Obrázky na stránke
PDF
ePub
[ocr errors]

les hommes, appropriée à leurs besoins, à leurs facultés; Religion dont les bases essentielles se retrouvent par conséquent chez tous les peuples ou dans la société du genre humain, et qui se perpétue par la tradition, comme toutes les connoissances nécessaires.

On ne sauroit trop faire remarquer cet ordre universel de transmission, en sorte que tout se conserve par un enseignement extérieur, et que tout commence par une véritable révélation, même la pensée1 ; car elle ne se développe en chacun de nous qu'à l'aide de la parole,qui nous révèle ou nous manifeste la raison d'autrui. Et puisque cette loi est notre nature même, toute Religion qui y seroit opposée seroit une Religion contraire à la nature, et la Religion naturelle est nécessairement révélée. Comment connoissons-nous les noms mêmes de religion, de Dieu, d'éteimel, d'infini, de justice, de devoirs, etc., sinon parce que nous les avons appris, parce qu'ils font partie du langage qui nous a été enseigné? Les aurions-nous inventés nous-mêmes? ou aurions-nous sans eux les idées qu'ils expriment? Et s'il est impossible qu'ils aient été jamais inventés, il faut donc que le premier homme qui nous les a transmis les eût lui-même reçus de la bouche du Créateur; et c'est ainsi que nous trouvons dans l'infaillible parole de Dieu l'origine de la Religion et de la tradition qui la conserve*.

1 Priorne vero fides an cognitio? Dicimus, quod secundùm modum universalem in disciplinis fides scientiam antecedit... In disciplinas addiscendis priûs credere oportet, elementum istud alpha esse, cùm litlerarum addiscimus et figuras et pronuntiationem, atquc ità dcmùm elementi accuratam percipere cognitionem. S. Bas. Magn. Kp. CCCCI, t. III, p. 416. Parisiis, 1638.

1 « Si quelques peuples modernes ont une croyance moins absurde « et plus raisonnable que celle qui régna longtemps dans le monde « païen; si même des philosophes de l'antiquité ont dicté et enseigné

En effet, remontez vers les premiers âges du monde; au milieu des erreurs locales et passagères, vous verrez toujours les mêmes croyances, celles qui sont encore le fondement des nôtres, répandues universellement ; et à quelque époque que vous vouliez en fixer l'invention, l'histoire vous démentira.

Non, non, l'homme n'a pas inventé les lois de son être; et ce n'est pas non plus en se contemplant qu'il découvre la raison infinie d'où la sienne émane, la cause éternelle de tout ce qui est*. Contingent et borné, où prendroit-il

« des maximes conformes à la nature de Dieu et de l'homme; c'est à « la véritable religion, ou à une ancienne tradition, que les uns et les « autres sont redevables des vérités qu'ils ont embrassées ou soute« nues. Et cette tradition venoit originairement d'une révélation divine, « ainsi que l'ont démontré quantité de bons écrivains, tels que les Voi« sins, les Pfanner, les Bochart, les Huet, les Kireher, les Thomassin, « les Clarke, les Cudworth, les Stanley, les Brueker, les Ramsay, les « Purchass, les Stillingtlcet, les Leland, les Burnet, les Dickinsou, les « Selmckford, les Goguet, les Ansaldi, et d'autres habiles littérateurs. « {tes Titres primitifs de la révélation; par le P. Gabriel Fabricy, « t. I, Disc. prélim., p. Xxxix-xli. Rome, 1772.) C'est donc une soua veraine intelligence créatrice, qui fit connoître elle-même aux pre« miers hommes par une tout autre voie que celle du raisonnement, « ces vérités fondamentales éparses dans les monuments des nations. a Le théisme a été par conséquent la base de la religion primitive des « hommes. » Ibid., p. Lvni.

Parmi les chrétiens, ceux qui prétendent que chaque homme trouve en soi, sans le secours d'aucun enseignement, les dogmes et les préceples de la religion primitive qu'ils nomment naturelle; ceux-là, dis-je, s'appuient de l'autorité de saint Paul, dans son Epitre aux Romains. Mais si l'on examine avec attention le passage qu'ils citent, on verra qu'il n'est rien moins que décisif en leur faveur. Voici le texte de l'apôtre : « Citm enim genies qux legem non habent, naturaliter ea « qux legis sunt, faciunt, ejusmodi legem non habentes, ipsi su)i « sunt lex: qui ostendunt opus legis scriptum in cordibus suis-- tes« timonium reddente illis conscientiâ ipsorum, etinlerse invicemeo« gitationibus accusantibus, aut etiam defendenlibus. — Les nations « qui n'ont point la loi (de Moïse), accomplissent naturellement les en lui-même l'idée de la souveraine perfection? A peine les meilleurs esprits la comprennent-ils, quand on la leur explique; et la parole qui élève notre intelligence jusqu'à la source de la vérité en lui montrant Dieu, assez puissante

« préceptes de la loi; ceux-là (sutoi) n'ayant pas la loi, sont à eux<t mêmes la loi; ils montrent l'œuvre de la loi écrite dans leur cœur, » leur conscience leur rendant témoignage, et leurs pensées s'accusant i et se défendant les unes les autres. » \Ep. ad Uom., H. 14 et 15.)

11 résulte des paroles de saint Paul, 1" Qu'il existe chez toutes les nations une loi morale; 2° que cette loi est naturelle, ou conforme à la nature; 5° qu'elle est écrite dans le cœur; 4° que la conscience la reconnoît et lui rend témoignage. Conclure de là que cette loi, pour être connue, n'a pas besoin d'être enseignée, c'est faire dire à l'apôtre ce qu'il n'a point dit, c'est ajouter une opinion à une vérité certaine.

La loi dont parle saint Paul est universelle; elle appartient à tous les peuples, gentes. S'ensuit-il que la connoissance en soit innée dans chaque homme? Pourquoi cette connoissance ne lui viendroit-elle point, comme celle de toutes les autres vérités universelles, par la société qui en conserve le dépôt? Une fois connue, elle se grave dans le cœur; elle y devient un sentiment, et c'est ce sentiment qui s'appelle conscience.

Cette explication très-simple et qui concilie le texte de l'apôtre avec d'autres textes formels de l'Ecriture, et avec ce que nous montre l'expérience de tous les temps, acquiert une grande force en comparant le passage cité avec un autre passage où saint Paul dit également, que la loi évangélique (loi révélée et connue seulement par le moyen extérieur de l'enseignement), est écrite dans nos cœurs: Manifestate, écrit-il aux Corinthiens, quod epistola estis Christi, ministrata à nabis, et scripta non atramento, sed spirilu Dei vivi : non in tabulis lapideis sed in tabulis cordis cornalibus. (II. ad Cor., 3.) C'est ainsi que Dieu, annonçant la loi nouvelle par la bouche du prophète Jérémie, disoit : « Je graverai ma loi dans leurs entrailles, et je l'écrirai dans « leur cœur, Dabo legem meam in visceribus eorum, et in corde eorum <i scribam eam. » (Jerem., xxxi, 33.) Comment cette promesse a-t-ello été accomplie? Par la prédication évangélique. C'est la parole qui a écrit la loi de Jésus-Christ dans les cœurs. Fides ex auditu, audit us autem per verbum Christi. (Ep. ad Rom', x, 17.)

Si l'on conclut du premier passage que tous les hommes trouvent en eux-mêmes la religion primitive, il faudra conclure du second que tous pour créer la foi, ne produit pas, à beaucoup près, dans l'entendement de tous les hommes, le même degré de lumière. Ils croient tous également et avec une égale certitude, quoiqu'ils ne conçoivent l'objet de leur croyance, ni avec une égale étendue, ni avec une égale clarté.

Les déistes et ceux qui, sans l'être, soutiennent impru. demment le même système sous le nom de Religion naturelle, font de cette loi nécessaire de l'homme intelligent une espèce d'instinct impossible à défmir, comme nous l'avons montré au commencement de cet ouvrage, en combattant le déisme. Qu'on se rappelle les innombrables contradictions de ses défenseurs, leurs variations perpétuelles, et leurs impuissants efforts pour établir une doctrine quelconque. Ils n'ont jamais à offrir que des opinions individuelles dépourvues d'autorité, de base et de sanction. Tantôt ils s'appuient sur le sentiment, tantôt sur le raisonnement; et aussitôt chacun vient avec son sentiment et son raisonnement proposer la Religion qu'il a faite, et qu'il n'a pas le droit de supposer meilleure, ni plus certaine que celle des autres. Les déistes ne pouvant dès lors exiger la foi d'aucun dogme, ni l'obéissance à aucun précepte, ils tombent, s'ils sont conséquents, dans l'indifférence sur toutes les vérités et sur tous les devoirs.

Se peut-il qu'on envisage une pareille conséquence sans effroi, qu'il y ait des esprits assez hardis, ou assez aveu

les chrétiens trouvent aussi la religion de Jésus-Christ en eux-mêmesce qui est manifestement faux. Saint Paul lui-même enseigne clairement que la vérité est d'abord révélée à l'intelligence, d'où elle passe ensuite dans le cœur. « Le Seigneur a dit: Je mettrai dans leur esprit lacon* noissance de mes lois, et je les écrirai dans leur cœur. Dicit DotU« nus : Dabo leges meas in mentent eoruin, et in corde eorum, stiper« seribam eas. « (Ep. ad llebr., vm, 10.) —Les hommes ne naissent pas chrétiens, ils le deviennent, futnt, non nascuntur christiaià, dit Tertullien. Apolog., cap. xvm.

« PredošláPokračovať »