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écrits avec la langue, les livres deviendront-ils désormais un asile inviolable où toutes les sottises auront droit de bourgeoisie, où l'on n'osera toucher sans profanation?

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Brossette développe ainsi.... : Temple célébre que les soixante na«<tions des Gaules firent bâtir en l'honneur de l'empereur Auguste, « au confluent du Rhône et de la Saône.... L'empereur Caligula y << institua des jeux, et y fonda des prix pour les disputes d'élo«quence et de poésie, qui s'y faisoient en langue grecque et latine; « mais il établit aussi des peines contre ceux qui ne réussiroient pas << en ces sortes de disputes. Les vaincus étoient obligés de donner « des prix aux vainqueurs et de composer des discours à leur louange; mais ceux dont les discours avoient été trouvés les plus << mauvais étoient contraints de les effacer avec la langue ou avec une éponge, pour éviter d'être battus de verges ou d'être plongés « dans le Rhône. » (Suétone (a), vie de Caligula, 20. Voyez l'Histoire abrégée, ou l'Éloge historique de Lyon, part. I, chap. XII. ) « C'est à ces sortes de peines que Juvénal a fait allusion dans sa « première satire, vers 43-44:

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Palleat, ut nudis pressit qui calcibus anguem,

Aut Lugdunensem rhetor dicturus ad aram.

Dans une note de sa traduction de Suétone, Laharpe dit: « Les « férules et la rivière sont de trop; mais c'est une bonne idée de « faire couronner les bons écrivains par les mauvais : c'est la seule

[a] On ne sait presque rien de ce qui concerne Suétone: il fut secrétaire de l'empereur Adrien, et perdit cette place. Des écrivains très versés dans la connoissance de l'histoire auguste croient qu'il fut disgracié non pour avoir été trop bien avec l'impératrice Sabine, mais pour avoir manqué de respect à cette princesse, dont l'humeur étoit aigre et capricieuse. Il ne nous reste de lui que les Vies des Grammairiens et des douze premiers Césars. Despréaux disoit : J'admire M. Colbert qui ne pouvoit souffrir Sué<< tone, parcequ'il avoit révélé la turpitude des empereurs; c'est par là qu'il doit être recommandable aux gens qui aiment la vérité.» (Bolæana, n. XXV.)

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J'aurois bien d'autres choses à dire sur ce sujet; mais, comme j'ai déja traité de cette matière dans ma neuvième [a] satire, il est bon d'y renvoyer le lecteur.

« manière de rendre l'honneur à ces derniers. » (1820, tome I, page 522.)

Dussaulx élève des doutes sur le sens du passage de Suétone, qui paroît pourtant assez clair; et il croit que Juvénal a voulu parler seulement de la crainte qu'inspiroit aux poëtes et aux orateurs l'as-` semblée imposante qui se réunissoit auprès de l'autel d'Auguste. ( Satires de Juvénal, 1803, tome I, p. 23. ) Cet estimable traducteur s'autorise du silence de l'historien Dion-Cassius [a], pour nier l'existence d'une institution qui caractérise un fou tel que Caligula. [a] On lit le mot neuvième dans l'édition de 1701, et le mot dernière dans les éditions précédentes, même dans celle de 1694, où la dixième satire est insérée.

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SATIRE I [a].

Damon, ce grand auteur (1) dont la muse fertile Amusa si long-temps et la cour et la ville;

[a] Cette pièce, commencée vers 1660, est le premier ouvrage de l'auteur qui ait de l'étendue. C'est une imitation de la satire III de Juvénal. Le poëte latin exprimé les plaintes d'Umbritius contre Rome, d'où ce philosophe s'exile à cause des vices auxquels elle est en proie, et des embarras qui en rendent le séjour insupportable. Le poëte françois, en décrivant la retraite forcée de Damon, le représentoit aussi exhalant sa colère et contre les vices et contre les embarras de Paris; mais il détacha la seconde description, dont il fit une satire séparée, qui est la sixième.

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Le jeune satirique étoit en défiance sur le mérite de son premier essai, lorsque Furetière rendit une visite à Gilles Boileau. Ce dernier étant sorti, « Furetière, dit Brossette, s'arrêta avec M. Despréaux, et lut cette satire.... Il convint de bonne foi qu'elle valoit beaucoup mieux que toutes celles qu'il avoit faites lui-même. » Elle devint bientôt publique, au moyen des copies qui s'en multiplièrent. De deux cent douze vers qu'elle avoit alors, l'auteur n'en conserva guère que soixante, lorsqu'il la fit imprimer; il en supprima douze et changea tous les autres.

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*(1) J'ai eu en vue Cassandre, celui qui a traduit la Rhétorique d'Aristote. (Despréaux, édition de 1713.) * François Cassandre est connu par cette traduction, la meilleure que l'on ait encore. Détestant les hommes, son humeur insociable les éloignoit de lui. Au lit de la mort, en 1695, il comprit avec peine qu'il devoit aimer Dieu. « Ah, oui! répondit-il au confesseur qui l'y exhortoit, je lui « ai de grandes obligations; il m'a fait jouer un joli personnage! « vous savez comme il m'a fait vivre; voyez, ajouta-t-il en montrant

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