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des dieux d'origine humaine, principalement au Mexique et au Pérou 1. Les habitants des terres australes reconnoissent également des esprits de différente nature et de différents ordres, qui ont été créés par un Dieu supérieur. Ils se choisissent des patrons, des divinités tutélaires parmi les esprits célestes. Les mauvais génies sont appelés Elus malebus aux îles Carolines. Un de ces génies, nommé Merogroq, fut autrefois chassé du ciel2.

Tel est en raccourci le tableau fidèle des Religions païennes qui ont régné, ou qui régnent encore dans le monde. Il eût été facile de l'étendre; mais nous croyons avoir suffisamment prouvé, que l'idolâtrie ne fut jamais que le culte des esprits bons et mauvais*, et le culte des hommes distingués par des qualités éclatantes, ou vénérés pour leurs bienfaits; c'est-à-dire, au fond, le culte des anges **et celui

« que le culte du soleil, de la lune et des astres, étoit le plus général » en Amérique. » lettres américaines, par M. le comte J. R. Carli, t. I, p. 115.

1 Vid. M. de Humboldt, Vue des Cordillières, et monuments des peuples indigènes de l'Amérique, t. I, p. 109 et suiv. — Jean de Laët., Nov. orbis. — Garcilaso de la Vega, Hist. du Pérou etdeslncas. Parallèle des religions, t. I. — Histoire générale des cérémonies des Peuples du monde.

2 Parallèle des religions, t. I, part. I, p. 694.

* Les anciens Zabéens adoroicnt Sammaël, qu'ils regardoient comme le prince des démons. Hotlinger, Hist. orient., lib. I, cap. vm. Et Stanley's History ofphilosoph., p. 1065. Les esprits malfaisants étoient appelés Tftitzimiones par les Mexicains.

** II est très-vraisemblable que les dieux des Grecs ont été forgés sur l'idée des anges bons ou mauvais; et de là sont venus aussi les Egregores des Hébreux, les Annedots des Chaldéens, les Gitmes, les Génies, les Bons, les Archontes, les Titans, les Géants, en un mot, les dieux et les demi-dieux tlu paganisme. Le témoignage de Philon (dans son livre des Géants) est formel sur cet article. « Moïse, dit cet auteur, « a jcoutume d'appeler anges ceux que les autres philosophes nom« ment démons. Ce sont des âmes qui volent dans l'air; et personne j dessainte1. Afinde rendre cette vérité encore plus évidente,il convient de montrer qu'en adorant soit des esprits intermédiaires, soit des hommes, on ne les confondoit point avec le Dieu suprême, le vrai Dieu. La preuve la plus invincible qu'on en puisse donner, c'est que la notion de ce Dieu unique, éternel, infmi, s'est toujours conservée chez tous les peuples, malgré l'outrageant oubli où le laissoit leur culte: mais comme nous n'avons pas encore établi ce fait important, et qu'il ne nous est point d'ailleurs indispensable, nous ne nous en prévaudrons pas en ce moment.

Pour éviter l'erreur où pourroit conduire une fausse interprétation des mots, observons d'abord que le nom de Dieux avoit chez les anciens une signification fort étendue. On le donnoit à tous les êtres qui sembloient avoir

s ajoute-t-il, ne doit croire que ce soit une fable; l'air est plein d'a« nimaux, mais ils nous sont invisibles, puisque l'air même n'est pas « visible. » Hist. de l'acad. des Inscriptions et Belles-Lettres, t. II, p. 5. — Quoique le mol Sî<i/twv, démon, lût communément employé par les Grecs pour désigner les ministres du souverain être, on trouve cependant le mot anges dans Platon, qui appelle Némésis Yange du jugement ou de la justice de Dieu. Hxtri yàp infaxoiros Toï; rapi ri Toi'mtx irdybvi ôixrit 'Zy/z'/.o:. De legib., lib. X.

1 « Toute la religion des anciens consistent dans le culte des démons, « qu'on supposoit êtrc, comme les Mânes et les Lares des Romains, « les ames des hommes décédés. » Bryant's Analysis of ancient MyIholog , vol. II, p. 280. « Il y a certainement une analogie marquée « entre les dieux des païens et nos anges, entre les héros déifiés et « nos saints. On ne peut nier l'existence des génies célestes, que Dieu « emploie dans le gouvernement du monde : il est également certain « que les anges ne sont pas d'une nature si différente des hommes, « que ceux-ci ne puissent leur être associés après la mort, lorsqu'ils « l'ont mérité par leur vertu. Telle a toujours été la croyance du genre « humain ; et c'est cette croyance, défigurée et corrompue, qui produi« sit l'idolâtrie, et spécialement celle des Grecs. » Recherches surTorigine et la nature de l'Hellénisme, par M. l'abbé Foucher. Slém. de l'acad. des lnscript., t. XL1I, p. C9.

reçu une participation plus abondante de la nature ou des perfections divines. On le trouve employé plusieurs fois en ce sens dans l'Écriture. Les esprits célestes sont appelés des dieux saints dans Daniel1. L'ombre de Samuel, au livre des Rois*; dans l'Exode et dans les Psaumes5, des hommes, même vivants, sont aussi nommés dieux. On ne peut donc rien conclure de cette expression contre les païens, ni les blâmer toujours de l'usage qu'ils en ont fait*, puisqu'il est incontestable qu'au moins plusieurs nations n'adoroient pas seulement les mauvais esprits, mais encore les bons.

11 est difficile de penser que l'on s'entende soi-même, quand on prétend que les païens attachoient à ces divers esprits la vraie notion de la Divinité *. Qu'on veuille bien y réfléchir : l'unité n'entre-t-elle pas nécessairement dans cette notion? Il faudroit donc dire que les hommes croyoient à la pluralité d'un Dieu unique. A-t-on une véritable idée de ce Dieu, si on ne le conçoit pas comme infini, éternel, souverainement intelligent et indépendant? Cicéron lui-même répond que non 5. Or s'il y a quelque chose d'avéré, c'est que les dieux du paganisme formoient une vaste hiérarchie de puissances limitées dans leurs at

1 Daniel, cap. iv, 5, 6 et 15; et cap. v, 11. « On les trouvera quel« quefois nommés dieux dans nos Ecritures, parce qu'ils ont en eux « quelque chose de divin, ï dit Origène en parlant des anges. Contr. Cels., lib. V, n. 4.

* I Rcg., «xvni, 15.

3 Exod., v, 1, xxi, 6, xxn, 8 et 28. Ps. Xlvi, 10. Ps. Lxxxi, 1 et 6.

4 Vid. S. August., De civitate Dei, lib. IX, cap. xxm, n. 1 et 2.

"Presque tous les défenseurs de cette opinion soutiennent en même temps que cetle notion, conservée seulement par le peuple juif, étoit perdue dans le reste du monde. Or, comment les païens croyoient-ils à plusieurs dieux, s'ils n'avoient pas la notion de Dieu?

5 Deum, nisi sempiternum intelligere qui possumus? De nat. Deor..'

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ne sont toutes qu'une seule et même divinité? Soyons justes envers ceux même dont nous déplorons le criminel aveuglement : jamais ils ne tombèrent dans ces énormes contradictions, et l'on peut justement douter qu'un renversement si prodigieux du sens humain, nous ne disons pas ait existé, mais soit possible.

Les écrivains qui parlent des divinités païennes nous apprennent quels étoient le rang, les fonctions, la nature particulière de chacune d'elles. Si l'on excepte les fictions poétiques, ils ne disent rien que de conforme à l'idée qu'ils avoient, et que nous avons nous-mêmes d'esprits de différents ordres 1; et lorsqu'ils traitent des dieux, si l'on cherche dans leurs paroles la notion réelle de Dieu, loin de l'y trouver, on verra qu'elles l'excluent formellement.

Catholiques, protestants, philosophes, tous s'accordent sur ce point. « Je vais, dit Beausobre, poser des principes « que je ne prouverai pas à présent, parce qu'au fond ils « sont assez connus... Ces principes sont 1° que les païens « n'ont jamais confondu leurs dieux célestes ou terrestres « avec le Dieu suprême, et ne leur ont jamais attribué « l'indépendance et la souveraineté. Cette observation est « non-seulement juste, elle est importante. Elle détruit « l'objection qu'un philosophe moderne a poussée, pour « invalider l'argument très-solide de l'existence de Dieu, « que l'on tire du consentement des peuples. Le poly« théisme, dit-on, a eu le consentement de tous les peu« pies. Cela est faux dans un sens, vrai dans un autre; « mais le sens auquel cela est vrai n'affoiblit point l'argu« ment en question. Si par le polythéisme on entend plusieurs

1 « Les divi des Gentils n'étoient que des démons ou des géants, et des créatures d'une autre espèce que celle des hommes, quoique ceuxci aient été aussi adoptés parmi leurs dieux. » D'Herbelot, Biblioth. orient,, art. Dit., 1.1, p. 32t. Paris, 1785.

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