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tre ennemi; mettons entre nous et lui un intervalle, pour nous rendre plus capables de lui résister. Les saints exercices de la retraite nous formeront à la guerre que nous aurons à lui faire. La retraite éclaire l'esprit, et, le dégageant des illusions dont le spectacle du monde le fascine, lui montre à découvert ses intérêts et ses devoirs, ses dangers et ses ressources. C'est aux pieds de Dieu que l'on reçoit sa science (1). La retraite excite et échauffe le cœur. La méditation des grands motifs de la religion l'élève et le maintient à une hauteur, où les petits intérêts et les vifs attachemens de la terre ne peuvent l'atteindre. La retraite ranime et soutient les forces: là se prennent et se consolident les résolutions courageuses, contre lesquelles viennent se briser les efforts de l'ennemi; là sont demandées, méritées, obtenues les grâces triomphantes qui repoussent tous les assauts de l'enfer. Dans la retraite l'âme se vide de toutes les idées mondaines; et elle en sort remplie, pénétrée des pensés célestes qui en défendent l'entrée, et qui n'y laissent aucune place aux tentations.

Mais ce n'est pas assez de ces retraites transitoires, auxquelles on consacre quelques jours dans l'année, ou une journée dans chaque mois. Nous devons craindre d'en perdre le fruit dans les occupations, dans les agitations, dans les

(1) Qui appropinquant pedibus ejus, accipient de doctrinå illius. Deut. xxxIII. 3.

dissipations du siècle. Pour éviter ce malheur, faisons-nous une sorte de désert habituel au milieu même du monde, et en étant environnés, sachons nous en isoler; séparons nous entièrement de ses maximes, de ses pompes, de ses spectacles, de ses plaisirs. Forcés de vivre dans le monde, vivons-y peu avec le monde, et beaucoup avec nous-mêmes. Du tumulte des sociétés, des affaires, des embarras du monde, où les devoirs d'état nous appellent, rentrons souvent dans la solitude de notre intérieur; et nous y faisant un rempart de nos méditations, de nos résolutions, de nos prières, de nos bonnes œuvres, attendons-y avec une confiance respectueuse dans le secours de la grâce, les assauts que l'ennemi nous prépare.

par nous

L'évangile poursuivant le récit des moyens par lesquels Jésus-Christ se dispose à la tentation, nous dit qu'il jeûna quarante jours et quarante nuits. Il nous apprend ainsi que le jeûne et la mortification sont les préservatifs les plus efficaces contre les tentations. C'est mêmes que le démon nous combat; il suscite contre nous des ennemis d'autant plus dangereux, qu'ils nous sont plus intimes; d'autant plus redoutables, que nous les chérissons; d'autant plus invincibles, qu'ils nous flattent en même temps qu'ils nous font la guerre, et qu'en nous attaquant ils nous ôtent le désir de leur résister. Il soulève notre chair contre notre esprit,

nos passions contre notre raison, nos sens contre notre foi (1). Commençons par affoiblir ces ennemis intérieurs, pour les combattre ensuite avec plus d'avantage. Tout ce que nous leur accordons leur donne de la force, qu'ils tournent bientôt contre nous; au contraire, plus nous leur refusons, plus nous acquérons sur eux d'empire. Nous accoutumons à la fois, nous à les dominer, eux à nous obéir. La chair, les passions et les sens sont des sujets indociles, toujours prêts à se révolter, et que la force seule peut contenir; violens et emportés sous un régime foible et mou, tranquilles et soumis sous un sceptre ferme et sévère. Or, c'est à refuser ce qu'ils nous demandent, ce qu'ils osent même exiger avec une insolente importunité, que consiste la mortification. Elle n'est autre chose que les privations que nous leur imposons. Ainsi, la mortification produit le double effet, et d'affoiblir les tentations, et de nous fortifier contre elles. Elle tient fortement comprimés ces terribles ressorts intérieurs qui, lorsqu'on les laisse se lâcher, emportent avec violence notre volonté, et font dans notre âme les plus affreux ravages. La mortification a été le secret de tous les saints pour surmonter les tentations qui les tourmentoient. Quand David sent ses pensées devenir trop im

(1) Caro enim concupiscit adversùs spiritum : spiritus autem adversùs carnem. Hæc enim sibi invicem adversantur; ut non quæcumque vultis, illa faciatis. Ad Galat, v. 17.

portunes, et ses désirs l'agiter trop vivement, il se couvre d'un cilice (1); et l'apôtre saint Paul, pour faire cesser les combats intérieurs qui le déchirent, châtie sa chair, et la réduit en servitude (2).

Après nous avoir montré par son exemple la manière de nous préparer à la tentation, JésusChrist nous instruit à la combattre lorsqu'elle est présente, et que nous en sommes actuellement attaqués. Pour cet effet, il se soumet luimême à trois tentations différentes, qui sont celles de la sensualité, de l'orgueil et de la cupi dité. Et remarquons qu'il choisit pour notre in struction les tentations auxquelles nous sommes le plus exposés. Tout ce qui existe dans le monde, dit l'apôtre saint Jean, est, ou concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie (3). Tous nos vices tiennent à quelqu'une de ces passions; tous nos péchés découlent de l'un de ces principes. Notre divin Modèle étant tenté aujourd'hui sur ces trois points, nous fait voir la résistance que nous devons opposer à toutes les diverses sortes de tentations.

Il eut faim. Et le tentateur s'approchant,

(1) Ego autem cum mihi molesti essent, induebar cilicio. Psalm. XXXIV. 13.

(2) Castigo corpus meum, et in servitutem redigo. 1. Cor. IX. 27.

(3) Omne quod in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscentia oculorum, et superbia vitæ. 1. Joan. 11. 16.

lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains. Jésus lui répondit: Il est écrit: L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Première tentation, qui est celle de la sensualité et des plaisirs. Nous avons ici deux choses à observer l'astuce du démon, et la sagesse avec laquelle Jésus-Christ

la confond.

C'est lorsque Jésus-Christ, pressé de la faim, ne trouve rien dans le désert qui puisse la satisfaire, que le démon se présente à lui. Ainsi, pour nous tenter, il épie sans cesse notre situation, nos besoins, nos désirs, nos inclinations, notre humeur,notre tempérament, nos passions; et profitant de tout ce qu'il découvre en nous de foible, c'est par là qu'il nous attaque. Ce qu'il propose à Jésus-Christ, ne présente en soi rien de criminel. Apaiser la faim qu'un jeûne de quarante jours a excitée, ne peut pas être un péché; mais ce seroit manquer à la mortification que Jésus-Christ s'est imposée, ce seroit se détourner de l'œuvre salutaire qu'il a entreprise. Et voilà comment le tentateur s'insinue auprès de nous : il se garde bien de nous proposer d'abord des péchés, dont l'idée seroit plus propre à nous révolter qu'à nous séduire; il commence par nous détourner de nos exercices de piété, sachant bien que de l'omission des œuvres religieuses, il ne lui sera pas difficile de nous conduire aux plus graves pré

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