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SATIRES.

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DISCOURS

SUR LA SATIRE [a].

Quand je donnai la première fois mes satires au public, je m'étois bien préparé au tumulte que l'impression de mon livre a excité sur le Parnasse. Je savois que la nation des poëtes, et sur-tout des mauvais poëtes (1), est une nation farouche qui prend feu [b] aisément, et que ces esprits avides de louanges [c] ne digéreroient pas facilement une raillerie, quelque douce qu'elle pût être. Aussi oserai-je dire, à mon avantage, que j'ai regardé avec des yeux assez stoïques les libelles diffamatoires qu'on a publiés contre moi (2). Quelques calomnies dont on ait voulu me noircir,

[a] Ce discours fut publié séparément, en 1668, avec la neuvième satire. L'auteur veut, par l'exemple des poëtes les plus célėbres, justifier la liberté qu'il s'est donnée de nommer quelques écrivains dans ses satires.

(1) Ceci regarde particulièrement Cotin, qui avoit publié une satire contre l'auteur. (Despréaux.) * Cette note fut ajoutée dans l'édition de 1713.

[b] Dans les éditions antérieures à celles de 1701, il y a « qui prend feu très aisément. »

[c] Au lieu des mots avides de louanges, qui se trouvent dans l'édition de 1668, on lit ceux-ci gourmands de louanges, dans ce discours imprimé séparément, la même année, en divers formats. (2) Il couroit dès ce temps-là, contre notre auteur, un libelle en prose, intitulé La critique désintéressée sur les satires du temps. Voyez les remarques sur le vers 60 de la satire III, et sur le vers 306 de la satire IX. ( Brossette.)

quelques faux bruits qu'on ait semés de ma personne, j'ai pardonné sans peine ces petites vengeances au déplaisir d'un auteur irrité, qui se voyoit attaqué par l'endroit le plus sensible d'un poëte, je veux dire par ses ouvrages.

Mais j'avoue que j'ai été un peu surpris du chagrin bizarre de certains lecteurs [a], qui, au lieu de se divertir d'une querelle du Parnasse dont ils pouvoient être spectateurs indifférents, ont mieux aimé prendre parti, et s'affliger avec les ridicules, que de se réjouir avec les honnêtes gens [b]. C'est pour les consoler que j'ai composé ma neuvième satire [c], où je pense avoir montré assez clairement que, sans blesser l'État ni [d] sa conscience, on peut trouver de méchants vers méchants, et s'ennuyer de plein droit à la lecture d'un sot livre. Mais puisque ces messieurs ont parlé de la liberté que je me suis donnée de nommer, comme d'un attentat inoui et sans exemples, et que des exemples ne se peuvent pas mettre en rimes, il'est bon d'en dire ici un mot, pour les instruire d'une chose qu'eux seuls veulent ignorer, et leur faire voir qu'en com

[a] Ce trait est dirigé contre le duc de Montausier, que Despréaux craignoit d'attaquer ouvertement: aussi emploie-t-il, dans les éditions antérieures à celle de 1683, les mots certains auteurs, au lieu de certains lecteurs.

[b] Despréaux avoit mis d'abord les rieurs, expression qu'il changea en 1669.

[c] Il y a « la satire précédente » dans toutes les éditions jusqu'à celle de 1683 inclusivement: jusqu'alors ce discours étoit placé après la neuvième satire. Despréaux le plaça, dans l'édition de 1694, après l'Art poétique; dans celles de 1701 et de 1713, après l'Arrêt burlesque. Saint-Marc est le premier qui l'ait inséré avant les safires.

[d] « ni la conscience, » (Discours imprimé séparément en 1668; format petit in-12, dans lequel se trouvent les premières leçons.)

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