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j'ai critiqués, et qui sont en effet d'ailleurs, aussi bien que moi, très dignes de critique. En un mot, avec la même sincérité que j'ai raillé [a] de ce qu'ils

des Arundel d'Angleterre, mourut en 1661. Il y avoit une véritable analogie entre son talent et celui de Lucain, dont il a traduit la Pharsale en vers; cependant il a travesti le premier livre de ce poëme et le septième de l'Énéide. S'il a beaucoup d'enflure, il a quelquefois aussi de la force et de l'élévation. Dans tout ce qu'il a fait on rencontre des choses heureuses. Sa santé languissante ne lui permettoit de travailler que dans les intervalles d'une fièvre opiniâtre, qui le consuma pendant vingt ans. Ce poëte ne fut pas de l'académie françoise.

[d] Georges de Scudéri, né au Hâvre en 1601, mort à Paris en 1667, étoit un écrivain d'une fécondité malheureuse, qui joignit à l'humeur d'un capitan la vanité la plus ridicule. Osant être jaloux de Corneille, ce fut lui qui déféra le Cid au jugement de l'académie françoise, dont il étoit membre. On a de Scudéri Alaric ou Rome vaincue, poëme héroïque, le Calloandre fidèle, traduit de l'italien, seize pièces de théâtre, des poésies diverses, des discours, des dissertations. A la tête d'une de ses tragédies, l'Amour tyrannique, il se fit graver avec les attributs de Mars et d'Apollon. Sous son portrait on lisoit ces deux vers:

Et poëte et guerrier,

Il aura du laurier.

[a] Toutes les éditions, depuis 1683 jusqu'à 1713, portent : « j'ai raillé de ce qu'ils ont de blâmable, » ce qui se dit fort bien encore. Les différents éditeurs néanmoins ont cru devoir corriger le texte de l'auteur, en mettant: «<j'ai raillé ce qu'ils ont...... »

ont de blâmable, je suis prêt à convenir de ce qu'ils peuvent avoir d'excellent. Voilà, ce me semble, leur rendre justice, et faire bien voir que ce n'est point un esprit d'envie et de médisance qui m'a fait écrire contre eux. Pour revenir à mon édition, outre mon remerciement à l'académie et quelques épigrammes que j'y ai jointes [a], j'ai aussi ajouté au poëme du Lutrin deux chants nouveaux qui en font la conclusion. Ils ne sont pas, à mon avis, plus mauvais que les quatre autres chants, et je me persuade qu'ils consoleront aisément les lecteurs de quelques vers que j'ai retranchés à l'épisode de l'horlogère [b], qui m'avoit toujours paru un peu trop long. Il seroit inutile maintenant de nier que ce poëme a été composé à l'occasion d'un différent.... [c].

[a] Ces mots « outre mon remerciement à l'académie et « quelques épigrammes que j'y ai jointes,» furent ajoutés dans l'édition de 1694. Despréaux n'étoit pas encore de l'académie françoise, lorsque son édition de 1683 parut.

[6] Dans l'édition de 1701, il s'agit d'une perruquière. [c] On supprime la fin de cette préface, que Despréaux, dans l'édition de 1701, fait servir d'avis au lecteur pour le poëme du Lutrin. Saint-Marc a su le premier éviter ce double emploi.

AVERTISSEMENT

Qui, dans l'édition de 1694, suit la préface que l'on vient de lire.

AU LECTEUR.

J'ai laissé ici la même préface qui étoit dans les deux éditions précédentes, à cause de la justice que j'y rends à beaucoup d'auteurs que j'ai attaqués. Je croyois avoir assez fait connoître, par cette démarche où personne ne m'obligeoit, que ce n'est point un esprit de malignité qui m'a fait écrire contre ces auteurs, et que j'ai été plutôt sincère à leur égard que médisant. M. Perrault [a] néanmoins n'en a pas jugé de la sorte. Ce galant homme,

[a] Charles Perrault, de l'académie françoise, né à Paris, y mourut en 1703. On n'est pas d'accord sur la date de sa naissance, que d'Alembert, comme secrétaire de l'académie, fixe au 12 janvier 1628. Les rapports que, dans sa place de contrôleur-général des bâtiments, il entretenoit avec le ministre Colbert, le mirent à portée de rendre les services les plus importants aux sciences, aux lettres et aux arts. Outre les ouvrages que Despréaux cite de lui avec dérision, lettre 58, tome IV, on a une Histoire des hommes illustres du siècle de Louis XIV, qui fait honneur à son impartialité. Sa prose et sa poésie sont foibles en général.

au bout de près de vint-cinq ans [a] qu'il y a que mes satires ont été imprimées la première fois, est venu tout-à-coup, et dans le temps qu'il se disoit de mes amis, réveiller des querelles entièrement oubliées, et me faire sur mes ouvrages un procès que mes ennemis ne me faisoient plus. Il a compté pour rien les bonnes raisons que j'ai mises en rimes pour montrer qu'il n'y a point de médisance à se moquer des méchants écrits, et, sans prendre la peine de réfuter ces raisons, a jugé à propos de me traiter dans un livre [b], en termes assez peu obscurs, de médisant, d'envieux, de calomniateur, d'homme qui n'a songé qu'à établir sa réputation sur la ruine de celle des autres. Et cela fondé principalement sur ce que j'ai dit dans mes satires que Chapelain avoit fait des vers durs, et qu'on étoit à l'aise aux sermons de l'abbé Cotin [c].

Ce sont en effet les deux grands crimes qu'il me

[a] La première édition des satires ayant paru en 1666, il étoit plus exact de dire près de trente ans.

[b] Le Parallèle des anciens et des modernes.

[c] Charles Cotin, né à Paris en 1604, mort en 1682, conseiller et aumônier du roi, vit tomber sa réputation sous les traits de Despréaux et de Molière, dont il eut la maladresse de s'attirer l'inimitié. Son nom étoit devenu si ridicule, que dans les harangues de l'académie françoise on ne trouve pas le discours de réception de l'abbé de Dangeau, son successeur, qui lui devoit un éloge commandé par l'usage.

reproche, jusqu'à vouloir me faire comprendre que je ne dois jamais espérer de rémission du mal que j'ai causé, en donnant par là occasion à la postérité de croire que sous le règne de Louis-leGrand il y a eu en France un poëte ennuyeux et un prédicateur assez peu suivi. Le plaisant de l'affaire est que, dans le livre qu'il fait pour justifier notre siècle de cette étrange calomnie, il avoue lui-même que Chapelain est un poëte très peu divertissant, et si dur dans ses expressions qu'il n'est pas possible de le lire. Il ne convient pas ainsi du désert qui étoit aux prédications de l'abbé Cotin. Au contraire, il assure qu'il a été fort pressé à un des sermons de cet abbé; mais en même temps il nous apprend cette jolie particularité de la vie d'un si grand prédicateur, que sans ce sermon, où heureusement quelques uns de ses juges se trouvèrent, la justice, sur la requête de ses parents, lui alloit donner un curateur comme à un imbécile. C'est ainsi que M. Perrault sait défendre ses amis, et mettre en usage les leçons de cette belle rhétorique moderne inconnue aux anciens, où vraisemblablement il a appris à dire ce qu'il ne faut point dire. Mais je parle assez de la justesse d'esprit de M. Perrault dans mes réflexions critiques sur Longin, et il est bon d'y renvoyer les lecteurs.

Tout ce que j'ai ici à leur dire, c'est que je leur

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