Obrázky na stránke
PDF
ePub

avec un calme effrayant. Jamais une pareille leçon n'avoit été donnée aux hommes. La raison affranchie de l'autorité ne connut plus aucune règle; elle renversa les croyances, les mœurs, les lois, tout ce qui soutenoit l'empire. Miné par sa base, on vit cet énorme édifice pencher : les peuple» se troublèrent, la terre s'émut, comme aux approches de sa fin : alors une voix se fit entendre, la voix Au Seigneur Dieu des vertus; les nations accoururent, et contemplèrent son œuvre; un grand prodige venait de s'opérer. Une croix avoit sauvé le monde, el le Christianisme s'élevoit sur les ruines de la philosophie et de l'idolâtrie.

Quoique celle-ci, par ses conséquences immédiates et directes, ne fût pas aussi dangereuse que la philosophie pour la société, elle n'en étoit pas moins un des crimes les plus graves que l'homme pût commettre, et un principe toujours agissant de dépravation morale et intellectuelle. Ou ne doit donc pas s'étonner que Dieu la défende avec tant de force dans l'Écriture, et prononce contre elle des p -ines si sévères. Mais ce qui peut justement surprendre, ce qui mérite d'être examiné comme un des plus étranges phénomènes qu'offre l'histoire du genre humain, c'est ce penchant universel des peuples pour des cultes aussi absurdes que honteux, pour cet ignoble servage qui révolte également la conscience et la raison, penchant qu'on observe encore aujourd'hui dans une portion considérable du monde, et que le Christianisme seul a vaincu.

La première cause d'un fait si extraordinaire se trouve sans doute dans la dégradation originelle de notre nature, et il suffiroit pour la prouver. Mais avant de rechercher comment l'idolâtrie s'est établie, il est nécessaire de mon

1 Conturbatae sunt gentes et inclinais suht regna : dedit vocem sunm; mota est terra; Dominus virtutum nobiscum, fufceptor noster Deus Jacob. Venite et videte opera Domini, quse posuit prodigia super terram. Ps. iiv, 7-9.

trer en quoi proprement elle consiste; ce qui exige qu'on ait d'abord une juste idée de la Religion révélée primitivement ou de la vraie Religion ; car toute erreur est fondée sur quelques vérités dont on abuse, comme le remarque Rossuet dans un passage que nous citerons bientôt en entier.

Un Dieu unique, immatériel, éternel, infini, tout-puissant, créateur de l'univers; tel étoit le premier dogme de la Religion primitive, et la tradition, ainsi que nous le ferons voir, en conserva perpétuellement la connoissance chez tous les peuples. Tous les peuples, instruits par elle, connoissoient aussi la nécessité du culte, c'est-à-dire de l'adoration, de la prière et du sacrifice, la loi morale, l'existence des bons et des mauvais anges, la chute de l'homme dégénéré, et le besoin qu'il avoit d'expiation, enfin l'immortalité de l'âme, et l'éternité des peines et des récompenses futures.

- La vraie Religion se composoit de ces croyances antiques et universelles qui renfermoient tous les devoirs de l'homme, la loi de son esprit, de son cœur et de ses sens; et l'on ne peut guère douter qu'elle n'ait longtemps subsisté sans altération, au moins essentielle.

C'étoit un des points de la doctrine ancienne, que Dieu gouvernoit le monde, même matériel, par le ministère des esprits, à chacun desquels il lui avoit pin d'attribuer certaines fonctions. Il se servoit-des bons pour maintenir l'ordre général, pour veiller aux empires, pour protéger les hommes et répandre sur eux ses bienfaits; il pennettoit aux mauvais de les éprouver, comme on le voit dans l'histoire de Job, ou les chargeoit d'exécuter les arrêts de sa justice 1. Partout l'Écriture rappelle ce merveilleux mi

* Misit in eos iram indignationis sua? : indignationem, et iram, et trihiilntionem : immissiones per angelos malos. Ps. tncvn, 49. Mittil nistère des anges, et, à quelque époque qu'on veuille remonter, on ne trouvera point sur la terre de tradition plus cOnstante,

L'Évangile nous montre Jésus-Christ lui-même tenté par Satan, et guérissant des hommes soumis à la puissance des esprits de malice. Il nous enseigne que les petits enfants, tendre objet des soins d'une providence maternelle, ont des anges préposés à leur garde * ; tant est grand le prix de notre âme aux yeux de Dieu! Tous les esprits célestes sont ses ministres, selon saint Paul, et il les envoie pour nous aider à recueillir l'héritage du salut *, pour nous défendre contre celui qui a été homicide dès le commencement o, et qui tourne sans cesse autour de nous, C07707)le ?l7l lion, pour nous dévorer * ; car nous n'avons pas à lutter seulement contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre ceux qui ont pouvoir dans ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants répandus dans l'air".

si quidem Dominus in iram et furorem suum per angelos pessimos. S. Hieron. ad Ephes., 1, 7, p. 574. — Malis pœnas irrogari et per bonos angelos, sicut Sodomitis, et per malos angelos, sicut Egyptiis legimus : justos vero corporalibus pœnis per bonos angelos tentari et probari, non mihi occurrit. S. Aug., Enarrat. in psal. LxxvII, n. 29, tom. IV, col. 854, ed. Bened. 1 Videte ne contemnetis unum ex his pusillis; dico enim vobis, quia angeli eorum in cœlis semper vident faciem Patris mei qui in cœlis est. Matth., xvIII, 10. * Nonne omnes sunt administratorii spiritus, in ministerium missi propter eos qui haereditatem capient salutis. Ep. ad Hebr., 1, 14. * Vos ex patre Diabolo estis... ille homicida erat ab initio. Joann., vIII, 44. * Adversarius vester Diabolus, tanquàm leo rugiens, circuit quaerens quem devoret. Ep. I Petr., v.8. * Quoniàm non est nobis colluctatio adversùs carnem et sanguinem, sed adversùs principes et potestates, adversùs mundi rectores tene

Dépositaires fidèles de l'antique tradition confirmée par l'enseignement de Jésus-Christ et des apôtres, les saints Pères, d'une voix unanime, nous apprennent que la providence du Très-Haut s'étend à tout ce qui existe, et qu'il se sert, pour l'exécution de ses desseins, du ministère des anges. Ils gouvernent l'univers et le conservent. Ils président à toutes les choses visibles, aux astres du ciel, à la terre et à ses productions, au feu, aux vents, à la mer, aux fleuves, aux fontaines, aux êtres vivants. Ils présentent à Dieu les prières des hommes ; associés à sa vaste administration, ils ne dédaignent aucune des fonctions que leur confie le Tout-Puissant, et chacun d'eux se renferme dans l'emploi qui lui est prescrit. Ainsi parlent saint Justin, Athénagore, Théodoret, Clément d'Alexandrie, saint Grégoire de Nazianze, Origène, Eusèbe de Césarée, saint Jérôme, saint Augustin, saint Hilaire, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, saint Cyrille et saint Thomas

Écoutons maintenant Bossuet expliquant la même doctrine: « Nous voyons avant toutes choses, dans ce livre

brariim harutn, contra spiritualia nequitise in cœlestibus. Ep. ad Eph.vi, 12.

'O' 0;o; Tov nâ-jrâ Xdtjuov 7roojsa;;, x. T. J. Justin., Opol., II, n. 5. — Athenag. legat- pro Christ., n. 10.

Docetur nihil negligenter et sine curâ à Deo administrari, sed ipsum omnia dispensare sanctorum angelorum ulendo ministerio. Théodore!, q. 82 in Genes.

Idem Plato quos ex Scripturà habemus parvulorum ac minimorum angelos qui Deum videant, et diligentem illam vigilemque curam que à praesidibus ac tutelaribus angelis in nos derivatur aperiens, ità scribere nondubitat. Clem. Alex., lib. V, Stromat.

Pronaque ad obsequium pars altera sustinet orbem,
Auxilioque suo servat...

S. Gregor. Nazian., carm. 6.

Omnibus rebus angeli prsesident tam terrs e et aqua e quàm aeri et igni. id est praecipuis elementis, ethocordine perveniunt ad omnia animalia

« divin (l'Apocalypse), le ministère des anges. 0n les voit « aller sans cesse du ciel à la terre, et de la terre au- ciel; (( ils portent, ils interprètent, ils exécutent les ordres de

ad omne germen, ad ipsa quoque astra cœli. 0rigen., Homil. 8 in Jerem. Virtutes hujus mundi ministeria ità suscepisse, ut illæ terræ vel arborum germinationibus, illæ fluminibus ac fontibus, aliæ ventis, aliæ marinis, aliæ terrenis animalibus præsint. Id., Homil. in Josue, 25. Divinas illas virtutes quæ summi Patris numine orbi universo præsident, bonorum divisioni accommodat. Euseb., Præpar. evang., lib. VII. Cùm divinas quasdam ac Dei præpotentis famulas administratasque virtutes agnoscamus. Id., ibid., cap. xv. Nonnulli eos angelos esse arbitrantur, qui quatuor elementis præsident, terræ videlicet, aquæ, igni et aeri. S. Hyeron., Comment. in ep. ad Galat., lib. II, cap. iv, tom. IV. Édit Benedict., col. 266. Uiiaquæque res visibilis in hoc mundo habet angelicam potestatem sibi præpositam, sicut aliquot locis Scriptura divina testatur. S. August., Lib. de divers. quæst. octoginta-tribus; quæst. LXXIX, tom. VI, col. 69. Sublimibus angelis, Deo subditè fruentibus et Deo beatè servientibus, subdita est omnis natura corporea, omnis irrationalis vita, omnis voluntas vel infirma vel prava, ut hoc de subditis vel cum subditis agant quod maturæ ordo poscit in omnibus, jubente illo cui subjecta sunt omnia. Id de Genes. ad litter., lib. VIII, cap. xxiv, tom. III, col 241. Spiritus rationales cœlestibus corporibus præsidentes. Id., de utilit. jejunii, serm., cap. 1, tom. VI, col. 615. An ipsos quoque angelos qui in istius mundi laboribus diversa sustinent ministeria, sicut in Apocalypsi legimus. S. Ambr., Ep. 54. Fidelium orationibus præesse angelos absoluta auctoritas est. S. Hilar., Comment. in cap. xviii. Matth., n. 5. Constituit Deus angelos secundùm climata orbis, ut singuli curam gererent, quemadmodùm ait et Moyses, singularum gentium. Constituit autem ad inanimem creaturam regendam, solem, et lunam, et terram et quæ in iis sunt ut hominum usibus inservirent. S. Joan. Chrysost., Homil. in natal. Christi, apud Photium, cod. 277. Sanctus Paulus scribit de sanctis angelis omnes esse administros spiritus ad miuisterium missos propter eos qui hæreditatem salutis accepturi sunt, quod non est obscurum. Omnia enim ab istis supernis potestatibus cum ordine administrantur, honorisque et administrationis termini cujusque suQt constituti à Deo quia omnia pro arbitratu suo dispensat. Idem tamen quasi jugum est omnibus sanctis spiritibus, qui non

« PredošláPokračovať »