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la crainte qui le dominoit. Nul dieu, nul culte universel1; souvent au contraire, comme nous l'avons déjà fait observer, le culte et les dieux d'un peuple étoient en abomination à un autre peuple. La diversité des superstitions engendrait même des haines immortelles et des guerres atroces entre des villes voisines, ainsi que le remarque Junéval au sujet de Coptos et de Tentyra *. Dion nous apprend que de pareilles guerres étoient fréquentes en Egypte, à cause de la multiplicité incroyable des cultes opposés \ Les Grecs méprisoient profondément la religion des Égyptiens ; et les Perses avoient conçu tant d'horreur pour celle des Grecs, qu'ils brûlèrent tous leurs temples, lors de l'expédition de Xerxès en Grèce *.

La Religion des Perses eux-mêmes changea plusieurs

1 Dans les Suppliantes d'Eschyle, le héraut annonçant qu'il vient au nom de Mercure, le roi des Argives lui dit : Vous parlez des dieux, et vous ne les honorez point. J'honore, répond le héraut, les dieux des bords du Nil.

3so?<7(v st7ttl)v Toù; Osoù; oioèv sÉSît.

Mêchyl. ixîriJî«, scen. VIII, v. 901 et 902, t. I, p. 299. Ed. Schiitz.

1 Inter finitimos vertis atque antiqua simultas,

Immortale oditim, et nunquàm sanabile vulnus
Ardet adhùc Coptos et Tentyra. Summus utrinquô
Indè furor vulgo, quod numina vicinorum
Odit uterque locus, cùm solos credat habendos
Esse deos, quos ipse colit.

Juvenal, Satyr. XV, v. 32-38.

3 6piîffX3Û0Vffi re yàp noXXot TzzpiffaôTzrQt àvôpsiîroiv, x. T. i. Ipsi enitn (iEgyplii) multitudine eorum, quse venerantur, numinum omnibus hominibus prsepollent, et quia non est una ipsis religio universis, sed in 1er sese diversissimi cultus, bellis quoque ejus roi causa mutuis se impetuunt. Dio, lib. XLII. Vid. et. Plutarch., De Isid. et Osirid., sub fin. et Arnob., adv. genies.

* Cicer., De legib., lib. II, cap. X.

fois. Zoroastre ou Zerdhust renversa, quoique avec difficulté l'ancienne idolâtrie, et il y substitua le culte d'un dieu unique, qu'on adoroit sous l'emblème de la lumière ou du feu. Ce culte à son tour fut aboli; à peine, sous les rois parthes, en restoit-il quelques vestiges. Artaxerxès! le rétablit, à l'aide d'une violente persécution 5. Peu de siècles après les Musulmans le détruisirent de nouveau. Il subsiste encore cependant quelques débris du magisnie parmi les Guèbres ou Parsis.

Plusieurs Religions opposées régnent à la fois dans les différentes contrées de l'Inde. Les Brames sont divisés, comme les Chaldéens l'étoient autrefois en plusieur sectes dont les unes rejettent l'authenticité et l'autorité des ouvrages reconnus par les autres 5. Il n'existe pas moins de douze sectes au Japon.

A Rome, la loi des Douze Tables proscrivoit le culte des dieux étrangers 6; et Tite Live fait ainsi parler le consul Posthumius : « Combien de fois, du temps de nos pères, « n a-t-on pas enjoint aux magistrats d'empêcher l'exercice « des cultes étrangers, de chasser du forum, du cirque « et de la ville, les sacrificateurs et les prêtres, de recher« cher et de brûler les livres de divination, et d'abolir les

1 Hyde, De relig. veter. Persar., cap. xxih et xxiv. — D'Herbelol, Biblioth. orient- voce Zerdhust. — Vie de Zoroastre; dans le Zendavesta, t. II.

3 Les écrivains orientaux le nomment Ardisheer Babigan.

r' Moys. Choren., lib. II, cap. Lxxiv. — Sozomen., lib. II, cap. i. — Hyde, De relig. veter. Persar., cap. xxi. — Basnage, Hist. des Juifs' liv. VIII, ch. m. — Histoire de Perse, par sir John Malcolm, I. I. ch. vi.

* Strab., lib. V. — Clerici, philosoph. oriental., lib. I, sect. i, cap. n et x.

5 Sainte-Croix, Addit. aux observ. préliminaires, sur l'Ezour-Vedam, t. II, p. 249.

6 Deos perogrinos ne colunto. Cicer., Delegib., lib. II.

« rites et les sacrifices qui ne seroient pas conformes à l'u« sage romain! Car ces hommes, très-versés en toute es« pèce de droit divin et humain, jugeoient que rien ne « contribuoit tant à détruire la Religion que de sacrifier, « non suivant la coutume du pays, mais selon les rites « étrangers*. » L'an de Rome 701, le sénat fit démolir le temple d'Isis et de Sérapis, et bannit de l'Italie les adorateurs de ces deux divinités*, dont les autels cependant ne tardèrent pas à se relever dans la capitale de l'empire *. Auguste relégua tous les dieux d'Égypte à une certaine distance de la ville*, et il paroît que Tibère fut plus sévère encore ". Ainsi les cultes idolâtriques s'excluoient mutuellement. La tolérance civile même avoit des bornes assez étroites, comme le prouve l'exemple des Perses, des Égyptiens et des Romains ". Les Païens se traitoient les uns les autres d'hommes impies ou superstitieux ". Chaque culte particulier étoit regardé comme absurde, ou comme sacrilège par les sectateurs des autres cultes, c'est-à-dire,parpresque tout le genre humain. A cet égard l'idolâtrie ressembloit encore au protestantisme. De même que les protestants s'éloignent tous de la vérité, mais par différentes voies, l'un affirmant ce que l'autre nie, et niant ce qu'il affirme, ainsi les idolâtres s'éloignent tous du vrai culte, mais non de la même manière, l'un adorant ce que l'autre déteste, ot détestant ce que l'autre adore : de sorte que, si l'on consulte tous les peuples et toutes les sectes, chaque faux culte est condamné par le témoignage général des idolâtres, et chaque hérésie par le témoignage général des protestants.

* Quoties hoc patrum avorumque œtate negotium est magistratibus datum, ut sacra externa fieri vetarent, sacrificulos vatesque foro, circo, urbe prohiberent, vaticinos libros conquirerent comburerentque, ommem disciplinam sacrificandi, praeterquàm more romano, abolerent ! Judicabant enim prudentissimi viri omnis divini humanique juris, nihil aequè dissolvendae religionis esse, quàm ubi non patrio, sed externo ritu sacrificaretur. T. Liv., lib. XXXIX, cap. xvI. * Dio Cass., lib. XL, p. 252. — Valer. Maxim., lib. I, cap. III. # Dio Cass., lib. XLVIII, p.501. * Dio Cass., lib. LIII, p. 679. * Actum et de sacris egyptiis judaicisque pellendis. Tacit. Annal., lib. I, cap. Lxxxv. ·o Datum indè negotium aedilibus, ut animadverterent ne qui, nisi romani dii, neu quo alio more quàm patrio colerentur. Tit. Liv., lib. IV, cap. xxx. Mécène conseilloit à Auguste de hair et de punir les sectateurs des cultes étrangers, roû; ôè ôù #evizovtzg Trepi xÛro xzi p.tast xxl zö)zcs. Dion. Cass., lib. LII. — Dion. Halicarnass., lib. II, c. xIx. — Mosheim, Hist. ecclésiast., I" siècle, ch. I. 7 Aliis alibi et arbores, et flumina, et mures, et feles, et crocodilos,

Au reste, pour montrer que jamais le caractère d'universalité n'appartint au paganisme, il n'étoit pas besoin de tant de preuves. Il suffisoit de faire observer qu'une collection de cultes entièrement différents, comme un assemblage d'opinions contraires, excluent essentiellement l'idée d'universalité. Des croyances, des cultes opposés ne sauroient être universels ; autrement il faudroit soutenir que des cultes incompatibles sont le même culte, que des croyances contradictoires sont une même croyance, en un mot, il faudroit tomber dans un excès de folie, qu'on ne peut pas même supposer possible.

Les cultes idolàtriques, dépourvus d'universalité par rapport aux lieux, manquent encore plus visiblement d'universalité à l'égard des temps, ou du caractère de perpétuité que doit offrir la vraie Religion. Ils n'étoientpoint au commencement, dit l'Écriture, et ils ne seront pas perpétuelle

et ratione carentium animantium multa colentibus; et quidem noneadem cunctis, sed alia alibi venerantibus, ità ut in imiversum impii alii aliis sint, quia non ea'dem colent sacra; mar à?ESti; àUijist; rfâv7a;, Sii rb jj.ri Kùtk iriêîtv. S. .Tust. Apolog., II, p. 68. Edit. Paris. 1615.

ment : leur fin est prompte 1 : et encore : « Ils ont sacrifié « aux démons, et non pas à Dieu ; ils ont offert des sacrifices « à des dieux qu'ils ne connoissoient pas, à des dieux « nouveaux et récents, que leurs pères n'avoient point « servis s. »

Tous les monuments historiques confirment cette vérité 5, que le sceptique Hume 4, Bolingbroke s, et un petit 'nombre d'autres écrivains ennemis du christianisme, ont seuls essayé d'obscurcir, en opposant à des faits prouvés des conjectures vagues et de vains raisonnements. La tradition du monde entier nous parle d'un premier âge où régnoient la piété, la justice, avec un culte pur comme les mœurs 6, et simple comme les vertus de ces temps heureux. Les hommes déchurent peu à peu de cet état d'innocence. Livrés à leurs passions, ils cherchèrent, comme Adam après son crime, à se cacher du Créateur, à l'oublier, et l'idolâtrie naquit.

Plus on s'éloigne de l'origine, plus la Religion primitive s'altère. On voit, dans le cours des siècles, les divers cultes idolâlriques s'établir, varier, se corrompre toujours davantage, et enfin disparaître entièrement. Combien de

1 Neque enim erant ab inilio, neque erunt in perpetuum... Brevis illorum fmis est inventas. Sapieut., xiv, 13 et 14.

s Immolaverunt dsemoniis et non Deo, diis quos ignorabant; novi recentesque venerunt, quos non coluerunt patres eorum. Deuteron., Xxii, 17.'

s Leland, Nouvelle démonstr. évangél., t. I, part. I, ch. n. — Fabricy, Des titres primitifs de la révélation, t. I, Disc, prélim., p. 43 et suiv. — Hist de Perse, par Malcolm, t. I, p. 273.

4 Natur. hist. of religion.

3 Posthumous Works.

8 C'est l'âge des poètes, et le Crita-Youga des Indiens. Voyez la lx>i de Manon et les Pouranas.— Strab., lib. XV, p. 492. — Tacit., Annal., lib. III, c. xxvi. — Varron., de re Rusticâ, lib. I, c. n. — Porphyr., De non esu animal., lib. IV, p. 343.

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