirés de la masse du peuple, et, par cela même, accessibles à toutes les séductions.

L'éphorat n'était point entré dans le cadre des institutions de Lycurgue, et jamais il ne put s'y bien adapter. Théopompe l'y introduisit sous son règne, au risque de voir diminuer son pouvoir, pour mieux modérer celui du sénat, qui était devenu redoutable aux rois. Or, cette institution ne pouvait qu'altérer la constitution primitive, qui était essentiellement aristocratique, et qui, depuis, pencha vers la démocratie. Mais il faut avouer aussi qu'elle donna plus d'à-plomb au gouvernement, parce que le peuple, qui put arriver par là aux premières magistratures, ne chercha plus dès ce moment à innover. Toutes les classes de la société parurent alors contentes de leur sort. Les rois l'étaient de leur prérogative héréditaire; les hippagrètes, de leur privilège exclusif d'entrer au sénat; et les simples citoyens ayant l'espoir de parvenir à une magistrature qui, dans sa courte durée, égalait même celle des rois, n'envièrent plus dès-lors le pouvoir de la royauté ni celui du sénat.

Que cette adroite combinaison ait été l'ou

vrage de la sagesse ou celui de la fortune, elle n'en eut pas moins les plus heureux résultats. Mais la magistrature éphorale, qui était destinée à limiter toutes les autres, ne fut jamais ellemème bien limitée; et elle devint odieuse et tyrannique, parce qu'elle envahit successivement le pouvoir de tous les autres magistrats. Elle commença par envahir celui des sénateurs, et elle finit par envahir celui des rois. Aussi les rois, qui l'avaient établie par esprit d'opposition au sénat, la renversèrent; et ce fut Cléomène qui détruisit l'ouvrage de Théopompe.

De toutes les constitutions anciennes, la constitution qui eut le plus de ressemblance avec celle de Sparte, fut la constitution de Carthage; mais celle-ci était mieux tempérée. Toutes deux avaient un conseil-général composé de tous les citoyens, un sénat composé d'anciens magistrats et deux magistrats suprêmes, connus dans l'une sous le nom de suffètes, et dans l'autre sous celui d'archagètes : mais la magistrature suprême n'était pas à Carthage, comme à Sparte, le patrimoine de deux seules familles, elle était la récompense de tous les citoyens qui se distinguaient par de grands exploits ou par de hautes

vertus.

Sparte avait ses éphores, et Carthage ses quintumvirs; mais les quintumvirs n'étaient choisis

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