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qui à ses prodiges se faisoit reconnoître pour le Messie,

Mais Jésus-Christ ne se prête pas à leur erreur. Pour leur épargner une révolte criminelle, il se dérobe à leur empressement. Autant ce divin Sauveur étoit jaloux de faire rendre à Dieu ce qui lui appartient, autant il étoit exact à faire rendre aux souverains de la terre, ce qui leur est dû. Il en donnoit non seulement le précepte, mais l'exemple. S'il ordonne de payer le tribut à César, il le paie lui-même; et sa pauvreté ne lui en laissant pas le moyen, il fait un miracle pour l'acquitter. Il déclare que son royaume n'est pas de се monde, et en conséquence il refuse de se rendre juge d'une contestation temporelle. Sa loi donne au pouvoir suprême le plus solide fondement ; elle le pose sur la conscience : loi admirable, qui soumettant le chrétien à la puissance qu'il trouve établie, protége tous les gouvernemens, et n'en prescrit aucun; loi merveilleusement adaptée à l'universalité de l'Eglise, qui en fait la religion commune de tous les gouvernemens, et qui intéresse à sa conservation toutes les sociétés, sous quelque forme qu'elles soient constituées.

En se refusant aux vœux indiscrets de ce peuple qui veut le déclarer son roi, non seulement Jésus-Christ nous montre la fidélité que nous devonsà nos souverains; il nous apprend en

core à réprimer une passion d'autant plus dangereuse, que les préjugés du monde l'ennoblissent; d'autant plus commune, que loin d'en rougir, on la regarde à peine comme un défaut ; d'autant plus funeste, qu'après avoir été la première cause de nos malheurs; elle l'est encore d'une grande partie des désordres qui désolent la terre. Le germe de l'ambition est dans tous les cœurs; il n'attend que les plus légères occasions pour se développer et se féconder, pour étendre ses malheureuses racines, et pour produire des fruits bien amers à la société et à nous-mêmes. L'ambition est de tous les états; ses objets varient selon les diverses positions; sa sphère s'étend ou se rétrécit, selon la différence des conditions: mais c'est constamment la même passion, toujours vicieuse devant Dieu et funeste aux hommes. Pour nous en guérir, jetons les yeux sur toute la vie de l'HommeDieu. Quand il choisit un état, il se place dans le plus bas; quand il se donne des apôtres, il va les chercher dans la condition la plus humble; quand il voit naître dans eux la prétention de s'élever les uns au-dessus des autres, il la réprime avec sévérité. Sa maxime favorite, qu'il répète fréquemment pour l'inculquer avec force, est que, pour se voir exalté dans le ciel, il faut s'abaisser sur la terre. Tout son Evangile est l'expression de ce grand principe. Si nous voulons être ses disciples, soyons donc les obser

vateurs de ses préceptes, les imitateurs de ses exemples. Si nous concevons l'ambition la seule raisonnable, la seule utile, la seule noble, la seule digne d'un chrétien, défaisons-nous de ces frivoles, dangereuses et basses ambitions qui, nous tenant attachés à la terre, arrêtent notre essor. Contens de l'état où la Providence nous a mis, n'aspirons qu'à celui qu'elle nous destine. Qu'est-ce qu'une plus grande élévation ? de plus grands devoirs et de plus grands dangers. N'avons-nous donc pas déjà assez, et d'obligations à remplir, et de risques à courir ? Pourquoi volontairement aggraver notre fardeau, et multiplier nos périls? Aurions-nous la ridicule prétention d'épuiser notre ambition en la satisfaisant? Ne devons nous pas savoir, et par l'exemple de tout ce qui nous environne, et peut-être par notre propre expérience, que cette malheureuse passion ne connoît ni mesure ni terme. Ses revers, au lieu de la corriger, la désespèrent; ses succès, au lieu de la rassasier, ne font que l'irriter. Au milieu de la jouissance de ce qu'elle a obtenu, elle se tourmente de ce qu'elle n'a pas encore; et de nouvelles prétentions reviennenent sans cesse être pour elle la source de nouvelles agitations. Il ne peut y avoir de tranquillité que dans le cœur vuide d'ambition. L'homme qui est en paix avec ses désirs, goûte le calme intérieur, le premier des biens de ce monde, l'avant-goût de ceux de l'autre.

Quelle différence de bonheur, et il ne s'agit même ici que du bonheur temporèl, entre celui qui a tout ce qu'il veut, et celui qui veut tout ce qu'il n'a pas. Une saine philosophie suffiroit pour dégoûter l'homme de l'ambition: la religion doit l'en corriger entièrement. Elles se réunissent pour lui inspirer la modération dans ses désirs, en lui montrant qu'elle est tout à la fois le principe de son bonheur le plus solide dans le temps, et la route de son éternelle félicité.

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ÉVANGILE

DU DIMANCHE DE LA PASSION.

Jésus-Christ défie les Juifs de lui trouver un péché. Animosité des Juifs contre lui. Ses réponses.

Jésus dit aux Juifs: Qui de vous me convaincra de péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu. Ce qui fait que vous ne les écoutez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu. Les Juifs lui répondirent: N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un samaritain et un possédé du démon? Jésus leur repartit ; Je ne suis point possédé du démon; mais j'honore mon Père, et vous m'avez déshonoré.

Pour moi je ne cherche point ma gloire; un autre en prendra soin et me rendra justice. Envérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un observe ce que j'enseigne, il ne mourra jamais. Alors les Juifs lui dirent : C'est maintenant que nous connoissons que vous êtes possédé du démon. Abraham est mort et les prophètes aussi; et vous dites: Si quelqu'un observe ce que j'enseigne, il ne mourra jamais. Etes-vous plus grand que notre père Abraham qui est mort, et que les prophètes qui sont morts aussi? qui prétendez-vous être? Jésus repartit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien; celui qui me glorifie, c'est mon Père que vous dites être votre Dieu, et que vous ne connoissez pas; mais moi je le connois, et si je disois que je ne le connois pas, je serois un menteur comme vous, Mais je le connois et j'observe sa parole. Abraham, votre père, a désiré avec ardeur de voir mon jour; il l'a vu, et a été comblé de joie. Les Juifs lui dirent: Vous n'avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham? Jésus leur repartit En vérité, en vérité je vous le dis, je suis avant qu'Abraham fût au monde. Là-dessus ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha et sortit du temple, (Jean. VIII. 46-59.)

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