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Que les impies ne demandent donc plus comment tels ou tels hommes, avant Jésus-Christ, ont pu connoître certains dogmes; car s'ils n'ont pu les connoître, ils n'étoient pas nécessaires à leur salut, et ils les ont crus suffisamment en croyant les vérités qu'ils connoissoient. Que ceux qui fatiguent leur esprit à inventer ces objections frivoles s'interrogent plutôt eux-mêmes, avant le jour où Dieu luimême, qui ne leur doit les secrets ni de sa miséricorde, ni de sa justice, les interrogera; et au lieu de demander comment ceux-ci ou ceux-là ont pu croire ce qu'ils ne connoissoient pas, qu'ils songent à ce qu'ils répondront au souverain Juge, quand il leur demandera pourquoi euxmêmes ils n'ont pas cru ce qu'ils connoissoient.

Toutes les vérités de la Religion s'enchaînent si étroitement, qu'on ne peut nier un seul point de la foi catholique ou universelle des chrétiens, sans être aussitôt forcé de nier toute la doctrine ancienne, ou la foi universelle du genre humain. Que la première soit fausse, celle-ci nécessairement n'est pas vraie. Si le médiateur promis n'est point venu, tous les prophètes qui l'ont annoncé, tous les peuples qui l'ont attendu, ont été lejouetd'une vaine illusion. Si la Rédemption n'est qu'une chimère, ou l'homme n'est point tombé, ou il est tombé sans retour; ou Dieu n'a point parlé, ou sa parole est menteuse. Supposer sa parole menteuse, c'est nier qu'il existe; douter qu'il ait parlé, c'est douter qu'il soit, et que nous soyons nous-mêmes, puisque notre raison n'a d'autre fondement que sa parole, et notre être d'autre cause possible que sa volonté.

Ainsi tout se lie, tout se tient dans le christianisme: unité merveilleuse qui de tant de vérités ne fait qu'une

dedit hominibus, admonens eos, id est, per Decalogum (quce si quis non fecerit, non habet salulem) nihil plus ab eis exquiri. Sanct. Iren., conts. Hseres., Ub. IV, cap.xv, p. 24'*.

MO ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION.

seule vérité! On peut la connoître plus ou moins, mais c'est toujours la même vérité que l'on connoit, et quiconque la croit la possède tout entière. Voilà pourquoi nul ne sauroit être sauvé qu'en la croyant, et qu'il n'est pas toujours absolument nécessaire d'en connoître tous les développements.

Et remarquons encore que, par une de ces analogies sublimes que nous avons déjà plusieurs fois observées entre la Religion et son auteur, elle s'est développée selon l'ordre qui existe de toute éternité en Dieu même. Car de toute éternité le Père engendre son Fils, son Verbe, la figure de sa substance 1 ; et du Père et du Fils procède éternellement l'Esprit-Saint, l'amour substantiel, qui n'est avec le Père et le Fils qu'un seul Dieu, dans l'unité d'une même nature. Et la Religion aussi fut d'abord l'adoration de ce Dieu essentiellement un, manifesté comme Père de tout ce qui est, et qui avoit promis à l'homme coupable un sauveur. Son Fils, son Verbe prend ensuite notre nature dans le temps ; et après avoir accompli le mystère de la Rédemption du genre humain, objet de son incarnation, il promet d'envoyer aux hommes l'Esprit sanctificateur, qu'il leur avoit révélé plus clairement. Et comme le Père, le Fils, le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu, la foi au Père, au Fils, au Saint-Esprit, n'est qu'une seule foi; le culte du Père, du Fils, du Saint-Esprit, un seul culte; et la Religion qui se compose de cette foi et de ce culte, une seule et unique Religion.

Il est donc incontestable que l'unité est un caractère du christianisme. Nous prouverons maintenant que l'universalité ne lui appartient pas moins visiblement.

1 Figura substantif ejus. Ep. ad Hebr., i, 5.

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