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leur principe dans un amour sincère pour la religion, qui paroissoit dans toutes ses actions et dans toutes ses paroles; mais qui prenoit encore de nouvelles forces, comme il arrive à tous les hommes, dans les occasions où ils se trouvoient conformes à son humeur et à son génie.

C'est ce qui l'animoit si vivement contre un certain genre de poésie, où la religion lui paroissoit particulièrement offensée.

Quoi, disoit-il à ses amis, des maximes, qui feroient horreur dans le langage ordinaire, se produisent impunément dès qu'elles sont mises en vers! Elles montent sur le théâtre à la faveur de la musique, et y parlent plus haut que nos lois! C'est peu d'y étaler ces exemples qui instruisent à pécher, et qui ont été détestés par les païens mêmes: on en fait aujourd'hui des conseils, et même des préceptes; et loin de songer à rendre utiles les divertissements publics, on affecte de les rendre criminels. Voilà de quoi il étoit continuellement occupé, et dont il eût voulu pouvoir faire l'unique objet de toutes ses satires.

Heureux d'avoir pu d'une même main imprimer un opprobre éternel à des ouvrages si contraires aux bonnes mœurs, et donner à la vertu, en la personne de notre auguste monarque, des louanges qui ne périront jamais!

C'est une suite nécessaire de l'état des princes, que d'être loués durant leur vie. Mais ni la flatterie, ni la reconnoissance, ni la vérité même, ne suffisent pas pour rendre leurs louanges durables.

Il n'appartient qu'à des ouvrages marqués au coin de l'immortalité de passer jusqu'à la postérité la plus reculée, et d'intéresser les hommes d'un autre siècle à la gloire d'un prince, dont ils n'ont rien à espérer ni rien à craindre.

C'est là ce que les plus grands monarques peuvent justement compter entre les fortunes de leur régne; et, pour es

mieux juger, souvenons-nous que notre siècle sera regardé un jour du même point d'éloignement, d'où nous regardons maintenant celui d'Auguste.

Ce n'est ni à d'ennuyeux panégyriques, ni à des vers médiocres, que ce prince est redevable des grandes idées que son nom inspire à tout le monde.

n'a

Le temps, qui a fait justice de ces vulgaires ouvrages,

pas même fait grace à des monuments plus dignes d'être respectés. On cherche dans leurs ruines et les temples et les arcs de triomphe élevés à la gloire d'Auguste; et c'est en vain qu'un petit nombre de savants se flattent aujourd'hui de démêler quelques traits de son visage dans la précieuse rouille de ses médailles.

Mais quand on le contemple dans les vers de Virgile et d'Horace, soutenant lui seul tout le poids des affaires du monde, vainqueur de ses ennemis, et toujours père de ses sujets; bannissant le vice par ses lois, enseignant la vertu par ses exemples, plus puissants encore que les lois; quand on voit la tranquillité conservée dans ses états durant les guerres les plus cruelles, le bon ordre ou rétabli ou maintenu, la justice triomphante, la violence réprimée, le luxe refréné, les lettres florissantes, les services récompensés avec magnificence, les fautes punies avec douceur, le peuple honorant les grands sans les craindre, les grands au-dessus du peuple sans l'opprimer, nulle autorité que l'autorité légitime, en un mot, le prince très grand par sa dignité, plus grand encore par ses vertus; alors les cœurs et les esprits se réunissent pour former un nouveau concert de louanges. On bénit le ciel d'avoir donné aux hommes un si bon maître, et l'on souhaite que tous ceux qui viendront après lui puissent lui ressembler.

N'en doutons point, monsieur, tel et plus grand encore la postérité verra l'auguste Louis dans les ouvrages de

M. Despréaux, et dans ceux de cette illustre compagnie. Puisse-t-il encore, durant un grand nombre d'années, préparer aux siècles à venir de nouveaux sujets d'admiration!

Puisse la cruelle affliction qui vient de mettre son courage à une si rude épreuve étre la dernière de sa vie [a]!

Et puisse une longue et heureuse paix le mettre bientôt en état de procurer à ses peuples un bonheur qui fait le plus cher objet de ses desirs, et qui fera la consommation de sa gloire!

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N° 6.

DISCOURS

Prononcés le 4 juillet 1819, à l'occasion de la translation des cendres de BOILEAU DESPRÉAUX, en l'église paroissiale de Saint-Germain-des-Prés, par MM. DARU et PETIT-RADEL, présidents des deux académies dont cet auteur fut membre.

M. le comte Daru, président de l'académie françoise, a dit:

MESSIEURS,

Depuis vingt-cinq années nous avons vu des ombres illustres errer d'asile en asile. Un Élysée leur avoit été ouvert, que les arts s'étoient empressés d'embellir; on auroit pu dire à l'homme de goût qui traça le plan de ce Musée :

Tu pias lætis animas reponis

Sedibus.

Les cendres d'un grand poëte y avoient été recueillies avec honneur, lorsqu'elles furent exilées de cette chapelle antique, que lui-même a rendue si célèbre par ses vers; il avoit pris place parmi les grands hommes qui peuploient cette enceinte.

Il étoit permis à l'imagination de se complaire à voir tous ces rois ranges sous ces portiques, et ces bosquets habités par les héros, les sages et la beauté; mais à l'aspect de ces tombeaux, de ces ossements, de ces restes de débris, la pensée se trouve involontairement ramenée vers des objets plus graves; nous ne devons point oublier que l'homme à qui appartenoit cette poussière, avoit voulu qu'elle fût déposée à l'ombre des autels; la religion le réclame, et sans doute

elle a ses droits sur les dépouilles mortelles de celui qui se montra toujours pénétré d'un respect si sincère pour elle. L'honorable et nombreuse famille qui porta le nom de Boileau paroît éteinte. Personne, dit-on, n'a recueilli le noble héritage d'une si belle illustration; et, en ce moment, les restes inanimés d'un grand poëte seroient allés sans cortège à leur dernier asile, si les corps littéraires auxquels il avoit appartenu, aujourd'hui sa seule famille, n'eussent mis au nombre de leurs devoirs de lui rendre ce pieux hommage.

A défaut d'héritiers, ceux qui ne peuvent s'honorer que du titre de ses disciples, se présentent à cette pompe funèbre. C'est un noble et touchant usage de notre compagnie, d'exprimer nos regrets sur la tombe de ceux de nos confrères que nous avons perdus; mais ici le respect même nous interdit l'éloge de celui qui fut honoré de l'estime d'un grand roi, de l'amitié de tout ce qu'il y eut d'illustre parmi ses contemporains, et des conseils non moins glorieux des solitaires de Port-Royal; de celui dont les travaux ont été si dignement appréciés, et que la république des lettres reconnoît pour législateur et pour modèle. Il y auroit une sorte de présomption à célébrer une gloire qu'un siècle a déja consacrée, et qui doit ajouter à celle de l'académie et de la France dans la postérité.

En l'absence de M. le baron Silvestre de Sacy, président, M. Petit-Radel, vice-président de l'académie royale des inscriptions et belles-lèttres, a dit:

MESSIEURS,

La circonstance qui réunit en ce moment les députations des deux académies, n'ayant point encore pris le caractère

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