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ment cTarrêter nos regards sur ces magnifiques harmonies qui ravissent de joie l'intelligence. Avant d'admirer par quels moyens la Religion a été établie et se conserve, nous devons prouver qu'il en existe nécessairement une véritable. Cette tâche sera facile, maintenant qu'ayant placé la raison humaine sur sa base, nous savonsttf mment on peut reconnoitre avec certitude la vérité. Nous ne la demanderons pas à l'esprit de l'homme, mais à la raison de la société. Nous interrogerons les croyances, les traditions du genre humain, nous constaterons ses décisions; et s'il se présente un contradicteur, ouvrant devant lui deux voies, dans l'une desquelles il faut absolument marcher, la voie solitaire et ténébreuse du jugement individuel, qui aboutit au néant, et la voie sociale de l'autorité, qui conduit à la vie ou à Dieu même, pour toute réponse nous lui dirons : Choisissez.

CHAPITRE IV

«d'il Existe Une Vraie Religion, Qu'il N'en Existe Qu'une Seule, Et Qu'elle Est Absolument Nécessaire Au Salut.

On a, depuis soixante ans, assez plaidé la cause du désespoir et de la mort : j'entreprends de défendre celle de l'espérance. Quelque chose me presse d'élever la voix, et d'appeler mon siècle en jugement. Je suis las d'entendre répéter à l'homme : Tu n'as rien à craindre, rien à attendre, et tu ne dois rien qu'à toi. 11 le croiroit peut-être enfin; peut-être qu'oubliant sa noble origine, il en viendroit jusqu'à se regarder en effet comme une masse organisée qui reçoit l'esprit de tout ce qui l'environne, et de ses besoins *; jusqu'à dire à la pourriture : Vous êtes ma mère; et aux vers: Vous êtes mes frères et mes sœurs 1; peut-être qu'il se persuade

"C'est ainsi que Saint-Lambert définit l'homme.

* Putredini dixi : Pater meus es ; mater «nea et soror mça, vermibus. -b., xvn, 14.

ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION

roit réellement être affranchi de tout dévoir envers son Auteur; peut-être que ses désirs mêmes 's'arfêteroient aux portes du tombeau, et que satisfait d'une frêle supériorité sur les brutes, passant comme elles sans retour, il s'honoreroit de tenir le sceptre du néant. Je veux le briser dans sa main. Qu'il apprenne ce qu'il est; qu'il s'instruise de sa grandeur, aussi bien que de sa dépendance. On s'est efforcé d'en détruire les titres : vaine tentative, ils subsistent; on les lui montrera. Ils sont écrits dans sa nature ; tous les siècles les y ont lus, tous, même les plus dépravés. Je les citerai à comparoitre, et on les entendra proclamer l'existence d'une vraie Religion. Qui osera les démentir, et opposer à leur témoignage ses pensées d'un jour? Nous verrons qui l'osera, quand tout à l'heure, réveillant les générations éteintes, et convoquant les peuples qui ne sont plus, ils se lèveront de leur poussière pour venir déposer en faveur des droits de Dieu et des immortels destins de l'homme.

Et pourquoi périroit-il? Qui l'a condamné? Sur quoi juge-t-on qu'il finisse d'être? Ce corps qui se décompose, ces ossemenls, cette cendre, est-ce donc l'homme? Non, non, et la philosophie se hâte trop de sceller la tombe. Qu'elle nous montre des parties distinctes dans la pensée, alors nous comprendrons qu'elle puisse se dissoudre. Elle ne l'a pas fait, elle ne le fera jamais ; jamais elle ne divisera l'idée de justice, ni ne la concevra divisée en différentes portions ayant entre elles des rapports de grandeur, de forme et de distance; elle est une, ou elle n'est point. Et le désir, l'amour, la volonté, voit-on clairement que ce soient des propriétés de la matière, de3 modifications de l'étendue? Voit-on clairement qu'une certaine disposition d'éléments composés, produise le sentiment essentiellement simple, et qu'en mélangeant des substances inertes, il en résulte une substance active, capable de connoître, de vouloir et d'aimer *? Merveilleux effet*de l'organisation! Cette boue que je foule aux pieds n'attend qu'un peu de cbaleur, un nouvel arrangement de ses parties, pour devenir de l'intelligence **, pour embrasser les cieux, en calculer les lois; pour franchir l'espace immense, et chercher par-delà tous les mondes, non-seulement visibles, mais imaginables, un infini qui la satisfasse ? atome à l'étroit dans l'univers! Certes, je plains les esprits assez foibles pour croupir dans ces basses illusions; que si encore ils s'y complaisent, s'ils redoutent d'être détrompés, je n'ai point de termes pour exprimer l'horreur et le mépris qu'inspire une pareille dégradation.

Et que disent-ils, cependant? Ils appellent les sens en témoignage; ils veulent que la vie s'arrête là où s'arrêtent les yeux; semblables à des enfants qui, voyant le soleil descendre au-dessous de l'horizon, le croiroient à jamais éteint. Mais quoi, sont-ils donc les seuls qu'ait frappés le triste spectacle d'organes en dissolution? Sontils les premiers qui aient entendu le silence du sépulcre?

* L'homme, par son corps, n'existe que dans le présent; il n'etiste, par son esprit, que dans le passé et dans l'avenir; car le présent est 'nsaisissable à la pensée. Le mode d'existence du corps et de l'esprit diffère donc essentiellement; l'esprit et le corps sont donc d'une nature essentiellement diverse.

*" Si la pensée n'étoit qu'une modification de la matière, il ne pourroit pas y avoir une seule idée commune entre les peuples qui parlent des langues différentes. Quand je prononce les mots Dieu, Jehovah, Theos, God, mon oreille, ébranlée par des sons divers, transmet à mon cerveau des impressions diverses. Or, si les modifications de l'organe matériel de la pensée sont la pensée même, il est évident que ces quatre mots, modifiant de quatre manières différentes l'organe matériel de la pensée, doivent produire nécessairement quatre pensées différentes, et qu'il est absolument impossible qu'ils réveillent en moi la mime idée.

Il y a six mille ans que les hommes passent comme des ombres devant l'homme; et néanmoins le genre humain, défendu contre le prestige des sens par une foi puissante et par un sentiment invincible, ne vit jamais dans la mort qu'un changement d'existence, et, malgré les contradictions de quelques esprits abusés par d'effroyables désirs, il conserva toujours, comme un dogme de la raison générale, une haute tradition d'immortalité. Que ceux-là donc qui la repoussent se séparent du genre humain, et s'en aillent à l'écart porter aux vers leur pâture, un cœur palpitant d'amour pour la vérité, la justice, et une intelligence qui connoît Dieu *.

* Le matérialisme, qui est la plus abjecte des erreurs, est en même temps tellement absurde que le bon sens éprouve une sorte de répugnance à le réfuter. Si l'on ne consulte que le raisonnement, ce qu'il y a de moins prouvé, c'est l'existence de la matière : iL est infiniment moins déraisonnable de la nier, que de nier l'existence des êtres spirituels, attestée d'ailleurs aussi unanimement que celle des corps, par tous les hommes et dans tous les temps. Les physiologistes modernes, du moins quelques-uns, font pitié, lorsqu'avec une morgue ignorante, ils s'efforcent de rendre la science complice de leurs désirs et de leur imbécillité. Qu'ont-ils donc vu qui favorise leurs opinions impies? Une certaine organisation physique s'altère, il en résulte une altération analogue dans les phénomènes dépendants de cette organisation; cette organisation est détruite, les phénomènes cessent entièrement. Que prétendent-ils conclure de là? que tout l'homme est anéanti? Mais il faudrait avoir prouvé auparavant que le corps, et même tel corps est tout l'homme. Encore une fois mie veulent-ils conclure? Que c'est le corps qui pense et qui sent, parce que des organes^en dissolution ne manifestent plus le sentiment et la pensée? Mais c'est comme s'ils soutenoient que la pensée n'est qu'une modification de la langue, parce que l'homme dont on a coupé la langue cesse de parler ou de manifester sa pensée par la parole. Ils ne croient, disent-ils, qu'à ce qui frappe les sens, qu'aux choses qui se voient, qui se touchent, qui agissent sur l'ouïe ou sur l'odorat : ils ne croient donc pas à leurs propres idées éternellement invisibles, impalpables, et dont l'expression seule frappe les sens, Qu'il» nom disent à quel sens ee rapporte l'idée qu'ex

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