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Et maintenant venez, hommes sans Dieu, superbes athlètes du néant, venez prendre possession de votre empire; vous l'avez conquis, il est à vous; mais, ne vous y trompez pas, votre triomphe sera muet comme la mort.

peut seul dès lors dire de lui-môme, en contemplant son essence : Je suis celui qui suis, ou dont le nom propre est : Celui gui est. Voilà l'être dont j'affirme l'existence.

Maintenant il faut que l'athée admette où non cetle définition. S'il ne l'admet pas, ce n'est plus Dieu qu'il nie, c'est quelque autre chose, c'est tout ce qu'on voudra, hors Dieu, puisqu'il attache sa négation à une idée qui n'est pas celle de Dieu.

S'il l'admet, alors en substituant la définition au mot défini, la proposition qu'il soutient se réduit à ceci: CeluUqui est, n'est pas.

On dira peut-être que l'existence étant comprise dans la définition que le théiste donne de Dieu, il suppose ce qui est en question, et par conséquent ne prouve rien. Mais que tous les hommes ensemble essaient de défmir Dieu, sans que l'idée d'existence entre dans sa notion, ils n'y réussiront pas; et c'est cette impossibilité même qui fait toute la force de la preuve, en montrant qu'il est contradictoire de demander seulement si Dieu est.

En résumé, l'idée de l'être peut-elle être séparée de l'idée de Dieu? a-t-on l'idée de Dieu, si on ne le conçoit pas comme l'Être infini? Il faudra bien répondre que non. Donc, toutes les fois qu'on raisonne sur une notion différente, on est hors de la question : et l'on ne sauroit y rentrer, qu'aussitôt le doute ne redevienne ce qu'il est, c'est-à-dire une absurdité, une contradiction réelle dans les termes.

Ce qui trompe quelques personnes, c'est qu'il n'eu est pas ainsi pour tout autre être que Dieu. Les créatures étant nécessairement contingentes, l'idée d'existence n'entre pas nécessairement dans leur notion; de sorte que, pour s'assurer qu'elles existent, on est obligé d'en chercher la preuve ou la raison hors d'elles. Vouloir appliquer cette méthode à Dieu, c'est renverser l'ordre des idées et se condamner à un athéisme invincible; car la raison de l'existence de Dieu ne se trouve et ne peut se trouver qu'en Dieu même.

Preuve physique. — On établit comme un axiome incontestable en mécanique, que la matière est indifférente au mouvement et au repos. Si, en effet, le mouvement lui étoit essentiel, il seroit impossible de la concevoir en repos. Or, loin que nous ne puissions pas la concevoir en repos, nous sommes portés au contraire à regarder le repos comme son Impuissants à rien établir, même le doute, si vous osez ouvrir la bouche, prononcer un mot, tout le genre humain se lèvera pour vous imposer silence; il vous niera votre être, et vous ne pourrez le prouver. Un morne scepticisme,

état naturel. Qu'un corps inanimé se meuve sous nos yeux, nous imaginons aussitôt une cause de son mouvement, certains qu'il a commencé, et qu'il doit finir avec l'impression de la cause étrangère qui le produit. De plus, qu'entend-on lorsqu'on parle du mouvement essentiel à la matière? qu'est-ce que ce mouvement? est-il indéterminé, ou déterminé? Un mouvement indéterminé serait un mouvement en tout sens, et ayant à la fois tous les degrés de vitesse, chose absurde. Il n'y a point de mouvement sans quelque direction. Si donc le mouvement nécessaire est déterminé, « dans quel sens la matière se meut-elle « nécessairement? Toute la matière en corps a-t-elle un mouvement « uniforme, ou chaque atome a-t-il son mouvement propre? Selon la « première idée, l'univers entier doit former une masse solide et indi« visible; selon la seconde, il ne doit former qu'un fluide épars et « incohérent, sans qu'il soit jamais pôssible que deux atomes se réu« nissent. Sur quelle direction se fera ce mouvement commun de toute « la matière? Sera-ce en droite ligne, ou circulairement, en haut, en « bas, à droite, à gauche? Si chaque molécule de matière a sa direc« tion particulière, quelles seront les causes de toutes ces directions « et de toutes ces différences? Si chaque atome ou molécule de ma« tière ne faisoit que tourner sur son propre centre, jamais rien ne « sdrtiroit de sa place, et il n'y aurait point de mouvement communi« qué; encore même faudroit-il que ce mouvement circulaire fût dé« terminé dans quelque sens. Donner à la matière le mouvement par « abstraction, c'est dire des mots qui ne signifient rien; et lui donner « un mouvement déterminé, c'est supposer une cause qui le déter« mine. Plus je multiplie les forces particulières, plus j'ai de nouvelles a causes à expliquer, sans jamais trouver aucun agent commun qui les « dirige. Loin de pouvoir imaginer aucun ordre dans le concours fora tuit des éléments, je n'en puis pas même imaginer le combat, et le « chaos de l'univers m'est plus inconcevable que son harmonie. t {Emile, liv. IV.)

Il ne sert de rien| de recourir à des lois générales pour expliquer l'existence du mouvement, son intensité plus ou moins grande, et ses directions diverses. « Ces lois, dit encore Rousseau, n'étant point des 1 « êtres réels, des substances, ont donc quelque autre fondement qui

la nuit des tombeaux, voilà votre partage. Nulle vérité, mille croyance, nul amour dès lors et nulle action. Prodigieux dénûment! Ils. ont, disent-ils, secoué le joug : oui, le joug de l'intelligence, le joug de la vie. Je cherche à me

x m'est inconnu. L'expérience et l'observation nous ont Tait connoître '< les lois du mouvement; ces lois déterminent les effets sans montrer « les causes; elles ne suffisent point pour expliquer le système du « monde et la marche de l'univers. Descartes avec des dés formoit le « ciel et la terre, mais il ne put donner le premier branle à ces dés, « ni mettre en jeu sa force centrifuge qu'à l'aide d'un mouvement de « rotation. Newton a trouvé la loi de l'attraction, mais l'attraction « seule réduirait bientôt l'univers en une masse immobile : à cette loi « il a fallu joindre une force projectile pour faire décrire des courbes « aux corps célestes. Que Descartes nous dise quelle loi physique a fait « tourner ses tourbillons; que Newton nous montre la main qui lança « les planètes sur la tangente de leurs orbites.

« Les premières causes du mouvement ne sont point dans la matière, « elle reçoit le mouvement et le communique, mais elle ne le produit « pas. Plus j'observe l'action et réaction des forces de la nature agisK sant les unes sur les autres, plus je trouve que, d'effets en effets, il « faut toujours remonter à quelque volonté pour première cause; car « supposer un progrès de causes à l'infmi, c'est n'en point supposer du « tout. En un mot, tout mouvement qui n'est point produit par un au«. tre ne peut venir que d'un acte spontané, volontaire. Les corps ina« nimés n'agissent que par le mouvement, et il n'y a point de vérita.« ble action sans volonté. Voilà mon premier principe. Je crois donc -« qu'une volonté meut l'univers et anime la nature. Voilà mon premier « dogme, ou mon premier article de foi. » (Emile, ibid.)

Preuve mathématique. — De l'impossibilité absolue que la matière ait existé éternellement, suit la nécessité de la création, par conséquent la nécessité d'un créateur, ou la nécessité de l'existence de Dieu. Or. qu'il soit impossible que la matière ait existé de toute éternité, c'est ce qu'on démontre géométriquement, par l'impossibilité reconnue d'une suite actuellement infinie de termes soit permanents, soit successifs. (Voyez la Dissert- de Gerdil, tom. III de ses œuvres, p. 261; Maclaurin, Traité des fluctions.. introd., p. 41; Mairan^jf'Alembert,.elc.) Je suppose en effet la matière éternelle, on pourra supposer aussi que l'ordre présent de l'univers a subsisté éternellement; car, par exemple, le mouvement de la terre autour du soleil, n'étant point une chose qui représenter cet état d'indigence totale, ce vide ténébreux de la raison, ce sourd mouvement de la pensée, semblable au travail intérieur de la putréfaction dans un cadavre; ma vue se trouble, je ne vois que' des ombres qui se pressent pour recouvrir un mystère effrayant.

Entraîné par sa doctrine à la destruction, l'athée ne subsiste que parce que la nature, ou plutôt Dieu même le force d'être inconséquent, et de déférer à chaque instant à l'autorité générale comme à la règle infaillible du vrai. Il ne fait pas une démarche qui ne prouve sa pleine foi en quelque vérité, dont il n'a d'autre certitude que le consentement commun. Il parle, il agit, donc il croit; car on n'agit qu'en vertu d'une croyance, et qui parle croit au moins pouvoir être entendu : or, sur quoi repose cette croyance, que sur le témoignage des hommes? Mais il

répugne, ce mouvement a pu exister à quelque époque que ce soit, et dès lors rien n'empêche de supposer qu'il a existé toujours, ou que la terre a accompli un nombre actuellement infini de révolutions autour du soleil, ce qui implique l'existence possible d'une suite actuellement infinie de nombres, et par conséquent une absurdité démontrée telle mathématiquement. Que deux points vinssent à se mouvoir de même vitesse sur deux parallèles, ou, ce qui ne change rien au fond de l'hypothèse, sur deux lignes, dont l'une seroit une branche de l'hyperbole et l'autre son asimptote; nous ririons de qui nous diroit i II arrivera un moment où ces deux points se rencontreront. Où seroit néanmoins l'absurdité? uniquement dans -la supposition d'un point de concours, dont l'existence ne serait possible que dans le cas où les deux mobiles eussent parcouru, avant d'y arriver, une suite actuellement infinie de longueurs déterminées. Renversons maintenant l'hypothèse; supposons aux deux mobiles un mouvement inverse, et qu'on nous dise qu'ils sont partis du point où l'asimptote touche la courbe : l'assertion seroit-elle moins absurde? La différence dans le sens du mouvement rend-elle le point de concours plus possible? Fait-elle que l'existence d'une suile actuellement infinie de grandeurs déterminées, impossible dans le premier cas, soit admissible dans le second? Cette impossibilité une fois reconnue, il faut donc avouer la nécessité de la création, et de l'existence de Dieu par conséquent, ...

faut nécessairement ou l'admettre toujours, ou le récuser toujours. Nier ce témoignage sur le point où il est le plus unanime, c'est s'ôter le droit de l'alléguer sur aucun autre point; c'est renverser la base de la raison, et l'athée n'est pas même recevable à raisonner contre Dieu, puisqu'il commence par rejeter l'autorité générale de la raison.

A la vue d'une folie si extrême et d'un crime si grand, on tombe dans un étonnement profond. Se peut-il que l'homme en vienne jusqu'à cet excès? Y a-t-il de vrais athées? Peut-être; car, hélas! qui connoit les bornes de la perversité humaine! « Cependant, dit Bossuet, la terre « porte peu de ces insensés qui, dans l'empire de Dieu, K parmi ses ouvrages, parmi ses bienfaits, osent dire qu'il « n'est pas, et ravir l'Être à celui par qui subsiste toute la « nature * : les idolâtres mêmes et les infidèles ont en hor« reur de tels monstres; et lorsque, dans la lumière du « Christianisme, on en découvre quelqu'un, on en doit es« timer la rencontre malheureuse et abominable »

Mais, disent-ils, on ne comprend pas l'Être infuii : puissants génies qui comprennent tout le reste! autrement seroient-ils si choqués qu'on leur proposât de croire, sur dos preuves certaines, un dogme incompréhensible? S'élèveroient-ilssi fièrement au-dessus de l'idée de Dieu? Ainsi, des choses qu'ils croient, il n'en est aucune qu'ils ne connoissent, qu'ils ne comprennent parfaitement. Que croient

II n'est point, dit Cicéron, de peuple si sauvage, si barbare, qui, même en ignorant ce qu'il faut penser de Dieu, ne sache qu'on doit croire à son existence : et l'idée de Dieu est pour l'homme comme un souvenir et une reconnoissance de son origine. Nulla gens est, negue tùm immansuela, neqne tùm fera, quse non, etiamsi ignorel qualem habere Deum deceat, lamen habendum sciat. Ex quo effleitur illitd, ut is ognoicatDeum, qui undé ortus sit, quasi recordetur et agnoscat. De Legib., lib. I.

'Premier sermon pour le premier dimanche de l'Avcnt,

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