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« dieux souverains indépendants, il est faux que les peuples « aient jamais cru plusieurs dieux. Ils se sont accordés dans - « l'unité d'un Dieu suprême. Maissiparlepolythéismeonen« tend plusieurs dieux subalternes, sous un Dieu suprême et « maître detout,ilestvraiqu'ilyaeu un grand consentement « des peuples là-dessus. 2° Que les païens ont bien su que « ces dieux n'étoient que des intelligences qui tiroientleur « origine du Dieu suprême, et qui en dépendoient comme « étant ses ministres, ou que des hommes illustres par « leurs vertus et par les services qu'ils avoieht rendus au « genre humain, ou à leur patrie. 5° Qu'à l'égard de ces « derniers, les païens ont cru que ces grandes âmes, en « dépouillant le corps mortel dont elles étoient revêtues, « n'avoient pas dépouillé l'affection qu'elles avoient eue « pour leur patrie, ou pour le genre humain en général. « 4° Que le Dieu suprême avoit permis à ces âmes géné« reuses de demeurer sur la terre pour y veiller au salut « des peuples, qui avoient été les principaux objets de leur « affection. 5° Que ces saintes âmes habitoient dans les « lieux où reposoient leurs cendres, préférablement à tout « autre, et qu'il falloitleshonorersurtoutdansces lieux-là1

Voltaire s'explique à cet égard d'une manière non moins formelle. « Les Romains reconnoissent le Deus optimus u maximus; les Grecs ont leur Zeus, leur Dieu suprême. « Toutes les autres divinités ne sont que des êtres intermé« diaires; on place des héros et des empereurs au rang « des dieux, c'est-à-dire des bienheureux. Mais il est sûr « que Claude, Octave, Tibère et Caligula ne sont pas re« gardés comme les créateurs du ciel et de la .terre. « En un mot il paroit prouvé que du temps d'Auguste,

1 Histoire de Manichêe et du manichéisme, Ht. IX, ch. iv, t. II, p. 654, 655, Vid. et. Histoire des religions et des mœurs de tous les peuples du monde. Dissert- prélimin., 1.1, p. 36. Paris, 1816.

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Ces démons, si clairement distingués du Dieu suprême, étoient au nombre des divinités qu'adoroient les païens,et Platon lui-même recommande de ne pas négliger leur culte. Du reste, il suffit de parcourir quelques-uns de ses ouvrages, pour reconnoitre'combien l'idée qu'avoient les anciens de ces êtres intermédiaires, différait de celle qu'ils se formoient du souverain maître du monde. S'ils avoient confondu ces deux notions, comment Platon aurait il pu dire: « Invoquons Dieu de tout notre cœur, en ce « moment surtout où nous entreprenons de prouver l'exis« tence des dieux '? » Et encore : « Si Clinias et tous ces « vieillards vous ont persuadé que vous ignorez entière« ment ce qu'il faut penser des dieux (lorsque vous vous « imaginez qu'ils regardent avec indifférence les actions « des hommes), Dieu lui-même vous a fait une grande « grâce.*.

« Au commencement le monde fut créé à cause des « dieux et des hommes : tout ce qu'il renferme a été pré« paré pour l'usage de l'homme; car le monde est comme « la demeure commune, ou la cité des hommes et des « dieux3. » C'est Cicéron qui s'exprime ainsi, et l'on croit presque entendre les premières paroles de la Genèse.

''Ayî Svi, 05ov S'ttots, 7rajîax>'/jr50v vj/iïv, x. T. i. Ago igitur, modo magis, quàm unquàm, Deum omni studio invocemus, cùm deos esse diligenter demonstrare conemur. De Legib., lib. X. Oper., tom. IX, p. 85.

2 Et juièv oe 7ret'âst Kitvta; oriz Xkè i-u/Aztaffst rç/Aûv Vi§s Vi yepowsix, 7zS£e 6twv ws oùx oïffôa o, Ti Aéysiâ, xaiw; àv toi b ©sos aùrôi ÇuAia//.6a'vo'i. Ibid., p. 108,109.

3 Principio ipse mundus, deorum hominumque ciiusû faclus est: quaeque in eo sunt omnia, ea parata ad fructum hominum, et inventa sunt. Est enim mundus quasi comniunis deorum atque hominum dormis, aut urbs utrorumque. [De nat~ Deor., lib. II, cap. Lxii.) Voulezvous voir comment l'unité de la foi se manifeste dans-l'accord de la tradition nouvelle et de la tradition antique, écoutez saint Augustin:

Plutarque veut qua l'exemple de Platon, de Pythagore, de Xénocrate et de Chrysippe, qui suivoient en cela, dit-il, les anciens théologiens, on range Isis, Osiris, Typhon, parmi les grands démons plus robustes que les hommes, et d'une nature supérieure, quoiqu'elle ne soit pas entièrement divine. Ces démons sont, selon lui, susceptibles de changement, de plaisir, de douleur, et autres affections qui les troublent plus ou moins; car, ajoute-t-il, il y a parmi eux, comme parmi les hommes, différents degrés de vice et de vertu 1.

Qu'étoit-ce que ces démons et les dieux supérieurs, dans l'opinion des anciens? des puissances ministérielles, dit Plutarque; et remarquez la conformité de cette expression avec celle de saint Paul, qui appelle les anges des esprits administrateurs. « D'une mesmc Intelligence qui « ordonne tout le monde, et d'une mesme Providence qui « a soing de les gouverner, et des puissances ministériales « sur tout ordonnées, autres noms et autres honneurs se« Ion la diversité des loix ont été données, et usent les « presblres de marques et mystères aucuns plus obscurs, « autres plus clairs, pour conduire notre entendement à « la cognoissance de la Divinité2. » Presque tous les anciens philosophes ont reconnu d'une manière non moins formelle un seul Dieu infiniment supérieur aux autres dieux, qu'il avoit produits, et qui participoientà sa nature5.

« Omnis ergo numerus fidelium, ex hominibus commutandorum ul « fiant sequales angelis Dei, adjuncti etiam ipsi angelis, qui modo non a peregrinantur, sed.expectant nosquando à peregrinatione i\deamus, « omnes simul unam domum Dei faciunt, et unam civitatem. » Enarrat. in Psalm. CXXVl, tom. IV. Oper., col., 429. Edit. Benerf.'

1 IYvovrai yàp w; èv àyOpotnoii, '/.xi ozi.j.offiv, xpîrvii ôzXfopzt xat r.xxtzi. De Isid. et Osir., Oper., t. II, p. 360.

8 D'Isis et d'Osiris, traduct. d'Amyot. Œuvres moi., t. III, p. 857. Ed. de Vascosan.

5 Damasius ab Huet. cit. in Alnet. qusest., lib. II, cap. iv, p. 129.

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