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Le jour des comices arrivé, le magistrat qui devait les présider, se rendait avant le lever du soleil au lieu de l'assemblée et prenait place sur une estrade élevée, assis dans sa chaise curule et ayant devant lui, sur une estrade inférieure, la tribune aux harangues décorée de rostres ou proues de navire. Son premier devoir avant d'ouvrir la séance, était de consulter les dieux, en faisant prendre les auspices par un augure; et si les auspices n'étaient pas favorables, il renvoyait la séance à un autre jour par cette simple formule, alio die.

Il y avait plusieurs sortes d'auspices, les uns que l'on prenait en observant l'état du ciel, comme la pluie, les éclairs et le tonnerre; les autres en observant le vol des oiseaux, les entrailles des victimes et le plus ou moins d'appétit des poulets sacrés, signes de la volonté divine, que chaque augure interprétait à sa manière d'où l'on peut conjecturer quelle devait être l'influence des augures sur les délibérations publiques. Aussi n'admettait-on guère parmi eux que d'anciens consuls.

Quand les auspices étaient favorables, le président ouvrait la séance par une prière aux dieux et exposait en peu de mots le sujet de la délibération. S'il était question d'une loi, un héraut en publiait les principales dispositions. S'il s'a

gissait d'élections, on proclamait les noms des candidats; et, s'il était question d'un jugement, on annonçait la peine à laquelle le coupable devait être condamné.

Le président donnait ensuite la parole à ceux des magistrats, qui avaient le droit d'émettre leur avis; mais il ne pouvait jamais la refuser aux tribuns. Ceux-ci étaient les interprètes du peuple, comme les consuls l'étaient du sénat on voyait cependant quelquefois des consuls, tels que Marius, et même des tribuns, tels que Milon, intervertir leur rôle et défendre, les uns la démocratie au nom du sénat, et les autres l'oligarchie au nom du peuple.

Lorsque tous les avis avaient été entendus, les citoyens qui se trouvaient ordinairement confondus pêle-mêle autour de la tribune aux harangues pour écouter les orateurs, se séparaient, sur un signe du président, et se formaient aussitôt par tribus ou par centuries, pour aller aux suffrages.

Chaque tribu ou chaque centurie occupait en même temps, ou toutes occupaient l'une après l'autre une enceinte particulière, marquée par des cordes tendues, que l'on remplaça dans la suite par une balustrade en marbre, septa marmorea; et il y avait au-devant de chaque enceinte une estrade sur laquelle était une urne, destinée à recevoir le vote de chaque citoyen, et où l'on

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ne pouvait arriver que par un couloir ou passage étroit, nommé ponticulus. A l'entrée du couloir se tenait un huissier, qui distribuait à chaque votant des bulletins, portant le nom des candidats, quand il s'agissait d'une élection, et, quand il s'agissait d'une loi, d'autres bulletins où l'on voyait les lettres initiales, U. R. uti rogas, qui signifiaient l'approbation, ou l'initiale A, antiquo, qui signifiait le rejet. Dans les jugements, on se servait de boules blanches et de boules noires, des premières pour absoudre, des autres pour condamner.

Chaque votant jetait en passant son bulletin dans l'urne; et quand le scrutin était terminé, les scrutateurs, choisis parmi les citoyens les plus distingués, comptaient publiquement les suffrages, et en présentaient immédiatement le résultat au président, qui le faisait publier par un héraut. S'il y avait des réclamations, on recommençait jusqu'à trois fois le scrutin; mais enfin le président décidait.

Chaque centurie ou chaque tribu votait à son tour, et c'était le sort qui désignait celles qui devaient voter les premières : mais dès que la pluralité des tribus ou des centuries avait émis un même vote, on n'appelait plus les autres, parce que leur vote était inutile. La pluralité des voix formait le vote de chaque tribu et de

chaque centurie; et si une tribu ou une centurie avait émis un nombre égal de voix opposées, son suffrage était réputé nul, excepté dans les jugements où la présomption était en faveur de l'accusé.

La séance terminée, le président congédiait l'assemblée par cette formule: Ite, Quirites, res finita est, Allez, Romains, l'affaire est décidée.

Les lois rendues dans les comices portaient le. nom du consul ou du tribun qui les avait proposées, et elles étaient transcrites sur un registre déposé dans le trésor public.

CHAPITRE III.

De la distribution des pouvoirs dans les différentes classes de citoyens, et des divers ordres de l'État ou des sénateurs, des chevaliers, des nobles et des plébéiens.

LES comices formaient le conseil-général de la cité, et le sénat en formait le petit conseil ou proconseil. Mais le sénat était tout à la fois conseil législatif et conseil dirigeant.

Comme conseil législatif, le sénat proposait les lois qui étaient présentées par les consuls aux

comices par centuries; et, comme conseil dirigeant, il faisait des décrets ou sénatus-consultes exécutoires des lois: mais ces sénatus-consultes ne pouvaient être exécutés que lorsqu'il n'y avait point d'opposition de la part des tribuns, en sorte que le tribunat exerçait sur tous les actes de l'administration une espèce de contrôle. C'est ce contrôle que l'on a cherché à introduire de nos jours dans quelques gouvernements, et qui est encore mieux exercé par la presse périodique,

que par aucune autre institution.

Le sénat était le premier corps politique de l'état. Il était composé de tous les magistrats curules qui étaient en exercice, et de tous ceux qui, après être sortis d'exercice, avaient le droit d'y être admis.

Les consuls, les préteurs et les édiles furent dès leur création admis au sénat; mais les tribuns et les questeurs n'y furent admis que long-temps après. Ce fut le tribun Atinius qui, l'an de Rome 623, proposa une loi pour y admettre les tribuns; et ce fut le dictateur Sylla qui, cinquante ans après, en proposa une autre pour y admettre les questeurs.

Les magistrats curules ou ceux qui par leurs fonctions avaient un siége au sénat et qui avaient le droit d'y donner leur avis, n'étaient pas encore réellement sénateurs; mais ils le devenaient après

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