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d'unité de la foi" ; et cet homme, dont l'Ecriture est la règle, impose silence à saint Paul, qui dit avec une si énergique concision : « Un Dieu, une foi, un baptême*; » et à Jésus-Christ lui-même, qui, près de mourir, prioit son Père d'établir une parfaite unité parmi les siens : « Qu'ils soient un comme « nous sommes un*. » Mais, comme il faut que l'erreur se confonde par elle-même, nous renverrons le ministre français à un autre ministre qui, dans un ouvrage publié récemment en Angleterre, avoue que l'unité est de l'essence même du christianisme*. Quand donc nous avons prouvé qu'il n'y a point d'unité dans la Réforme, nous l'avons par cela même convaincue de n'être point la vraie Eglise, puisqu'elle manque d'un caractère qui lui est essentiel. Loin de contester aucune de nos preuves, M. Vincent leur donne un nouveau poids par ses aveux. Il confesse que non-seulement le protestantisme est dépourvu d'unité, mais qu'il est même impossible qu'il en ait jamais ; et pour se soustraire aux conséquences qu'entraîne une pareille concession, il soutient que l'unité de foi ne sauroit exister dans aucune Eglise, c'est-à-dire qu'il nie l'existence possible d'une vraie Eglise et d'une vraie Religion; tant il juge la cause de la sienne désespérée ! * Observations, etc., p. 121. * Unus Dominus, una fides, umum baptisma. Ep. ad Ephes., Iv, 5. o Pater sancte, serva eos in nomine tuo, quos dedisti mihi, nt sint unum, sicut et nos, Joann., xvII, 11. * Unity is of the very essence of christianity. Reflections concerning the expediency of a council of the church of England and the church of

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Mais quoi ! le ministre ignore-t-il donc que l'Église catholique a un symbole universel, immuable, que nous récitons tous, que nous croyons tous, et dont nous savons qu'il n'est permis à personne de s'écarter? Nous niera-t-il notre propre croyance? Nous fera-t-il douter qu'il y ait une loi à laquelle nous obéissons? Nous persuadera-t-il que, ne reconnoissant aucune autorité spirituelle, nous pensons être maîtres de former notre foi comme il nous plait ? En vérité, l'on ne sait que répondre quand on entend de telles choses; et parce que sur les points que l'Église n'a pas définis, les opinions sont libres parmi nous, venir nous insinuer que la foi est également libre, c'est un excès de hardiesse dont on n'avoit pas encore vu d'exemple.

Le ministre n'imagine que trois moyens par les* quels on puisse se flatter d'établir ou de conserver l'unité des opinions religieuses : lavoie d'enseignement.la voie d'ignorance, et la voie de contrainte1. « Lavoie « d'enseignement, ajoute-t-il, la seule sage et légi« time, ne sauroit conduire au but qu'on se propose; « et l'unité religieuse qui n'aura pas d'autre ^ase « sera toujours illusoire quand on la voudra con« stante et complète*. » Donc l'unité religieuse sera toujours illusoire chez les protestants, puisqu'elle ne sauroit y avoir d'autre base que l'enseignement. Qu'avons-nous dit autre chose?

Le ministre pense que les deux autres voies sont également insuffisantes, et nous le pensons comme

1 Observations, etc., p, 8 at suiv. * lbid., p. 10.

lui. Mais. Au a-t-il pris que l'Église catholique se soit constamment efforcée de tenir les peuples dans une ignorance profonde? elle à qui nous devons la conservation des sciences et des lettres en Europe; elle qui, pendant plusieurs siècles, s'occupant seule d'encourager les études, faisoit aux premiers pasteurs un devoir d'établir partout des écoles*. En vérité, M. Vincent compte beaucoup sur l'ingénuité des siens, de leur parler de l'ignorance de l'Italie sous I.éon X et rle la France sous Louis XIV.

Ce qu'il appelle la voie de contrainte est tout simplement la persécution. 11 a la charité de laire entendre que nous l'appelons de tous nos vœux. Nous avons déjà répondu à cette odieuse calomnie, et nous plaignons le ministre d'être réduit à employer de pareilles armes. « Tous ceux, dit-il, qui ont eu la « manie de l'unité dans la foi, après avoir épuisé les « ressources de l'enseignement et celles de l'igno« rance, ont senti que sans la contrainte tous leurs «. efforts étoient vains ; et ils ont eu recours à la con« trainte. Les païens l'ont d'abord employée contre « les chrétiens, et ont répandu, dans des supplices « atroces, le sang le plus innocent et le plus pur qui « eût encore honoré la terrel. »

* Afm qu'on puisse comparer ce que faisoit sur ce point l'Église catholique, dans les temps qu'on appelle d'ignorance, avec ce que font dans le siècle des lumières la politique et la philosophie, nous citerons textuellement une disposition du troisième concile de Latran : « Pour a que les enfants pauvres qui ne peuvent être aidés par leurs parents, « ne soient pas privés des moyens d'apprendre à lire et de suivre » leurs études, qu'il soit assigné, dans chaque église cathédrale, au « maître qui enseigne les clercs de cette église et les pauvres éco

1 Observations, etc., p. 33.

Il est triste pour la Réforme que le premier qui ait eu la manie de l'unité dans la foi, le dirai-je après de telles paroles ? soit Jésus-Christ, et le second saint Paul. Mais, comme apparemment ils ne sont pas de ceux qui, pour l'établir, ont répandu, dans des supplices atroces, le sang le plus innocent et le plus pur, . à moins que ce sang ne soit le leur, il faut qu'ils aient jugé qu'outre la voie d'enseignement, la voie d'ignorance et la voie de contrainte, toutes trois in' suffisantes, il en existoit une autre pour arriver au but qu'ils se proposoient. Que le ministre ouvre l'Écriture, il y trouvera cette voie indiquée presque à chaque page; il y verra que Jésus-Christ enseignoit le peuple, non comme les scribes et les docteurs de la loi, mais comme ayant autorité, sicut potestatem hahens*. Le ministre sait que nous pourrions citer beaucoup

« liers un bénéfice convenable, de sorte que sa subsistance soit assu· rée, et la voie de la doctrine ouverte à ses disciples. Que la permis« sion d'enseigner soit accordée gratuitement; que, sous aucun prétexte, on n'exige rien de ceux qui enseignent; et qu'on n'empêche personne d'enseigner, pourvu qu'il en soit capable, et qu'il en ait demandé l'autorisation. Ne pauperibus qui parentum opibus juravi non possunt, legendi et proficiendi opportunitas subtrahatur, per unamquamque ecclesiam cathedralem magistro, qui clericos ejusdem ecclesiæ, et scholares pauperes doceat, competens aliquod beneficium assignetur, quo docentis necessitas sublevetur, et discentibus via pateat ad doctrinam. Pro licentiâ vero docendi nullus pretium exigat; vel sub obtentit alicujus consuetudinis, ab iis qui docent aliquid quaerat; nec docere quempiam, petitâ licentiâ, qui sit idoneus, interdicat. » Concil. Lateran., cap. 18, an. 1176. Vide et Concil. Vasens. 5, can. 1, an. 529.— Narbon., can. 11, an. 589.—Cloveshoh., 2, can. 7, an. 747. — Aguisgran., lib. 1, c. 155, an. 816, — Trident., sess. V, de Ref., c. 1. 4 · 1 Matt., vII, 29.

de passages semblables; il les connoit, cela nous suffit. Mais pourquoi ne dit-il rien de cette grande voie de l'autorité si clairement marquée dans l'Écrilure et dont l'Église catholique n'est jamais sortie? Est-ce oubli de sa part? Comment le croire? Est-ce que, se sentant trop foiblepour combattre cette puissante autorité, il n'a pas voulu même en prononcer le nom? Ce seroit au moins une preuve de sens. Quoiqu'il feigne sans cesse de confondre les opinions avec les dogmes, il ne peut ignorer que la foi des catholiques est une; qu'ainsi l'unité de la foi, loin d'être une chimère, est un fait perpétuel aussi éclatant que la lumière du jour; et qu'enfin cette unité se maintient parmi nous à l'aide de l'autorité de l'Église que nous croyons infaillible, selon les promesses du Fils de Dieu, et aux décisions de laquelle nous nous soumettons, d'esprit et de cœur, avec une pleine obéissance.

Le ministre est tellement prévenu des idées de la réforme, qu'il ne peut plus concevoir la Religion chrétienne sous la notion de société. Ne comprenant ni le pouvoir spirituel qui commande la foi, ni la foi elle-même, qui est l'obéissance à ce pouvoir, il ne voit dans les dogmes que des opinions, et dans le christianisme tout entier qu'une science. Ses paroles sont trop remarquables pour ne pas les citer. « Les tt recherches dans la nature, dans l'Écriture sainte, « dans l'histoire de l'Église, sont et demeurent, non« seulement permises, mais nécessaires; et, si les t< recherches sont permises, il est permis, il est juste, « il est nécessaire d'en admettre les résultats prou

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