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l'espoir qu'il nous en retirera : c'est le tenter, que de nous mettre dans l'alternative, ou de notre perte, ou d'un miracle qui nous en préserve. Il nous a promis des grâces, et non des miracles; il nous a promis des grâces quand nous les mériterons, et non quand nous les exigerons; quand nous nous conformerons à sa volonté, et non quand nous lui désobéirons.

Le diable le transporta encore sur une montagne fort élevée, et lui montrant tous les royaumes du monde avec leur gloire, il lui dit: Je vous donnerai toutes ces choses, si, en vous prosternant, vous m'adorez. Alors Jésus lui dit Retire-toi, Satan; car il est écrit: Vous adorerez le Seigneur, votre Dieu, et vous le servirez lui seul. Voici la troisième tentation à laquelle Notre-Seigneur se soumet : c'est celle de la cupidité; et il y en a de beaucoup d'espèces. Le démon le tente par celle qui flatte le plus sensiblement l'amour-propre, et qu'ennoblissent les préjugés du siècle, par l'ambition d'une vaste domination : mais il tient le même langage à tous ceux qu'il tente par l'appât des faux biens de la terre. Je te donnerai, dit-il à l'un, ces richesses après lesquelles tu soupires, si, en te prosternant, tu m'adores. Je te donnerai, dit-il à un autre, cette dignité qui est l'objet de tes vœux, si, en te prosternant, tu m'adores. Je te donnerai, dit-il à un troisième, cette puissance dont tu fais ton

idole, si, en te prosternant, tu m'adores. Et c'est nous prosterner devant le démon, c'est l'adorer au préjudice de l'adoration due à Dieu seul, que de soupirer après les pompes qu'il étale, que de courir après les faveurs qu'il distribue, que de briguer les biens de la terre, par des moyens criminels qu'il nous suggère. Repoussons ses perfides insinuations avec la force et l'indignation dont Jésus-Christ nous donne l'exemple; disons-lui de même : Retiretoi, Satan; et ne perdons jamais de vue qu'à Dieu seul appartiennent nos adorations; qu'il est le seul maître que nous devions servir, et que nous nous retirons de son service, quand nous nous mettons au service de son ennemi.

Les trois réponses de Jésus-Christ aux trois tentations du séducteur, font naître une réflexion importante. Elles sont toutes tirées de la sainte Ecriture. Et nous apprenons de là combien la parole de Dieu est utile pour résister aux tentations. Elle est tout à la fois notre instruction, notre encouragement, notre soutien et notre force. Etudions donc constamment la divine Ecriture; pénétrons-nous de ses saintes maximes; rendons-nous-les familières par la lecture et par la méditation. Et armés de ce glaive spirituel (nous venons d'entendre S. Paul l'appeler ainsi), nous triompherons sûrement de notre ennemi, et nous repousserons ses attaques.

Alors le diable le laissa, et aussitôt les anges s'approchèrent de lui, et le servirent. Dieu ne permet pas que la tentation soit continuelle; après la victoire, il accorde le repos le démon vaincu s'enfuit, et nous laisse jouir de notre triomphe. Gardons-nous de croire cependant que notre tranquillité doive être constante. Saint Luc nous apprend que Jésus-Christ ne fut abandonné par le démon que pour un temps (1). Comme notre cruel ennemi ne se retire que pour méditer de nouvelles attaques, nous devons de notre côté profiter du calme où il nous laisse, pour nous préparer à de nouvelles résistances. Mais dans l'intervalle de ces combats, combien est douce la consolation de l'âme qui a pleinement triomphé ! C'est à ce moment que les anges s'approchent de Jésus-Christ, et viennent lui servir à manger. C'est alors que l'âme fidèle se nourrit avec une religieuse confiance du pain des anges, et vient y chercher tout à la fois, et le prix de sa victoire, et la force pour en remporter de nouvelles. Tous les vains plaisirs, tous les frivoles avantages que lui promettoit souvent bien illusoirement la tentation, peuvent-ils entrer en comparaison avec les délices que lui procure ce pain sacré, et surtout avec celles que lui assure sa fidélité?

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(1) Et consummatâ omni tentatione, diabolus recessit ab usque ad tempus. Luc. iv. 13.

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DU SECOND DIMANCHE DE CARÊME.

Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son

frère, et les mena à l'écart sur une haute montagne, et il fut transfiguré devant eux. Son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses habits, blancs comme la neige. En même temps ils virent paroître Moïse et Elie s'entretenant avec lui. Pierre prenant la parole, dit à Jésus: Seigneur, nous sommes bien ici; dressons-y, s'il vous plaît, trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Elic. Comme il parloit encore, une nuée lumineuse les couvrit, et en même temps sortit de la nuée une voix, disant : C'est là mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection; écoutezle. A ces paroles les disciples tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d'une grande frayeur. Mais Jésus s'approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et ne craignez point. Alors levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. Comme ils descendoient de la montagne, Jésus leur fit cette défense: Ne parlez à personne de ce que vous venez de voir, jusqu'à

ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. (Matth. XVII. 1-9.)

EXPLICATION.

Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les mena à l'écart sur une haute montagne, où il fut transfiguré devant eux. Son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses habits blancs comme la neige. On regarde communément la transfiguration de Notre-Seigneur comme un miracle, et comme un des plus éclatans qu'il ait opérés; mais en y réfléchissant avec attention, cette opinion ne paroîtra pas fondée. Plus le divin Sauveur se montre avec splendeur et majesté, plus il se rapproche de son naturel. Il ne suspend pas les lois de la nature; il leur rend au contraire un libre cours quand il laisse échapper des rayons de sa gloire. C'est pour lui en quelque sorte un plus grand effort de puissance de cacher sa grandeur, que de la manifester. Le véritable miracle étoit l'état habituel auquel il se réduisoit. Il ne faut que des yeux pour le reconnoître sur le Thabor, il faut de la foi pour le reconnoître dans le reste de sa vie. Sa transfiguration satisfait la raison; son état ordinaire la confond. Où cesse son éclat, là commence et le prodige, et le mystère.

Si dans le cours de sa vie, Jésus-Christ a privé son corps de la gloire qui lui eût été na

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