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Sortez de là, cherchez ailleurs une règle de certitude, vous ne trouverez que des motifs de doute, et vous verrez (jeu à peu l'édifice entier de vos croyances s'abhner dans un vide elfrayant. Dès qu'on la veut charger d'une vérité quelconque, la raison débile ploie sous le faix, incapable de se soutenir elle-même. Elle ne sait ce qu'elle est, ni si' elle est ; son existence même lui est un problème, qu'elle ne peut résoudre qu'à l'aide de l'autorité du genre humain ; et tout être créé qui ose dire : Je suis, n'énonce pas un jugement, mais proteste de sa foi en un mystère impénétrable, et proclame, sans le comprendre, le premier article du symbole des intelligences *.

Pour peu qu'on arrête son attention sur ce sujet impora seul, sont dans l'erreur. » Traité du délire, applique à la médecine, à la morale et à la législation; par F. E. Foderé, t. I, p. 327. — Voltaire est d'accord avec les médecins, et j'en fais la remarque, parce que l'uniformité des définitions qu'on a données de la folie, est une chose extrêmement frappante. « Nous appelons folie, dit-il, cette mait ladie des organes du cerveau, qui empêche un homme nécessaire.< ment de penser et d'agir comme les autres. » Dictionn. philosoph., art. Folie.

'L'existence d'un être contingent n'.est concevable que par l'existence de l'Être nécessaire, dont la volonté est la raison de tout ce qui exisle hors de lui. Oublies un moment qu'il y ait un Dieu. comment pourrezvous être certain d'une existence impossible si Dieu n'est pas? Cependant toutes les philosopbies établissent d'abord, comme une chose certaine, l'existence du Moi, soit matériel, soit sentant, soit pensant, toutes commencent par ce mot : Je suis, alors même qu'elles ignorent, ou qu'elles doutent si Dieu est. Si cette première affirmation n'énoiiÇoit qu'une croyance et non un jugement de la raison, si elle signifioit simplement, Je crois que Je suis, on la comprendrait; mais aucune de ces philosopbies ne pourrait subsister. Aussi veulent-elles que l'homme, eu disant : Jesuis, ait la certitude rationnelle qu'il est réellement; et dès lors, ou cette parole n'a aucun sens, ou elle suppose dans l'homme la nécessité de l'être, elle le suppose Dieu; et trouvant, comme lui, la rai on ou la certitude de son existence en lui-même, connue lui aussi, en se contemplant, il prononce qu'il est, et se définit par ce caractère: Eif j sum qui tHIII:

tant, mille considérations, que j'ai été contraint de négliger pour ne point dépasser les bornes que je dois me prescrire, viendront, je le dis avec assurance, fortifier les principes établis dans ce chapitre. Ce n'est pas que je les suppose à l'abri de toute objection ; non certes : on y peut opposer des difficultés sans nombre. Autrement il seroit faux, qu'habile seulement à renverser, la raison ne sût rien affirmer inèbranlablement. Plus ses arguments seront spécieux , mieux ils confirmeront ce que j'ai eu dessein de prouver, qu'elle n'est propre qu'à créer des doutes, et qu'à jeter l'esprit, quelles que soient les questions qui l'occupent, dans une pénible indécision, et dans des ténèbres désespérantes *. Mais il n'en restera pas moins vrai que, par une suite de notre nature, le consentement commun détermine notre adhésion; que nous n'avons point d'autre

Toutes les objections qu'on nous a faites se réduisent, en dernière analyse, à une seule. On n'a pu contester notre principe fondamental: Ce que tous les hommes croient être vrai, est vrai; car c'eût été nier lu raison humaine. Mais on a dit : Vous ne démontrez pas ce principe qui sert de base à toute votre doctrine; en d'autres termes, vous ne vous réfutez pas vous-même, vous n'admettez pas la philosophie que votre but est de combattre, vous ne fuites pas ce que vous soutenez partout qu'il est impossible de faire, c'est-à-dire prouver par le raisonnement une première vérité, d'où l'on déduise ensuite toutes les autres; vous ne supposez pas l'infaillibilité de la raison individuelle que vous niez expressément. Comment donc s'entendre avec vous? comment s'accorder? Nous ne voyons aucun moyen de défendre la philosophie que vous attaquez; nous ne voyons pas davantage comment nous pourrions renverser la vôtre sans détruire en même temps toute certitude cl toute vérité. Cependant, pour l'admettre, il faudrait qu'elle fût établie par notre méthode, que vous rejetez pour des raisons auiquelles nous n'avons rien de solide à répondre. Vous dites, et même vous montrez fort bien qu'elle conduit et ne peut conduire les esprits conséquents qu'au scepticisme et à l'erreur : eh bien, fondez sur elle votre doctrine, prouvez ainsi qu'elle est fausse par vos propres principes, et nous la reconnoîtrons pour vraie. (Note de la quatrième édition.)

certitude; et que, malgré toutes les objections, un sentiment indélibéré nous porte à regarder comme certain ce qui repose sur cette base ; en sorte qu'au jugement de tous les hommes, se soustraire à cette loi fondamentale, universelle, c'est cesser d'être homme, c'est éteindre en soi toutes les lumières naturelles, et se. retrancher volontairement de la société des intelligences.

Sur ce.point décisif, j'en appelle à la conscience ; je la choisis pour juge, prêt à me soumettre,à ses décisions. Que chacun rentre en soi, et s'interroge dans le silence de l'orgueil et des préjugés. Qu'il évite de confondre les sophismes de la raison avec les réponses simples et précises du sentiment intérieur que je le somme de consulter ; qu'il considère ce qui est, et non pas ce qu'il s'imagine devoir être ; qu'il ouvre les yeux sur les faits, et ferme son esprit aux conjectures : si un seul homme, dans ces dispositions, se dit au fond de son cœur: « Ce qu'on me propose « comme des vérités d'expérience est démenti par ce que « je sens en moi, et par ce que j'observe dans mes sembla« bles », je passe condamnation, et je me déclare moimême un rêveur insensé.

CHAPITRE 11

De L'existence De Dieu.

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Tounions un moment nos regards en arrière ; fixons-les sur l'espace que nous avons parcouru. Nous cherchions la certitude, et nous avons vu que nous ne saurions la trouver en nous-mêmes. La considération attentive des laits nous a conduits à reconnoitre qu'elle réside dans l'accord des jugements et des témoignages, c'est-à-dire, dans une raison supérieure à celle de l'individu, dans l'autorité, hors de laquelle il n'existe qu'un doute absolu, éternel. De là vient que l'homme, à qui le doute est un supplice; l'homme, qui, pour vivre, a besoin de croire, cède à l'autorité et se détermine par elle, aussi naturellement qu'il respire. Que s'il essaie de se soustraire à cette loi universelle, outre qu'il n'y réussit jamais entièrement, parce qu'il ne lui est pas donné d'anéantir son uitelligence, il est aussitôt puni de sa révolte insensée par les ténèbres qui se répandent et s'épaississent sur son entendement. Devenu pour les autres hommes Un objet de mépris et de frayeur, ils le contemplent avec surprise traversant} d'une course aveugle et désordonnée, les ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION. !W

espaces intellectuels, et s'avançant vers le chaos, tel qu'un astre égaré que ne régiroient plus les lois de la gravitation. Comme êtres intelligents, aussi bien que comme êtres physiques, nous dépendons, malgré nous, essentiellement de nos semblables, et la vie de l'âme, ainsi que celle du corps, résulte de la société des moyens et de l'union des forces.

Au lieu de raisonner à perte de vue sur les opérations de notre esprit, pour découvrir une règle de certitude, les métaphysiciens auroient donc dû laisser de côté le raisonnement, et regarder autour d'eux : car il est clair que l'homme, actif par sa nature, et n'agissant jamais que sur des motifs déterminants, ou en vertu d'une croyance quelconque, le principe de détermination ou la règle de certitude, devoit elle-même être déterminée par la nature de l'iiomme, et se manifester dans ses actions, avec un caractère d'évidence et d'universalité qui ne permit pas de la méconnoitre. Mais c'est l'universalité même e1 la simplicité de cette règle innée en nous, qui nous empêchent de la remarquer; notre attention n'étant d'ordinaire excitée que par ce quijious est étranger, ou par ce qui est nouveau pour nous. Semblables à un nageur qui suit le courant, nous ne sentons les lois de notre être que lorsque nous leur résistons : et comme la résistance suppose de la force, l'homme, qui se complaît en tout ce qui lui donne la conscience des siennes, met souvent son orgueil à se roidir contre l'autorité. Telle est la source la plus commune et la plus dangereuse de l'erreur, comme la défiance de soi est le plus sûr préservatif contre tous les genres d'égarement: de sorte que, par une liaison qui n'étonnera que les esprits superficiels, la raison de l'homme et son cœur se perfectionnent ou se dépravent par les mêmes causes, et l'humilité, fondement de la morale, est aussi le fondement de la logique.

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