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tagnes et qui ne fait entendre qu'un sifflement mélancolique au lieu des sons rauques des autres espèces du genre corbeau. Le Pyrrho - Corax se trouve aussi à Belle-Isle en mer, et sur quelques points du littoral de la Bretagne et de l'Angleterre, où il habite les corniches des rochers escarpés qui s'élèvent au-dessus de la mer.

En fait de végétaux, la belle gentiane bleue et l'espèce jaune se faisaient remarquer avec une multitude de sedums aux feuilles et aux fleurs variées.

Cependant nous approchions du but; la solitude était solennelle dans ces régions si élevées; nul travail, nulle culture ne révélait l'existence de l'homme; le sol était vert sur la pelouse, gris sur le rocher. Au ciel, l'azur était sans nuage et le soleil resplendissait au méridien, mais ses rayons étaient sans force. La nature qui nous entourait était gigantesque, mais elle semblait sans vie. Partout autour de nous, des régions immenses, mais n'appartenant point à cette terre que nous connaissons, à cette terre sillonnée et fécondée par la sueur de l'homme; l'homme ne peut rien contre ces pics élevés, si ce n'est y conduire un rare bétail. Nous traversâmes horizontalement une prairie tellement inclinée que hommes et mulets pouvaient à peine se tenir; il fallut lutter contre la pente comme si l'on avait voulu la gravir; de même qu'en traversant une rivière en bateau ou à la nage, il faut faire face au courant pour ne pas se laisser aller à la dérive. Une chute aurait eu pour conséquence d'exposer sa victime à rouler pendant un kilomètre.

Enfin, nous touchions au but du voyage, au rocher du Kuckerubel; nous n'en étions plus séparés que par un sentier en dos d'âne, ayant deux cents mètres de long avec escarpement des deux côtés. On nous fit mettre pied à terre à l'entrée de ce chemin comparable à celui du paradis; on nous dit que quelquesuns le franchissaient, que beaucoup s'arrêtaient en deçà. C'était une véritable marche d'acrobates; mais nous l'exécutâmes tous trois et gagnâmes le plateau ardu qui était l'objet de notre course.

Le Kuckerubel, dont le nom signifie le pic du Coucou, est un rocher qui s'élève verticalement au-dessus de la vallée du Rhône. Pour aller du Valais aux bains de Louèche, on gravit la montagne pendant trois lieues, en s'aidant de la gorge creusée par la Dala; en revenant des bains de Louèche au Kuckerubel, on continue de s'élever sur la même montagne dont le Rhône baigne le pied et la Dala, le flanc. On a beaucoup monté pour venir du Rhône aux bains de Louèche; on monte bien davantage pour aller des bains de Louèche au Kuckerubel, qui est presque sur la ligne du Rhône, à une immense hauteur au-dessus du fleuve et de sa vallée.

Le panorama dont on jouit de cet âpre rocher est merveilleux. Le spectateur, placé comme au haut d'une tour gigantesque, voit le vide réguer autour de lui, à l'exception du massif auquel le rattache l'étroit sentier qu'il a suivi. A ses pieds, le Valais, longue et profonde villes, se développe presqu'en entier. Le Rhône y serpente comme un filet d'argent ; les villes y apparaissent comme des points sur une carte de géographie. L'entrée

du Simplon fait entrevoir sa ligne oblique qui se détourne sur l'Italie. En contemplant, du haut de ce pic élevé, le Valais, ses villes, ses collines, ses forêts, qui ne se montrent que comme des ombres, on se croit transporté sur cet Ida, d'où le Jupiter d'Homère regarde les combats des Grecs et des Troyens et les folles dissensions des hommes.

Mais si l'on éprouve quelque plaisir à voir ainsi d'une région quasi éthérée le théâtre de l'industrie et des misères de l'homme, on ressent une impression plus vive et plus pure, lorsque, relevant les yeux de la profonde vallée, on les porte vers les magnifiques dômes des Alpes que l'on a devant soi. Une ligne non-interrompue de quarante lieues conduit votre œil du MontBlanc aux pics des Grisons et du Tyrol. En face de vous, et de l'autre côté du fossé, sont le Mont-Rose, le MontCervin, aux coupoles étincelantes. Au levant se déploient les innombrables faîtes du St-Gothard, du Grimsel, et de ce massif colossal qui entoure le berceau glacé du Rhône. Le Kuckerubel, en un mot, soutient la comparaison avec les plus magnifiques points de vue de la Suisse, avec les panoramas les plus grandioses que l'œil puisse embrasser. Il intéresse par la route qui y conduit, mais la route fût-elle ingrate, aride, monotone, fatigante, il indemniserait le voyageur de toutes ses peines et l'en récompenserait magnifiquement.

CH. DE SOURDeval.

RAPPORT DES PRIX D'AGRICULTURE.

POUR LES PRIMES DE 1854,

MESSIEURS,

La commission que vous avez chargée de la répartition de vos primes vient encore une fois de remplir sa mission; encore une fois elle vient de parcourir le beau département d'Indre-et-Loire, visitant les travaux les plus remarquables des agriculteurs, notant leurs procédés, examinant leurs résultats et se permettant aussi, en votre nom, de donner quelques conseils. Cette révision générale et annuelle du pays agricole est une initiative heureuse qu'a prise la Société; elle ne pouvait manquer de donner les meilleurs résultats, ainsi que vous l'a prouvé la série des rapports qui ont précédé celui que vous présente aujourd'hui l'organe de votre commission. En acceptant pour la seconde fois l'honneur de vous entretenir des faits intéressants de l'agriculture de notre riche Touraine, il compte sur la bienveillante indulgence de la Société.

Cette année, Messieurs, nous devons le dire dès le début de ce rapport, les concurrents les plus sérieux à vos primes se sont rencontrés dans la classe des grands propriétaires : eux seuls nous ont offert des résultats dignes d'être mentionnés et proposés à l'exemple des agriculteurs. Peu de fermiers ou de petits cultivateurs se sont présentés à votre concours : votre commission croit de

voir l'attribuer, moins à l'indifférence ou à un ralentissement dans la voie du progrès, qu'à l'état de souffrance dans lequel se trouvait cette année la plus grande partie des récoltes du département, à la suite des pluies abondantes et continuelles du printemps. L'humidité excessive et l'abaissement de température qui en a été la conséquence, ont été surtout funestes aux terres siliceuses et argilo-siliceuses, à sous-sol imperméable, qui forment la majeure partie des plateaux du département. Au moment de notre tournée, les froments y étaient généralement languissants et envahis par les mauvaises herbes ; les avoines de printemps, semées dans des terres trop humides, paraissaient jaunes et claires; les avoines d'hiver seules avaient résisté et promettaient une récolte magnifique. C'est surtout dans de telles circonstances qu'on reconnaît les avantages d'un bon système de culture, labours profonds, assainissement parfait du sol, fumure suffisante, assolement convenable. La bonne culture est autant que possible à l'abri des chances atmosphériques; des exemples nombreux ont justifié aux yeux de votre commission la vérité de ce principe.

Laboureurs et fermiers, ne rejetez pas toujours sur l'intempérie des saisons les pertes que vous éprouvez : si vous labouriez plus profond, si vous assainissiez mieux vos terres, si vous produisiez plus de fourrages et par suite plus de fumiers, vos blés, plus vigoureux, résisteraient mieux à l'humidité; et puis, lorsque des pluies trop fréquentes viendraient compromettre la fleur de vos céréales, vous redouteriez moins les désastres qu'elles peuvent occasionner, en songeant qu'elles dou

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