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« avec M. Despréaux. Quand les remarques sur ses œuvres imprimées à Genève en 1716 parurent, ils s'enfermèrent quelques matinées pour les lire. Le zèle dont ils étoient ani« més pour la gloire de leur illustre ami, leur fit crayonner impitoyablement tout ce qui parut la blesser dans ce vaste «< commentaire. Ils corrigèrent tout ce qui n'étoit pas d'une « exacte vérité dans plusieurs remarques; ils en abrégèrent « un grand nombre, et supprimèrent entièrement toutes « celles qui n'étoient d'aucune utilité pour l'intelligence de « l'auteur.

« Une dame de leur connoissance emprunta d'eux l'exemplaire sur lequel ils avoient fait leurs corrections; et ce « même exemplaire m'étant tombé dans les mains, des con<< noisseurs, à qui je l'ai communiqué, m'ont assuré que je a ne pouvois mieux faire que de m'y conformer. >>

Malgré cette annonce, sous laquelle se cache le véritable éditeur, il est certain que ce dernier se borne à présenter la substance de la plupart des notes de Brossette, sans presque jamais les rectifier.

L'Abrégé de la vie de M. Despréaux, qui se trouve au commencement du 1" vol., est de l'abbé Goujet [a], qui s'en déclare l'auteur dans ses Mémoires historiques et littéraires, page 156; cet abrégé n'a pas toute l'exactitude que promet l'érudition du biographe. Il y est dit, par exemple : « L'Art « poétique avoit déja porté la réputation de son auteur dans <«<les pays les plus éloignés, lorsque M. le président de La"moignon engagea M. Despréaux dans un ouvrage d'une << autre espèce (le Lutrin). » D'abord il s'agit du premier pré

[a] Claude-Pierre Goujet, né à Paris en 1697, y mourut en 1767. On lui doit un grand nombre d'ouvrages; il est connu principalement par celui qui est intitulé Bibliothèque françoise, ou Histoire de la littérature françoise.

sident de Lamoignon, et non du président son fils. Ensuite les deux poëmes dont il est question, composés à la même époque, parurent ensemble dans le même volume.

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Goujet, dans le catalogue manuscrit de sa bibliothèque, s'exprime en ces termes : « Cette édition de Boileau a été « saisie, et le privilège en a été retiré à la fin d'avril 1736, quoiqu'elle fût vendue librement depuis le mois d'octobre « 1735. Le prétexte fut une note sur la satire contre l'équi“voque, page 150 du tome I, colonne 2a [a]. Un autre a « été l'épitaphe de M. Racine, qui étoit déja imprimée dans « le Nécrologe de Port-Royal [b]. L'abrégé de la vie de Boileau « en a été un troisième, quoique cet abrégé eût été approuvé << par M. de Fontenelle. » Cette vie fut dénoncée sans doute à l'autorité, parceque l'on y fait le plus grand éloge d'Arnauld et de Nicole, et que l'on y parle avec prédilection de l'épître sur l'amour de Dieu, de même que de la satire contre l'équivoque.

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La prohibition prononcée contre l'édition de 1735 n'a point empêché de la réimprimer dans la suite, même en France. Parmi les éditions qui en sont des copies fidèles, nous citerons la plus répandue, celle de 1768 (imprimée d'abord en 1757), Paris, chez la veuve Savoye, etc., 3 vol. petit in-12. Celle de Glasgow, chez R. et A. Foulis, 1759, 2 vol. in-12, est très-jolie; mais elle ne contient que les poé sies et fort peu d'ouvrages en prose. Beaucoup d'autres éditions offrent des notes courtes, plus ou moins nombreuses,

[a] A côté de ce vers,

Les cinq dogmes fameux par tà main fabriqués,

on lit dans une note: « c'est-à-dire les cinq propositions attribuées à « Jansénius. »

Voyez, sur le vers cité, la satire XII, page 378, note c.

[b] Voyez cette épitaphe, tome III, page 149.

également puisées dans celles que l'abbé Souchay a extraites du commentaire de Brossette.

Les œuvres de M. Boileau-Despréaux, avec des éclaircissements historiques, Paris, veuve Alix, 1740, sont accompagnées d'un portrait de l'auteur et de vignettes, dont Cochin fils a gravé quelques unes. L'éditeur, qui est ce même abbé Souchay, ne s'est point nommé. Ses notes sont de nouveau tirées du commentaire de Brossette; mais il leur donne plus d'étendue que dans l'édition de 1735. Il a conservé l'épitaphe de Racine, que l'abbé Goujet, contre toute vraisemblance, regarde comme l'un des trois motifs qui firent condamner cette dernière édition. La note relative à un vers de la XII satire est changée de la manière qui suit : « C'est« à-dire les cinq fameuses propositions [a]. » Quant à l'abrégé de la vie de l'auteur, son éloge par de Boze le remplace. Une épigramme fort leste, conservée par Brossette, recueillie par les autres éditeurs, est retranchée [b]; et, malgré le silence de Goujet, on doit croire que ce léger sacrifice fut imposé par l'autorité.

Le Bolæana fut publié, pour la première fois, dans l'édition de 1740. C'est le recueil des entretiens de Monchesnay [c] avec le satirique, rédigé par le premier peu de

[a] Comparez ces expressions avec celles qui sont rapportées cidessus, page xv, note a.

[b] Voyez le tome II, page 546, note a.

[c] Jacques de Losmes de Monchesnay, né à Paris en 1666, mort à Chartres en 1740, a composé plusieurs pièces imprimées dans le Théâtre italien de Gherardi. Il a laissé manuscrites des épîtres, des satires, des épigrammes traduites de Martial, Jean-Baptiste Rousseau, dont les jugements dépendent trop des affections particulières, fait un éloge exagéré de cet écrivain, dans ses Lettres, tome II, page 115. On voit pourtant, à la manière dont il finit par s'exprimer, que le satirique auroit volontiers dispensé Monchesnay de ses fréquentes

temps avant sa mort, à la prière de l'abbé Souchay. Ce livre, que l'on est fort aise de posséder, seroit vraiment précieux si l'auteur avoit été mieux servi par sa mémoire en l'écrivant plus tôt, s'il avoit saisi constamment la pensée d'un grand poëte, s'il s'étoit toujours clairement énoncé. Quelquefois il confond les faits, il se méprend sur le sens des bons mots et des explications qu'il rapporte, il ne dit même pas ce qu'il veut dire. Ce dernier défaut lui a fait reprocher des bévues qu'il n'a réellement pas commises, entre autres à l'égard d'une plaisanterie du premier président de Lamoignon [a].

OEuvres de Nicolas Boileau-Despréaux, avec des éclaircissements historiques donnés par lui-même, nouvelle édition, augmentée de la vie de l'auteur par M. Desmaizeaux [b], Dresde, 1746, chez Georges Conrade Walther, 4 vol. in-8°.

Nous n'aurions rien à dire de cette édition, accompagnée de gravures très médiocres, et faite sur celle que Dumonteil publia en 1729, si l'on n'y eût joint une vie de l'auteur, qui remplit 138 pages. Cette vie, écrite d'un style incorrect et diffus, est adressée au célèbre Addisson [c], et se compose de citations puisées en grande partie dans les ouvrages du poëte françois. Le biographe l'écrivit pour une traduction angloise des œuvres de Despréaux, imprimée à Londres,

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visites. «Il étoit un des dévots de M. Despréaux, qui en étoit quelquefois fatigué, et qui me disoit en parlant de lui: Il semble que «< cet homme-là soit embarrassé de son mérite et du mien. » (Lettre à Brossette, du 30 septembre 1716.).

[a] Voyez le tome IV, page 398, note a.

[b] Pierre Desmaizeaux, né en Auvergne en 1666, mort à Londres en 1745, fut éditeur d'un grand nombre d'ouvrages. Lié avec Bayle et Saint-Évremond, il fut leur biographe, et publia leurs œuvres. [c] L'un des meilleurs poëtes, des meilleurs critiques anglois. Né en 1672, mort en 1719, il a rempli de grandes places.

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1712, 2 vol. in-8°. Les particularités relatives aux obstacles qu'éprouva l'impression de la XII satire sont les seules qui méritent d'être rapportées. Les voici : « On avoit déja com« mencé de travailler à cette nouvelle édition [a], mais à peine y en avoit-il cinq feuilles d'imprimées, lorsque les jésuites, ne pouvant souffrir la publication de la satire sur « l'équivoque, chargèrent le père Le Tellier [6], confesseur du « roi, d'en parler à sa Majesté, et de l'engager à faire arrêter l'impression de tout l'ouvrage, et révoquer le privilège « qu'elle avoit accordé. Des personnes très-considérables, << entre autres le cardinal de Noailles, archevêque de Pa«ris [c], et M. le comte de Pontchartrain, chancelier de « France [d], s'employèrent pour M. Despréaux; mais les <«< insinuations du père Le Tellier prévalurent auprès de sa « Majesté, et rendirent toutes leurs représentations inutiles. « De sorte que le roi ne se contenta pas de défendre à M. Des« préaux de publier cette satire; mais il lui ordonna même << d'en remettre l'original entre les mains de sa Majesté. Il «< est vrai qu'il lui fit connoître en même temps qu'à l'égard « de ses autres écrits, le privilège subsisteroit dans son en<< tier; mais M. Despréaux, qui se sentoit proche de sa fin, «ne crut pas qu'il lui convînt de temporiser, et il aima « mieux supprimer entièrement sa nouvelle édition, que de << la mutiler sur des vues basses et intéressées [e].

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[a] Celle qui fut commencée en 1710, et que Valincour et Renaudot publièrent en 1713.

[b] Voyez la lettre de ce jésuite, tome IV, page 642.

[c] Voyez, à l'égard de ce prélat, l'avertissement sur la satire XII, page 353 de ce volume, note a.

[d] Voyez, sur Louis Phelipeaux, comte de Pontchartrain, le tome IV, pages 133, 139, 551, notes a.

[e] Extrait de la Vie de M. Boileau-Despréaux, par M. Desmaizeaux, page 124.

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