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NOTICE

SUR BOILEAU DESPRÉAUX

ET SUR SES OUVRAGES.

En donnant à cette notice une plus grande étendue, nous aurions craint de tomber dans des répétitions aussi fatigantes pour le lecteur que pour nous-mêmes. Il falloit évi- / ter cet inconvénient: pour y parvenir, nous renvoyons aux notes du commentaire, toutes les fois qu'il s'agit de particularités intéressantes, de discussions littéraires qui devoient y trouver leur place.

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Suivant la plupart des biographes, Nicolas Boileau-Despréaux naquit à Paris le 1a novembre 1636. Quelques-uns ajoutent, comme une circonstance étonnante, que ce fut dans la chambre même où avoit travaillé Jacques Gillot [a], l'un des auteurs de la satire Ménippée. L'abbé Boileau, dont le témoignage est ici du plus grand poids, écrit à Brossette que son frère « avoit été baptisé dans la sainte chapelle du << palais [6]. » Louis Racine, qui n'est pas toujours exact [c],

[a] La maison du conseiller Gillot étoit située sur le quai des Orfèvres. Elle appartint ensuite au lieutenant-criminel Tardieu, son neveu, qui y fut assassiné. Voyez la satire X, pages 288, 289, 293,

notes 1, a, c.

[b] Tome IV, page 665. Jacques Boileau, chanoine de la Saintea Chapelle, né le 16 mars 1635 à Paris, y mourut le 1er août 1716.

[c] Voyez à cet égard la Notice bibliographique, page iij, note f.

dit positivement que ce dernier étoit né à Crône, village près de Villeneuve-Saint-Georges, où son père passoit le temps des vacances, et qu'il tira le surnom de Despréaux d'un petit pré, situé au bout du jardin. Les détails qu'il transmet ne permettent point de concilier les deux récits, en disant que la cérémonie du baptême ne se fit pas dans le lieu de la naissance [a].

Privé des caresses d'une jeune mère qu'il perdit à onze mois [b], débile et souffrant, Despréaux fut, dans la maison paternelle, confié aux soins d'une vieille gouvernante impérieuse. A l'âge de sept à huit ans, on le plaça au collège d'Harcourt. Il y achevoit sa quatrième, lorsque les douleurs de la pierre le forcèrent de subir une opération, qui lui laissa pour toute la vie une très grande incommodité. Aussitôt qu'il put reprendre le travail des classes, il fit sa troisième au collège de Beauvais, fsous un ancien professeur (M. Sevin), qui avoit su prédire à Le Maistre [c] et à Patru[d], la gloire qu'ils acquerroient au barreau, et qui ne tarda pas

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[a] « Quelque temps après, une partie du village fut brûlée; et les régistres de l'église ayant été consumés dans cet incendie, lorsque Boileau, dans le temps qu'on recherchoit les usurpateurs de la no« blesse, en vertu de la déclaration du 4 septembre 1696, fut injus« tement attaqué, il ne put, faute d'extrait baptistaire, prouver sa « naissance que par le registre de son père. » ( Mémoires sur la vie de Jean Racine, page 28.)

[b] Dès le berceau perdant une fort jeune mère, etc.

( Épître X, tome II, page 137, note 1.) Voyez l'épitaphe que l'auteur lui a faite, page 499.

[c] Antoine Le Maistre, avocat au parlement de Paris, né dans cette ville en 1608, mort à Port-Royal-des-Champs en 1658. Ses plaidoyers sont éloquents, mais surchargés de citations des orateurs, des historiens et des pères de l'Église.

[d] Voyez, sur Patru, la satire Ire, page 90, note b.

d'annoncer toute celle qu'un jour son nouveau disciple obtiendroit sur le Parnasse.

Le versificateur novice lisoit les poëtes et les romanciers avec une telle ardeur qu'il oublioit quelquefois les heures des repas, quoique la cloche du collège destinée à les sonner fût attachée à la fenêtre de sa chambre. Des lectures faites au hasard n'auroient pas été sans danger pour un autre; mais un excellent esprit triomphe de tous les écueils. Dans son enthousiasme, il entreprit une pièce de théâtre, dans laquelle trois géants ouvroient la scène, prêts à se battre pour la conquête d'une commune maîtresse. Le roi Grifalar, autre géant, survenoit et les séparoit par ces mots:

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Le poëte dans l'âge mûr s'amusoit à répéter ce vers, et défioit Boyer [a] « de lui en montrer un seul de cette force dans « les cent mille qu'il a faits [6].

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Après avoir terminé son cours de philosophie à dix-sept ans, Despréaux voulut s'appliquer à l'étude de la jurisprudence. Il suivit les écoles de droit, et se fit recevoir avocat le 4 décembre 1656. «Se trouvant chargé d'une première a cause, loin de s'en instruire, il ne songea qu'aux moyens « de s'en défaire honnétement; et il y réussit de manière que le procureur retirant ses sacs, le soupçonna d'y avoir découvert une procédure peu régulière, et dit en sortant « que ce jeune avocat iroit loin [c]. » Louis Racine ne ra

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[a] Voyez, sur Boyer, l'Art poétique, chant IV, tome II, page 281,

note I.

[b] Bolæana, nomb. LIX.

[c] Éloge de Despréaux, page 473 du volume déja cité. Voyez la Notice bibliographique, page ij, note a,

conte pas de même cette particularité, que l'historien de l'académie des inscriptions et belles-lettres a cru peut-être devoir adoucir, en faveur de celui dont il prononçoit l'éloge dans une assemblée publique en 1711. Quoi qu'il en soit, d'après le second récit, Despréaux plaida fort mal cette prémière cause. « Comme il étoit près de la commencer, le "procureur s'approcha de lui pour lui dire: N'oubliez pas «de demander que la partie soit interrogée sur faits et articles. « — Pourquoi, lui répondit Boileau, la chose n'est-elle pas déja faite? si tout n'est pas prêt, il ne faut donc pas me faire plaider. Le procureur fit un éclat de rire, et dit à ses con« frères: Voilà un jeune avocat qui ira loin; il a de grandes « dispositions,,, [a]. »

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Par déférence pour le vœu de sa famille, qui desiroit qu'il prît un état, Despréaux alla s'asseoir sur les bancs de la Sorbonne, circonstance qu'il n'a point consignée dans ses vers. Suivant les expressions du grave de Boze, « il ne << put soutenir long-temps les leçons d'une scholastique épi« neuse et subtile; il s'imagina que, pour le suivre plus << adroitement, la chicane n'avoit fait que changer d'ha« bit [b].

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Depuis quelques années, la mort de son père [c] le laissant maître absolu de son sort, il n'écouta plus que sa vocation poétique, et ferma l'oreille aux conseils de ses parents. Il lui fut plus facile de restreindre ses besoins, que d'apprendre à les satisfaire en suivant les voies qui mènent à la fortune [d].

[a] Mémoires sur la vie de Jean Racine, page 28.

[b] Éloge de Despréaux, page 474.

[c] Après le vers que nous avons cité sur la mort de sa mère page xlvj, note b, le poëte ajoute le suivant:

Réduit seize ans après à pleurer mon vieux père, etc.

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