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Loin que cette opinion leur fût particulière, on la retrouve chez tous les peuples, à toutes les époques. On offrait anciennement à la Chine des sacrifices à divers anges tutélaires. « Mais, dit un auteur instruit, c'étoit dans la « vue de les honorer infiniment moins que Xam-ti, le sou« verain maître du monde '. » Zoroastre enseignoit « qu'il « y a un être souverain, indépendant, exislant par lui-même « de toute éternité; et que sous cet Être souverain il y a « deux anges, l'un de lumière, qui est l'auteur de toutbien, « et l'autre des ténèbres; qui est l'auteur de tout mal2. » Une multitude d'autres anges bons ét mauvais étoient soumis à ces deux esprits supérieurs. Telle étoit la doctrine des anciens Perses : ils croyoient que le monde est gouverné par le ministère des anges, chacun desquels a ses fonctions propres, et c'est encore aujourd'hui la croyance des Guèbres 3.

« Il paroît par les relations anciennes et modernes de « l'Inde, qu'il y a plusieurs tribus ou nations indiennes qui « reconnoissent et adorent un Être suprême, cause pre« mière et productrice de toutes choses : ils pensent aussi « que ce Dieu, trop grand pour s'abaisser jusqu'à se mêler « des affaires de ce monde, qu'ils jugent trop au-dessous « de lui, a créé des dieux subalternes pour en prendre soin

Les dieux inférieurs, rangés parmi les créatures, étoient nommés les dieux engendrés, Qsol ol ynngrat, tandis que l'indépendance de tout autre principe que lui-même distinguoit le Dieu souverain, 0-à; b ày5wi|r9;. Diog. l.aert. in proœmio. Apollon, dit Pindare, est dans le temps : 'Ev xp6vo> Sk ylvsr' 'AiroWav. Pindar. Carmina. Frag., t. III, p. 128. Ed. lieyne.

1 Morale de Confucius, avertiss., p. 18.

* Prjdeaux, Hist. des Juifs, I" part., liv. IV.

3 The ancient Persians firmly believed the ministry of angels, and their superintcndence over the affairs of tins world (as the Magians slill do) and therefore assigned them distinct charges and provinces, givtng their names to their moïilhs. Sale, the Koran translttted, etc., vol. I, Prelim. dise, sect. IV, p. 95. London, 1764.

« à sa place. Ces dieux du second ordre en ont encore « d'autres au-dessous d'eux, ce qui forme une hiérarchie « divine très-nombreuse : chaque dieu mérite des hon« neurs et un culte particulier 1.

« M. Knox, ayant passé vingt ans dans l'île de Ceylan, a « eu occasion de connoitre à fond les mœurs et la Religion « de ses habitants. Us adorent plusieurs dieux, et même « les mauvais génies, craignant d'être détruits par ceux-ci. « Ils reconnoissent aussi un Dieu suprême, qu'ils appel* « lent le créateur du ciel et de la terre. Ce premier Être a, « selon eux, des dieux inférieurs sous lui, auxquels il a « donné ses ordres pour le gouvernement du monde, le « maintien de l'ordre et de l'harmonie dans toutes ses parti ties : ils ont des prêtres et des temples pour les divinités o subalternes; mais le Dieu suprême n'a aucune sorte de « culte *. IL en est de même au Malabar, où on reconnoit K néanmoins une divinité souveraine qui a créé le ciel et « la terre, et qui jugera les hommes, les récompensera ou « les punira, selon les bonnes ou les mauvaises œuvres « qu'ils auront faites 3.

« Les habitants de la Floride adorent aussi un Dieii; « créateur de toutes choses, qu'ils nomment Okée : ils ont « des prêtres qui lui offrent des sacrifices; mais ils ne « pensent pas qu'il se mêle des affaires humaines; il en a « remis le soin à des dieux inférieurs qui règlent tout, et « auxquels, par conséquent, ils rendent un culte religieux. « Le soleil et la lune sont deux des principaux dieux subaU (t ternes *. n

'Relation des missionnaires danois, part. II, p. 7 et suiv. — Phil= lip's Account of religion; etc., of the people of Malabar.

'Leland, Nouv: démortstr. evang., part. I; ch. H, tom. I, pag. 123 et 124.

3 Voyages de Schoulcn, t. T, p. 536 et suiv;

4 Leland, loc. cit., p. 127 et 129.

Chaque nation, chaque ville, chaque famille, chaque individu même, se choisissent, selon ses désirs ou ses craintes, un protecteur particulier parmi ces dieux multipliés à l'infini. Ces bizarres divinités qu'enfantoit incessamment la superstition, n'étoienl, comme le remarque l'auteur de l'Histoire des causes premières, « que des « dieux tutélaires, des espèces de talismans, de fétiches 1 « ou de symboles, qu'on supposoit doués de quelque vertu « secrète et magique, par l'attache de quelque démon ou « génie, pour porter bonheur ou malheur à l'ami ou à « l'ennemi : cenepouvoit être autre chose. Croire que des « boucs, des chiens, des chats, des scarabées, de petits « cailloux d'une certaine forme, des marmousets d'or ou « de laiton, étoient ou pouvoient être, dans l'esprit d'au« cun peuple civilisé, le plus haut degré de la divinité, « reine et maîtresse de l'univers, c'est une erreur.impos« sible, une absurdité qui ne peut se trouver dans aucune « tête, pensante ou non. En un mot, ces dieux n'étoient « que ce que sont encore parmi nous les patrons révérés « par les provinces, par les villes, parles-bourgades*; que « ce que sont les reliques, les images des personnes dont K le nom a été consacré par la piété, avec cette différence '< toutefois qu'aujourd'hui l'artisan distingue le culte rendu < au serviteur, de celui qu'il doit au maître, et que les H païens oublioient totalement les droits du maître pour

1 Ce nom* suivant le président De Brosses, vient du mot portugais fi'tisso, qui signifie chose fée, enchantée^ divine-, rendant des oracles;

a II suffit d'ouvrir les ouvrages des anciens; pour reconnoître la vérité de ce que dit ici l'abbé Le Batteux. Dans une de ses tragédies, Eschyle fuit ainsi parler le chœur: « Dieux puissants, saints et saintes « de cette terre, vous qui gardez nos tours, ne livre! pas cette ville « belliqueuse à une armée d'hommes qui parlent une langue étrangère! « Écoutez les vierges; écoutez, comme il est juste, les prières sup« pliantes. Génies amis de cette ville, vous ses libérateurs et ses pru« lecteurs, montrez qu'elle vous est chère. Vous aimez le culte qu'on

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« vres, et de l'adorer dans ce qu'il a fait, dans sa progé« niture, qui est très-nombreuse et de différentes espèces. « Il y a bien plus de dieux que les poëtes béotiens n'en « comptent. Il n'y a pas seulement trois mille fils ou amis « de Dieu; le nombre en est incompréhensible : il y en a « autant qu'ilyad'étoiles au ciel et de génies dans l'éther*. » Lactance, qui connoissoit parfaitement l'idolâtrie, puisqu'il y avoit été élevé, parle ainsi : « Les païens, qui admettent plusieurs dieux, disent cependant que ces divinités subalternes président tellement à toutes les parties « de l'univers, qu'il n'y a qu'un seul gouverneur suprême. Les autres ne sont donc pas des dieux, mais les serviteurs ou les ministres de ce Dieu unique, trèsgrand et tout-puissant, qui les a préposés pour exécuter ses volontés *. » Nous n'entrerons pas, sur ce sujet, dans de plus longs détails. Les témoignages qu'on vient de lire suffisent pour montrer quelle étoit l'idée que les païens avoient des êtres spirituels qu'ils adoroient sous le nom de dieux. Nous devons montrer de plus qu'en rendant à certains hommes les honneurs divins, ils ne cessoient pas de les reconnoître pour hommes; et c'est un point que nous pourrions déjà regarder comme prouvé, puisque nous ne savons nousmêmes que c'étoient véritablement des hommes que par ce que les païens nous en ont appris. Il existoit parmi eux plusieurs histoires de ces dieux d'origine humaine. Nicagoras, Leontès, Théodore, Hippon,

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* Maxim. Tyr. dissert. I, p. 18. Ed. Oxon.. 1677. — Vid. et. Julian. ap. Cyril, lib. IV.

* Isti assertores deorum, ità eos praeesse singulis rebus ac partibus dicunt, ut tamen unus sit rector eximius. Jàm ergo caeteri dii non erunt, sed satellites, ac ministri, quos ille unus maximus, et potens omnium officiis his presicerit,ut ipsi ejus imperio, ac mutibus serviant. Lact., Divin. Inslit., lib. I, cap. III.

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