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relles du quiétisme. Le mouvement de réaction de l'opinion publique contre Molinos et ses disciples n'était pas encore tout à fait apaisé. Le mysticisme vrai et louable parut un peu responsable des abus qu'on en fit. Mais qu'on remarque que l'auteur s'empresse de déclarer Nous n'avons garde de condamner cette théologie enseignée par plusieurs saints et approuvée par l'Eglise. Lors qu'ensuite il termine par ces paroles: Ce qui est extraordinaire ne peut servir de règle, nous lui répondons qu'il n'y a point de règle pour les grâces particulières de Dieu. Si donc, c'est de cela que l'auteur veut parler, nous sommes de son avis. Mais s'il entend que la théologie mystique ne fournit pas des règles sûres, sages et prudentes pour conduire un grand nombre de personnes, particulièrement les religieux et les ecclésiastiques, dans les voies de la perfection évangélique, alors il se trompe. Car il est vrai que la théologie mystique fournit ces règles sûres et prudentes, non pour tous les Chrétiens sans distinction, mais pour tous ceux qui, touchés spécialement par la grâce, aspirent à une vie plus parfaite que le commun des fidèles.

Mais pour trancher ce genre de difficulté par la racine, remontons à la source même de toute la doctrine catholique et écoutons les enseignements de Jésus-Christ.

C'est dans le discours sur la montagne qu'il a réuni presque toute la substance de sa morale. Or, il est aisé de voir que, dans le plan de vie qu'il a tracé à tous les Chrétiens, il y a des choses qui sont de précepte et d'autres seulement de conseil. Cette distinction importante et fondamentale dans la doctrine de l'Eglise n'est point à l'arbitraire des interprètes; elle est fondée sur la tradition universelle, sur l'autorité des saints Pères, des conciles et de tous les docteurs.

Un pieux auteur a très-bien exposé cette distinction :

A la suite des lois, dit-il, le Sauveur passe aux conseils.

A prendre les choses en général, les conseils n'obligent point chacun des Chrétiens, mais il est essentiel qu'ils soient toujours observés par un nombre de fervents disciples, et que leur pratique persévère dans le corps de la société chrétienne. Ils ne sont pas le corps évangélique, mais ils contiennent l'esprit de l'Evangile. Ce n'est pour personne une obligation de les garder en tout temps et en tous lieux; mais se croire pour toujours dispensé de leur totalité, c'est s'exposer au péril prochain de s'affranchir du précepte. En un mot, dans une spéculation abstraite, aucun conseil ne fait loi, mais il arrive quelquefois dans la pratiquc, eu égard aux circonstances des lieux, des temps et des personnes, que le conseil oblige.

Voilà le fondement, la règle et la justification de la théologie mystique. On pourrait donc la définir La science qui traite de la pratique des conseils évangéliques.

Elle repose sur les paroles et les discours de Jésus-Christ. Elle est une partie intégrante el substantielle du christianisme. Sans elle le christianisme est mutilé et privé de son plus bel ornement, de son lustre le plus éclatant.

Nous tomberions dans l'exagération si nous disions que l'accomplissement du précepte ne suffit pas. Ce serait une erreur pareille et tout aussi condamnable de dire que la pratique des conseils n'est pas plus parfaite et plus agréable à Dieu, ou qu'il ne faut pas exhorter les fidèles à suivre les conseils selon l'inspiration de la grâce. C'est un devoir pour les pasteurs d'en favoriser la pratique, d'en faire l'éloge, d'en avoir de l'estime et d'inspirer cette estime aux fidèles qui sont capables d'en être touchés. Et remarquez ici qu'il ne s'agit nullement de choses extraordinaires et plus ou moins surnaturelles qu'éprouvent certaines âmes privilégiées. Ces choses sont la récompense anticipée de la sainteté, mais ne sont pas la sainteté elle-même. La perfection dont s'occupe la théologie mystique embrasse tous les degrés, et même elle s'occupe essentiellement et avant tout des plus bas degrés, c'est-àdire de la complète et entière expiation des péchés, des moyens de les éviter, de la pratique parfaite des vertus communes à tous les Chrétiens, parce que c'est là la base de l'édifice, et que si celui-là manque, le reste ne peut se tenir debout.

On peut voir maintenant combien sont abusés ceux en qui la théologie mystique ne

réveille que des idées d'une piété malentendue et sans règles. Ceux-là, bien loin de connaître la théologie mystique, n'entendent pas même la théologie commune, c'est-à-dire l'enseignement de l'Eglise et le sens des paroles de Jésus-Christ; ils n'entendent ni saint Paul, ni saint Bonaventure, ni sainte Thérèse.

ESQUISSE HISTORIQUE DU MYSTICISME

Avant de nous livrer à d'autres réflexions, et pour jeter sur notre sujet toutes les lumières qu'il peut comporter, nous allons suivre le mysticisme dans l'influence qu'il a exercée dans la suite de l'histoire du genre humain. S'il y a eu un mysticisme vrai et légitime dès l'origine du genre humain, bientôt aussi l'erreur apparut à côté de la vérité. Un mysticisme faux commença à tenir une grande place chez les Juifs et surtout dans l'Inde, et depuis, ce genre d'erreurs, mille fois transformé, s'est propagé jusqu'à nos jours.

Tous les Pères, dit Thomassin, ont remarqué que le premier commandement que Dieu fit à l'homme dans la première félicité du paradis terrestre fut le commandement sinon d'un jeûne, du moins d'une abstinence, et ce fut le violement d'une abstinence qui attira sur Adam et sur tout le genre humain ce déluge de crimes et de calamités que nous n'avons encore pu expier par tant de jeunes et par tant d'abstinences.

C'est une chose bien digne de méditation que cette abstinence du fruit de l'arore de vie imposée à des hommes justes. Nous comprenons les abstinences comme peines expiatoires imposées aux délinquants; encore, quand je dis nous, je ne parle que des catholiques et des honnêtes païens; car messieurs les philosophes font profession de ne rien comprendre aux pénitences prescrites par la religion, quoiqu'ils comprennent assez bien celles imposées par les Codes de la société civile.

Nous comprenons, dis-je, les expiations du péché; mais avons-nous assez remarqué avec les saints Pères cette privation imposée à l'homme juste? Nous en devons conclure avec certitude qu'il y a dans la privation volontaire, un mode naturel et sans doute le plus efficace de tous, de reconnaître la souveraineté infinie de Dieu. C'est le sentiment du profond respect de la créature qui se traduit en actes. L'homme, composé d'âme et de corps, a besoin, même dans l'état de justice, d'exprimer sa dépendance par la soumission affectueuse de son intelligence; il faut en même temps que le corps participe à sa manière à cette soumission, afin que tout l'homme rende hommage à son souverain.

Il paraît que c'est la condition naturelle de l'état d'épreuves des êtres raisonnables et créés.

Il est facile de comprendre que ces privations imposées aux sens ont dû devenir plus multipliées et plus rigoureuses dans l'état de l'homme déchu. Dieu s'est chargé lui-même d'imposer les pénitences que méritait le péché qui pèse sur la race tout entière du genre humain, et ces pénitences nous donnent dans leur rigueur et dans leur étendue, une haute idée du Dieu puissant et incompréhensible qui manifeste d'une manière si terrible son courroux. Sans parler des misères attachées à notre corps et des incommodités dont la nature, devenue ingrate, nous harcelle.de toutes parts, pourrions-nous concevoir une peine comparable à la mort? pourrait-on porter un plus grand coup à cette portion ra térielle de nous-mêmes et inspirer plus d'horreur à notre sensibilité? Eh bien, nos sens ont beau se bouleverser à cet aspect, l'arrêt est porté, et, avec la grâce de Jésus-Christ, notre réhabilitation est à ce prix, c'est-à-dire au prix des misères de cette vie et de la mort soufferts en expiation et avec patience.

Mais outre cette peine générale qui atteint la race tout entière, Dieu a voulu encore que chaque offense eût sa peine et son expiation particulière. Ce point qui paraît plus obscurément dans la loi ancienne est devenu très-clair dans la loi de grâce; et on peut dire qu'après le bonheur incomparable que nous avons eu d'avoir été rachetés par le Fils de Dieu, le plus grand bonheur qui vienne ensuite est que nous savons clairement comment nous devons nous y prendre pour expier nos péchés et profiter de la grâce de JésusChrist

Aussi le dogme de l'expiation, si révoltant pour la philosophie qui, de nos jours surtout, a la vue si courte ; le dogme de l'expiation, dis-je, fait le fond de toutes les religions, de tous les cultes. Non-seulement les jeunes et les abstinences se trouvent au berceau même des fausses religions et dans tous leurs rituels, mais aussi l'immolation des victimes, comme si le genre humain avait unanimement compris qu'il était insuffisant pour satisfaire par lui-même, et qu'il devait chercher de toutes parts une substitution. Voilà la vérité voilée. Un seul peuple parmi tous les autres a connu la vérité plus clairement : c'est le peuple hébreux; celui-là même qui devait donner le souverain Réconciliateur." Aussi est-ce là que nous trouverons les exemples de la vie contemplative et pénitente bien comprise.

Le jeûne de Moïse, pendant quarante jours et quarante nuits avant que de recevoir la Loi, fut une action si héroïque qu'on peut juger que ce n'était point son apprentissage et que ce n'était qu'après des jeunes fréquents et ordinaires, qu'il était monté à ce comble d'une parfaite abstinence.

Elie se signala par un jeûne de même nature, et l'Ecriture nous parlant si souvent des jeunes de tant de justes avant lui, il ne faut pas douter qu'Elie ne fût aussi monté var degrés à ce haut point de perfection.

Tous ces jeunes étaient arbitraires et particuliers; l'Ecriture en fournit un grand nombre d'autres exemples. On ne peut taire celui de Judith, qui jeûnait tous les jours de l'année, excepté ceux qui passaient pour jours de fête chez les Juifs.

Mais on trouve également les jeûnes ordinaires publics et commandés. Le premier que Dieu ait ordonné est celui du dixième jour du septième mois, fête de l'expiation d'' tabernacle. Vous affligerez vos ames, dit le Seigneur, vous vous purifierez par l'expiation.' On comprend très-bien la relation qu'il y a entre les jeûnes, les abstinences et la vie contemplative.

Par le jeûne, l'esprit se dégage des sens et s'élève plus librement vers Dieu. Voilà ce que tous les peuples ont compris et surtout ce que l'on a compris chez les Hébreux. On' peut juger par l'exemple de Moïse combien le jeûne élève une âme jusqu'à la plus grande perfection, et la rend capable de la plus parfaite contemplation. Aussi ce grand homme eut-il la gloire la plus éclatante qui puisse environner un nom d'homme dans les annales du genre humain: la gloire d'être directement le médiateur entre la Divinité et tout son peuple; de leur porter de sa part une loi dictée par ce Dieu terrible, et cela dans les circonstances les plus faites pour frapper les imaginations et graver ce grand événement dans la mémoire des hommes. Si Moïse a été choisi pour ce noble et sublime ministère, il est évident que sa grande âme, dirigée par son amour pour le Dieu créateur du monde, avait monté tous les degrés de la contemplation pour s'unir de coeur à son Dieu et lui offrirhabituellement le pur encens de ses profondes adorations.

Ce que nous disons de Moïse nous pouvons le dire de Melchisedech, de cet homme de de Dieu qui ne paraît si mystérieux, sans doute, que parce qu'il se renfermait plus soigneu-' sement dans le silence de la contemplation.

Nous pouvons le dire de Job, de Samuel, de David et de tous es prophètes.

Nous avons parlé du jeûne d'Elie qui dura quarante jours; de celui de Daniel, qui dura trois semaines. On peut poser en règle générale que, partout où il y a jeûne volontaire offert à la Divinité, il y a purification de mœurs et élévation de l'âme vers les régions supérieures. Il suffit, pour en donner une preuve, de raconter simplement la vie des prophètes, telle que nous la donne l'abbé de Vence.

« Quoique l'autorité des prophètes fût grande dans Israël, et que le peuple et les princes pieux les écoutassent avec respect et ne fissent point d'entreprise importante sans leur avis, cependant leur vie était fort laborieuse, fort pauvre et fort exposée aux persécutions et aux mauvais traitements. Ils vivaient, pour l'ordinaire, séparés du peuple, dans la retraite, à la campagne et dans les communautés de leurs disciples, occupés au travail, à la prière, à l'instruction, à l'étude. Mais leurs travaux n'étaient point de ceux qui exigent une trop forte application et qui sont incompatibles avec la liberté d'esprit que demandait leur,

ministère.

« Elisée quitte sa charrue dès qu'il est appelé à la fonction de prophète. Amos dit qu'il n'était pas prophète, mais pasteur, quand le Seigneur l'appela. Elie et Elisée bâtissaient euxmêmes leurs cellules.Elie était vêtu de peaux et portait un sac. La pauvreté des prophètes paraît dans toute leur vie. On leur faisait des présents de pains, on leur donnait les prémices comme à des pauvres. La Sunamite ne met dans la chambre d'Elisée que des meubles simples et modestes. Le prophète refuse les riches présents de Naaman et donne sa malédiction à Giézi qui les avait acceptés. Leur éloignement des personnes du sexe paraît par la conduite du prophète envers son hôtesse il ne lui parlait que par l'entremise de Giézi; elle n'ose entrer ni se présenter devant le prophète : Giézi l'empêche, lorsqu'elle veut embrasser les pieds du prophète..

« Quoique quelques prophètes fussent maries, il n'y avait point ae remmes dans leurs communautés. Leur frugalité éclate dans leur histoire. On sait ce qui est rapporté des coloquintes qu'un prophète fit cuire pour la, réfection de ses frères. L'ange ne donne que du pain et de l'eau à Elie. Habacuc ne porte que de la bouillie à Daniel; Abdias ne sert que du pain et de l'eau aux prophètes qu'il nourrit dans les cavernes.

<< Souvent ils étaient exposés à la violence des princes dont ils reprenaient les impiétés; aux insultes et aux railleries des peuples dont ils condamnaient les déréglements. Plusieurs d'entre eux sont morts d'une mort violente : ils sont du nombre de ces hommes saints dont l'Apôtre relève les souffrances, lorsqu'il dit : « Les uns ont été frappés de bâtons, <<< les autres ont souffert les moqueries et les fouets, les chaînes et les prisons. Ils ont été « lapidés, sciés, éprouvés en toutes manières, morts par le tranchant de l'épée; vaga<< bonds et couverts de peaux de brebis, étant abandonnés, affligés, persécutés, eux dont le « monde n'était pas digne. »>

« Mais au milieu de ces persecutions et de ces opprobres, on les voit toujours dans une. parfaite liberté, mépriser la mort, les dangers et les tourments, attaquer avec une intrépidité merveilleuse tout ce qui s'opposait à Dieu; mépriser les richesses, la faveur, les honneurs avec un désintéressement qui étonnait ceux qui cherchaient à ébranler leur constance.

«Leurs maisons et leurs communautés étaient des asiles contre l'impiété. On y venait consulter le Seigneur, on s'y assemblait pour faire la lecture de la Loi: c'étaient des écoles de vertus et des abris de l'innocence. »>

Changez les noms et mettez en place celui de cénobites, et vous aurez l'histoire des moines des premiers siècles de l'ère chrétienne. Voilà le même esprit de mortification des sens pour sa propre amélioration morale et le même esprit de dévoument pour sa religion et pour ses frères.

A cette époque l'idolâtrie n'avait pas jeté chez tous les gentils des racines telles, que. certains peuples ne fussent encore capables de retour au vrai Dieu, et ce retour se pratiquait par l'abstinence et le jeûne.

« Les Ninivites reviennent de leurs iniquités à la parole de Jonas, et leur pénitence est accompagnée des actions les plus contraires à l'inclination des hommes du siècle, accoutumés depuis longtemps à une vie molle et délicieuse. Ils étaient auparavant habillés superbement, et nous les voyons qui se revêtent d'un sac, et qui se couvrent de poudre et de cendre. Ils passaient leur vie dans les festins splendides; et ils embrassent tout d'un coup un jeune si austère, qu'ils ordonnent aux hommes de ne rien manger et de s'abstenir même de boire de l'eau. C'est pourquoi ils méritèrent que Dieu dise d'eux que, voyant qu'ils s'étaient convertis en quittant leur mauvaise voie, il eut compassion d'eux, et ne leur envoya point les maux dont il les avait menacés. >>

Ce ne sont pas là les seuls exemples de vie spirituelle et purifiée avant Jesus-Christ. Il est vraisemblable que les réchabites remontent juqu'à Jethro, parent de Moïse, et on croit qu'ils eurent la même durée que le peuple de Dieu. C'est à eux probablement que se rattachent les nazaréens, du moins l'abstinence du vin leur était commune.

Ce que l'Ecriture sainte dit des réchabites nous en donne une haute idée. C'étaient des hommes d'une vie exemplaire, d'une abstinence rigoureuse, d'une grande retraite, et d'unɑ : désappropriation presque entière.

Leur demeure était à la campagne, et sous des tentes, négligeant le séjour des villes et fuyant le commerce du monde; sans biens, sans terres, sans maisons, sans retraite fixe. On les regarde comme les imitateurs de la vie des prophètes, et les modèles que se sont proposés les esséniens et les thérapeutes parmi les Hébreux et les solitaires dans l'Eglise chrétienne.

L'observance des réchabites se soutint dans toute sa vigueur pendant plus de trois cents ans, jusqu'à la captivité de Babylone. Sous le règne de Joakim, Nabuchodonosor étant venu assiéger Jérusalem, les réchabites, ne pouvant plus en assurance demeurer à la campagne, se retirèrent dans la ville, sans toutefois quitter leur coutume de loger sous des tentes. Leur abstinence fut louée par le Seigneur dans la bouche de Jérémie.

Quelques-uns croient que les assidéens, dont il est parlé au temps des Machabées, étaient .es successeurs et les imitateurs des réchabites. Mais nous sommes persuadés que les assidéens étaient en bien plus grand nombre que les réchabites. Le nom d'assidéens se donnait à toutes les personnes qui faisaient une profession particulière de dévotion et de piété. C'est en ce sens qu'il se rencontre souvent dans le texte hébreu des Psaumes et des Paralipomènes. Et qui oserait soutenir que tous ceux qui consacraient leur vie aux exercices de la religion suivaient l'institut des réchabites? D'autres les confondent avec les esséniens, mais leurs genres de vie sont trop dissemblables. Les esséniens vivaient à la campagne, occupés à cultiver la terre; ils n'avaient point de biens propres et mettaient tout en commun; ils n'avaient ni femmes ni esclaves; ils faisaient leurs offrandes au temple, mais n'y sacrifiaient point, parce que leurs cérémonies étaient plus pures et plus saintes que celles du commun des Hébreux : ils faisaient eux-mêmes leurs sacrifices à part. Ils avaient des officiers qui prenaient soin de leurs revenus, et qui les leur distribuaient selon les besoins de chacun : ils ne demeuraient pas tous dans une certaine ville, mais ils étaient dispersés dans plusieurs lieux, où ils recevaient leurs frères dans une parfaite union. Or tout cela est contraire à l'institut des réchabites qui, comme on l'a vu, avaient des femmes et des enfants, et observaient d'autres pratiques qui n'étaient pas communes avec les premiers. Ainsi ces diverses corporations avaient un fond commun d'observance, qui consistait. à se vouer d'une manière particulière au service de Dieu et à la pratique de la vertu. Les premiers établis ont sans doute fait naître les autres, mais ils étaient séparés et de communauté et de genre de vie spécial. (Voy. le mot ASSIDÉENS.)

Nous ne parlons pas ici de la secte des pharisiens, ni de celle des sadducéens et des hérodiens.

Quoiqu'il y eût dans ces sectes un très-grand nombre de personnes recommandables par la régularité et l'austérité de leur vie, on doit les considérer comme hors de la voie droite et du chemin de la véritable vertu, même comme elle devait être entendue sous la loi de Moïse. Ces sectes blessaient le dogme jusqu'à nier les plus fondamentales vérités, comme l'immortalité de l'âme et les récompenses et les peines de l'autre vie; elles blessaient la morale jusqu'à éluder les soins que l'on doit aux parents devenus vieux, c'est-à-dire quand les obligations des enfants sont devenues plus rigoureuses. De plus ils avaient fini par surcharger la Loi et par l'étouffer sous des pratiques superstitieuses et ridicules, quand elles n'étaient pas injustes et immorales. Même les esséniens n'étaient. pas exempts de quelques graves reproches. Les réchabites soutiennent mieux la critique : leur vertu est mieux entendue. En résumé cependant, le plus parfait modèle de la vie. contemplative se résume sous la Loi ancienne dans les premiers exemples que nous avons donnés en commençant par Moïse jusqu'aux prophètes et aux enfants des prophètes; voilà des exemples autorisés et respectables en tout point.

La série des hommes contemplatifs de l'Ancien Testament se clôt par un saint personnage qui mérite d'avoir ici une place à part; c'est saint Jean-Baptiste qui a reçu le plus bel éloge qui puisse être décerné ici-bas à une intelligence créée. A l'occasion dest deux disciples que ce saint prophète envoya de sa prison au Fls de Dieu pour savoir s'il était le Messie, Jésus-Christ répondit par ces paroles qui sont un témoignage si éclatant

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