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cette parole que le premier homme entendit de la bouche du Créateur. Le temps s'ouvre pour recevoir la nouvelle intelligence, qui, d'un seul acte, prend possession du passé et de l'avenir. Elle croit, et la foi l'unit à la suprême raison; elle naît, et elle adore; car croire, c'est adorer. Entrant, si je l'ose dire, dans l'Être infini, elle s'y nourrit de la vérité, en écoutant toujours, en obéissant toujours, et la vie éternelle n'est qu'une éternelle obéissance.

Assurés du moyen par lequel nous pouvons discerner la vraie Religion, il nous sera maintenant facile de la découvrir; sans discuter aucun dogme, il s'agit uniquement de savoir quelle est la société spirituelle et visible qui possède la plus grande autorité. Cette société une fois reconnue, toute incertitude s'évanouit. Contester son témoignage, nier ce qu'elle atteste, c'est abjurer la raison; désobéir à ses lois est un crime. En développant les conséquences du principe établi dans ce chapitre, nous prouverons donc:

1° Qu'avant Jésus-Christ il existoit une société spirituelle et visible, société universelle, mais purement domestique, qui conservoit le dépôt des vérités nécessaires; en sorte que la vraie Religion se composoit des dogmes et des préceptes originairement révélés de Dieu et attestés par la tradition de toutes les familles et de tous les peuples; que cette Religion, qu'on pouvoit dès lors facilement distinguer des erreurs particulières et des superstitions locales, reposoit évidemment sur la plus grande autorité, ou sur le témoignage du genre humain, manifestation permanente de la raison générale.

T Que, la Religion primitive s'étant développée, selon l'attente universelle fondée sur des promesses divines, la société spirituelle s'est développée pareillement ; que$ perfectionnée dans sa constitution et dans ses lois, elle est devenue société publique ; que depuis ce moment, ou depuis Jésus-Christ, la société chrétienne eut toujours incontestablement la plus grande autorité ; d'où il suit que tout homme à portée de la connoître, doit obéir à ses commandements et croire à son témoignage, qui, à l'égard des traditions antiques, se confond avec le témoignage du genre humain, et n'est, sur le reste, que le témoignage de Dieu même.

3° Que, parmi les diverses communions chrétiennes, le caractère essentiel de la plus grande autorité appartient visiblement à l'Église catholique ; de sorte qu'en elle seule résident toutes les vérités nécessaires à l'homme, la connoissance complète des devoirs ou des lois de l'intelligence, la certitude, le salut, la vie.

Du principe de l'autorité on verra sortir, comme des conséquences rigoureuses, les preuves particulières du christianisme. Nous montrerons qu'on ne trouve qu'en lui toutes les marques de la vraie Religion, de même que l'on ne trouve que dans l'Église catholique les marques distinctives de la société dépositaire de cette vraie Religion. Ces marques, conditions nécessaires de la plus grande autorité, appartiennent également et à la doctrine chrétienne considérée en elle-même, et à l'Église qui la conserve et la perpétue par son invariable enseignement; chose naturelle, puisque ces marques ne sont au fond que les caractères inhérents à l'être même de Dieu, qui, dansson immense unité et dans les rapports qu'il a voulu établir entre lui et ses créatures intelligentes, est toute la Religion.

Après avoir ainsi démontré la vérité du Christianisme ou de la Religion catholique, nous répondrons à quelques objections sur la foi des simples, et sur l'intolérance do I l'Église, objections souvent reproduites, et beaucoup plus 1 souvent qu'il ne conviendrait dans un siècle qui se pique! d'esprit philosophique.

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Nous ferons voir ensuite, en résumant notre argument principal, que le principe de l'autorité conduit nécessairement à la Religion catholique, et que sa négation conduit au scepticisme absolu, sans que la raison puisse s'arrêter entre ces deux termes extrêmes.

Cela fait, il sera prouvé que l'indifférence en matière de Religion est absurde dans ses motifs. Nous prouverons également qu'elle est funeste dans ses effets ; ce qui complétera le développement du plan que nous nous étions proposé de remplir.

Que ceux dont la raison, fatiguée du doute, s'assoupit dans une sécurité trompeuse, cherchent enfin la véritable paix, qui n'existe que dans la possession certaine de la vérité. Pauvres intelligences reléguées en des régions lointaines après avoir dissipé leur portion de l'héritage commun, elles fuient la société des autres intelligences, et s'endorment à l'écart près des êtres sans raison, dont elles voudroient, dans leur dénûment, partager la pâture. Qu'elles se réveillent, et tournent les yeux vers la maison où elles naquirent; c'est là que sont leurs souvenirs, là qu'étoient leurs espérances; infortunées, elles ont tout perdu, mais elles peuvent tout recouvrer. Loin de la lumière et de la vie n'ont-elles pas assez erré dans des ténèbres brûlantes? A demi consumées, presque éteintes, qu'elles rentrent au sein de la famille, de l'éternelle société d'où elles sont sorties. Dieu les attend ; que tardent-elles? En retrouvant leur père, elles jouiront d'un repos et d'un bonheur qu'elles ne connoissent plus.

FIN DE LA TROISIÈME PARTIE.

AVERTISSEMENT

DE L'ÉDITION PUBLIÉE EN 1824

Nous devons expliquer comment cet ouvrage, qui formera cinq volumes au lieu de trois que nous avions annoncés, s'est étendu au delà des limites dans lesquelles nous pensions pouvoir nous renfermer.

Les personnes qui ont eu la bonté de nous lire avec quelque attention verront bientôt que nous n'avons rien changé à notre plan primitif, et que tout le fond des deux volumes que nous publions y entrait nécessairement. Mais notre dessein étoit d'abord de ne présenter que des résultats généraux, en négligeant les détails que nous supposions bien connus.

Les discussions qu'a fait naître une question philosophique traitée dans le xme chapitre de l'Essai1,

* Ch. i, III* partie

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