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essayeroit-on de lui opposer ? Seroit-ce l'autorité du genre humain attestant les vérités révélées originairement? mais l'Église enseigne toutes ces vérités, elle les a reçues de la tradition, et cette tradition lui appartient avec toutes ses preuves, avec l'autorité qui en est le fondement, et qui est devenue une partie de la sienne. Seroit-ce l'autorité des Religions idolâtriques? mais elles ne s'en attribuent ellesmêmes aucune, puisqu'elles n'ont ni symbole, ni loi morale qui leur soit propre, ni même aucun enseignement. Seroitce l'autorité du mahométisme? mais le mahométisme n'est qu'une hérésie, une branche détachée du christianisme *, une secte entièrement semblable à celle des protestants **, où jamais Ton n'a pu s'accorder sur la doctrine, où chacun croit ce qu'il veut, et rien que ce qu'il veut, précisément parce qu'il n'y existe aucune autorité ; et il en est ainsi de toutes les prétendues églises qui se sont séparées de l'Église catholique. Hors d'elle on ne trouve donc qu'absence d'autorité, absence de loi, absence de Religion; on ne trouve, en un mot, que la raison individuelle et ses opinions, ses contradictions, ses erreurs: tant Dieu a voulu que la vérité fût manifeste à tous les regards dans l'unique société qui en conserve le dépôt.

Ces considérations, aussi simples que décisives, suffiroient pour les âmes droites; mais, dans ce siècle disputeur et nourri de sophismes, de plus longs développements sont nécessaires: il faut, pour ainsi dire, éclairer sur tous les points cette grande et imposante autorité que les passions s'efforcent d'obscurcir; il faut ôter toute excuse à ceux qui la mèconnoissent, et forcer du moins

* C'est ce qu'ont fort bien vu Leibnitz, William, Jones, Nicole, Jurieu et plusieurs autres théologiens, tant catholiques que protestants. ** Excepté dans ses rapports avec l'ordre politique.

l'orgueil à avouer hautement sa révolte, et à prononcer devant Dieu même et sous sa puissante main cette parole qui renferme toutes les erreurs et tous les crimes : le n'obéirai -point; non serviam1!

Nous avons dit que la Religion étoit l'ensemble des rapports qui dérivent de la nature de Dieu et de celle de l'homme ; et en effet les attribuls essentiels de l'Être divin sont en même temps les Caractères propres de la vraie Religion et les marques distinctives de la société qui la professe; en sorte que cette société et la Religion dont elle est dépositaire portent en elles-mêmes le signe certain et à jamais ineffaçable de leur céleste origine.

Ainsi Dieu est un, infmi, éternel, saint2: et la Religion, comme l'Église, est une, universelle, perpétuelle, sainte ou manifestement divine.

Toute Religion qui ne posséderoit pas ces caractères seroit nécessairement fausse, comme tout être qui ne seroit pas un, infini, éternel, saint, nécessairement ne seroit pas Dieu.

Quoiqu'il y ait peu de choses aussi évidentes par ellesmêmes que ces propositions, et quoique nous devions bientôt les appuyer sur des preuves de fait, il nous paroît convenable de montrer encore avec quelle clarté elles se déduisent de ce que nous avons établi précédemment.

La vérité est une : Dieu n'a pu révéler aux hommes des dogmes contraires ni leur donner des lois opposées ; d'ailleurs sa nature étant invariable ainsi que la nature de l'homme, les rapports qui en dérivent sont également invariables ; donc, la Religion révélée, la vraie Religionest une comme la vérité, une comme Dieu même.

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Les rapports naturels qui existent entre Dieu et l'homme, et les devoirs qui en résultent, étant les mêmes dans tous les lieux et dans tous les temps, ont dû aussi être connus dans tous les temps et dans tous les lieux, autant qu'il était nécessaire pour que l'homme pût vivre de la vie morale et intellectuelle ; autrement Dieu auroit refusé à quelques-unes de ses créatures le moyen de se sauver et de le glorifier. Donc la vraie Religion est universelle.

Les lois de notre nature intelligente ayant nécessairement commencé avec elle, et devant durer autant qu'elle, ne peuvent pas avoir un seul moment cessé d'exister et d'être connues depuis la création de l'homme: donc la vraie Religion est perpétuelle.

Enfin la vraie Religion est sainte ou divine, puisqu'elle n'est que la manifestation de Dieu même et l'expression de ses volontés.

Tels sont les caractères essentiels de la véritable Religion : ils appartiennent tous au Christianisme, et n'appartiennent qu'à lui; et, quand nous parlons du Christianisme, on ne doit pas arrêter son esprit aux temps écoulés depuis l'incarnation du Verbe.divin, mais il faut embrasser la suite entière de la Religion, avant aussi bien qu'après Jésus-Christ. Venu ou à venir, il fut toujours le fondement de la vraie foi, l'unique médiateur, le chef suprême de la société spirituelle des justes, et jamais les hommes n'ont été sauvés qu'en vue de ses mérites infinis, et par la vertu de son sang.

Ainsi le Christianisme a commencé avec le monde : se développant, selon les promesses, sans jamais changer au fond, sans jamais varier, il a demeuré dans ses divers états, et demeurera perpétuellement le même, perpétuellement un, comme en croissant, l'homme demeure identiquement le même homme; et le développement d? la vérité dans notre raison, depuis la première enfance jusqu'à l'âge de la pleine naturité, représente le développement de cette même vérité dans le genre humainl.

Sous différentes formes extérieures le Christianisme a donc existé toujours, et toujours il y a eu sur la terre une société enseignant et proclamant la loi à laquelle les hommes devoient obéir. « Ne croyez pas, dit un ancien « Père, que le céleste époux n'ait eu une épouse, que « Jésus-Christ n'ait eu une église que depuis qu'il a pris « ici-bas notre nature, mais depuis l'origine du monde. « Aussi saint Paul nous dit-il que l'Église a pour fonde« ment, non-seulement les apôtres, mais encore les pro« phètes et les patriarches; et, parmi les prophètes, il « compte Adam lui-même qui a prophétisé le grand mys« tère de Jésus-Christ et de son Église *. »

Qui ne seroit frappé de ce merveilleux et magnifique accord? Qui n'admireroit cette Religion à jamais immuable qui a vu s'écouler toutes les générations humaines, et dans laquelle les peuples, civilisés ou barbares, ont puisé tout ce qu'ils possédoient de vérités? Qui n'écouleroit dans le silence de l'étonnement et de l'amour la voix d'Adam prophétisant aux' races futures Jésus-Christ le réparateur de son crime, et la voix de Jésus-Christ pénétrant à la fois dans le passé et dans l'avenir pour annoncer le pardon promis et désormais irrévocablement accordé?

1 C'est l'imago dont se sert l'apôtre saint Paul, dans son Épitre aux Éphésiens. « Et ipse dedit quosdam quidem apostolos, quosdam autem « prophetas; alios vero evangelistas. alios autem pastores et doctores: « ad consummationem sanctorum, in opus ministerii, in sedificationcm « corporis Christi: donec occurramus omnes in unitatem tidei, et agni« lionis fîlii Dei, in virum perfectum, in mensuram setatis plenitudinis « Christi : ut jam nos simus parvuli fluctuantes, etc. » (Ep. ad Eph., cap. iv, 11-14.)

- Orig . Cant. cant., Iib. II; vide etiam Clem. Alex. Strom., lib. VII. Qui, sous le poids de la faute qui a brisé notre nature, oseroit .repousser ce grand pardon; qui oseroit dire: Je n'en ai pas besoin, je me sauverai moi-même"? Qui voudrait se séparer d'une société aussi ancienne que le temps, aussi étendue que l'univers, aussi forte que la vérité, aussi sainte que Dieu même? Qui refuseroit d'appartenir à celte Église, perpétuelle dépositaire des espérances du genre humain, et qui, en passant à travers les siècles, recueille les élus et les conduit dans l'éternité qui est son partage? 11 faut se décider; quiconque s'obstine à ne pas la reconnoitre.pour mère n'aura point départ à l'héritage de ses enfants. Est-il possible que l'on hésite? Le charme de l'indépendance est-il si puissant, ou l'ivresse des plaisirs si douce, qu'on y sacrifie le bonheur même, et un bonheur sans mesure comme sans fin? Quel aveuglement incompréhensible! Vous que l'orgueil domine encore, vous que les passions courbent vers la terre, faites un effort, levez la tête, jetez sur le ciel un dernier regard, et puis demandez à votre cœur s'il consent à y renoncer pour jamais!

Avant d'entrer dans le détail des preuves qui démontrent que le Christianisme reposera toujours sur la plus grande autorité visible, et que les caractères essentiels de la vraie Religion lui ont constamment appartenu, il nous paroît convenable de faire voir que les autres Religions, dépourvues de ces caractères, n'ont jamais possédé d'autorité réelle, et qu'ainsi on a toujours pu en reconnoitre aisément la fausseté.

Si on excepte le mahométisme, dont nous parlerons à

1 II n'y a point d'homme, il n'y en eut jamais qui, croyant à une auIre vie, et s'occupant de son salut, n'ait prié Dieu de le sauver, et qui, par conséquent, n'ait reconnu la nécessité d'un secours divin, et l'impuissance où est l'homme de se sauver lui-même.

». Î7

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