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Diagoras, et mille autres, avoient écrit leur vie avec un soin scrupuleux, dit Arnobc 1. Mais la plus célèbre de ces histoires étoit celle d'Évhômère, de Messine, qu'Ennius traduisit en latin "-, de sorte qu'elle ne pouvoit être ignorée de presque personne5. 11 nommoit les parents des dieux, leur patrie, le lieu de leur sépulture \ avec une grande exactitude historique *, au jugement de Plutarque même6. Il ne faisoit que suivre en cela les plus anciens écrivains de la Grèce7, selon le témoignage de Lactance, auquel nous pouvons joindre celui de Cicéron, qui dit formellement que le ciel étoit fresque MU entier rempli d'hommes 8.

1 Possumus quidcm hoc in loco omncs istos, nobis quos inducitis atque uppcllatis dcos, homines fuisse monstrare, vel Agragantino Euhemero replicato..., vel Nicagoro Cyprin, vel rollœo Lconte, vel Cyrenensi Theodoro, vel Hippone ac Diagora Meliis, vel auctoribus aliis mille, qui Bcrupulosa e diligentis e curà in lucem res abditas libcrtate ingenuâ pro* tulerunt Arnob. advers. Genies.

2 Cicer. de Nat. Deor., lib. I, cap. xni.

5 Cujus libellos Ennius, clarum ut lieret cunctis, sermonem in italum Itanstulit. Arnob., lib. IV, adv. Gentes.

* Euhemerus, eorum natales, patrias, sepulcbra dinumerat, et per provincias mmistrat. Minut. Felic. Octavius, cap. xxi.

5 Euhemerus omnes taies dcos, non fabulosâ garrulitate, sed bisto^ rlcà diligentià, homines fuisse mortalesque conscripsit. S. August., De doit. Dei, lib. VI, cap. vu. Vid. et. lib. VII, cap. xxvi.

0 E/ojTiv ànè Twv bro'.ouuivtjv jEorjOîiz;; Delsid. etOsirid., p.550. Plutarque regardoit cependant l'ouvrage d'Evbémère comme danger rcui.

7 Omnes, qui coluntur, ut dii, homines fucrunt... Quod cùm vetustlssimi Graecis e scriptores, quos illi BitUyoui nuncupant, tum etiam Itomani, Grtooos secuti et imitatl docentj quorum pnecipuè Euhemerus, ac noster Ennius. Lactant., de ifâ Dei, cap. xt, p. 152. — Heroddt , lib. I, cap. xxv.

s Quid? totum propè cceium, ne plures persequar, nonne humano genfere cotnpletum est? Si vero scrutari vêlera, et ex bis ea, quse seriptorcs Gracia; prodiderunt, erucre coner; i]isi illi, majorum gentiutn dii qui babentur, bine à nobis profecti in cœlum reperjuntur. Quicre

Janus ', Saturne2, Hercule3, Bacchus *, étoient du nombre de ces hommes qui, pour employer l'expression d'Horace, après d'éclatantes actions, furent reçus dans les temples des dieux3. « Les premiers hommes, dit Pausanias, « étoient les hôtes et les convives des dieux, à cause de « leur justice et de leur piété : car il y a pour les bons « des récompenses certaines, et des châtiments assurés « pour les méchants. Plusieurs hommes même devinrent « des dieux, à qui Ton rend encore aujourd'hui des hon« neurs : tels qu'Àristée ; Britomartis de Crète; Hercule, « fils d'Alcmène; Amphiaraûs , fils d'Oïclée; Castor et « Pollux... Mais, de notre temps, où la malice règne dans « tous les villes et par toute la terre, nul homme ne de« vient dieu qu'en paroles seulement et par une adula« tion outrée ; et lorsque ces méchants quittent la vie, les « dieux courroucés leur infligent enfin la peine qu'ils ont « méritée6. »

On montroit dans l'île de Crète le tombeau de Jupiter '.

quorum demonstrantur sepulchra in Graeciâ : reminiscere, quoniam es initialus, quaî traduntur in mysteriis : tùm denique, qtiàm latè hoc patent, intelliges. Tuscul. quxst., lib. I, cap. ni.

1 Macrob. Satur., lib. I, cap. ix.— « Ce Janus, ou roy, ou demi-dieu qu'il fust, au premier temps fut civil et politique; car il changea le vivre des hommes, qui avant luy estoit rude, aspre et sauvage, en manière de vivre plus honneste, plus doulce et plus civile. » Plutarque, Vie de Numa; Iraduct. d'Amyot, p. 262. Éd. de Vascosan.

a Justin., lib. XLIII. — Tertul. Apolog., cap. x.

3 Pausan. Corinthiac., lib. II, cap. x, p. 153. Edit. Kuhnii.

* Les habitants de Delphes croyoient posséder ses ossements. Plutai ch., de îsid. et Osir.

5 Post jngentia facta, deorum in templa recepti. Hor. Ep., lib. I, v. 7. Et Virgile: Quos ardens evexit ad selhera virtus. /Eneid-, VI, 130.

fi Ot yàp t7>7 Tdts avôf(W7roi £évot xtd bu.Otpi~eÇoi OsoXi vjffav Ùttô àtxxioauvrii xxl sùffîëiix;, z. T. X. Pausan. lib. VIII, p. 457, edit. Ha.novise, 1615.

7 Cicer., de Nat. Deor., lib. III, cap. xxi. — Lucian. De sacrifions

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l'Egypte étoient également reconnus pour hommes1. Les prêtres égyptiens se vantoient même d'avoir les corps de tous leurs dieux. Ils ajoutoient que leurs âmes brilloient au ciel, et que c'étoient les étoiles*.

Les peuples du nord de l'Europe brûloient ceux de leurs rois et de leurs princes quand ils vouloient faire d'eux des divinités5. Ils donnoient quelquefois le nom d'Odin* et celui des divinités inférieures Freyr, Med-Odin, etc., soit à des guerriers célèbres, soit à d'autres hommes éminents, qu'ils croyoient être devenus des dieux, ou, suivant l'expression d'un historien, les compagnons des dieux '".

On étoit si éloigné de les confondre avec le Dieu suprême, qu'on les distinguoit même soigneusement des dieux cé

1 Plutarch., de hid. et Osir., p. 359. — Diodor. Sicul., p. 24. — Euseh. Prsepar. Evang., lib. III, cap. xci. Vénus Bcleslica, qui avoit un temple à Alexandrie, avoit été l'esclave d'un loi d'Egypte. Plutarcli in Erotico, p. 753

2 piv ra/iarx nap' Soitoï; Xzîffoxi v.zys—z zxi 0-:pixeui6zi. Plutarch., de Isid. et Osir., p. 356. En parlant de la pyramide de Bel, Strabon la nomme le tombeau de Belus. 2r,xo;, sépulcre, signifie aussi, selon Hesychius et Suidas, un lemple, et même Vadytum, ou le lieu le p'.ns secret du temple, dans lequel la divinité étoit censée résider.

5 Reges ac principes suos fatis exutos, ut vel dii lierent- vel inter dcos eveherentur, combusserunt. Olaûs Magnus, Hist. de gent. septentrion , lib. III, cap. I, p. 97.

* Quia vivus tolâ Europà divinilatis lilulum, quod nulli in arte militari cederet, assecutus fuisset; hinc evenisse creditur, ut Gothi... Martem, quem deum belli putavit antiquitas, apud se dicerent progenilum. Ibid., p. 100. Le savant William Jones pense qu'Odin et Budda ou Iioudda n'étoient qu'un même personnage [Asiat. Research , vol. I, p. 511, et vol. II, p. 345); mais ecllc opinion ett dénuée de fondementVoyez Klaproth, Asia pohjglolta, et A. G. Schlegel, Bibliothèque indienne, II" cahier. Le véritable Odin étoit le père des dieux, et avec Vili et Ve, la trinité créatrice de l'antique religion des Scandinaves.

5 Eosque deos, vel deorum complice.', autumantes. Olaûs Magnus, p. 101. Les anciens Arabes idolâtres appeloient auîsi leurs divinités lestes, immortels par leur nature, et des démons immortels aussi, quoique d'un rang inférieur. Seulement on croyoit qu'après la mort ils étoient reçus parmi ces dieux en récompense de leurs vertus1. « Le culte, dit Cicéron, « que la loi ordonne de rendre aux hommes consacrés, « tels qu'Hercule et autres, indique que les âmes de tous « les hommes sont à la vérité immortelles, mais que les « âmes des hommes bons et généreux sont divinesi Voici les paroles mêmes de la loi des Douze Tables citée par Cicéron. « Qu'on rende un culte aux dieux célestes, « que l'on a toujours honorés ; et à ceux que leurs méri« tes ont placés dans le ciel5. »

« On fait des dieux de certains hommes, à cause dé « l'excellence de leur vertu, » dit Aristote*. D'après un passage de Platon, il paroit même que cette espèce de canonisation ou de consécration, comme l'appelle Cicéron, étoit reglée par certaines lois et accompagnée de cérémonies particulières5. C'est à peu près ainsi qu'au Thibet,

Benau-Ascha, c'est-à-dire les compagnons de Dieu. D'Herbelot, Biblioth. orient., art. Benan-Basclm, t. II, p. 29. Paris, 1785.

1 llie qui meruit pià

Yirtute cœlum, divus Augustus,

ilit Sénèque le tragique [Octavia, v. 505 et 506); et dans une autre pièce:

Communis ista pluribus causa est deis.

Hercul. fur., v. 449, p. 230. Ed. Elzevir.

! Quod autem ex hominum genere consecratos sicut Herculem et caeteros coli lex jubet, indicat omnium quidem animos immortales esse, fed fortium bonorurnquo divinos. Cicer. de Legib., lib. II.

5 Eos qui cœlcstcs semper habiti colunto, et ollos quos endo cœls merita collocaverunt, Herculem, etc. Legib., XII tabul. 2, sect. 4.

* '££ otvQpoiiz&iv ylvovrai Ûzoi 3i tipt-riî VîZcp&o'zvjv.

Demorib., lib. Vil, c. i. Oper., t. II, p. 65.

©îoù; etvat 7t/5<3tov pzffiv ourst ~3%v$> au fuast, x. T. A. Deos noa

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