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à part [a]. Révoque tous testaments, codiciles ou autres dispositions testamentaires faits avant le présent, qui contient sa dernière volonté. Ce fut fait, dit et nommé par ledit sieur Despréaux auxdits notaires, et à lui, par l'un d'eux, l'autre présent, lu et relu, et qu'il a bien entendu, et y a persévéré; en ladite chambre, l'an mil sept cent onze, le deuxième jour de mars, dix heures du matin, et a signé[b] la minute des présentes, demeurée à Dionis, l'aîné, l'un des notaires soussignés. Signé Dupuis et Dionis, avec paraphe; et en marge, scellé ledit jour avec paraphe; et audessous, l'an mil sept cent onze, le samedi onze avril, le présent contrat a été insinué au deuxième volume des insinuations du Châtelet de Paris, suivant l'ordonnance et réglement, etc.

instruit de ses dernières dispositions, dit qu'il « laissa, par son testament, tout son bien aux pauvres. » (Mémoires sur la vie de Jean Racine, 1808, page 191.)

"

[a] Ces pièces sont probablement celles dont l'édition de 1713 fut augmentée; mais la XII satire, contre l'Équivoque, ne put pas y être comprise.

[b] Signature du testateur, calquée sur la minute du testament.

41 Boileau & B

Ses lettres étoient signées Despréaux. Voyez le Fac-simile du billet inséré dans le volume de correspondance.

N° 5

EXTRAIT DU DISCOURS

Que VALINCOUR, secrétaire du cabinet du roi, chancelier de l'académie françoise, prononça, le 25 juin 1711, à la réception de l'abbé d'Estrées, successeur de Despréaux.

Eh! comment pourrions-nous oublier un homme que les hommes n'oublieront jamais, tant qu'il y aura parmi eux des vices dignes de censure, et des vertus dignes de louange?

Je ne crains point ici, messieurs, que l'amitié me rende suspect sur le sujet de M. Despréaux. Elle me fourniroit plutôt des larmes hors de saison, que des louanges exagérées. Ami dès mon enfance, et ami intime de deux des plus grands personnages qui jamais aient été parmi vous, je les ai perdus tous deux dans un petit nombre d'années [a]. Vos suffrages m'ont élevé à la place du premier, que j'aurois voulu ne voir jamais vacante. Par quelle fatalité faut-il que je sois encore destiné à recevoir aujourd'hui en votre nom l'homme illustre qui va remplir la place de l'autre, et que dans deux occasions, où ma douleur ne demandoit que le silence et la solitude pour pleurer des amis d'un si rare mérite, je me sois trouvé engagé à paroître devant vous pour faire leur éloge!

Mais quel éloge puis-je faire ici de M. Despréaux, que vous n'ayez déja prévenu? J'ose attester, messieurs, le jugement que tant de fois vous en avez porté vous-mêmes. J'atteste celui de tous les peuples de l'Europe, qui font de ses vers l'objet de leur admiration. Ils les savent par cœur; ils

[a] Racine, mort en 1699. Despréaux, mort en 1711.

les traduisent en leurs langues; ils apprennent la nôtre pour les mieux goûter, et pour en mieux sentir toutes les beautés. Approbation universelle, qui est le plus grand éloge que les hommes puissent donner à un écrivain, et en même temps la marque la plus certaine de la perfection d'un ou

vrage.

Par quel heureux secret peut-on acquérir cette approbation si généralement recherchée et si rarement obtenue? M. Despréaux nous l'a appris lui-même; c'est par l'amour du vrai.

En effet, ce n'est que dans le vrai seulement que tous les hommes se réunissent. Différents d'ailleurs dans leurs mœurs, dans leurs préjugés, dans leur manière de penser, d'écrire, et de juger de ceux qui écrivent, dès que le vrai paroît clairement à leurs yeux, il enlève toujours leur consentement et leur admiration.

Comme il ne se trouve que dans la nature, ou, pour mieux dire, comme il n'est autre chose que la nature même, M. Despréaux en avoit fait sa principale étude. Il avoit puisé dans son sein ces graces qu'elle seule peut donner, que l'art emploie toujours avec succès, et que jamais il ne sauroit contrefaire. Il y avoit contemplé à loisir ces grands modèles de beauté et de perfection, qu'on ne peut voir qu'en elle, mais qu'elle ne laisse voir qu'à ses favoris. Il l'admiroit sur-tout dans les ouvrages d'Homère, où elle s'est conservée avec toute la simplicité, et, pour ainsi dire, avec toute l'innocence des premiers temps; et où elle est d'autant plus belle, qu'elle affecte moins de le paroître.

Il ne s'agit point ici de renouveler la fameuse guerre des anciens et des modernes, où M. Despréaux combattit avec tant de succès en faveur de ce grand poëte.

Il faut espérer que ceux qui se sont fait une fausse gloire de résister aux traits du défenseur d'Homère, se feront hon

neur de céder aux graces d'une nouvelle traduction qui, le faisant connoître à ceux même à qui sa langue est inconnue, fait mieux son éloge que tout ce qu'on pourroit écrire pour sa défense. Chef-d'œuvre véritablement digne d'être loué dans le sanctuaire des muses, et honoré de l'approbation de ceux qui y sont assis [a].

Mais c'est en vain qu'un auteur choisit le vrai pour modéle. Il est toujours sujet à s'égarer, s'il ne prend aussi la raison pour guide.

M. Despréaux ne la perdit jamais de vue; et lorsque, pour la venger de tant de mauvais livres où elle étoit cruellement maltraitée, il entreprit de faire des satires, elle lui apprit à éviter les excès de ceux qui en avoient fait avant lui.

Juvénal, et quelquefois Horace même, avouons-le de bonne foi, avoient attaqué les vices de leur temps avec des armes qui faisoient rougir la vertu.

Regnier, peut-être en cela seul, fidèle disciple de ces dangereux maîtres [b], devoit à cette honteuse licence une partie

[a] Voyez, sur madame Dacier, auteur de la traduction d'Homère, le tome III, pages 370-372, notes a.

[b] Despréaux rend plus de justice à Regnier. Voyez le tome II, Art poétique, chant II, page 211, note a.

J. B. Rousseau, dont les jugements sont sains en général, lorsque la partialité ne les gâte pas, en parle de la manière suivante, dans une lettre à Brossette, du 29 avril 1719: « Aucun n'a mieux pris que « lui le véritable tour des anciens, et je suis persuadé que M. Des<«<préaux ne l'a pas moins étudié que Perse et Horace. La barbarie qu'on remarque en quelques endroits dans son style est celle de son

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siècle, et non pas la sienne; mais il a des vers si heureux et si ori

ginaux, des expressions si propres et si vives, que je crois que, malgré ses défauts, il tiendra toujours un des premiers rangs parmi « le petit nombre d'excellents auteurs que nous connoissons. » (Lettres de Rousseau sur différents sujets de littérature, tome II, page 295.)

de sa réputation; et il sembloit alors que l'obscénité fût un sel absolument nécessaire à la satire, comme on s'est imaginé depuis que l'amour devoit être le fondement, et, pour ainsi dire, l'ame de toutes les pièces de théâtre.

M. Despréaux sut mépriser de si mauvais exemples dans les mêmes ouvrages qu'il admiroit d'ailleurs. Il osa le premier faire voir aux hommes une satire sage et modeste. Il ne l'orna que de ces graces austères qui sont celles de la vertu même; et, travaillant sans cesse à rendre sa vie encore plus pure que ses écrits, il fit voir que l'amour du vrai, conduit par la raison, ne fait pas moins l'homme de bien que l'excellent poëte.

Incapable de déguisement dans ses mœurs, comme d'affectation dans ses ouvrages, il s'est toujours montré tel qu'il étoit; aimant mieux, disoit-il, laisser voir de véritables déde les couvrir par de fausses vertus.

fauts, que

Tout ce qui choquoit la raison ou la vérité excitoit en lui un chagrin dont il n'étoit pas maître, et auquel peut-être sommes-nous redevables de ses plus ingénieuses compositions. Mais en attaquant les défauts des écrivains, il a toujours épargné leurs personnes.

Il croyoit qu'il est permis à tout homme qui sait parler ou écrire, de censurer publiquement un mauvais livre, que son auteur n'a pas craint de rendre public; mais il ne regardoit qu'avec horreur ces dangereux ennemis du genre humain, qui, sans respect ni pour l'amitié, ni pour la vérité même, déchirent indifféremment tout ce qui s'offre à l'imagination de ces sortes de gens, et qui, du fond des ténébres qui les dérobent à la rigueur des lois, se font un jeu cruel de publier les fautes les plus cachées, et de noircir les actions les plus innocentes.

Ces sentiments de probité et d'humanité n'étoient pas dans M. Despréaux des vertus purement civiles: ils avoient

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