Obrázky na stránke
PDF
ePub

Le même Cassien nous explique cette vérité par une comparaison très-juste, qui est aussi de saint Grégoire: « Ceux qui marchent, dit-il, dans la vie spirituelle, ressemblent à un homme qui serait au milieu d'un fleuve rapide; s'il voulait s'arrêter le moins du monde, et qu'il ne s'efforçât pas toujours d'aller contre le courant, il risquerait d'en être emporté. Le chemin que nous avons à tenir est si directement contraire au penchant de notre nature corrompue par le péché, que si l'on ne travaille, et si l'on ne s'efforce d'aller toujours en avant, on sera sans doute entraîné par le cours impétueux de ses passions. Le royaume du ciel souffre violence; il n'y a que les violents qui l'emportent. Quand on s'avance contre Ja marée, on doit toujours ramer sans relache, et l'on ne peut cesser un moment, qu'on ne se trouve fort éloigné du lieu où l'on était. De même ici, il faut toujours ramer sans relâche, et il faut toujours voguer, et faire force contre le courant de nos passions déréglées, si nous ne voulons nous voir bientôt extrêmement éloignés du degré de perfection où nous étions auparavant arrivés.»>

Les six moyens qui contribuent surtout à notre avancement spirituel, sont le recueillement, la paix du cœur, le détachement des créatures, le renoncement à soi-même, l'esprit de douceur et de résignation parfaite à la volonté de Dieu.

On pratique le recueillement en gardant le silence et la retraite et en ne se mêlant point des affaires d'autrui. Le silence consiste à ne parler que lorsqu'il est nécessaire, et alors même à parler peu, à moins qu'on ne s'entretienne sur des matières qui regardent Dieu; autrement, parler beaucoup nuit toujours à la dévotion. On garde vraiment la retraite, lorsqu'on suit ce conseil du prophète Isaïe: Entrez dans le secret de votre chambre, fermez vos portes sur vous (Isa. XXVI, 20'); c'est-à-dire qu'il faut se tenir chez soi, s'éloigner du commerce des créatures, ne chercher leur conversation que pour la nécessité, ou lorsque la gloire de Dieu l'exige; se passer des visites et de toute communication au dehors autant que la bienséance et l'état de chacun peuvent le permettre. On ne s'éloignerait pas autant qu'il est nécessaire de ce qu'on appelle affaires d'autrui, si l'on n'était determiné à se borner à son emploi, et à s'intéresser simplement à ce qui est du devoir; à ne point s'informer des nouvelles et des bruits.qui courent, et à renoncer aux connaissances mondaines; car toutes ces choses doivent être mises au nombre des inutilités dont il ne faut jamais permettre à l'esprit de s'occuper, afin que, donnant toute son attention à la présence de Dieu, aux mystères de Jésus-Christ et aux paroles de l'Ecriture sainte, on ne perde jamais de vue la pratique des vertus et surtout de la charité et de l'humilité, et qu'on entretienne toujours en soi une ferme résolution de s'y perfection

ner.

Trois choses contribuent surtout à entre

tenir la paix du cœur la première est de renoncer à toute affection aux objets créés; de n'avoir nulle prétention, nul désir, nul soin qui inquiète : quand on ne prétend rien, qu'on ne cherche rien hors de Dieu, on possède son âme en paix; la seconde est de réprimer tout mouvement de passion, tout sentiment un peu vif et tout empressement qui pourrait troubler le calme intérieur. Pour y réussir, il faut avoir soin d'éviter toute sorte de contestation avec le prochain; la troisième est de conserver le goût des choses divines et de faire toutes ses actions dans le même goût, prenant garde de ne donner aucun lieu au trouble. On sent alors comme un baume céleste qui se répand sur le cœur et qui contribue à le maintenir dans une assiette tranquille. Par ce moyen, on parvient à la paix dont parle saint Paul, laquelle surpasse toute pensée (Philip. iv, 7). Cette paix s'arrête quelquefois dans la partie supérieure de l'âme, sans passer jusque dans les sens. Alors l'âme, quoique sans goût sensible, ne laisse pas d'être tranquille, parce qu'elle est pénétrée d'une suavité divine purement spirituelle.

Le détachement des créatures consiste, 1° à renoncer par un dépouillement effectif ou du moins par détachement du cœur à tous les biens de la terre, de sorte qu'il n'y ait rien de temporel en quoi l'on cherche quelque appui ou le moindre contentement; 2° à user avec modération de toutes choses extérieures, à fuir l'abondance, à se passer de tout ce qui est précieux, de tout ce qui ne sert qu'aux aises de la vie, ou à contenter la curiosité; de tout ce qui n'est pas précisément nécessaire; 3° en un entier dégagement de tout ce qui nous environne, si bien que nous ne tenions à rien et que les choses les plus nécessaires nous deviennent indifférentes.

Le renoncement à soi-même consiste à sacrifier ses intérêts pour ne se chercher en rien, à se mortifier en tout, combattant sans relâche les inclinations et les sentiments déréglés de la nature, et n'accordant à son esprit et à son corps aucun soulagement ni aucune satisfaction, que la raison et la nécessité ne l'ordonnent; à s'oublier, à se haïr soi-même d'une sainte haine, et à se traiter comme une créature insupportable qui mérite que tout le monde la foule aux pieds.

L'esprit de douceur comprend deux choses 1° une égalité d'âme et une humeur accommodante, qui se prête à tout dans la société civile, et qui ne sache ce que c'est que de témoigner de l'aigreur et du ressentiment, lorsqu'elle se voit contrariée; 2° une invincible patience dans les accidents fâcheux, à l'exemple de Jésus-Christ et des saints à qui ce divin Sauveur a expressément recommandé cette vertu, lorsqu'il leur a dit qu'il les envoyait comme des brebis au milieu des loups; voulant leur faire entendre, que les plus grandes adver sités et les persécutions les plus cruelles ne

doivent jamais altérer la paix et la douceur de leur cœur.

La résignation parfaite renferme trois excellentes pratiques de soumission sincère à tout ce qui vient de la part de Dieu, d'abandon aveugle à sa conduite, de conformité sincère à sa sainte volonté.

1° La soumission consiste à nous résigner de cœur aux ordres de Dieu, jusqu'à y trouver notre contentement et notre plaisir. Cette résignation doit s'étendre premièrement, à tout ce qui nous regarde nous-mêmes nous devons être bien aises que la volonté de Dieu s'accomplisse sur nous, et trouver bon tout ce qui nous arrive, quelque desagréable et quelque fâcheux qu'il puisse être. 2° La résignation doit s'étendre à tous les malheurs publics, tels que sont les renversements des royaumes, les guerres, les révolutions qui arrivent dans l'Etat ou dans l'Eglise; toutes ces calamités doivent être acceptées avec une soumission cordiale, ce qui n'empêche pas qu'on ne supplie la bonté divine d'y remédier. 3° La résignation doit encore se pratiquer à l'égard des choses que Dieu n'ordonne point et qu'il ne vent point ordonner, mais qui ne sauraient arriver sans sa permission, comme sont les scandales publics, les fautes considérables qui font tort à la religion et à la vertu en tout cela nous pouvons et nous devons adorer avec soumission la volonté de Dieu, sans cesser de détester le péché qui lui déplaft.

L'abandon aveugle entre les mains de Dieu doit aller jusqu'à être parfaitement tranquille sur toute sorte d'événements; mais en particulier, il faut en user: 1° à l'égard de la Providence. Tout ce qui nous vient de sa part, ou qui arrive aux personnes que nous chérissons, la maladie aussi bien que la santé, la perte aussi bien que le profit, tout cela doit être accepté, nonseulement sans murmurer, mais encore avec plaisir. 2° En matière d'obéissance i ne suffit pas de se soumettre aux ordres des supérieurs, il faut s'y livrer sans examen et sans réserve. 3° Dans la manière d'observer la loi évangélique, il faut tout sacrifier, tout risquer pour y être fidèle, se confiant peinement en la sagesse et en la bonté de celui qui en est l'auteur. Ainsi le pratiqua saint Antoine, lorsqu'ayant entendu ces paroles: Allez, vendez tout ce que vous avez, etc., il se dépouilla de tout pour obéir. Ainsi l'observent tous les jours ceux qui quittent père et mère et tout ce qu'ils possedent pour l'amour de Jésus-Christ, sans se mettre en peine de tout ce qui peut ar

river.

Mais de toutes les pratiques, la plus excelJente et la plus utile, c'est la conformité à Ja volonté divine. Elle consiste à faire ce que Dieu veut, à le faire comme il veut et parce qu'il le veut. C'est à quoi une âme qui désire son avancement doit apporter une attention continuelle. Il faut qu'à tout moment elle se demande à elle-même : La volonté de Dieu se trouve-t-elle dans l'action

que je vais faire? La manière dont je fais cette action est-elle conforme à la volonté de Dieu ? Est-ce bien le motif de la volonté de Dieu qui me la fait entreprendre? On doit pendant plusieurs mois s'examiner tous les jours, et plusieurs fois par jour, sur ces trois points, jusqu'à ce que cette sainte pratique ait passé en habitude, et qu'elle nous soit devenue aisée et familière. (Voir PERFECTION).

AVANCIN, Jésuite, originaire du Tyrol, enseigna la rhétorique, la morale et la philosophie à Gratz, puis devint professeur de théologie à Vienne. On remarque parmi ses œuvres l'ouvrage ascétique intitulé: Via et doctrina Jesu Christi; Vienne,

1667.

AVEUGLEMENT SPIRITUEL. L'aveuglement spirituel est un état d'obscurité qui empêche l'âme de voir bien des choses importantes pour son salut et sa perfection.

L'aveuglement produit dans les Ames trois effets principaux, dont chacun est une espèce particulière d'aveuglement. La première espèce est de ne point apcrcevoir le mal qu'elles font; la seconde, d'ignorer le bien qu'elles pourraient faire et qui leur est nécessaire; la troisième, de ne pas connaître le fond de leur âme.

1° La première espèce d'aveuglement suppose, comme tout aveuglement spirituel, une privation de lumière et des infidélités qui nous attirent cette privation. L'effet que produit ce premier aveuglement, c'est de nous empêcher de voir, ou de nous faire compter pour rien, certains désordres de l'intérieur qu'on peut réduire à trois. Il est des âmes qui s'imaginent n'avoir d'autre dessein que celui de contenter Dieu : c'est en cela qu'elles s'aveuglent; car elles sont toujours occupées à former des projets qui marquent peu de vertus et beaucoup d'imperfections. Mais ce sont des projets cachés et presque imperceptibles, qui se dérobent à leur connaissance par le moyen du trouble et du tumulte qu'ils jettent dans leur âme. Cependant elles sont très-ardentes à la poursuite de ce qu'elles désirent; elles en attendent l'accomplissement avec beaucoup d'impatience; elles comptent tous les moments. Et comme elles forment plusieurs desseins qui se succèdent les uns aux autres, toute leur vie se passe dans une agitation continuelle dont elles ne s'aperçoivent pas. D'autres personnes, d'un autre caractère, se laissent emporter par leur activité naturelle: elles ne sauraient rien faire qu'avec un certain empressement qui gâte tout, parce qu'il est toujours accompagné de quelque trouble, et fort contraire à la paix du cœur et au recueillement intérieur. Cependant elles ne se détient point de cette disposition, parce qu'elles n'en comprennent point les conséquences. D'autres parlent trop 1.brement, décident hardiment de tout, coupent et tranchent pour ainsi dire, et commettent en cette matière une infinité de péchés qu'elles n'aper çoivent point, parce que le torrent de l'ha

bitude les entraine, et que leur dissipation les empêche de veiller sur leur intérieur. Leur aveuglement est semblable à celui de David qui, après son adultère et son homicide, fut longtemps sans se reconnaître.

2° La seconde espèce d'aveuglement, c'est d'ignorer le bien qu'on pourrait faire pour la gloire et le service de Dieu. Les lumières naturelles ne découvrent ordinairement que ce qui flatte l'amour-propre; et quand on les prend pour guides, on cherche à se faire valoir, à pousser ses prétentions, à s'attirer l'estime des hommes. Mener une vie cachée, être abandonné des créatures, prendre pour soi ce qu'il y a de plus incommode, faire fonds sur l'humilité, sur la pauvreté d'esprit et sur la souffrance, toutes ces maximes évangéliques, où la lumière du Saint-Esprit découvre de si grandes richesses aux saintes âmes, ne présentent au commun des hommes que pauvreté et disette, parce qu'étant dans l'obscurité, les vérités les plus lumineuses ne sont pour eux que ténèbres. C'est pour cela que saint François Xavier, parlant de cette sentence de l'Evangile: Celui qui en ce monde hait sa vie, s'en assure pour la vie éternelle (Joan. xii, 23), dit que rien n'est plus clair que cette vérité pour ceux qui la contemplent dans l'oraison, et que rien n'est plus obscur dans la pratique, pour ceux qui n'en ont pas l'intelligence et le goût.

3 La troisième espèce d'aveuglement consiste à ignorer ce qu'il y a de plus profond et de plus seeret dans le cœur. Il y a des personnes qui paraissent vertueuses, qui se croient telles, et qui le sont au jugement de bien des gens : il s'en faut pourtant de beaucoup qu'elles le soient autant qu'elles le paraissent, parce qu'elles n'ont pas poussé la mortification assez loin, et qu'en attaquant leur orgueil, leur vanité et leurs autres vices, elles ne sont pas allées assez avant pour les détruire jusqu'à la racine. Ces vices demeurent cachés au dedans, à la faveur de leurs ténèbres intérieures; il faut que quelque occasion imprévue les fasse paraître, et alors ils se montrent, du moins aux yeux de ceux qui sont éclairés.

On peut comparer les âmes plongées dans l'aveuglement spirituel, à des étangs dont l'eau paraît claire et tranquille. Pour l'agiter et la troubler, il ne faut qu'y jeter quelque appât on voit alors des poissons monstrueux monter jusqu'à la surface de l'étang, et se replonger incontinent dans le fond d'où ils sont sortis; c'est dans ce fond bourbeux qu'ils habitent, et ils ne le quittent que pour courir à quelque proie. Ainsi en est-il des vices cachés: ils demeurent tranquilles dans le fond de l'âme, et on ne les connaît point; mais que quelque accident, auquel on ne s'attendait pas, vienne à les exciter, ils se montrent tels qu'ils sont, et on commence à les connaître. Or il importe beaucoup aux âmes, que ces sortes d'accidents leur arrivent, et qu'elles trouvent des gens qui les exercent et les éprouvent, pour leur appren

dre à se connaître. On peut encore comparer les personnes dont nous parlons à ces mers pleines d'écueils dangereux, cachés dans le fond, et qu'on ne découvre que lorsqu'on s'en approche, et que le vaisseau vient à toucher.

La plupart des hommes ne connaissent pas le fond de leur cœur; leurs vices s'y tiennent cachés sous une montre de vertu et sous une tranquillité apparente; il faut qu'on les heurte pour les leur faire connaitre. Comme la connaissance des écueils cachés est la grande science du pilote, on peut dire que l'ignorance des vices occultes est le plus funeste aveuglement et le plus grand malheur d'une âme. On ne peut remédier à ce mal qu'avec le secours de la grâce et par la conduite ferme d'un directeur éclairé : deux moyens qui doivent concourir ensemble pour opérer une entière guérison. L'âme est ensuite capable des dons extraordinaires de la grâce, qui demande beaucoup de pureté dans le sujet qui les reçoit. (Voy. l'art. ABANDON.)

AVILA (Jean d'), né à Almodovar del Campo, bourg de l'archevêché de Tolède, dans la Nouvelle-Castille, vers l'an 1500, fut surnommé l'Apôtre de l'Andalousie. Il eut pour maître de philosophie Dominique Soto, à Alcala. Après la mort de ses parents, il distribua tous ses biens aux pauvres. Il exer ça le ministère de la parole avec un zèle admirable, et opéra de nombreuses conversions. François de Borgia et Jean de Dieu Jui durent la leur. Sainte Thérèse lui fut aussi redevable d'avoir décidé sa vocation. On peut le regarder comme le père de tant de saints qui édifièrent l'Espagne au xvi siè cle. C'était un génie universel, un directeur éclairé, un prédicateur célèbre, un homme révéré de toute l'Espagne, connu de tout l'univers chrétien; sa réputation était parvenuc à un tel point, que les princes se soumettaient à ses décisions, et que les savants lui demandaient le secours de ses lumières; enfin il mérita par sa doctrine, par son zèle et par ses autres vertus, d'être l'édification, le soutien et l'oracle de l'Eglise. Il mourut le 10 mai 1569. On a de lui des Lettres spirituelles et des Traités de piété, traduits en français par Robert Arnauld d'Andilly. Jean d'Avila a reçu l'honneur de la béatification. Louis de Grenade, Louis Munnoz et Martin Ruiz ont écrit sa vie.

AVRILLON (Jean-Baptiste-Elie), né à Paris en 1652, Minime distingué par ses sermons et par sa piété, mourut à Paris en 1729, âgé de soixante-dix-huit ans. On a de lui plusieurs ouvrages ascétiques. Les prin cipaux sont: 1° Méditations et sentiments sur la sainte communion, in-12; 2o Retraite de dix jours pour tous les états, in-12; 3 Conduite pour passer saintement le temps de l'Avent, in-12; pour passer saintement le temps du Carême, in-12; pour passer saintement les octaves de la Pentecôté, du Saint-Sacrement et de l'Assomption, in-12; -4° Commentaire affectif sur le psaume Miserere, pour servir de préparation à la mort, in-12;

317

--

-5° L'Année affective, ou Sentiments sur
l'amour divin, tirés du Cantique des canti-
ques, in-12;
6° Réflexions théologiques,
morales et affectives sur les attributs de Dieu,
in-12; -7 Commentaire affectif sur le grand
précepte de l'amour de Dieu, in-12; -8° Ré-
flexions pratiques sur la divine enfance de
Jésus-Christ, in-12; 9° Sentiments d'un
En retraite pendant l'octave du Saint-

BACCHIARIUS, philosophe chrétien, florissait au v siècle. On a de lui une lettre écrite à l'évêque Januarius, touchant l'incontinence d'un moine. On y voit autant de prudence que de zèle, autant de sévérité que de charité.

BACON (Jean), provincial des Carmes, docteur de Sorbonne, appelé le docteur Résolu, naquit à Baconthrop, dans la province. de Norfolck, en Angleterre, et mourut à Londres vers l'an 1346. Outre ses Commentaires sur le Maître des sentences, on a de lui un Traité de la règle des Carmes.

BAIL (Louis), docteur de Sorbonne, et Sous-pénitencier de Paris, né à Abbeville, est auteur de plusieurs ouvrages fort peu estimés: 1° L'Examen des confesseurs, livre rempli d'inexactitudes; 2 une Bibliotheque des prédicateurs, en latin, sous le titre pompeux de Sapientia foris prædicans; -3 Summa conciliorum, 2 vol. in-fol.

BAKER (David), Bénédictin anglais, né dans la religion protestaute, 1575, dans le comté de Kent, fit ses premières études à Oxford, et vint ensuite à Londres où il fit son droit. Ayant embrassé la religion catholique, il se rendit en Italie et entra dans l'ordre de Saint-Benoît. Ses supérieurs le renvoyèrent à Londres en qualité de missionnaire, sous Charles I. Il y mourut en 1641. Il publia une explication de Walter Hilton, intitulée : L'Echelle de perfection, Ouvrage de spiritualité qui prouve les progrès que David Baker avait faits dans la science de la vie intérieure. Il était d'ailleurs très-érudit, et il a laissé d'immenses recueils. BARRY (Paul de), provincial des Jésuites de la province de Lyon, mort à Avigoon, en 1661, publia plusieurs ouvrages de piété où il y a plus de bonne morale que de bon goût. La plupart furent traduits en latin, en italien et en allemand. Voici les titres singuliers de quelques-uns: 1° Les saints accords de Philagie avec le Fils de Dieu;-2 La riche alliance de Philagie avec les saints du paradis; -3° La Pédagogie céleste; -4° L'instruction de Philagie pour vivre à la mode des saints. Paul de Barry est aussi l'auteur du Pensez-y bien.

BASILE, pieux et savant évêque de Séleu-1 cie, fot déposé au concile de Chalcédoine, en 51, pour avoir souscrit au concile d'E

[ocr errors][merged small]

B

phèse; mais il reconnut sa faute et fut rétabli. Nous signalons plusieurs de ses sermons, son travail sur l'office des pasteurs, sur l'humilité et ses exhortations aux pecheurs. Ses ouvrages conviennent à ceux qui ont des âmes à conduire.

BASILE, qui de mendiant devint empereur et empereur assez sage et vertueux, ce qui était rare en ce temps-là, nous a laissé des Avis à son fils, où l'on trouve de bonnes maximes de piété chrétienne.

BASILE (Saint), surnommé le Grand, naquit en 329, à Césarée en Cappadoce. H alla continuer ses études à Constantinople, où il profita des leçons des plus célèbres philosophes, puis à Athènes, où il cultiva l'amitié de saint Grégoire de Nazianze. Il revint de là à Césarée, où il plaida quelques causes avec succès. Mais bientôt, dégoûté du barreau et du monde, il alla s'ensevelir dans un désert de la province du Pont, où sa sœur Macrine et sa mère Emilie s'étaient déjà retirées. Saint Grégoire et plusieurs autres vinrent se former à la vertu dans la solitude de Basile. Après la mort de l'évêque de Césarée, en 369, Basile fut élu, contre son gré, pour lui succéder. L'empereur Valens, partisan fanatique des ariens, essaya de l'engager dans cette secte, et employa auprès de lui les prières et les menaces. Mais ce fut en vain ni la crainte de subir l'exil ou la perte de ses biens, ni la menace de la mort, rien ne fut capable d'ébranler le saint évêque. Cette grandeur d'âme désarma Valens. Basile mourut en 379, laissant de volumineux écrits. On y trouve des Homélies; des Commentaires; des Traités de morale, et enfin des Lettres où les fondateurs des monastères occidentaux ont puisé bien des points de leurs constitutions, et où l'on admire plusieurs avis fort judicieux que la plupart des moines ont pris pour leur règle. Dans ces divers ouvrages de saint Basile, tout respire une élégance, une pureté que la solitude n'avait pu altérer. Son style est élevé et majestueux, ses raisonnements profonds, son érudition vaste. Ses écrits étaient lus de tout le monde, même des païens. On le comparait aux plus célèbres orateurs de l'antiquité, et on doit le mettre au rang des Pères de l'Eglise les plus éloquents. La Vie de saint Basile a été écrite par Godefroi Her

mant, docteur de Sorbonne, 2 vol. in-4, 1674.

BASTIDE (Mare), Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, naquit à SaintBenoit-du-Sault, en Berry. Il fit profession à Saint-Augustin de Limoges, en 1616. Il passa par toutes les charges de son ordre, ce qui ne l'empêcha pas de composer plusieurs ouvrages, tous traitant de spiritualité, parmi lesquels on remarque: 1° Des Directions pour les novices; 2° des Méditations; -3° Traité de l'esprit de la congrégation de Saint-Maur; le Carême bénédictin. Marc Bastide mourut à Saint-Denis, le 7 mai 1668, dans de grands sentiments de piété.

BAUDRAND (Barthélemi), Jésuite, né à Vienne, en Dauphiné, entra jeune dans la société, et après sa suppression se retira à Lyon, où il s'occupa de la composition d'ouvrages de piété bien connus et estimés des personnes religieuses et des ecclésiastiques qui les dirigent. Ces ouvrages sont: 1° Histoires édifiantes et curieuses tirées des meilleurs auteurs; 2 l'Ame contemplant les grandeurs de Dieu, avec l'Ame se préparant à l'Eternité, Lyon, 1775, in-12; -3° l'Ame élevée à Dieu, etc., Lyon, 1776, in-12; traduite en Allemand, Ausbourg, 1790; 4° l'Ame éclairée par les Oracles de la sagesse, dans les paraboles et béatitudes évangéliques, Lyon, 1776, in-12; -5° l'Ame affermie dans la foi, Lyon, 1776, in-12; -6° "l'Ame intérieure ou Conduite spirituelle dans les voies de Dieu, Lyon, 1776, in-12; -7° Gémissements d'une âme pénitente; -8° Réflexions, Sentiments et Pratiques de piété ;-9 Panégyriques des saints, etc. Le pieux Baudrand, qui n'est connu que par ses ouvrages, auxquels il n'avait pas mis son nom, et sur la vie duquel on n'a pas de détail, est mort le 3 juillet 1787.

BEATIFICATION. Voy. CANONISATION. BEATITUDE (MOTIFS DE). On sait que les faux mystiques ont prétendu qu'il y avait un certain amour pur tellement désintéressé qu'il excluait tout motif de béatitude; c'était pour eux le beau idéal de l'amour des parfaits; or celte doctrine ensei gnée par l'école quiétiste, est certainement contraire à l'Ecriture.

En effet, ce motif de béatitude est également proposé à tous dans les termes les plus généraux sans aucune restriction, de sorte qu'on n'en peut excepter personne. Il n'y a point de restriction dans les buit béetitudes; il n'y en a point dans cette parole, Réjouissez-vous, parce que vos noms sont écrits dans le ciel, ni dans toute l'Epitre aux Hébreux, où la cité permanente nous est proposée, ni en aucun des endroits de l'Ecriture, où toute l'Eglise, sans distinction de parfaits et d'imparfaits, est mise en mouvement vers le ciel.

Ce motif nous est proposé avec le grand et premier commandement, qui est celui d'aimer Dieu; ce qui paraît par ces paroles du Deuteronome: Ecoute, Israel, et prends garde à observer les commandements que le donne le Seigneur ton Dieu, afin que tu sois

heureux (ut bene sit tibi), que tu sois multiplié, et que tu possèdes la terre où coulent le miel et le lait, comme le Seigneur te l'a promis. Cette terre où coulent le lait et le miel, est pour nous la patrie céleste, qui est la terre des vivants et le royaume de Dieu, à quoi le Seigneur attache le commandement en ces termes: Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est un seul Dieu. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toutes tes forces.

Il n'est pas ici question de discuter les motifs de l'amour de Dieu spéculatifs, géné raux, immédiats, subsidiaires, ou autres dont on dispute dans l'école; mais seulement de considérer les choses que Dieu veut unir ensemble en quelque manière que ce soit; qui sont d'aimer Dieu à titre de Seigneur; ce qui est un titre relatif à nous à titre de notre Dieu, Deum tuum, d'un Dieu qui veut être à nous en toutes manières, et autant par ses bienfaits que par son empire naturel et enfin, avec le motif de désirer d'être heureux, et de posséder la terre qu'il nous a promise.

Ces annexes, inséparables du premier commandement, ont la même étendue que le commandement même, et entrent dans les motifs, sinon spécificatifs, dont il ne nous importe pas à présent, du moins excitatifs de l'amour de Dieu, comme il paraît encore dans ces paroles du Deuteronome: Regarde que le ciel, et le ciel des cieux, est au Seigneur ton Dieu, avec la terre et tout ce qu'elle contient; et toutefois le Seigneur ton Dieu s'est attaché et collé à tes pères (conglutinatus est), et les a aimés et leur postérité après eux pour en venir à conclure, Aime donc le Seigneur ton Dieu, ce qui montre que l'union de Dieu avec nous pour nous rendre heureux, et son amour bienfaisant, entre en quelque manière que ce soit dans le motif de l'ainer, et ne peut en être absolument séparé. BOSSUET.

Ce motif de notre béatitude n'entre pas seulement dans le culte de l'Ancien Testament, comme il paraît par ces passages: Heureux l'homme qui ne marche point dans le conseil des impies heureux ceux dont les péchés sont remis: heureux ceux qui marchent sans tache dans la voie du Seigneur; et cent autres de cette nature: mais il est encore présupposé, comme un fondement de la nouvelle alliance, dès le sermon sur la montagne, où Jésus-Christ commence à établir la loi nouvelle par les huit célèbres beatitudes, qui sont le fondement de ce grand édifice.

Jésus-Christ, en proposant ce motif, n'use pas de paroles de commandement, mais il procède en présupposant que de soi il est voulu de tout le monde, et le donne aussi pour motif commun de tous les commandements qui doivent suivre dans les 5o, 6o et 7 chap. de saint Matthieu.

Ces commandements regardent les parfaits comme les autres, et même plus que l'excellence de l'Evangile par-dessus la loi à les autres, puisque Jésus-Christ y établit

« PredošláPokračovať »