Obrázky na stránke
PDF
ePub

autre preuve puisée dans sa nature particulière, qu'on observe qu'attendu la liaison intime des deux substances, la pensée, comme toutes les autres opérations humaines, a ses organes propres; en sorte qu'à chaque pensée correspond une certaine modification du cerveau, par conséquent quelque chose de sensible, tel que la parole, qui, soit orale, soit écrite, a rapport à plusieurs de nos sens,

a véritables. » MsiiTw nvà 5ûva//.t-j el-jxt $i àtvOpuKsixv rrçv Oipivriv ri tvd/iara Toi; npzyfiSttn... "On rx npSnx foopxrX ol Osai erîrav ./.xi oix rxvrx àp6â; S^et. Plat, in Cralyl. Ces derniers mots ne sont presque que la traduction d'une maxime de Zoroastrc, adoptée par l'école d'Alexandrie, et recueillie parmi les oracles chaldaïques. « Ne « changez point les noms barbares, parce que Dieu a donné à chaque « chose son nom, et ces noms ont une vertu secrète dans les sacres « mystères. »

'OvôfêxrX fixpëzpx //.>Î7zOr àiiâÇïK,
"Eçt yàp ovôu.xrx Tzxp' h.xçoii Qzôaôorx
Aûvautv iv rsXzrXÏi sipp-zirov l^ovra.

Oracula Zoroaslr. ap. Clerici Philos. oriental, lib. IV, tom. II. Oper. Philosoph., p. 528. Les langues n'ont pu être inventées progressivement, et, pour ainsi dire, pièce à pièce. Toutes les parties essentielles du discours ont dû exister simultanément, sans quoi ces langues incomplètes n'auroient pu être parlées, ni par conséquent perfectionnées. Aussi les plus anciennes langues connues ne sont-elles nullement inférieures à celles qui se sont formées depuis. Il nous semble même difficile de n'y pas reconnoître une véritable supériorité. Aucun idiome moderne, ni le latin, ni le grec même, né sauroit être comparé à l'hébreu, la plus concise des langues, et la plus féconde comme la plus claire dans sa concision. Quel nombre prodigieux de combinaisons ne suppose point le seul mécanisme des éléments nécessaires du langage! Or, avant de les combiner, il falloit qu'ils existassent, il falloit qu'ils fussent inventés; et comment les auroit-on jamais inventés, si l'on n'avoit pas auparavant aperçu les rapports ou les combinaisons par lesquelles seules ils deviennent l'expression de la pensée? Aussi Rousseau avoue-t-il que la parole lui paroit avoir été bien nécessaire pour inventer la parole. Au fond, l'inventeur du langage auroit inventé la raison humaine.

Une idée donc sans expression seroit une idée qui ne formeroit point de trace dans le cerveau, qui n'affecteroit point l'organe de la pensée; ce qui est contradictoire. Nous nous représentons les objets sensibles, à l'aide de leurs images ; les mots sont les images des idées.

Donc, par une suite de sa nature, l'homme, être corporel et intelligent, ne peut pas plus penser sans mots que voir sans lumière 1; donc il n'a pu inventer la parole, puisque cette invention suppose des idées préexistantes, et le besoin, et même le moyen de les communiquer. Donc il a fallu qu'il reçût à la fois les idées et les mots"; car les mots, étant d'institution arbitraire, ne réveillent nécessairement par eux-mêmes aucune idée, comme cela se voit tous les jours de peuple à peuple par la diversité des langues.

Ainsi la pensée, la parole, ont été révélées simultanément; et comme toutes vérités sont en Dieu, qui les connoit ou se connoît lui-même, par sa pensée, son intelligence, dont la parole substantielle, le Verbe, est l'éternelle manifestation ', la parole extérieure n'est que le moyen dont se sert la Parole divine, ou la Vérité essentielle, pour se communiquer à notre intelligence, au degré qu'il lui plaît; et soit que nous remontions à l'origine de la race humaine, soit que nous en considérions, à part chaque individu, la parole, le Verbe est véritablement, et en tous sens, la lumière qui éclaire tout homme ve

1 Sur l'impossibilité que l'homme ait inventé le langage, voyez l'excellente dissertation de M. de Bonald. Recherches philosophiques, tome I.

s Deus existons, ex se existons Terbum habet: neque Verbum supervenit, cùm priùs non esset; neque Pater unquàm irratioiialis, hoc csf, sine ratione et Verbo fuit. S. Alhanas. Oral. II, conta". Arian., nant en ce monde1, et ce souffle de vie qui anime son intelligence *.

Mais, pour mettre en sa pleine évidence la grande loi de l'autorité, et la réduire à un fait palpable, qui doute que l'homme ait reçu, au moment où il sortit des mains du Créateur, tout ce qui lui étoit nécessaire pour se conserver et se perpétuer comme être intelligent, aussi bien que comme être physique *? Donc la pensée, donc la vérité, donc la parole, nécessaire au moins pour communiquer la pensée et transmettre la vérité, noble, héritage de vie substitué à toutes les générations humaines; et cette première révélation, en expliquant notre existence, incompréhensible sans elle, explique encore notre intelligence, et nous en montre le fondement dans les vérités essentielles reçues à l'origine, et invinciblement crues sur le té

1 Erat lux ver», qu«e illuminat omnem hominem venientem in hune mundum. Joan., i, 9.

8 Et inspira vit in faciem ejus spiraculum vitse, et factus est homo in animam viventem. Gen., if, 7.

* On ne réfléchit pas assez à la multitude de choses qu'il est indispensable que nous connoissions pour nous conserver, et que par cocséquent Dieu a dû révéler au premier homme. La raison n'aperçoit rier. plus clairement que la nécessité de celte révélation primitive, et il n'est point non plus de tradition plus universelle. Tout ce que nous recevons de nos parents et de l'éducation, les auteurs de la race humaine l'ont reçu immédiatement du Créateur, et cela ne pouvoit pas être autrement. « Nous apprenons en effet par les écrits de Moïse, dit Origéne, « que les premiers hommes conversoient familièrement avec Dieu, et « qu'il leur envoyoit souvent ses anges. Il étoit de la bonté et même « de la justice de Dieu, de veiller spécialement à la sûreté de l'homme « jusqu'à ce que l'invention des arts et les progrès des connoissances « l'eussent mis en état de se défendre lui-même, et de n'avoir plus be« soin du secours des ministres du ciel. » Origen. contr. Cels., lib. IV, n. 80. Selon Clément d'Alexandrie, il étoit originairement aussi naturel à l'homme de converser avec les êtres célestes, que d'exister : e/tyvro-/ îrfà; Tôï oùoaviv zoivojvt'av. Clem. Alex. Protrept., p. 21. Ed. Oxon. moignage de Dieu, dont l'autorité devient ainsi la base de la certitude, et la raison de notre raison. Dieu ne dira pas tout à l'homme, mais il lui dira tout ce qu'il est nécessaire qu'il sache, et qu'il ne peut apprendre que de lui. Il lui révèle d'abord son être, sans quoi la pensée comme la parole seroient impossibles; il lui révèle les rapports qui existent entre lui et Dieu, entre lui et ses semblables, parce qu'il doit vivre en société avec Dieu et avec ses semblables, et qu'il ne peut même vivre que dans cette société; et l'on voit ici la raison de ce mot profond de l'Évangile : Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît *. Le royaume de Dieu, c'est la société des intelligences dont il est le monarque ; et sa justice, c'est l'ordre ou la réalisation de la vérité. Voilà l'unique nécessaire *. Le reste, qui n'a de rapport qu'aux organes et à un point imperceptible de notre existence, nous est donné par surcroît. Peu digne d'occuper la pensée, et moins encore de fixer l'amour d'une créature qui connoit et contemple Dieu, le monde physique marche sans notre concours, et pourvoit à nos besoins selon des lois invariables; comme si le Tout-Puissant lui eût défendu de troubler dans ses hautes fonctions l'être qu'il fit à son image; et telle est la grandeur de l'homme, que l'univers toutentier a été livré, comme un jouet, à sa dispute*. Mais la vérité, mais Dieu ne s'est pas révélé à l'homme seulement pour être l'objet d'une stérile contemplation. Actif par sa nature, et assujetti à des devoins comme être social, si l'homme connoît, c'est pour agir, par conséquent pour aimer ; car l'amour est le principe naturel

* Quaerite ergo primùm regnum Dei, et justitiam ejus; et haec omnia adjicientur vobis. Matt., vI, 55.

* Porrò unum est necessarium.Luc., x, 42.

3 Mundum tradidit disputationi eorum. Eccles., III, 11.

d'aclion. La vérité naît dans l'entendement par la parole; mais une fois connue, elle produit l'amour, qui détermine les actes par lesquels nous concourons librement au maintien de l'ordre de la société établie entre Dieu et nous, entre nous et les autres hommes. 11 y a donc des vérités ou une loi morale écrite dans le cœur; vérités qu'on appelle de sentiment, non qu'il en soit le principe, mais parce qu'il en est l'effet, parce qu'elles sont tout ensemble, et par une sorte d'union substantielle, lumière dans l'esprit et amour dans le cœur. Toutes les vérités qui doivent régler immédiatement la conduite sont de cette classe; donc les vérités sociales, et rien que les vérités sociales; les erreurs opposées sont aussi dans le cœur, qu'elles dépravent par la haine, principe de désordre et de destruction.

Ne nous étonnons donc pas que le sentiment de la Divinité, du bien et du mal, du juste et de l'injuste, se retrouve chez tous les peuples. Ils n'ont pu exister comme peuples, et l'homme même ne peut exister comme être moral et intelligent, sans connoitre Dieu, par conséquent sans l'aimer comme bon, ou sans le craindre comme puissant ; et celte crainte et cet amour ont du1 nécessairement se manifester par une action sociale, ou par le culte, dont le sacrifice est l'essence. Mais l'homme foible et dégradé, craignant plus la puissance qu'il n'aime une bonti; qui n'est que la justice, se jette naturellement du côté de la crainte, fondement des Religions fausses, comme l'amour l'est de^a vraie Religion. De là deux grands sacrifices, celui de l'extrême crainte, qui se manifeste par l'immolation de l'homme, et celui de l'amour extrême, qui se manifeste par l'immolation de Dieu. Et c'est une observalion digne d'être méditée profondément, que toute vraie Religion, comme toute société véritable, repose sur le dévouement ou le sacrifice volontaire de l'être puissant à

« PredošláPokračovať »