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motif de cette défense n'est pas difficile à saisir. Jésus-Christ ne vouloit pas exposer la merveille de sa transfiguration à la critique et à l'incrédulité. Les pharisiens, qui le détestoient, empoisonnoient toutes ses actions; les miracles mêmes qu'il opéroit en public, et sous leurs yeux, étoient la matière de leurs censures. Dans l'impuissance de les nier, ils en calomnioient le principe, et les attribuoient au démon. Que n'auroient-ils pas dit d'un événement aussi extraordinaire, qui n'avoit eu pour témoins que trois disciples? C'eût été exposer personnellement ces apôtres à de violentes persécutions, et le temps n'étoit pas encore venu où ils devoient les souffrir. L'un des évangélistes observe que, fidèles à l'ordre de leur Maître, les trois apôtres gardèrent le secret tout le temps qu'il leur avoit prescrit (1). Mais lorsque vainqueur de la mort, Jésus-Christ eut rendu croyables, par sa résurrection, toutes ses grandeurs, le silence n'eut plus d'objet, et le zèle des apôtres pour la gloire de leur maître n'étant plus enchaîné par leur obéissance, ils divulguèrent avec éclat la splendeur dont ils avoient été témoins. Nous avons vu, dit l'apôtre saint Jean, sa gloire telle que celle du fils unique du Père (2). Ce n'est point dit saint

(1) Et ipsi tacuerunt, et nemini dixerunt in illis diebus quidquam ex his quæ viderant. Luc. ix. 36.

(2) Et vidimus gloriam ejus, gloriam quasi Unigeniti à Patre. Joan. 1. 14.

Pierre en suivant des fables ingénieuses, que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avénement de Notre-Seigneur Jésus-Christ; mais c'est après être devenus nous-mêmes les spectateurs de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque d'une splendeur céleste descendit une voix qui se fit entendre C'est ici mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le. Et nous entendîmes cette voix qui venoit du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte (1). Nous connoissons ce merveilleux événement aussi bien que les apôtres, par la manifestation qu'ils nous en ont faite. Il doit produire sur nous le même effet que sur eux, et nous pénétrer de la même admiration et du même respect.

(1) Non enim doctas fabulas secuti notam fecimus vobis Domini nostri Jesu Christi virtutem, et præsentiam, sed speculatores facti illius magnitudinis. Accipiens enim à Deo patre honorem et gloriam, voce delapsâ ad eum hujuscemodi à magnificâ gloriâ : Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi complacui; ipsum audite. Et hanc vocem nos audivimus de coelo allatam, cùm essemus cum ipso in monte sancto. 1. Petr. 1. 16, 17 et 18.

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ÉVANGILE

DU TROISIÈME DIMANCHE DU CARÊME.

Jésus-Christ guérit un possédé muet, répond aux critiques des Pharisiens, et propose les paraboles du fort armé et du retour de l'esprit impur.

Jésus chassa un démon qui étoit muet; et lorsqu'il eut chassé ce démon, le muet parla, et le peuple fut dans l'admiration. Mais quelquesuns d'entre eux-dirent : C'est par Béelzébut, prince des démons, qu'il chasse les démons. D'autres, pour le tenter, lui demandoient quelque prodige dans le ciel; mais Jésus connoissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit, et la maison s'écroulera sur elle-même. Si donc Satan est divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il? Cependant vous dites que c'est par Béelzébut que je chasse les démons. Or, si c'est par Béelzébut que je chasse les démons, par qui vos enfans les chasseront-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, il est certain que le royaume de Dieu est venu jusqu'à vous. Lorsqu'un homme fort

et bien armé garde sa maison, tout ce qu'il possède est en sûreté. Mais s'il en survient un plus fort que lui, qui le surmonte, il emportera toutes ses armes, dans lesquelles il mettoit sa confiance, et il partagera ses dépouilles. Celui qui n'est pas avec moi, est contre moi; et celui qui n'amasse pas avec moi, dissipe. Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va dans les lieux arides cherchant du repos; et n'en trouvant point, il dit: Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti. Et à son re-tour il la trouve nettoyée et parée. Aussitôt il va prendre avec lui sept autres esprits plus méchans que lui, et entrant dans la maison, ils y établissent leur demeure. Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Lorsqu'il parloit ainsi, une femme élevant la voix du milieu du peuple, dit: Heureuses les entrailles qui vous ont porté, et les mamelles qui vous ont allaité. Mais plutôt, repartit Jésus, heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui l'observent. (Luc. XI. 14-28.)

EXPLICATION.

Jésus chassa un démon qui étoit muet. Et lorsqu'il eut chassé ce démon, le muet parla, et le peuple fut dans l'admiration. Les miracles que Jésus, dans le cours de sa carrière, ne cessoit d'opérer, outre leur objet direct, qui

étoit de confirmer sa mission et de manifester sa bonté, avoient presque toujours un but allégorique. En chassant le démon qui rendoit cet homme muet, il nous montre un des effets que le péché opère dans nos âmes. Le péché non seulement nous rend aveugles, en fermant nos yeux aux merveilles de la religion; non seule ment nous rend sourds, en fermant nos oreilles à la parole divine; mais il nous rend aussi muets, en liant notre langue, et en l'empêchant de servir aux objets pour lesquels Dieu nous l'a donnée. Le muet spirituel n'a pas perdu l'usage physique de la parole, mais il en a perdu l'usage moral. Il est devant Dieu ce que sont devant les hommes les muets ordinaires; les paroles qu'il profère ne sont que de vains sons qui, n'ayant point de signification, se perdent dans l'air. Il nous importe infiniment de connoître ce démon muet, pour nous garantir de ses embûches. Considérons, et les vues dans lesquelles Dieu nous a donné l'usage de la parole, et la manière dont le démon nous en détourne.

L'usage principal que Dieu veut que nous fassions de notre faculté de parler, est la prière. Ainsi, il a mis dans nous l'intelligence, afin de le connoître; la liberté, afin de le servir; la sensibilité, afin de l'aimer: ainsi, il nous a accordé par-dessus tous les autres êtres le don de la parole, afin que nous pussions célébrer sa grandeur, rendre grâces à sa bonté, implorer

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