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le Dalaï-Lhama subit un jugement après sa mort, et si l'on trouve que ce pontife ait vécu saintement, on l'honore avec beaucoup de pompe, après avoir renfermé son corps dans une sorte de châsse appelée cioten 1.11 y a un grand nombre de ces cioten; « elles sont, dit un missionnaire, « l'objet du culte que chaque dévot rend à son saint*. » Les Japonais ont aussi des usages semblables, que les voya« geurs ont remarqués. « Leur pontife a seul le droit de « faire des apothéoses et de consacrer des temples aux « hommes qu'il en juge dignes3. »

Il existe à la Cochinchine des croyances et des coutumes pareilles. On y rend un culte aux hommes qu'on suppose avoir vécu saintement, on les invoque comme autant d'intercesseurs auprès du Dieu suprême, mais sans jamais les confondre avec l'Être éternel et souverain *.

naturà sed arte et legibus quibusdam constare volunt, cosque alii alios, prout singuli secum consentientes, lege sanxerunt. De legib-, lib. X, l. IX, Qper., p. 76. Ce passage a plus de force encore, si on !e rapproche de ce que dit Servius: « Labeo in libris qui appellantur de diis « quibus origo animalis est, ait esse qusedam sacra quibus animae hu« manse vertuntur in deos qui appellantur animales, quod de onimis « fiant. » Servius in lib. III. Jîneid. 1 Alphab.thibetan., t. I, p. 249.

a Sono sempre un oggetto di sacrificio, o offerte divote, che fanno li divoti di taluno de' loro santi. P. Horat. Pinnabileus. Viol. et. Hist. génér. des Voyages, t. XXVIII, p. 564, 565.

3 Essai sur l'Hïst. générale, et sur les mœurs et l'esprit des nations, ch. cxx, t. III, p. 194.

4 Les peuples de la Cochinchine, dit Bullet d'après le P. Borri, adorent surtout les âmes de ceux qui étoient tenus pour saints pendant qu'ils vivoient sur la terre. Les pagodes sont ornées des idoles de ces bienheureux. Ces idoles sont rangées à droite et à gauche dans la pagode, les plus petites les premières, les moyennes ensuite, après celles, ci les plus grandes; de sorte qu'elles ressemblent assez bien à des tuyaux d'orgue. Cet ordre marque le mérite et la distinction des âmes. Au milieu de ces deux rangs d'idoles il y a un vide, et ce vide est l'en

Observez en outre qu'il est peu de nations qui n'aient rendu un culte aux âmes des ancêtres, et même à des hommes vivants. Rome en offre de nombreux exemples, et ce n'étoit pas seulement ses tyrans qui se firent ainsi adorer. Aurélien lui-même reçut ou s'arrogea le titre de dieu1. Or, pense-t-on qu'on cessât de le croire homme*?

droit le plus honorable de la pagode. « Ou n'y voit qu'une niche pro« fonde et obscure qui fait entendre, dit le Jésuite italien, que le Dieu « qu'ils adorent et de qui dépendent toutes les pagodes, qui ont clé « hommes comme nous, est d'une essence invisible. »

On voulut, continue noire voyageur, faire voir aux Cochinchinois que tant d'idoles étoient inutiles, puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu. Les Cochinchinois répondirent: Nous sommes de voire avis; mais vous devez supposer avec nous que ces idoles, rangées aux deux côtés du temple, ne sont point les créateurs du ciel et de la terre, mais des hommes distingués par leur sainteté, que nous honorons de la même manière que vous honorez vos saints, vos apôtres, vos martyrs et vos confesseurs; on leur défère plus ou moins d'honneur, selon les degrés de vertu que l'on reconnoît en eux. Par la suite du discours ils déclarèrent encore mieux au. missionnaire qu'ils concevoient Dieu comme un être invisible qui n'est point soumis à nos sens, et qui ne se peut représenter ni par images, ni par figures; que le vide et l'obscurité qu'on voyoit entre les deux rangs d'idoles marquoit l'incompréhensibilité de la nature divine; et enfin, que toutes les idoles qui l'environhoient étoient autant d'intercesseurs auprès de l'Être suprême. L'exist. de Dieu montrée, etc.; t. II, p. 427, 128.

1 On a de lui des médailles qui portent cette inscription : DEO ET DOMINO NATO AURELIANO. Carus et d'autres empereurs l'imitèrent en cela. Adrien prenoit le titre d'Olympien, 'Kipimoi àiu,a7iio;. Yid. Spanheim, deprxstant. et usunumismat. antiq. dissert. 12, p. 489.

a Celui à qui tout prospère, dit un ancien poëte, et à qui Dieu donne les richesses et l'empire sur les autres hommes, oublie que ses pieils touchent la terre et qu'il est né de parents mortels; dans sa coupable arrogance, il imite Jupiter tonnant, et, petit qu'il est, il dre.-se et élève si tête, et supplie Minerve de lui montrer une roule pour arriver à l'Olympe, atin que, compté parmi les dieux immortels, il ait part à leurs festins.

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Nul ne pouvoil l'ignorer: aussi les premiers Pères, qui ivoient au milieu des païens, qui presque tous avoient été eux-mêmes élevés dans le paganisme, provoquoient-ils avec confiance, sûr ce point, le témoignage des idolâtres. « Nous attestons votre conscience; qu'elle nous juge, « qu'elle nous condamne, si elle peut nier que tous vos « dieux n'aient été des hommes1. » Ainsi parloit Tertullien; et, parmi les anciens apologistes de la Religion, il n'en est pas un seul qui n'ait tenu le même langage *.

Pour tirer maintenant les conséquences des faits que nous venons d'établir, on voit d'abord la nécessité du culte, de l'adoration, de la prière et du sacrifice, prouvée par le consentement unanime des peuples.

Que nous offre encore l'idolâtrie de constant et d'universel ? Sur quoi fut-elle toujours fondée? Premièrement sur la croyance traditionnelle que le monde étoil gouverné., sous l'empire d'un Dieu suprême, par une multitude d'esprits de différents ordres; d'esprits bienfaisants, dont il importoit de rechercher la protection; et d'esprits mauvais, dont on devoit craindre la malice et la haine3. Secon

1 Provocamus a vobis ad conscientiam vestram. Illa nos judicet, illa nos damnet, si poteril negare omnes istos deos vestros homines fuisse. Apolog>, cap. x.

2 Yid. Eu^cb. Prajp. evang.. lib. I^cap. îx, p. 51; otlib. II, cap. v, p. 70. Id. Demonstr. erangel., lib. VIII, p. 564. — Arnob. advers. gentes, p. 21. — Theophyl. ad Autolyc., lib. I, cap. vm et seq. — Lactant. Divin. institut., lib. I, cap. xiv et lib. V, cap. xx. — S. Cyprian. De idol. vanit., t. I, oper., p. 405. Wirceburgi, 1782. —Tatian. orat. nd Graecos, cap. xxxvi, p. 50, 51 et 79. Ed. Worth. —Minut. Felic, cap. Xxii, p. 115 et 114. Ed. Davis.— Recognit. S. Clement., lib. X, cap. xxm et xxiv, p. 594 apud I'atres apostol., t. I. Ed. Clerici. — S. August. De civit. Dei, lib. VI, cap. vu, et lib. VIII, cap. v et xvi.

3 Qu'il y ait dans le monde un certain genre d'esprits malfaisants i|Ui! nous appelons des démons, outre le témoignage éclatant des Écritures divines, c'est une ebose qui a été reconnue par le conscu

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