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élevé au-dessus de l'homme, plus l'homme, esclave des sens, éprouvoit le besoin de se le représenter par quelque image l, qui fixât sa pensée vacillante, et soulageât la faiblesse de son entendement Ce fut là, probablement, une des causes de l'idolâtrie : on honora le Créateur dans ses œuvres les plus éclatantes, devenues autant de symboles de la Divinité 5.

Une cause non moins ancienne contribua plus qu'aucune autre à faire naître et à propager les cultes idolâtriques. Déchu de son premier état par une faute, dont tous les peuples avoient conservé le souvenir, l'homme coupable et dégradé ne levoit qu'en tremblant ses regards vers le Dieu souverainement parfait, que sa conscience craignoit de rencontrer, et qu'à peine son esprit pouvoit atteindre dans les redoutables profondeurs de sa puissance et de sa gloire. 11 chercha donc des êtres plus rapprochés de sa nature, et en même temps moins éloignés de la nature divine, afin qu'ils fussent comme les médiateurs entre l'Eternel et sa créature tombée *; et cette idée put paroître

1 Idolâtrie, Eî5«>o>ar/ssfa, signifie littéralement culte des images. — Idololatrs e dicuntur qui simulacris eam servitutem exhibent qus e debetur Deo. S. August., de Trinil., lib. I, cap. un, Oper., tom. VIII, col. 156.

* Maxim. Tyr., dissert. 58. — Fragilis et laboriosa mortalitas (Deum) in partes ita digessit, inflrmitatis suffi memor, ut portionibus colere! quisque, quo maximè indigeret. Plin., Hist. nat., lib. II, cap. v.

5 Vid. Orig. contr. Ccls., lib. III, n. 18 et 19. — Suivant Ferdoury, : poCte persan, Houshcngkh, second roi de la dynastie pyshdadicnne, ordonna d'adorer le feu, comme le Nour-e-Khadah ou la lumière de Dieu. (Hist. de Perse, trad. de l'anglais de sir John Malcolm. tom. I, p. 20.

4 a Personne ne se livre à un culte étranger (ou idolâtrique), dans <i la pensée qu'il n'existe point' d'autre divinité que celle qu'il sert. Il « ne vient non plus dans l'esprit de personne qu'une statue de lois, « de pierre ou de métal, est le créateur et le gouverneur du ciel et de « la terre; mais ceux qui rendent un culte à ces simulacres, les regard'autant plus naturelle, qu'elle sembloit se rapprocher de l'antique tradition, qui annonçoit le véritable médiateur. « Sentant, dit le docte Prideaux, leur néant et leur indt« gnitè, les hommes ne pouvoient comprendre qu'ils « pussent d'eux-mêmes avoir accès près de l'Être suprême. « Ils le trouvoient trop pur et trop élevé pour des hommes « vils et impurs, tels qu'ils se reconnoissoient. Ils en con« durent qu'il falloit qu'il y eût un médiateur, par l'inter« vention duquel ils pussent s'adresser à lui ; mais, n'ayant « point de claire révélation de la qualité du médiateur que « Dieu destinoit au monde, ils se choisirent eux-mêmes « des médiateurs, par le moyen desquels ils pussent s'a« dresser au Dieu suprême; et, comme ils croyoient, d'un « côté, que le soleil, la lune et les étoiles étoient la de« meure d'autant d'intelligences qui animoient ces corps « célestes et en règloient les mouvements; de l'autre, que « ces intelligences étoient des êtres mitoyens entre le Dieu « suprême et les hommes, ils crurent aussi qu'il n'y en « avoit point de plus propres à servir de médiateurs entre « Dieu et eux 1. »et ne considérant que les exécuteurs de ses ordres, ils se prosternèrent devant eux comme devant la divinité ellemême, et par tous les moyens qu'une imagination déréglée leur suggéra, ils s'efforcèrent d'apaiser leur haine, de détourner leur vengeance, ou de s'assurer leur profection. On ne peut pas douter que l'esprit du mal, Satan et ses anges, éternels ennemis du genre humain, et dont le genre humain tout entier atteste l'existence, n'aient employé leur pouvoir funeste pour le précipiter dans cet effroyable désordre 4. Excitant les passions d'une créature aveugle et corrompue, l'enivrant d'affreux désirs, ils se firent adorer des peuples, et l'on vit tous les crimes, évoqués de l'abîme, traverser le cœur de l'homme, et aller s'asseoir sur d'infâmes autels *. Ainsi, par un horrible progrès de la dépravation, le culte des esprits devint presque uniquement le culte de l'enfer et de ses princes *. Il existoit encore une autre espèce d'idolâtrie, non moins générale, celle des hommes morts, et quelquefois même vivants, à qui on décernoit volontairement, ou qui ordonnoient qu'on leur décernât les honneurs divins. Le culte des morts dut son origine à la piété envers les ancêtres ', et à la reconnoissance envers les rois et les bienfaiteurs des nations*. Les hommages qu'on rendoit à leur mémoire, fondés sur le dogme universel de l'immortalité de l'âme, dégénérèrent promptement en superstition, et . enfin en une véritable idolâtrie. L'orgueil, en menaçant, demanda des adorateurs5; la crainte et le désir en amenèrent aux pieds de tous les vices *.

Telle fut l'origine du sabéisme. Les intelligences célestes qui présidoientaux astres2, honorées d'abord simplement

« dent comme l'image et le vêtement de quelque être intermédiaire « entre eux et Dieu. » Maimonide, MoreNevoch., part. I, cap. xxxvi.

1 Hist. des Juifs, t. I, p. 393.

2 Earum autem perennes cursus, atque perpetui, cum admirabili, incredibilique constantiâ, declarant in his vim, et mentem esse divinam : ut, hsec ipsa qui non sentiat deorum vim habere, is nihil om-' nino sensurus esse videatur. (Cicer., Denat. deor., lib. Il, cap. xxi.) « Tous les hommes, dit Platon, voient le corps du soleil, personne ne « voit son âme, non plus que celle d'aucun être animé, soit vivant, soit <i mort: les sens corporels ne sauraient percevoir ce genre de sub« stances qui ne peuvent être conçues que par l'esprit: » U'/to j 7rii Avojîwîio; »fi/"t .a5v bpx, ^u^v Se oùfsl;, x. T. A. De legib-, lih. X, tom. IX. Oper., p. 94 et 95. Ed. Bipont. C'est un fait indubitable, dit

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tion de l'homme, parce qu'il les regarde comme les auteurs immédiats de sa félicité. Beausobre, Hist, de Manichée et du manichéisme, liv. IX, ch. Iv, t. II, p.657.

* S. Aug., De civit. Dei, lib. VIII, cap. xxxIII.

* Quarum omnium rerum quia vis erat tanta, ut sine Deo regi non posset, ipsa res deorum momen obtinuit. Quo ex genere, Cupidinis, et voluptatis, et Libenlinae Veneris vocabula consecrata sunt, vitiosarum rerum, neque naturalium... Sed tamen ea ipsa vitia naturam vehementiùs saepè pulsaut. Utilitatum igitur magnitudine constituti sunt ii dii qui utilitates quasque gignebant. Atque his quidem nominibus, quo paulo antè dicta sunt à me, quae vis sit, in quoque declaratur Deo. Cicer., De nat. Deor., lib. II, cap. xxIII.

* Omnes dii gentium daemonia. Ps. xcv, 5. -- Quae immolant gentes, daemoniis immolant et non Deó. Ep. l, ad Corinth., x, 20. Volf., Manichæism, ante Manichae0s, sect, lI,

Sous une multitude de formes diverses, l'idolâtrie se réduisoit donc au culte des esprits répandus dans tout l'univers, et au culte des hommes qu'on croyoit être élevés, après leur mort, à un degré de puissance et de perfection qui les rapprochoit des esprits célestes *. Les

1 Plat. De Legib., lib. XI, t. IX, p. 130 et 151. Edit. Bipont. Vojez aussi la Relation du P. Rubruquis, dans Harry's Travels, vol. I, p. 570.

* Suscepit etiam vita hominum, consuctudoque commun!?, ut berieficiis excellentes viros et cœlum l'amâ, ac voluntate tollerent. Hinc Hercules, hinc Castor et Pollux. hinc Esculapius, hinc Liber etiam. Cicer., De nat. Deor., lib. II, cap. xxiv.

5 Sexlus Empiricus, p. 552.

* Qua e prima (Venus) artem meretriciam instituit, authorque mulieribus in Cypro fuit, uti vulgo corpore qusestum facerent. Quod ideircù imperavit, ne sola prêter alias mulieres impudica et virorum appetens videretur, Ennii frag. ab. Hyeron. Columna collect. ex lnstit. Imctant., lib. I.

• Cicer. De nat. Deor., lib. I, cap. xv.— « On savoit, par l'ancienne « tradition, qu'il existoit des esprits supérieurs à l'homme, ministres

« du grand Roi dans le gouvernement du monde. Ce furent ces esprits « dont on anima l'univers : on en plaça partout, dans le ciel, dans les « astres, dans l'aie, dans les montagnes, dans les eaux, dans les forêts, a et même dans les entrailles de la terre; et l'on honora ces nouveaux « dieux selon l'étendue et l'importance du domaine qu'on leur avoit « attribué. Subordonnés les uns aux autres, on leur faisoit reconnoître « pour supérieur un Génie du premier ordre, que des nations plaçoient « dans le soleil, et d'autres au-dessus de cet astre, selon que le caprice «r le leur dictoit.

• Ce système conduisit insensiblement au culte des morts. Les héron,

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