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contre cette prétendue famille d'amour; il l'appelait une secte de fanatiques, parce qu'ils prêtaient serment, dansaient, chantaient et se divertissaient: c'était un fanatique qui en attaquait d'autres. (MOSHEIM, Hist. eccles. xvi siècle, sect. 3, ' part., c. 3, § 25.)

in-12. On craignit que ce livre ne fit revivre le système pernicieux de Molinos (Voir ce nom), et Bossuet le déféra au Saint-Siége, qui condamna le nouveau livre en 1699, après neuf mois d'examen, avec ordre de suppression et de rétractation de la part de l'auteur. Fénelon n'avait pas attendu cet ordre; dès qu'il eut appris la sentence de Rome, il fit un mandement lui-même contre son livre, et se rétracta solennellement en chaire. Ce grand prélat, appelé le Cygne de Cambrai, mourut le 7 janvier 1715, gé de soixante-trois ans, et fut universellement regretté. Sa Vie a été écrite par le cardinal de Bausset. Les ouvrages ascétiques de Fénelon, outre son livre de l'Explication des Maximes des saints, sont: 1' Direction pour la conscience d'un roi, composée pour le duc de Bourgogne, in-12, 1748; - 2o un excellent Traité de l'éducation des filles, in-12; 3° OEuvres purement spirituelles, vol. in-12; 5° de nombreuses Lettres spirituelles.

FAURE (Charles), abbé de Ste-Geneviève et premier supérieur général des chanoines réguliers de la Congrégation de France, naquit à Luciennes, près de St-Germain-enLaye, en 1594, d'une famille noble. Il entra dans l'abbaye de Senlis, et la réforma par ses conseils et par ses exemples. Il vit s'introduire cette réforme dans l'abbaye de SteGeneviève de Paris et dans près de cinquante autres maisons du même ordre. Nommé général de cette nouvelle Congrégation, il travailla avec des peines et des fatigues incroyables au rétablissement de l'ancienne discipline. Il mourut saintement en 1644, âgé de cinquante ans. On a de lui plu-4 sieurs ouvrages ascétiques, et en particulier une Conduite pour les Novices. La Vie du P. Faure a été écrite par le P. Chartonnet, 1698, in-4°.

FAUSTE, évêque de Riez, né vers 390 dans la Grande-Bretagne, quitta le barreau, où il obtenait des succès, pour se retirer dans le monastère de Lérins. Il en devint abbé en 433. Plus tard, vers 455, il succéda à saint Maxime sur le siége de Riez, fut exilé en 481, et mourut vers 485. On a de lui un Traité du libre arbitre et de la grâce, et quelques ouvrages d'ascétisme insérés dans la Bibliothèque des Pères.

FÉLICITÉ. Voy. BEATITUDE, Fins derNIÈRES.

FENELON (François DE SALIGNAC DE LAMOTTE-) naquit au château de Fénelon en Quercy, le 6 'août 1651, d'une maison ancienne et distinguée. Doué des plus heureuses dispositions pour l'esprit et pour le cœur, il fit ses premières études à Cahors, de là vint à Paris, étudia la théologie sous la conduite de l'abbé Tronson, supérieur de Saint-Sulpice, entra dans les ordres à vingtquatre ans, et exerça les fonctions les plus pénibles du ministère dans la paroisse SaintSulpice. Il eut ensuite la direction des Nouvelles-catholiques, et celle d'une mission dans la Saintonge et l'Aunis. En 1689, Louis XIV le chargea de l'éducation des dues de Bourgogne, de Berry et d'Anjou, pour lesquels il écrivit son Télémaque et ses Dialogues des Morts. En 1695, Fénelon fut nommé à l'archevêché de Cambray. Mais dès lors un orage se formait contre lui; il ne fut pas longtemps sans éclater. Né avec un cœur tendre et une forte envie d'aimer Dieu d'un amour pur et désintéressé, il se lia avec la fameuse madame Guyon (voir ce nom), dans laquelle il ne vit qu'une âme sainte, éprise du même goût que lui. Les idées de spiritualité de cette femme excitèrent le zèle des théologiens et particulièrement celui de Bossuet. Fénelon épousa le parti de madame Guyon, et publia son livre de l'Explication des Maximes des saints, 1697,

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FERNAND ou FERDINAND (Charles), natif de Bruges, poëte, musicien, philosophe et orateur, quoiqu'aveugle dès l'enfance, professa les belles-lettres à Paris. Le Pape Innocent VIII, informé de la sainteté de sa vie et de son savoir, lui permit de recevoir le diaconat, en vertu duquel il exerça le ministère de la prédication avec beaucoup de zèle et d'éloquence. Il mourut en 1496, Bénédictin, dans le monastère de ChezalBenoît, à douze lieues de Bourges. On a de lui: 1° De tranquillitate animi; - 2 Monasticarum confabulationum libri quatuor;

3° Speculum monasticæ disciplinæ, 1515, in-fol.

FERRAND (Fulgentius Ferrandus), diacre de Carthage au vr siècle, disciple de saint Fulgence, est auteur d'une Collection abrégée des canons ; d'une Exhortation au comte Réginus, sur les devoirs d'un capitaine chrétien, et de quelques autres opuscules; Dijon, in-4°, 1649.

FERRARI (Lucius), provincial de l'ordre des Frères Mineurs, vivait sous Benoît XIV, auquel il dédia son admirable ouvrage intitulé Bibliotheca prompta, canonica, juridica, rubricistica, theologica nec non ascetica, polemica, historica, etc. M. l'abbé Migne le réimprime en ce moment.

FERREOL (Saint), évêque d'Uzès en 533, a laissé une Règle monastique, insérée par Holstein dans son Codex Regularum.

FILASSIER (Marin), prêtre du diocèse de Paris, mort en 1733, à cinquante-six ans, fut curé de campagne, et ensuite chapelain des Dames de Miramion. On a de lui: Sentiments chrétiens, propres aux personnes infirmes, in-12.

FIN DES ACTIONS. Voy. RAPPORT el PERFECTION DES ACTIONS, au mot ACTION. FINS DERNIÈRES (Manière de les médi ter). La matière de méditation (Voir ce mot) la plus propre à purifier les âmes de ceux qui commencent à marcher dans la voie de la perfection, est la considération des quatre fins dernières, de la mort, du ju

gement, de l'enfer et du ciel. Nous en avons la preuve :

1 Dans l'Ecriture sainte. En toutes vos actions, souvenez-vous de vos fins dernières et vous ne pécherez jamais (Eccli VII, 40). N'abandonnez pas votre cœur à la tristesse mais repoussez-la loin de vous, et souvenezrous de vos fins dernières (Eccli. xxxvIII, 21). Ah! s'ils avaient de la sagesse! s'ils comprenaient et s'ils prévoyaient leurs fins dernières! (Deut. XXXII, 29.)

2o Dans les saints Pères : « Ne livrez pas votre cœur dit Rhaban, à la tristesse du siècle, qui opère la mort de l'âme; mais rejetez-la loin de vous et souvenez-vous de la fin des temps » (In Eccle. 1. xvIII, c. 15). L'auteur du Miroir des pécheurs, qu'on trouve dans les OEuvres de saint Augustin, dit, à propos du texte du Deuteronome (xxxn, 29) cité plus haut, et qu'il propose comme un miroir: « Si vous vous regardiez plus Souvent dans cette sorte de miroir, vous seriez assurément plus fort que Samson, plus prudent que David, plus sage que Salomon; or ceux-ci ont négligé de se considérer Souvent dans ce miroir, c'est pourquoi ils sont tombés dans l'aveuglement des désirs de leur chair.» Saint Bonaventure propose aussi aux fidèles la fréquente méditation des fins dernières « Ils doivent diriger leurs méditations sur le souvenir de la mort, qui leur fait mépriser tous les charmes de ce monde, la gloire, les honneurs et les dignités; sur le souvenir du jugement dernier. qui les excite à faire de bonnes œuvres, afin d'être dignes alors de recevoir avec les justes la récompense de leurs mérites; sur le Souvenir des peines de l'enfer, qui les détournent de toute action mauvaise par la crainte des tourments; enfin sur le souvenir de la gloire des cieux, qui les anime à s'enrichir de vertus réelles, dans l'espoir d'y jouir du repos éternel et d'en partager la gloire. » (Fascicular)

3 En voici la raison: la crainte et l'espérance ont surtout rapport aux peines et aux récompenses éternelles, qui sont tout l'objet des fins dernières. Or ceite crainte et cette espérance sont les dispositions requises pour la justification, et propres, la première surtout, aux commençants, selon le concile de Trente (sess. vi, c. 6): « Quand ils reconnaissent qu'ils sont pécheurs, frappés d'une crainte salutaire de la justice divine, la considération de la miséricorde de Dieu relève leur espoir abattu. Mais l'homme ne peut arriver à ce résultat que par une sérieuse et attentive méditation de ses fins dernières. Cette méditation doit donc être surtout utile pour purifier les âmes des commençants.

Les ascètes ont composé de nombreuses méditations sur les fins dernières. Les uns se contentent de courtes considérations, Come saint Ignace, dans ses Exercices, saint François de Sales, saint Pierre d'Alcantara et Godinez (Prax. theol. myst.).Cette méthode convient mieux à coux qui peuvent, avec la grace de Dieu, se nourrir de ce fruit avec Técorce. D'autres procèdent par des médi

tations plus étendues, tels que Grenade, Dupont, Molina; ils ont en vue d'enseigner, d'émouvoir et de secourir les faibles. D'autres encore ont fait des traités complets sur les fins dernières, comme Denys de Carthage, Drexelius, Alvarez de Paz. Remarquons que, selon Regueroa, la méditation des fins dernières est nécessaire, au moins de nécessité de précepte, et même en quelque sorte de nécessité de moyen, pour revenir à Dieu d tout son cœur et persévérer dans la justice, à cause de l'acte de crainte et d'espérance qu'elle nous inspire. Cependant cette méditation doit être fondée, non-seulement sur la seule raison humaine, mais encore sur la foi à la récompense surnaturelle de la vue de Dieu et au châtiment d'en être privé. L'expérience en effet nous apprend que, dans l'état d'une nature corrompue, la seule lumière de la raison est bien peu de chose, au lieu que la lumière de la foi, si l'on y joint la méditation, est d'une grande utilitě. La même expérience prouve d'ailleurs que la méditation des fins dernières, éclairée par la foi, est tellement fondamentale, pour le plan et l'observation d'une conduite vraiment chrétienne, que sans elle on ne peut rien édifier de solide.

Examinons maintenant chacune des fins dernières en particulier. La méditation de la mort est utile et nécessaire pour purifier les ames, surtout celles des commençants.

I. L'Ecriture sainte nous donne la certitude 1o que nous mourrons tous sans exception: Vous mourrez... (Gen. 11, 17.) Qui est l'homme qui vivra et qui ne verra pas la mort? (Ps. LXXXVIII.)-2° Que nous mourrons tous, mais seulement une fois : Il est arrêté que les hommes meurent une fois (Hebr. 1x, 27). Nous mourons tous et nous nous écoulons sur la terre comme des eaux qui ne reviennent plus (II Reg. XIV, 14). Souvenez-vous que mo vie est un souffle qui ne reviendra plus (Job VII, 7). -3° Que nous ne connaissons nullement la manière, le lieu ni l'heure de notre mort: Le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas (Luc. xii, 40). La mort est comparée à un voleur, et le père de famille ignore à quelle heure il doit venir (Luc. XII, 39). Dieu, dans ses dessein: secrets, a fixé les limites de notre vie avec toutes ses circonstances: Les jours de l'homme sont courts, le nombre de ses mois est entre vos mains; vous avez marqué les bornes de sa vie, et il ne peut les passer (Job XIV, 5). Mais tout cela nous est caché, à part très-peu d'exceptions, qu'il serait téméraire de supposer devoir être en notre faveur. Certe la méditation sérieuse et réfléchie de ces vérités est très-utile et nécessaire pour vivre chrétiennement, selon ce précepte du Seigneur Prenez garde à vous, veillez et priez, parce que vous ne savez pas quand ce temps viendra (Marc. XIII, 33). Souvenez-vous du jugement de Dieu sur moi, car le vôtre viendra de même; hier à moi, aujourd'hui à vous. (Eccli. xxxvIII, 28).

II. Les saints Pères le prouvent également. Saint Jérôme, après avoir rapportó

celte maxime de Platon: La méditation de la mort est toute la vie du sage, préfère celle ci de saint Paul Je meurs chaque jour, et ajoute « Nous devons donc méditer à l'avance sur ce que nous serons un jour, et qui nous arrivera bientôt, que nous le vouIons ou non. » (Ep. 3 ad Heliod.) « Celui-là méprise facilenient toute chose, dit-il enCore, qui pense toujours qu'il doit mourir.. (Ad Paulin., ep. 133.) Saint Augustin remarque aussi que «rien ne détourne mieux les hommes du péché que la pensée d'une mort prochaine. » L. 11 De Genes., 28.) « Considérez souvent, dit saint Bonaventure, ayez toujours présent à votre esprit que vous ne pouvez éviter la mort, ni connaître l'heure de la mort, ni changer l'instant déterminé par Dieu.» (Soliloq., c. 3.) « Comme de tous les aliments, dit saint Jean Climaque, le pain est le pins nécessaire, de même la plus utile de toutes les actions est la méditation de la mort.» (Scol., grad. 6.) L'Imitation de Jésus-Christ (I. 1, c. 23) nous montre avec détails toute l'utilité de la pensée de la

mort.

III. En voici la raison: La mort est en quelque sorte le souverain mal de la nature et le moment d'où dépend l'éternité. La prudence demande donc que nous y pensions sérieusement à l'avance, et que nous prenions de bonne heure les moyens de changer un si grand mal en souverain bien, et un moment de tribulations en toute une éternité de bonheur. Or ce moyen consiste à méditer toujours sur la mort, que nous devons subir certainement une fois, mais dont nous ignorons l'heure. C'est ainsi que nous vivrons toujours comme si nous étions sur le point de mourir, et que, craignant moins la mort que la mauvaise mort, nous la rendrons bonne en vivant bien. Nous mourrons à nous-mêmes par la mortification, et nous ne laisserons à la mort d'autre soin que de trancher le lien qui nous attache à la vie. Enfin par les veilles et la prière, nous nous habituerons à vaincre courageusement nos ennemis et à souhaiter une mort glorieuse par nos blessures.

Le meilleur fruit que nous puissions tirer de la méditation de la mort, est une conduite chrétienne, conforme au principe telle vie, telle fin. Pour cela il faut une sérieuse méditation de la mort, car la pensée fugitive de la mort, ou l'habitude de contempler les morts et leurs ossements, n'est pas d'une grande utilité pour notre instruction particulière et pour la réforme de nos mœurs, comme l'ont remarqué saint Jean Climaque et Denys le Chartreux. Car ces pratiques extérieures dégénèrent facilement en pures cérémonies, si elles ne sont animées par le saint exercice de la méditation. Les païens eux-mêmes dans leurs festins avaient diverses images de la mort, qui, loin de les déterminer à réformer leur conduite, étaient pour eux un motif de se plonger dans les voluptés. Mangeons et buvons, s'écriaient ces insensés, car nous mourrons demain (Isa. XXI, 13). En outre la méditation de la mort

ne sera pas suffisamment utile, si elle est purement humaine, si elle n'envisage la mort que comme la fin de la vie : cette méditation doit s'élever plus haut par les lumières de la foi, à considérer la mort comme le commencement d'une éternité heureuse ou malheureuse, qui attend notre âme immortelle, et notre corps après sa résurrection. Car tel est le privilége singulier de la foi, de nous certifier, outre ce que nous voyons, la réalité de ce que nous ne voyons pas. Aussi l'Apôtre nous donne cet avis: Veillez, justes, et ne péchez pas (I Cor. xv, 34). Le temps est court; ainsi il faut que ceux qui usent du monde soient comme n'en usant point, car la figure de ce monde passe (1 Cor. vi, 29, 31). Quelques-uns ont pensé avec Innocení III (1. 1 De contemptu mundi) qu'au moment de la mort tous les hommes voyaient le démon acharné à les tenter, et JésusChrist crucifié consolant les bons et effrayant les méchants cette opinion n'est pas assez fondée pour passer en règle générale, comme le prouve Grenade, ( p., contr. 13, tr. 1, d. 1.). Il suffit toutefois que cela soit possible, d'autant plus que souvent Jésus-Christ crucifié vient invisiblement stimuler notre conscience et le démon nous tenter avec force. Si les méchants et les tièdes ne s'en aperçoivent pas, c'est précisément une preuve du danger de leur situation. Enfin pour ne pas confondre la crainte chrétienne avec la crainte naturelle de la mort, il faut remarquer avec saint Jean Climaque que la première n'exclut pas cette crainte naturelle, qui est un sentiment inspiré par la nature et que Jésus-Christ lui-même a éprouvé dans sa très-sainte humanité. Elle n'exclut pas non plus la crainte de la mort fondée sur un motif surnaturel qui est l'incertitude de la bonne ou mauvaise mort et de l'heureuse ou malheureuse éternité qui doit la suivre. Les saints ne sont pas même exempts de cette crainte. Mais ces deux craintes, et surtout la dernière, ne doivent pas, dans la méditation de la mort, nous empêcher de concevoir en Dieu l'espérance d'obtenir sur notre salut toute la certitude possible, si nous la recherchons par une constante réforme de notre conduite; car la charité s'accroissant en nous, diminue ces deux crainles, nous inspire de saints désirs de la mort, et enfin nous procure la mort la plus douce.

La Méditation du Jugement n'est pas moins utile et nécessaire que la méditation de la mort. Il y a deux jugements, le jugement particulier, que subit chaque âme après la mort et le jugement général, que subiront tous les hommes à la fin du monde, après la résurrection des morts. Tous deux sont iadiqués et proposés comme salutaire méditation.

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qui auront fait de bonnes œuvres sortiront pour ressusciter à la vie; mais ceux qui en auront fait de mauvaises, en sortironi pour ressusciter à leur condamnation (Joan. v, 28 et 29.) Saint Matthieu (xxiv, 27) a fait de ce jugement une description détaillée. Puisque dans ce jugement il nous faudra rendre le compte le plus exact de toutes nos actions, et que nous en ignorons l'époque, il faut méditer avec soin sur les moyens de vivre en Chrétiens, et de n'avoir pas à redouter la présence de notre juge.

2 Par les saints Pères. « Couvert de toutes les souillures de mes péchés, dit saint Jérôme (Ep. 5, ad Florent.), j'attends jour et nuit dans la crainte le moment où il me faudra rendre jusqu'à la dernière obole.» Soit que vous fisiez, dit-il encore (Regul., monach.) soit que vous dormiez, soit que vous écriviez, soit que vous veilliez, que toujours retentisse à vos oreilles la trompette d'Anias et de l'Apôtre, qui ont prédit ce jour redoutable pour les impies et les pécheurs.-Que toujours cette terrible trompette fasse entendre à vos oreilles ces paroles Levez-vous, morts, et venez au jugement. Ecoutons aussi saint Grégoire (tom. I, in Evang.): « Que ce jour, mes très-chers frères, soit toujours présent à votre pensée; que son souvenir corrige votre conduite, réforme vos mœurs, vous fasse résister à la tentation du mal et la vaincre, vous repentir et faire pénitence de vos mauvaises actions. »

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3. En voici la raison : La méditation de la mort est très-utile et nécessaire au Chrétien; done à plus forte raison la méditation du jugement; car la mort n'est redoutable qu'à cause du jugement qui la suit, puisque le jugement, selon Denys le Chartreux, est plus terrible que la mort corporelle et ten:porelle, et même que les peines temporelles de l'enfer. Qui me pourra procurer cette gráce, que vous me cachiez dans l'enfer et que rous m'y meltiez à couvert, jusqu'à ce que votre fureur soit passée? Ensuite le souvenir continuel du jugement, comme le remarque saint Thomas, détourne l'homme du péché, par la considération de la justice et de la miséricorde de Dieu, et par l'espérance qu'il puise dans la considération de cette miséricorde qui remet les péchés et récompense le bien. (2-2, q. 12, a. 2.) En effet, celui-là seul désespère, qui ne croit pas au jugement futur, ou qui n'y pense pas pour n'avoir pas à le redouter; au contraire, pour celui qui y croit et qui y pense, la crainte est un puissant aiguillon pour vivre en Chrétien et par conséquent pour espérer en Dieu.

Pour que la méditation du jugement soit plus profonde, il est utile d'en bien examiner les circonstances. 1° Le lieu, pour le juge ment particulier, est celui où chacun de - nous vient à mourir. Le naufragé qui périt dans les flots, le voyageur assassiné par un brigand, celui qui dans un duel tombe sous les coups de son adversaire, le soldat tué var l'ennemi, celui que frappe la foudre,

tous sont aussitôt jugés par Dieu au lieu même de leur mort. Sur ce même lit, témoin de votre mollesse et peut-être de vos turpitudes, vous ne serez bientôt plus qu'un cadavre, et c'est là que vous serez jugé. Hélas! Dieu tout-puissant! A quoi pensonsnous, de négliger ainsi des méditations d'une si grande importance pour notre âme!2° Le temps du jugement. Ce sera l'instant même où notre âme sera séparée de notre corps, où l'homme ne pourra plus ni mériter, ni démériter. -3° Quand les Pères et les ascètes représentent le jugement sous l'image des plus terribles jugements des hommes, c'est pour se mettre à la portée de notre intelligence; car ce jugement est loin de ressembler aux nôtres; il est bien supérieur, et nous pouvons à peine maintenant nous en faire une idée. C'est en quelque sorte une vision intellectuelle de l'âme par laquelle elle se voit elle-même, ainsi que toutes les pensées, les paroles et les actions de sa vie, et elle aperçoit son juge, et peutêtre aussi la sainte Vierge, saint Michel et son saint ange gardien, et entend d'une manière spirituelle la sentence prononcée contre elle. A ce sujet le Père Reguera (Theol. myst., t. I, p. 438) remarque que ce juge, qui, avant l'avénement du Christ, était Dieu, est maintenant Dieu et homme à la fois; et bien qu'il soit permis de croiro que dans le jugement particulier JésusChrist ne vienne pas personnellement et sensiblement comme homme pour nous ju. ger, il vient cependant, selon la vision intellectuelle dont nous venons de parler, non de la même manière qu'il se montre aux bienheureux, mais sous une autre forme sublime, où il se montre parfois aux bo ́nmes; c'est pour le coupable un juge sévère, comme Dieu, réellement présent, et comme homme en tant qu'il est le même qui est à la droite du Père. -4° Ce jugement particulier s'accomplit en un instant, d'une manière plus sublime et plus terrible que nous ne pouvons nous l'imaginer; car cette manière sera propre à l'âme dégagée des sens et connaissant les choses spirituelles par les idées propres infuses; tandis que sur la terre nous ne nous représentons ce sujet que sous des images étrangères fournies par les sens, et qui diffèrent plus du vrai que la peinture de la réalité. La rapidité incroyable avec laquelle s'exerce ce jugement, loin de diminuer notre terreur, doit au contraire la redoubler, puisque nous trouverons notre juge en nous-mêmes, el noti au dehors. -5° Quant au jugement universel, il renfermera de plus la confusion que nous ressentirions en voyant toutes nos actions secrètes divulguées aux yeux du monde entier. Toutes ces considérations dovent nous déterminer à suivre l'avis de l'abbé Amon : « Soyez comme un crimine! dans un cachot, et dites vous à vous-même: Malheur à moi! Comment irai-je me présenter devant le tribunal de Jésus-Christ? Comment pourrai-je rendre compte de toutes mes actions? Si vous méditez sans cesse

cette pensée, vous pourrez être sauvé. » (Vit. PP., apud Rosweidum, l. v.)

La méditation de l'enfer n'est pas moins utile et nécessaire à la perfection de la vie. chrétienne. 1° l'Ecriture sainte nous l'enseigne. Bien souvent elle répète que les châtiments de l'enfer sont réservés aux impies. Elle l'affirme surtout dans ce passage: Eloignez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel (Matth. xxv, 41). Elle recommande en divers endroits la méditation de l'enfer: Que les vivants descendent (par la pensée) dans l'enfer (Psal. LIV, 16). « Ce ne sont pas les mourants, ce sont les vivants qui doivent y descendre et contempler sans cesse les douleurs de l'enfer, afin de les avoir en horreur et de les éviter.» (L. 11 ad Frat. de monte, c. 4, attribué à saint Bernard.) Saint Bernard dit aussi (serm. 42, De divers.): << Descendez vivant dans l'enfer, et considérez avec les yeux de l'esprit tout cet attirail de tortures. » Il est dit encore dans l'Ecriture: C'est le Seigneur qui conduit en enfer et qui en ramène (I Reg. 11, 6). Saint Grégoire dit à ce sujet : « Nous cessons de pécher, alors que la céleste grâce, amollissant nos cœurs, nous redoutons les peines futures; et nous sommes retirés de l'enfer, alors que, visités par des consolations intérieures, nous passons des gémissements de la pénitence à l'espoir du pardon.» La description de l'enfer faite par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à l'occasion du mauvais riche, qui y était précipité (Luc. xvi), confirme la nécessité de le méditer sérieusement, et cette méditation nous sera plus utile que si nous le voyions de nos yeux, ou si quelqu'un des damnés venait à ressusciter, pour nous en retracer le supplice, selon cette parole de Jésus-Christ: S'ils n'écoutent ni Moise, ni les prophètes, ils ne croiront pas non plus, quand même quelqu'un des morts ressusciterait (Luc. xvi, 31).

2° Les saints Pères nous exhortent aussi à cette méditation. « Si nous avons sans cesse à l'esprit la pensée de l'enfer, dit saint Jean Chrysostome, nous ne sommes pas près d'y tomber. C'est pour cela que le Seigneur nous a menacés de ces supplices; car Dieu ne nous aurait pas fait cette menace, si la pensée de l'enfer n'avait pas dû nous être profitable. Cette menace est en quelque sorte pour nos âmes un remède salutaire.» (Hom. 2 in 11 Reg.) Il donne ensuite le conseil d'inspirer cette pensée et et cette horreur de l'enfer aux enfants, dès leur plus tendre jeunesse. Saint Prosper dit au sujet des peines de l'enfer : « En lire ou en écouter le récit, les avoir toujours sous les yeux de l'esprit, croire qu'elles arriveront, les craindre sans aucun trouble, penser quel malheur ce serait pour nous d'être exclus de la joie de la divine contemplation, se nourrir enfin de toutes ces pensées, est le meilleur moyen de repousser les vices et de mettre un frein à tous les attrails de la chair.» (L m De vit. contempl.)

3o La raison en est bien claire. Les damnés auront une horreur perpétuelle de l'enfer (Job x, 22), du feu éternel (Matth. xxv, 41),

de ce lieu de supplices (Luc. XVI, 28.); et la vue et la contemplation continuelle des maux qu'ils y endurent, sera pour eux la source d'une douleur et d'une tristesse incomparable. Or rien de plus juste que de faire utilement nous-mêmes ce qu'ils font sans aucune utilité; et pendant les courts instants de notre vie de considérer, comme ils le font dans l'immensité des siècles, ces peines et ces tourments que nous pourrons bien subir un jour. Cette considération nous ferait concevoir pour le péché, qui nous mérite l'enfer, beaucoup de haine, de larmes et de repentir; car il faut, ou faire pénitence, ou brûler. C'est ainsi que nous serons excités à vivre en parfaits Chrétiens. Il est trois points que doit embrasser la sérieuse méditation de l'enfer :

1° La peine du dam, qui consiste dans la privation de la vision bienheureuse : c'est un malheur aussi grand que la privation de Dieu même, et dont la perte fait souffrir des tourments indicibles.

2° La peine du sens ou du feu. Si pour le monde entier nous refuserions de livrer notre corps seulement pendant une heure aux flammes, qui pourra, parmi vous, rester au milieu de flammes éternelles? (Isa. XXXIII, 14.) Comment la flamme de la colère, de la luxure ne s'éteindrait-elle pas devant ce feu? « Conservez en le souvenir, dit saint Augustin, et opposez le feu de l'enfer à ce feu des passions et de la concupiscence, qui maintenant vous agite, afin d'en vaincre l'ardente violence par une violence plus ardente encore.» (Serm. 181, De tempore, c. 18.)

3° L'éternité des peines. « Quoi de plus affreux, dit saint Bernard, que de toujours vouloir ce qui ne sera jamais, et de ne jamais vouloir ce qui durera toujours! Quel supplice que d'avoir ainsi sa volonté asservie à la nécessité de vouloir et ne vouloir pas ? » (L. v De consid., c. 12.)

Enfin la méditation de la céleste gloire est encore très-utile à la perfection chrétienne. 1° L'Ecriture sainte nous le démontre, en nous proposant sans cesse cette éternelle récompense, afin de nous exciter à vivre saintement : J'ai porté mon cœur à accomplir éternellement vos ordonnances pleines de justice, à cause de la récompense (Ps. CXVIII, 112). Elle veut que nous en ayons comme une soif ardente: Mon âme est toute brilante pour Dieu, pour le Dieu fort et vivant. Quand viendrai-je et quand paraîtrai-je devant la face de Dieu? (Ps. xii, 3.) Je serai rassasié, lorsque vous m'aurez fait paraitre votre gloire (Ps. XVI, 15.) Elle relève nos espérances et es dirige vers le ciel : Je verrai mon Dieu..... C'est là l'espérance que j'ai et qui reposera toujours dans mon sein (Job xix, 26 et 27). Vous êtes semblables à des hommes qui attendent leur Seigneur. ( Luc. XI, 36). Elle exige que nous priions pour l'obtenir, et que nous y demeurions en esprit: Notre Père, qui étes au ciel.... Que votre règne arrive. (Matth. vi, 9). Nous vivons déjà dans le ciel comme en étant citoyens

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