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être conçue sans elles; et, révélées originairement par la parole, elles se transmettent également par la parole; donc dans la société, et seulement dans la société *, parce que la vérité, qui est le bien commun des intelligences, doit être possédée en commun par elles ; et aucune intelligence ne pouvant exister qu'à l'aide de certaines vérités nécessaires, on doit retrouver ces vérités dans toutes les intelligences, et le témoignage par lequel elles se manifestent n'a pas moins de certitude que le témoignage de Dieu, parce qu'au fond il n'en diffère pas.

De même notre raison, en tant qu'active, ayant été créée de Dieu pour une fin qui est la connoissance de la vérité, la raison générale ne sauroit errer, ou ne pas atteindre sa fm : donc le témoignage universel est infaillible.

Il est visible d'ailleurs que si la raison générale, ou la raison humaine proprement dite, pouvoit errer sur un seul point, elle pourrait errer sur tous les points, et dès lors il n'existeroit plus de certituHe pour l'homme. L'u

que nous avons entendu proposer quelquefois. Dieu pouvoit-il tromper l'homme ou lui révéler l'erreur? Il y a contradiction dans les termes mêmes; car on ne révèle que ce qui est, et l'erreur n'est pas. Qu'on se représente l'âme humaine comme une capacité vide : demander si Dieu y pouvoit mettre l'erreur, c'est demander s'il pouvoit n'y rien mettre, ou laisser l'intelligence dans le néant; c'est demander s'il pouvoit à la fois créer et ne pas créer. L'erreur n'est que la négation d'une vérité connue, une destruction; que voulez-vous détruire là où il n'existe rien?

1 Qus e naturâ principia sint communitatis et societatis humanse, repetendum altiùs videtur. Est enim primum, quod cernitur in universi generis humani societate : ejus autem vinculum est, ratio et oratio; quae docendo, discendo, communicando, disceptando, judicando, conciliat inter se homines, conjungitque naturali quâdam societate. Neque ullâ re longiùs absumus à naturâ ferarum; in quibus inesse fortitudinem ssepè dicimus , ut in equis, in leonibus; justitiam, sequitatem, bonitatem non dicimus. Sunt enim rationis etorationis expertes. Cicer-, de Officiis, lib. I, cap. xvi, n. 50.

nique motif qu'ait la raison humaine d'admettre une chose comme vraie, c'est qu'elle lui paroit vraie. Si ce motif pouvoit être trompeur, ses croyances n'auroient plus de base, et Dieu, en donnant à l'homme le désir invincible de eonnoître la vérité, lui auroit refusé le moyen d'arriver à aucune vérité oertaine, ce qui est contradictoire : donc la raison générale est infaillible. 11 n'en est pas de même de la raison individuelle, et l'on voit pourquoi : l'infaillibilité ne lui est pas nécessaire, parce qu'elle peut toujours, lorsqu'elle se méprend, rectifier ses erreurs en consultant la raison générale.

Ainsi la vie intellectuelle, comme la vie physique, dé-> pend de la société qui a tout reçu et conserve tout par ces deux grands moyens, l'autorité et la foi, conditions nécessaires de l'existence. Premièrement, société avec Dieu, principe de la vérité, source éternelle de l'être ; 'secondement, société des intelligences créées, que Dieu a unies entre elles, comme il les a unies à lui-même, et par les mêmes lois. Nous n'avons de vie, de mouvement, d'êtrp enfm qu'en lui1: noble émanation de sa substance, notre raison n'est que sa raison *, comme notre parole n'est que

1 In ipso enim vivimus, et movemnr, et sumus. Act., Xvii, 28.

* « La raison est commune à l'homme avec les êtres célestes et di« vins, et avec Dieu même, et c'est pour cela qu'on dit que l'homme « est fait à l'image de Dieu. Aussi la raison de Dieu ou son Verbe est « aussi son image. » Orig. cont. Cela., lib. IV, n. 85. « Veut-on enten« dre maintenant un philosophe païen? « Comme il n'est rien de plus « excellent que la raison, et qu'elle appartient à Dieu et à l'homme, il « existe premièrement une société de raison entre Dieu et l'homme... x Notre âme ayant été produite par Dieu, nous pouvons, à juste titre, « réclamer une sorte de parenté avec les êtres célestes, et être appec< lés une race divine. » De ces considérations et de plusieurs autres, Cicéron tire cette conséquence remarquable : Donc l'homme est semblable à Dieu. « Est igitur, quoniam nihil et ratione melius, eaque et « in homine et in Deo, prima homini cum Deo rationis societas.. .. sa parole. Oui, nous sommes quelque chose de grand, et je commence à comprendre ce mot : « Faisons l'homme « à notre image et à notre ressemblance *. » Faisons : # il y a ici délibération, conseil, quelque haute et secrète société, dont la parole encore est le lien ; et je me demande, que seroit donc l'homme seul, l'homme séparé de ses semblables et séparé de Dieu ? Je vois son être qui le fuit de toutes parts; plus de certitude, plus de vérité, plus de, pensée, plus de parole : fantôme muet !.... Non, il n'est pas bon que l'homme soit seul *. Et quand nous parlons de l'homme, il faut entendre que les mêmes lois régissent toutes les intelligences. Aucun être fini n'a en soi la lumière qui doit l'éclairer, et le plus élevé des esprits célestes, n'existant non plus que parce qu'il croit, n'est pas moins passif que l'homme en recevant les premières vérités, et pour lui comme pour nous, la certitude n'est qu'une pleine foi dans une autorité infaillible. Ne rougissons donc point de nous soumettre à cette sublime autorité, sous laquelle ploient les anges mêmes, et qui règne encore plus haut. L'univers matériel lui obéit, et ne la connoît pas. Une voix a parlé aux cieux, et les astres dociles redisent incessamment, dans tous les points de l'espace, cette grande parole qu'ils n'ont point entendue. Pour eux,'l'autorité n'est que la puissance; mais, pour les êtres intelligents qui vivent de vérité et doivent concourir librement à l'ordre, elle est la raison générale manifestée par le témoignage ou par la parole. Le premier homme reçoitles premières vérités, sur le témoignage de Dieu, raison suprême, et elles se conservent parmi les hommes, perpétuellement manifestées par le témoignage universel expression de la raison générale. La société ne subsiste que par sa foi dans ces vérités, transmises de générations en générations comme la vie, qui s eteindroit sans elles; transmises comme la pensée, puisqu'elles ne sont que la pensée même reçue primitivement et perpétuée par la parole. Se roidir contre cette grande loi, c'est lutter contre l'existence; il faut, pour s'en affranchir, reculer jusqu'au néant. Créatures superbes qui dites, nous ne croirons pas; descendez donc. Et nous, guidés par la lumière que repousse votre orgueil, nous nous élèverons jusque dans le sein du souverain Être, et là encore nous retrouverons une image de la loi qui vous humilie : car la certitude n'est en Dieu même que l'intelligence infmie, la raison essentielle par laquelle le Père conçoit et engendre éternellement son Fils, son Verbe, la parole par laquelle un Dieu éternel et parfait se dit lui-môme à lui-même tout ce qu'il est *; té

« Animum esse ingeneratum à Deo : ex quo vel agnatio nobis cum « cœlestibus, vel genus, vel stirps appellari potest.... Est igitur homini « cum Deo similitudo. » De legib., lib. I.

* Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem mostram. Gen., I, 26

* Non est bonum esse hominem solum. Gen., II, 18.

1 « Toule croyance universelle est toujours plus ou moins vraie, « c'est-à-dire que l'homme peut bien avoir couvert, et pour ainsi dire « encroûté la vérité par les erreurs dont il l'a surchargée; mais ces • erreurs sont locales, et la vérité universelle se montrera toujours. » tes Soirées de Saint-Pétersbourg, par M. le comte de Maistre, tom. I, pag. 280.

* Bossuct, Élévations sur les Mystères, II' Serm. Éléval. 4*. On retrouve quelque- chose de semblable dans l'homme fait à l'image de Dieu, et Platon l'avoit aperçu: « Pour moi, dit-il, la pensée est le dis« cours que l'esprit se tient à lui-même : * To Si Simolatou, xp' ôizep îyoi xa^etç... Xàyov %v airuvj îzpbi aùrrçv y tyuy$ Su%ép%zrxi. Plat. in Thext. Opp., t. II, p. 150, 151. Éclairé par une doctrine plus haute, Origène a vu toule la vérité dont on ne trouve que le germe dans Platon. « Celse, dit-il, prétend que Dieu est incompréhensible au Verbe a même. Il faut distinguer s'il parle du verbe qui est en nous, ou que « nous prononçons, de nos connaissances, ou de nos discours; il est « bien certain que Dieu est incompréhensible au verbe pris en ce sens. moignage toujours subsistant, qui est cette pensée même et cette parole intérieure conçue dans l'esprit de Dieu, qui le comprend tout entier, et embrasse en lui-même toute la .vérité qui est en lui1; et la Religion qui nous unit à Dieu en nous faisant participer à sa vérité et à son amour, n'est encore, dans ses dogmes, que ce témoignage traduit en notre langue par le Verbe lui-même *, ou la manifestation sensible de la raison universelle, dans ce qu'elle a de plus haut, de plus inaccessible à notre propre raison abandonnée à ses seules forces; en sorte que, si nous voulons y être attentifs, nous comprendrons que Dieu, avec sa toutepuissance, ne nous pouvoit donner une plus grande certitude des vérités que son Fils est venu nous annoncer, puisque son témoignage enferme en soi toute la certitude divine.

Mais l'ordre des idées ne nous permet pas en ce mo

« Mais, s'il s'agit du Verbe qui étoti en Dieu. et gui était Dieu, ce qu'a'« vance Celse est insoutenable : le Verbe divin non-seulement com<< prend Dieu, mais il le fait connoitre à ceux à qui il manifeslc le « Père. » Origen. contr. Cels., lib. VII, n. 65. 1 Bossuet, Sixième Avert. aux Protest., n. 31.

'« Ehl qui pourrait sauver l'homme, et le conduire au Dieu sua prême, sinon le Verbe-Dieu? Dès le commencement dans Dieu, i| « s'est fait chair dans le temps en faveur de ceux qui ne pouvoientle « voir comme Verbe-Dieu. Devenu chair et prenant une voix corporelle, « il appelle à lui ceux qui sont chair, pour les rendre d'abord conformes « au Verbe qui a été fait chair; ensuite, pour les élever jusqu'à con« templer le Verbe avant qu'il fût chair; de manière que, devenus par« faits, ils disent : Quoique nous ayons connu le Christ, selon la chair, « nous ne le connaissons plus maintenant (II Cor., v, 16). Devenu « chair, il a habité parmi nous. Il s'est transformé une fqis sur le Tha« bor, où non-seulement il a paru dans tout son éclat, mais où il» « fait voir la loi spirituelle et les prophéties représentées par Moïse et « par Elie. On a pu dire alors : Nous avons vu sa gloire, la gloire du « Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité. » (Jean. \.)Origen. contr. CeU., lib. VII. n. 68.

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