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dement sur la croyance également traditionnelle de l'immortalité de l'âme ; on étoit persuadé que les hommes vertueux, élevés après la mort à un haut degré de gloire et de puissance, conlinuoient de prendre intérêt à ce qui se passoit sur la terre, et qu'il étoit utile de les invoquer '. Qu'on examine tant qu'on voudra, nous le disons avec une pleine assurance, jamais on ne trouvera d'autres croyances universelles dans l'idolâtrie: et qu'est-ce que ces croyances, sinon la doctrine des anges et des saints2,

tr-mciit commun de toules les nations et de tous les peuples. Iiossuet, Sermon pour le 1" dimanche de Carême, t. II, p. 170. Èdit. de Versailles.

1 L'usage d'invoquer les àmes de ceux qui a voient vécu saintement est bien marqué dans l'Alceste d'Euripide. « Ne croyez pas, dit le « chœur, que le tombeau de votre épouse soit comme les tombes du « vulgaire. Les voyageurs lui rendront un culte semblable à celui des « dieux; et en suivant l'oblique sentier, le passant dira : Celle-ci mou« rut jadis pour son époux, et maintenant elle est une' divinité heu« rcuse. Je vous salue, ô femme vénérable! soyez-moi propice. Telles « sont les paroles qu'on lui adressera. »

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TtllXt vÛv ttfOffîjîOUff! flj/lXl,

Alcest., act. IV, ad fin.

2 Le mot même se trouve dans Eschyle et dans Virgile;
Scquimur te, sanetc deorum
Quisquis es.

/Eueid. IV, v. 576.
U est, nequimitr le, saticte. deorum quisquis es, dit un commentateur.

doctrine aussi ancienne que le monde, doctrine qui fait encore et qui fera perpétuellement partie du symbole de la vraie Religion?

Mais allons plus avant : considérons l'idolâtrie en

0 saint! nous te suivons, quelque dieu que tu sois. Vid. Virgil. Oper., cum notis Abrami et varior., p. 280. Divus étoit l'expression ordinaire; et nous l'employons encore dans le même sens. Clément d'Alexandrie explique, selon cette pensée, un passage d'Empédocle. « Si nous vi« vous, dit-il, dans la sainteté et dans la justice, nous serons heu« reux ici-bas, et plus heureux après avoir quitté cette vie; car nous « ne le serons pas seulement pour un temps, mais nous jouirons d'un « repos éternel, habitant avec les autres immortels [iflxviroii aXi.oi<i <7tv), assis à la même table que les héros, et partageant leur sort, dit Empédocle. » Quod sisanclè et justèvixerimus, beati hic quidem, sed post excessum à vitâ beatiores; non qui aliquo tempore felices futuri simus, sed in xvum quieturi,

Unà cum superis habitantes : mensâ in eadem
Quà fortes Danai, communi et sorte fruentes,

uit philosophica Empedoclis poëtica. Clem. Alexand. Strom., li.b V, p. 607. —Plutarque explique plus clairement encore la doctrine des anciens, en la dégageant des idées superstitieuses qu'on y mêloit. Voici ses paroles : « On dit aussi que le corps d'Alcmène disparut, ainsi que « l'on le portoit en sépulture, et qu'en son lieu on trouva une pierre « dedans le lict. Brief, les hommes racomptent plusieurs autres telles « merveilles, où il n'y a apparence quelconque de vérité, voulant déifier « la nature humaine, et l'associer aux dieux. Bien est-il vrai que m « seroit laschement et meschamment faict, que de réprouver et nier ln « divinité de la vertu : mais aussi de vouloir mesler la terre avec In « ciel, ce seroit une grande sottie. Pourtant faut-il laisser là telles fa« bles : estant chose toute asseurée, que, comme dit Pindare,

« Il n'est point de corps qui ne meure:
« L'âme seule vive demeure,
« Image de l'éternité.

a Car elle est venue du ciel, et là s'en retourne, mais plus tost, lorsque « plus elle est esloignée et séparée du corps, quand elle est nette, « saincte, et qu'elle ne tient plus rien de la chair... Pourtant n'cst-il « pas besoing de vouloir envoyes, contre la nature, le corps des hommes elle-même, dans ce qui la constituoit essentiellement. La moindre attention suffit pour l'aire d'abord reconnoitre qu'elle n'étoit point, à proprement parler, une Religion, mais seulement un culte superstitieux ; car de quoi se compose nécessairement toute Religion? de dogmes, de mo

« vertueux, quand et leurs âmes, au ciel : ains fault estimer et croire « fermement, que leurs vertus et leurs âmes, selon nature et selon jus« ticc divine, deviennent d'hommes, saincts, et de saincls, demi-dieux, <i et de demi-dieux, après qu'ilz sont parfaittement, comme ès sacrifices « de purgation, nettoyez et purifiez, estans delivrez de toute passibilité « et toute mortalité, ilz deviennent, non par aucune ordonnance civile, « mais à la vérité et selon raison vraysemblable, dieux entiers et pan« faits, en recevant une fin très-heureuse et très-glorieuse. t Vie de Romulus, Hommes illustres, t. I, p. 126 et 127. trad. d'Amyot. Ed. de Vascosan. — « Quand un chrétien leur parle (aux Indiens) de leur dieu « Ram, que les gentils adorent, ils ne soutiennent point qu'il est dieu, « et disent seulement que c'étoit un grand roi, dont la sainteté et le « secours qu'il a donné aux hommes lui ont acquis une communication , « plus particulière avec Dieu qu'aux autres saints, et qu'ainsi ils lui « portent beaucoup plus de respect. » (Tbevenot, Voyages des Indes, part. III, liv. I, cap. xxxvm), Georgi, et M. de Guignes ont prouvé que le Fo. des Chinois, le Sommona-Codom, ou le Samanéen Codom des Siamois, et le Budda des Indiens, étoient le même personnage. Quoique ces peuples lui rendent un culte religieux, ils ne le confondent pas avec l'Être suprême, éternel, incorruptible, qu'ils appellent Om. « De là, « dit M. de Guignes, cette exclamation tant de l'ois répétée, Omi-to Fo, -< c'est-à-dire, o Fo qui procédez d'Om! » Les Siamois le nomment Prah-pondiHchaou, le Saint d une haute origine. Mém. de l'Acad. des Inscript., t. XLV, p. 537. Les livres zends contiennent des prières adressées à Zoroastre, on l'invoquoit après Ormusd et les génies ccic-îtes. « J'invoque Zoroastre, saint, pur, grand. — Je vous prie, ô vous « grand, vous terrestre Zoroastre. — Esperteman. Destour excellent du « peuple terrestre, du monde terrestre. —Je fais izeschné (invocation) « à Sapelman-Zotoastre et à son saint et pur férouer. » Izeschné et Vispered, p. 86, 93, 117, 148, 149. — Jescht. farv., p. 285, etc. — Gah. Evesroulh, p. 109, 110. — On voit dans les villes de la Chine des collèges qu'on a bâtis en l'honneur de Confucius, avec ces incriptions et d'autres semblables : Au grand maître. A l'illttstre rôi des lettrés. Au Saint. Morale de Confucius, p. 45. #

raie et de culte. Chacune de ces trois choses prises à part n'est pas plus une Religion, que l'entendement, le cœur et le corps, envisagés séparément, ne sont l'homme. Des dogmes sans culte et sans morale ne sont que des opinions philosophiques ; une morale sans dogmes et sans culte n'est ou qu'une loi arbitraire, ou que des conseils dépourvus de sanction; un culte sans morale et sans dogmes n'est qu'un spectacle, des fêtes, de vaines cérémonies. Conçoit-on une Religion sans dogmes, une Religion sans morale, une Religion sans culte ? Ce sèroit concevoir une contradiction manifeste. Pour former une Religion, il faut donc que les dogmes, la morale et le culte, unis ensemble et dépendants l'un de l'autre, fassent un tout indissoluble.

Or le paganisme n'avoit point de symbole, point de dogmes, point d'enseignement. 11 ne parloit point à la raison, et n'en exigeoit rien; il ne réclamoit sur elle aucune autorité, ne lui prescrivoit aucuns devoirs, n'entreprenoit même pas de la guider par des conseils; U l'abandonnoit à elle-même, et la laissoit, sans loi et sans règle, dans une parfaite indépendance.

Leibnitz en fait l'observation, car peu de choses ont échappé à cet esprit pénétrant. « Les païens, dit-il, avoient « des cérémonies dans leur culte, mais ils ne connoissoient « point d'articles de foi, et n'avoient jamais songé à dres« ser des formulaires de leur théologie dogmatique..., « Leurs mystères ne consistoient point dans des dogmes « difficiles, mais dans certaines pratiques secrètes, où les « profanes, c'est-à-dire ceux qui n'étoient point initiés^ « ne devoient jamais assister. Ces pratiques é^oient bien « souvent ridicules et absurdes, et il falloit les cacher pour « les garantir du mépris »

1 Remarques critiques sur le système de feu St. Bayle; touchant l'acNon-seulement le paganisme n'ordonnoit de croire aucun dogme, n'enseignoit aucune doctrine, mais il n'imposoit aux hommes aucune loi morale, ainsi que le remar· quent Bayle !, Locke*, Barbeyrac*, Leland*, après les Pères de l'Église. Écoutons Lactance : « On n'y parle de « rien qui serve à former les mœurs et à régler la vie, on n'y cherche point la vérité, on ne s'y occupe que des cérémonies du culte, où l'âme n'a point de part, et qui ne regardent que le corps"... Entièrement séparées, la philosophie et la Religion des dieux n'ont entre elles aucune relation; autres sont les professeurs de la sagesse, autres les pontifes de la Religion ; ceux-là n'enseignent point à s'approcher des dieux, ceux-ci n'enseignent point à régler les jugements et la conduite : ce qui montre que ni cette sagesse n'est la vraie sagesse, ni cette Religion la vraie Religion". » Et saint Augustin : « Pourquoi les dieux des gentils n'ontils pas voulu prendre soin de corriger les mœurs détestables de leurs adorateurs ? Pourquoi ne leur ont-ils « donné aucunes lois pour les aider à bien vivre ? Au lieu

cord de la bonté et de la sagesse de Dieu, avec la liberté de l'homme, et l'origine du mal, t. I, préf. Londres, 1720. * Continuation des pensées diverses, etc., art. xLix. * Christianisme raisonnable, etc., ch. xIv, S 2. * Préface de sa traduction du Droit de la nature et des gens, de Puffendorf. * Nouvelle démonstration évangélique, t. I, part. I, ch. vII. * Nihil ibi disseritur quod proficiat ad mores excolendos, vitamque formandam, nec habet inquisitionem aliquam veritatis, sed tantummodo ritum colendi, qui non officio mentis, sed ministerio corporis constat. Lactant., Instit. Divin., lib. IV, cap. III, n. 1 et2. Ed. Cellar. 6 Philosophia et religio deorum disjuncta sunt, longeque discreta ; siquidem alii sunt professores sapientiae, per quos utique ad deos non aditur; alii religionis antistites, per quos sapere non discitur; apparet

nec illam esse veram sapientiam, nec hanc veram religionem. Ibid., n 4. " .

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