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mais après avoir subi de nombreux changements, sur les bords du Gange et de l'Indus. On y adoroit aussi des divinités humaines, et particulièrement Bouddha, que son éclatante sainteté fit placer au rang des dieux, dit Clément d'Alexandrie1. Les esprits qui présidoient aux fleuves et aux éléments, et les animaux même* sont encore aujourd'hui dans l'Inde, comme jadis en Egypte, l'objet d'un culte superstitieux : mais ce culte, les Égyptiens le rapportoient à des génies d'une nature différente de la nôtre, tandis que les Indiens croient par là honorer les âmes des morts3.

Il y a de fortes raisons de penser que la Religion primitive s'est longtemps conservée plus pure à la Chine que dans presque toutes les autres contrées du monde. Cependant le respect pour les ancêtres y a dégénéré en une idolâtrie réelle; et plusieurs sectes y ont adopté les superstitions indiennes, particulièrement celles du Thibet. Là, comme dans l'Indostan, ces superstitions reposent sur la croyance des bons et des mauvais esprits *, qui tous doi

1 Etît oè Twv 'Ivtï&iv oi rot; Bourra mtQô^joi 7rszoayysiuaîtv, h v ù-KspZoj.ïtv ffs^jôrviroi eti Qzbv Ts rertju>ixs(fft. Stromat., lib. I. p. 505. Il n'y a pas eu seulement deux Bouddhas ou Bouttd, comme on pourroit le conclure d'un passage de saint Jérôme, lib. I, adv. Joviniam. C'est le nom commun d'une longue suite de pontifes de la relisrionde Bouddha. M. Abel Ilémusat a donné sur ces divers Bouddhas une notite très-curieuse dans le Journal des savants de 1820. > 2 Voyez les Recherches asiatiques. Hist. des rit. relig. deslnd.— Parallèle des religions, t. I. — Hist. de Sumatra, par William Marsden, tom. II, p. 101 et suiv. — Hist. des Indes. par Bairos et la continuation par Couto. — Maurice's History of Iudostan. — Henry Lord, Religion of Banians. — Holwell, Hist. events. — Dow, Hist. o[ Indostan.

5 « Les Indiens rendent- un culte aux animaux parce qu'ils renfer« ment, croient-ils, les âmes des morts. » Mém. de Bernier, lom. 111, p. 154. —Vid. etiam Petr. Maffei, Hist. Ind., lib. I, p. 56.

4 Interque deos habent beneficos, alios maleficos, eosque sibi miiu» vent leur origine à la raison primordiale '. Les Chinois reconnoissent même l'existence des .anges gardiens et des anges tentateurs de l'homme*.

L'idolâtrie propre du Japon est le culte des dieux Kamis. « Sin et Kamis, dit Kœmpfer, sont les noms des « idoles qui font l'objet de ce culte... Ces noms signifient « âmes ou esprits. Les Japonais ont deux généalogies de « leurs dieux. La première est une succession d'esprits cé« lestes, d'êtres purement spirituels... La seconde est une « race d'esprits terrestres, ou dieux-hommes... Enfin ils « engendrèrent la troisième race qui habite aujourd'hui lo « Japon3. » Nous ne décrirons point les diverses superstitions des Japonais, plusieurs desquelles paraissent avoir

adversantes constiluunt. Alphab. thibetan., t. I, p. 163. — Voyage à Pcking, Manille, etc., par M. de Guignes, t. H, p. 250 et Ouït.

1 Mémoire sur la vie et les opinions de Lao-tseu, par M. Abel Rémusat, p. 27.

2 Sur les religions de la Chine, voyez les tettre* édifiantes; les Mémoires de la Chine, du P. le Comte; Martini; du Halde; Grozier; VHist. des Huns, par M. de Guignes, t. I, part. I; les Mém. de Yacad. des Inscript., tomes X'et XV. Le P. d'Entrecollcs envoya de l'eking, en 1722, la traduction d'un livre chinois, qu'il intitule Mœurs de la Chine. On nous a communiqué cet ouvrage inédil; nous en citerons deux passages qui confirment ce que nous disons dans le texle. s< Pour ce qui est d'avoir commercé avec les esprits, c'est chose ab« struse et fort creuse; mais 'supposons que les esprits viennent étant « appelés, pour moi je crois qu'on doit être bien embarrassé et tout « honteux de soi-même, se trouvant devant un de ces saints esprits; <t pourquoi donc les faire descendre? Que si ce sont des démons qu'on « appelle, tout commerce avec eux ne peut aboutir à rien de bon. » P. 62 du Ms. — « Dès que j'ai une bonne pensée, aussitôt un bon « esprit est là pour m'aider à l'exécuter; mais m'en vient-il une mé« chante, un esprit malin me pousse à l'accomplir. » Ibid., p. 35. «On « appelle généralement Endouri tous ces êtres que les hommes adorent

- « sans les voir ni les entendre, et à la place desquels ils mettent, pour « leur sacrifier, une image qui les représente. » Dict. Mandchou. 5 Hist. Japon., lib. III, cap. i et n

é!é apportées de l'Inde ; mais nous ferons observer qu'ils croient à des esprits préposés à la garde des hommes et des lieuxl.

Revenons en Afrique, afin de comparer, sous le rapport de la Religion, son état ancien avec son état actuel. Dans l'Ethiopie, dont Meroë étoit la métropole, et qui comprenoit autrefois une portion considérable de l'Afrique centrale et méridionale, l'idolâtrie ressembloit, en plusieurs points, à celle de l'Egypte. On y reconnoissoit des dieux de différents ordres, les uns immortels, et les autres mortels*. Les Ethiopiens rendoient aussi un culte aux bienfaiteurs du pays, et aux rois, qu'on regardoit, dit Strabon, comme les gardiens et les sauveurs du peuple3.

On adorait en Libye le soleil et la lune, et des divinités humaines*, entre autres Psaphon, que les Libyens déifièrent pour avoir enseigné aux oiseaux à répéter ces paroles, le grand dieu Psaphon5.

Les Augilites n'honoroient point d'autres dieux que les Mânes6, c'est-à-dire, les démons inférieurs et les âmes des hommes. Les habitants de Cyrène adoroient Battus, leur premier roi7. Ceux de l'Afrique propre, qui ètoit située

1 Voyez, outre Kœmpfer, VHist. du Japon, par le P. Charlevoix; la Vie de saint François-Xavier, par le P. B. Bouhours; les lettres de ce saint; et VHist. des Huns, par M. de Guignes.

2 0eov Se vojutÇo&fft T&v pïv àOxvxrov... Tôv S: 0vîirov. Strab., 1. XVII, p.M77.

3 Kxi Toutwv y.Vj |3afftisw; xoivcù; a7ravrwv jj.lv awrir,pzi x-jX çiWaxa;. lbid., p. 1178.

4 Herodot., lib. IV, cap. Clxxxvui, et lib. II, cap. î. — Diod. Sicul., lib. V, p. 386. Ed. Wesscling. — Lactant. Divin. Inst., lib. I, cap. x.

6 Maxim. Tyr., dissert. 19.

Augils e inferos tantùm colunt. Plin., lib. V, cap. vm. — Pompon. Mêla, lib. I, cap. vm.

7 Herodot., lib. IV, cap. cuti.

entre la Cyrénaïque et la Mauritanie, adoroient Mopsus, roi des Argives, parce que ce peuple, dit Apulée, n'appeloit dieux que ceux qui avoient vécu avec justice et prudence ". Chez les Atlantes, qui habitoient la partie occidentale de l'Afrique, dans la Mauritanie, à Carthage, on trouve un mélange informe de divinités célestes, de démons, et de dieux humains*. Le fétichisme est aujourd'hui à peu près la seule Religion des peuples idolâtres de l'Afrique*. C'est le culte des mauvais esprits ; aussi ils les craignent et ne les aiment pas*. De là les affreux sacrifices si communs dans ces contrées. Dans la stupide terreur qu'inspirent des êtres malfaisants, on cherche à les apaiser avec du sang et des crimes. Il paroît que les Achantes se croient abandonnés du Dieu de l'univers*. Ne seroit-ce point comme une sorte de tradition terrible des descendants de Cham? « Ils pen« sent que leurs fétiches ou divinités secondaires habitent « des rivières, des bois et des montagnes particulières... « Le fétiche favori d'Aschantie est dans ce moment celui « de la rivière Tando '. » Outre le fétiche commun supposé le plus puissant, chacun a ses fétiches particuliers, qu'il honore à sa manière *.

* Quippe tantùm eos deos appellant, qui ex eodem numero justè ac prudenter vitae curriculo gubernato, pro numine posteà ab hominibus proditi, fanis et cœremoniis vulgo advertuntur : ut in Bœotiâ Amphiaraüs, in Africâ Mopsus, in AEgypto Osiris, alius aliubi gentium. De Deo Socrat., t. II, p. 689, 690. Ed. Delph.

* Diodor. Sicul., lib. III, p.224 et seq. —Strabo, lib. XVIII, p. 1189. — Justin., lib. XVIII, cap. vI. — Tertul. Apolog., cap. xxiv. — Lact., lib. I, cap. xv. — Les Carthaginois sacrifioient à Amilcar. Herodot., lib. VII, cap. CLxvIIF.

* Voyez Parallèle des religions, t. I, p. 705 et suiv. Dapper, Descript. de l'Afrique; et l'Hist. des Voyages.

* Relation de Des Marchais, p. 66. — Les Hottentots adorent la lune : ils rendent aussi des hommages religieux à un être malfaisant qu'ils reconnoissent pour l'auteur du mal, et dont ils cherchent à conjurer la malice en l'adorant. Kolbe, Relation du cap de Bonne-Espérance, t. I, ch. vIII. -

* Voyage dans le pays d'Aschantie, par T. E. Bowdich, trad. de l'anglais. Paris, 1819, p. 571.

Le culte des manitous, répandu parmi les sauvages de l'Amérique, n'est non plus que le culte des esprits5. Les Cemis des Insulaires étoient regardés comme les auteurs de tous les maux qui affligent la race humaine*. Le culte qu'on leur rendait n'avoit d'autre objet que de les apaiser 5. Plusieurs peuples du Nouveau-Monde adoroient aussi les puissances célestes, le soleil, la lune, les étoiles6, et

1 M., ibid.
- Ibid., p. 377.

5 « La plupart des Américains sont fort prévenus que ces objets « qu'ils consacrent, deviennent autant de génies ou de maniions. Le « nombre en est si peu déterminé, que les Iroquois les appellent en

« leur langue d'un nom qui signifie esprits de toutes sortes La

« prière ordinaire des sauvages aux manitous, est pour en obtenir « qu'ils ne leur fassent point de mal. » Du culte des dieux fétiches, p. 51-55.

« Un sauvage qui avoit un bœuf pour manitou, convenoit un jour « que ce n'étoit pas ce bœuf même qu'il adoroit, mais un manitou de « bœuf qui étoit sous terre, et qui animoit tous les bœufs. Il convenoit « aussi que ceux qui avoient un ours 'pour manitou,- adoroient un pa« reil manitou d'ours. >> Ibid., p. 58. Voyez aussi Latiteau, Les moeurs des sauvages américains, t. I, p. 555. — Tableau civil et moral des Araucans, extrait du Viagero nniversal : Annales des Voyages, de la géographie et de l'hist., t. XVI, p. 90 et suiv. Charlevoix, Histoire de la Nouvelle-France, tom. III, p. 343. — Creuxii Hist. Canad.. p. 85 ut seq.

4 Oviedo, Bist. des Indes, liv. III, ch. i, p. 5. — P. Martyr. Decad., p. 102 et suiv. — Robertson, Histor. of America, vol. II, book. IV, p. 166.

5 Du Tertre, Histoire général; des Antilles, t. II, p. 565. — State of Virginia by a native, book III, p. 52, 33. — Bancroft, Nat. hist. of Guiana, p. 309.

0 Leclerc, Histoire deGaspésie, ch. ix et x. — n On n lieu d'assurer

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