DE BOILEAU DESPRÉAUX. DISCOURS AU ROI [a]. Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse [a] Dans l'édition de 1666, ce discours est inséré après la cinquième satire; il fut composé en 1665. L'année suivante, l'auteur le mit en tête de la seconde édition, et depuis il a toujours conservé la première place. Mathurin Regnier, son précurseur, fit également précéder ses satires d'un Discours au roi ( Henri IV), pour se ménager un appui contre les ennemis qu'elles lui attiroient. Ce dernier poëte, né à Chartres en 1573, mourut en 1613 à Rouen. [b] Pradon, connu sur-tout par les efforts d'une cabale qui l'opposoit à Racine, trouve dans ce début « autant de fautes que de « mots. Le roi, dit-il, étant jeune, sa sagesse n'est point le fruit de « la vieillesse. Ce n'est pas une grande merveille, et c'est une chose « incontestable que s'il est jeune, il n'est pas vieux, etc., etc. " (Le Triomphe de Pradon sur les satires du sieur D***, 1686, page 7.) Ce poëte, sur lequel on a fort peu de détails, porte en général, dans les dictionnaires et dans les recueils de vers, pour nom de baptême celui de Nicolas; il passe pour être né en 1623 à Rouen, et pour être mort d'apoplexie à Paris en 1698. [c] Après la mort du cardinal Mazarin, arrivée le 9 mars 1661, Soutiens tout par toi-même, et vois tout par tes yeux [a], Mais je sais peu louer; et ma muse tremblante tous ceux qui jusqu'alors avoient travaillé avec lui demandèrent à Horace, liv. II, Épît. I, vers 1. L'ami de Mécène adressoit cet éloge à Auguste, lorsque la justice et la clémence de l'empereur faisoient oublier la perfidie et les proscriptions du triumvir. Despréaux, dans ce discours, imite plusieurs passages de l'épître latine, ou plutôt, comme il le disoit luimême, il joute contre son original. [b] Ce vers indique suffisamment que cette pièce n'est pas la première du poëte. (1) On ne dit point un cœur suspendu, comme on dit un esprit suspendu. (Le Brun. ) * Pourquoi ne le diroit-on pas? Est-ce que le cœur ne peut pas être en suspens comme l'esprit? [c] « La charge d'un fardeau, le fardeau d'une charge; de bonne « foi, demande Pradon, est-ce là parler françois ? » (Nouvelles remarques sur tous les ouvrages du sieur D***, 1685.) Le poète Le Brun trouve aussi dans l'emploi de ces mots une espèce de pléonasme. Il est évident que Despréaux ne les considère pas ici comme synonymes, quoique dans l'usage on les prenne pour tels. Malherbe est plus exact, lorsqu'il dit: Mais si la pesanteur d'une charge si grande Résiste à mon audace. (Sonnet à la princesse de Conti, édit. in-8° de 1757, page 267. ) Et, dans ce haut éclat où tu te viens offrir, Plus sage en mon respect que ces hardis mortels L'un, en style pompeux habillant une églogue, [a] Dans les éditions de 1666, 1667, 1668, 1669, on lit ces deux vers: Et ma plume, mal propre à peindre des guerriers, Dans l'édition de 1674, ces vers furent remplacés par ceux-ci : Et, de si hauts exploits mal propre à discourir, Dans l'édition de 1683, le premier vers fut changé de la manière suivante : Et, dans ce haut éclat où tu te viens offrir, etc. - [b] Dans les premières éditions (1666—1669), cet hémistiche se trouve de cette manière : Ainsi, sans me flatter. [c] Les écrivains du siècle de Louis XIV, les poëtes sur-tout, emploient à l'égard des personnes le pronom soi, même quand le sujet de la phrase est déterminé. (1) Charpentier avoit fait dans ce temps-là une églogue pour le roi |